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Friday, March 09, 2012

Le Qatar et les mercenaires étrangers


Haytham Manaa dénonce le Qatar, et les mercenaires étrangers
Par Louis Denghien,

Haytham Manaa appelle un chat un chat, et les bandes armées des assassins et des fanatiques
Nous avons déjà eu l’occasion de signaler les prises de position hétérodoxes, au sein de l’opposition syrienne, d’Haytham Manaa, qui a condamné en termes très nets le bellicisme et l’instrumentalisation par les Occidentaux du CNS. Opposant chevronné à Bachar – dont il demande le départ – Haythan Manaa a notamment boycotté avec ses camarades de la Comité national de coordination pour le changement démocratique (CNCD) l’imposture politique de la conférence des « Amis de la Syrie  » de Tunis, laquelle conférence trustée par les Etats-Unis, la France et les pays du Golfe a reconnu le CNS comme principal représentant du peuple syrien. Manaa conteste cette représentativité du CNS, dont tout l’organigramme est exilé, quand la plupart des membres de la CNCD sont en Syrie (voir notre article « Sommet de Tunis : boycotté cette fois par la partie la plus patriotique de l’opposition radicale », mis en ligne le 24 février). Et il conteste aussi, avec encore plus de force, l’option de l’intervention militaire étrangère – de l’OTAN pou être précis – agitée depuis des mois par les gens du CNS, comme celle de l’armement direct des insurgés, réclamé à l’ONU et à Tunis par le Qatar et l’Arabie Séoudite.
« Dehors les djihadistes et les tueurs étrangers ! »
Dans un entretien accordé à une chaîne arabe et diffusé sur You Tube, Haytham Manaa s’en prend, de façon véhémente, et apparemment depuis Paris, à cette dernière revendication des « Golfistes » : pour Manaa, cet appel qataro-séoudien est tout simplement irresponsable, surtout émanant de gens qui répriment les chiites chez eux. Par ailleurs, la figure de proue du CNCD dénonce l’existence des combattants étrangers en Syrie : « Nous avons plus de cent cadavres étrangers » sur le terrain dit-il au journaliste. Et il affirme que les récents attentats d’Alep et de Damas sont le fait par ces combattants étrangers : « Nous sommes certains de cela ! » martèle Haytham Manaa. Qui, à l’intention des combattants étrangers de Syrie, lance : « S’ils veulent faire le djihad, qu’ils aillent en Arabie ou Qatar, mais qu’ils ne viennent pas chez moi. Nous refusons que la Syrie devient une nouvelle Bosnie ! »
Que ceux « qui viennent en Syrie pour tuer au nom de Dieu les alaouites et nossairites (une secte chiite) restent à l’extérieur de la frontière syrienne« , a encore le temps de crier Manaa qui stigmatise « ces appels de fous, de charlatans qui pensent parler au nom de l’Islam« . « Qu’ils restent hors de la Syrie car cela va détruire non seulement la Syrie, mais également toute la région ! »
En une minute, tout ou presque est dit par cet opposant, universitaire sur-diplômé et auteurs de dizaines de livres, dont le patriotisme et l’honnêteté intellectuelle le distinguent définitivement de Burhan Ghalioun et des tristes sires du CNS. Il faut vraiment souhaiter que lui et ses amis acceptent le dialogue avec le gouvernement, quels que soient les griefs accumulés, les torts commis. Pour l’apaisement et la reconstruction de la société syrienne. Pour l’indépendance et le bien de la Syrie.

Ci-dessous le lien vidéo (nous remercions – une fois de plus – Cécilia pour la traduction) :

L’insurrection dispose de plus d’armes que de combattants

Par Louis Denghien,


Selon des opposants, des chars ont bombardé « plusieurs quartiers » de la ville ce vendredi matin, faisant neuf morts. Quels quartiers ? Karm al-Zeitoun, au sud-est de Homs, prétend un « habitant« . Invérifiable, et surtout pas mesurable : s’agit-il de quelques incidents isolés, ou d’un affrontement plus étendu ? Ne se consolant pas de la libération de Bab Amr, les propagandistes de l’opposition cherchent à entretenir la flamme de l’insurrection à Homs, alors que Valérie Amos vient de visiter Bab Amr et que Kofi Annan, autre émissaire important de l’ONU, doit arriver à Damas samedi.
15 000 insurgés armés ?

La Syrie est devenue le plus grand arsenal du Proche-Orient
A Homs, justement, c’est un enfant de 11 ans, Malek al-Aktaa, qui a été tué par un sniper insurgé alors qu’il s’apprêtait à quitter avec son père le domicile familial, dans le quartier d’al-Mreijeh : transporté à l’hôpital de Ja’mietal-Nahda, il a succombé à ses blessures. Un enfant non homologué par l’OSDH et les médias français, pour avoir été victimes des « mauvais tueurs »…
L’OSDH parle aussi de violences dans la province d’Idleb. L’agence Sana, elle, indique pour le jeudi 8 mars un accrochage dans le village de Tiba al-Iman – gouvernorat de Hama – qui s’est soldé par la mort de « nombreux terroristes » et l’arrestation d’autres. L’armement saisi se compose de 17 « bombes« , de roquettes RPG, de 11 armes automatiques, de 7 fusils à pompe, d’un fusil militaire de fabrication polonaise, plus des chargeurs et des appareils de communication de marque Sanyo, sans oublier de instruments de chirurgie. Le même jour, militaires et douaniers ont intercepté, dans le secteur d’al-Raqqah, à une soixantaine de kilomètres de la frontière turque, un convoi d’armes venu de Turquie : cette fois figurent au « tableau de chasse » 105 fusils à pompe et 27 pistolets-mitrailleurs, plus les trafiquants eux-mêmes, arrêtés.
Des saisies de ce type, dans des caches ou sur l’ennemi, sont quotidiennes, et il y a à l’évidence plus d’armes en circulation que de combattants pour les utiliser. A ce sujet, le gouvernement syrien a publié récemment une estimation des forces de l’ennemi actuellement opérationnelles en Syrie : 15 000 combattants, en grande majorité étrangers. Ce nombre, s’il est juste, a probablement baissé ces derniers temps, du fait des pertes ou de la fuite de certains combattants au Liban ou en Turquie. Mais les frontières sont nombreuses et longues en Syrie, avec quatre pays limitrophes, dont deux hostiles (Turquie et, dans une moindre mesure, Jordanie). Peut-être aussi Damas gonfle-t-il le chiffre à des fins de propagande. Mais il y a toujours, à l’évidence, des milliers d’insurgés armés en Syrie, mais fractionnés en de nombreux groupes de taille modeste.  Ce qui interdit toute offensive stratégique ou manœuvre d’ampleur, mais multiplie les foyers d’insécurité.

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