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Tuesday, May 31, 2011

Boularès: la réponse au j'accuse de ...



Réponse de Habib Boularès au colonel Zoghlami

et au lieutenant-colonel Mohamed Ahmed


http://rsistancedespeuples.blogspot.com/2011/04/jaccuse-habib-boulares-ancien-ministre.html/


Deux estimables militaires à la retraite m’interpellent sur l’exercice, il y a vingt ans, de mon ministère à la Défense. Il s’agit du colonel Moncef Zoghlami (Journal La Presse du 30 avril) et du lieutenant-colonel Mohamed Ahmed (Magazine Réalités du 12 au 18 mai).
Le premier me reproche dans un article de grande qualité d’avoir gardé le silence sur ce qui s’était passé. Le second sur un ton dur m’accuse d’être l’auteur de tous ses maux. Je l’excuse car on ne saurait reprocher à un écorché vif de ne pas avoir de retenue. Je vais répondre aux deux parce que je n’ai rien à me reprocher et que j’avais beaucoup de peine pour eux et pour leurs camarades qui ont connu les mêmes épreuves. Mais d’abord quelques rappels. J’ai été installé au ministère de la Défense le 21 février 1991, c’est-à-dire en pleine guerre du Golfe. L’Armée tunisienne était en treillis dans les rues pour assurer la sécurité avec armes et munitions, et nous étions sur nos nerfs car nous étions à la merci d’un incident. D’ailleurs le colonel Zoghlami décrit très bien cette situation dans son article. Tous ceux qui ont vécu cette période se souviennent de la passion avec laquelle le peuple tunisien soutenait Saddam Hussein. C’est dire qu’en débarquant dans ce ministère que je ne connaissais pas, et où je ne connaissais aucun
officier, je n’avais pas la possibilité de prendre le temps de m’y familiariser avec les gens et avec les procédures. En réponse à l’objection que je faisais au Président de la République il me dit : «Cela ne pose pas de problème : le ministère est bien organisé ; laissez son organisation fonctionner et vous n’aurez pas de souci.» Passée cette période dure de la guerre, nous nous sommes trouvés face à ce qu’on a appelé «le complot des islamistes» qui était déjà en fait engagé depuis décembre, deux mois avant mon arrivée à la Défense. Des noms de militaires ayant été cités dans les interrogatoires civils, ils avaient été arrêtés selon une procédure qui relève du tribunal militaire. Le lieutenant-colonel Mohamed Ahmed rappelle, en ce qui le concerne, que son calvaire a commencé en avril (1991).Qui peut imaginer, à l’époque ou aujourd’hui, qu’un Président de la République, issu de l’Armée, ancien Directeur de la Sécurité militaire, ancien Directeur de la Sécurité civile, ne suive pas en permanence, l’évolution d’une enquête sur un «complot» qui visait le régime, alors même qu’il était «chef suprême des forces armées» en vertu de l’article 44 de la Constitution? Il connaissait personnellement tous les militaires à partir du grade de commandant, comme il me l’avait souligné. C’est lui-même qui les avait nommés et établis dans leurs fonctions. Aux questions que je lui posais à propos de ces enquêtes, la réponse était la même «laissez le système fonctionner», entendant par là l’organisation de la justice militaire.
Les prévenus étaient, selon ce système, remis à la police qui en demandait l’arrestation en vertu d’une commission rogatoire signée par le magistrat instructeur militaire. Les détails sont donnés dans les deux textes et dénoncent, à juste titre, ce qu’ils ont subi comme traitement indigne, inacceptable et inhumain. Le colonel Moncef Zoghlami et le lieutenant-colonel Mohamed Ahmed et d’autres avec eux, ont été victimes d’un système d’investigation aveugle, dans lequel l’Etat-major de la Défense n’est pas responsable et encore moins le ministre qui, comme celui de la Justice, n’a pas à intervenir directement dans une instruction en cours. Cela ne nous a pas empêchés, mes collaborateurs et moi, choqués par ce traitement dont nous avions pensé, nous aussi, qu’il était destiné à décapiter l’armée, de tenter de peser sur le cours des