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Tuesday, June 26, 2012

Baghdadi Mahmoudi: Petits meurtres entre « amis!

Extradition de Baghdadi Mahmoudi : Petits meurtres entre « amis! »
by Candide

Quelles sont les conséquences de cette affaire sur le paysage politique et notamment sur la Troika ?


Ahmed Manai : L’extradition, en catimini et à l’insu du chef de l’Etat lui même, de l'ex Premier ministre libyen Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, a créé un malaise général en Tunisie, perceptible dans les milieux politiques et
de défense des droits humains mais aussi curieusement et plus largement dans de nombreuses couches de la population. Les simples gens redoutent en effet qu’un tel acte ne provoque les réactions hostiles voire violentes des nombreux Khadafistes, estimés à plus de 500.000 en Tunisie même et qu’il incite d’autres, les tribus M’hamid et alliées, en Libye, à mettre leurs menaces contre les expatriés et les intérêts tunisiens à exécution.

Mais c’est au sein du pouvoir de la Troïka que le malaise est le plus perceptible pour l’instant, et davantage encore entre le président provisoire et le chef du gouvernement. Le premier a toujours exprimé son hostilité à toute extradition dans les conditions actuelles d’absence de pouvoir légal en Libye. Quant au second, moins sensible aux considérations humanitaires, sans doute tenu aussi par des engagements antérieurs vis-à-vis du régime libyen et croyant à certaines de ses promesses, a profité de la première occasion pour livrer le fugitif libyen et marginaliser, un peu plus, un président provisoire sans pouvoir mais trop encombrant.

Extradition de Baghdadi Mahmoudi : Petits meurtres entre « amis!

Contrairement aux déclarations du porte parole de la présidence, « cette décision ne provoquerait ni crise politique au sein des autorités politiques et n’engendrerait nullement d'énormes conséquences ». Elle affecterait difficilement les rapports entre Ennahdha et le Congrès Pour la République, le parti de Marzouki, dont de nombreux leaders, issus à l’origine du mouvement Ennahda, lui sont demeurés fidèles et ont déjà exprimé leur soutien à la décision du gouvernement.



C’est principalement Moncef Marzouki et son image dans le pays qui en pâtiront. Il sait qu’il doit tout à Ennahda, que son avenir politique en dépend et qu’il ne peut se la mettre à dos et c’est pour cette raison et alors que certains attendent de lui qu’il démissionne, il a demandé à l’ANC, où il est très minoritaire, de trancher entre lui et le gouvernement.

L’extradition de Mahmoudi est une aubaine pour l’opposition et surtout pour le courant néo-destourien qui ne manquera pas de rappeler que jamais la Tunisie n‘a contrevenu à ses obligations internationales relatives au droit d’asile. Ben Ali avait accordé l’asile politique à Craxi et Bourguiba à d’illustres demandeurs d’asile, de l’ancien président Mauritanien Oul Daddah au…banquier et leader frère musulman Youssef Nada, accordant même à ce dernier la nationalité tunisienne. Le même Youssef Nada dont la fille a épousé le fils de Rached Ghannouchi.

A propos de ce dernier, il est un peu curieux qu’il ne s’est guère manifesté à propos de cette affaire Mahmoudi. Tout le monde sait pourtant qu’il n’est pas étranger à cette décision d’extradition, à l’instar de son vieil ami Hassen Tourabi dans l’affaire de l’extradition de Carlos du Soudan vers la France en 1995.

Et dans ce cas, c’est un règlement dans lequel Jebali aurait agi davantage en secrétaire général de parti plus qu’en chef de gouvernement.


* Opposant au régime de Ben Ali, Ahmed Manaï a été comme des milliers d’autres tunisiens, torturés pour ses opinions. Son ouvrage, Le supplice tunisien, paru en 1995 et préfacé par Gilles Perrault. Ancien expert international auprès de l’ONU, Ahmed Manaï a chèrement payé son engagement politique en faveur d’une démocratisation de la Tunisie. En 1991, il a été arrêté et torturé durant plus de 15 jours consécutifs par les services spéciaux Tunisien. Il est depuis réfugié politique en France avant de rentrer en Tunisie à la fin de 2008.
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