événements. Nous avons démontré, sans entraver la marche de la justice, que l’affaire dite de Barraket Es-Sahel ne tenait pas. C’était une bulle que nous avions dégonflée preuve à l’appui. Quand j’ai remis le dossier qui prouvait, photos et mesures à l’appui, que ce lieu-dit ne pouvait pas rassembler tous ceux qui sont accusés d’y avoir comploté, le président de la République me dit : «Vous vous rendez compte que vous êtes en train de changer le cours de l’enquête !» J’ai rapporté cet entretien à mes collaborateurs et, depuis ce jour, nous avons adopté une autre conduite. Nous ne pouvions pas, légalement, et
contrairement à ce que pense le lieutenant-colonel M. Ahmed, nous opposer aux arrestations, mais nous avions décidé de garder les prévenus dans des établissements militaires tant qu’il n’y avait pas de
preuves irréfutables de leur culpabilité. Cela ne fut pas étranger au changement du cours de l’enquête en juillet et cela a permis d’épargner à des dizaines d’officiers l’horreur. Même aujourd’hui je ne peux rien
dire de plus. Je suis tenu au devoir de réserve auquel est soumis tout ancien responsable dela Défense parce qu’il s’agit, pour l’Armée, d’un ensemble de corps interconnectés et si l’on cite l’un, il
faut que les autres puissent s’exprimer dans le cadre d’une levée du ‘secret défense’. En tout cas, les collaborateurs avec lesquels j’ai travaillé directement à l’époque savent quels étaient mes sentiments. Croire que je n’ai été qu’un exécutant servile, c’est contraire à la vérité. Auprès du président de la République j’ai protesté contre les traitements subis par les militaires. Je dois à la vérité de mentionner qu’en réponse à mes remarques, il s’était montré «étonné», disait-il, devant le comportement des enquêteurs, rappelant notamment «qu’il y a d’autres méthodes». Ce n’est pas à moi de dire s’il était sincère ou pas.
Je rapporte des faits. Mais il était ferme sur un point : il n’est
pas question qu’un officier arrêté reprenne son commandement. C’était lui qui avait le pouvoir de décision et non pas moi. Croyait-il, alors, qu’il n’y avait pas de fumée sans feu, ou refusait-il de reconnaître publiquement qu’il y avait eu une erreur qu’il ne voulait pas attribuer aux hommes en qui il avait confiance ? Toujours est-il que les tensions ayant continué avec nous, j’ai dû, bien avant le commencement du procès, quitter la Défense pour la Chambre des Députés, en octobre 1991.Je n’ai pas sur mon passage à la tête de ce département la même opinion que le lieutenant-colonel Mohamed Ahmed. Je garde de ces huit mois le souvenir d’une armée bien organisée qui fonctionne avec des officiers loyaux et compétents que j’ai appris à estimer et à respecter. J’ai fait ce que je pouvais pour les défendre. Je n’ai pas eu l’impression, durant les six années de présidence de la Chambre des Députés que la Défense gardait de moi un mauvais souvenir; de même durant les quatre années passées à l’Union du Maghreb Arabe quand j’étais régulièrement invité par l’Institut de défense nationale à y faire des conférences. Enfin, reprocher le silence observé par moi et par tous les ministres qui m’ont succédé, c’est encore une fois oublier le devoir de réserve. Combien avez-vous vu, de par le monde, de ministres de la défense parler, après leur ministère, de ce qu’ils y ont connu durant leur mandat ? Cela dit, je suis tout à fait d’avis que tous ceux qui ont subi de mauvais traitements, civils ou militaires, ont droit à des réparations morales. La nouvelle Tunisie le leur doit. Il ne suffit pas de dénoncer les mauvais comportements de
l’ancien régime, hérités du passé colonial et même beylical ; il faut en empêcher tout renouvellement, mais aussi réparer, autant que faire se peut, le préjudice. J’adhère à tout mouvement qui va dans ce sens.

(Source: « Réalités » du 26 mai au 1er juin 2011)


Lien : http://www.realites.com.tn/details_article.php?t=537&a=22928&temp=1&lang=/



2 comments:

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