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Monday, January 14, 2013

Cérémonie de réhabilitation des militaires de Barraket Essahel


Cérémonie de réhabilitation des militaires de Barraket Essahel
Une joie tronquée

Le 10 décembre 2012 était une journée historique pour les militaires de Barraket Essahel car Le président de la République a organisé en leur honneur une cérémonie pour les réhabiliter de la grande injustice dont ils ont été l’objet du temps de Ben Ali.

L’émotion était forte dans la salle des cérémonies du Palais, qui regroupait les 244 officiers et sous officiers de cette affaire  ainsi que leurs familles. Marzouki, accompagné par le Général Rachid Ammar, Samir Dilou, ministre des droits de l’homme et de la Justice transitionnelle et de Noureddine Bhiri, ministre de la Justice, avait prononcé un discours émouvant où il a demandé pardon au nom de l’Etat tunisien pour «ce crime commis par l’ancien régime à l’égard de l’institution militaire». Il a procédé ensuite à la décoration des anciens militaires des insignes de la République tunisienne, tout en offrant à l’Association Insaf pour les anciens militaires, le blason de la République.

A quand, la réhabilitation matérielle ?

Néanmoins et malgré ce geste important qui survint, de surcroit, le jour de la célébration de la Déclaration universelle des Droits de l’homme, la joie était tronquée. La réhabilitation morale s’est faite en partie, puisque les militaires espéraient être honorés, en portant leurs uniformes et leurs grades dont-ils ont été spoliés depuis 91. Quant à la réhabilitation matérielle, elle tarde à venir, puisque le ministère des Droits de l’Homme insiste à trouver un règlement à cette question dans le cadre de la loi sur l’amnistie générale, laquelle concerne la compensation de tous les prisonniers politiques et qui n’a pas encore vu le jour. «C’est un grand évènement, mais la blessure reste grande, assure le Commandant pilote, Hédi Tlijani.  Nous avons des sous-officiers qui sont dans des situations précaires, ils ont besoin de soutien matériel d’urgence. Pourquoi nous faire attendre, alors notre affaire est spécifique et que nous sommes apolitiques, s’interroge-t-il ?
Même son de cloche de la part du colonel Moncef Zoghlami, président de l’association Insaf,  qui, tout en considérant le geste de Marzouki comme une satisfaction sur le plan  moral, il a précisé qu’il faut concrétiser au plus vite les mesures de réhabilitation matérielle dont la reconstruction de carrière et la prise en charge sanitaire et psychologique. Il a aussi attiré l’attention à la réticence du ministère de la Défense à régler la situation des anciens militaires et a déploré une certaine crispation dans sa gestion de l’affaire de Barraket Essahel, en cherchant à clore le dossier au plus vite. «Or, l’idéal, c’est de reconnaitre les erreurs commises par le commandement de l’époque, afin de ne plus les refaire», souligne-t-il.

La vérité, toute la vérité 

Le Capitaine Mohsen Kaâbi, secrétaire général de l’association a été parmi ceux qui ont beaucoup critiqué le traitement de l’affaire par le ministère de la Défense, demandant à chaque fois, que le commandement soit jugé. Il estime que le procès ouvert, depuis mai 2011, contre les coupables, a épargné les hauts responsables militaires de l’époque. Il continue à plaider dans ce sens, considérant que le dévoilement de la vérité complète est un élément fondamental pour la réhabilitation morale.
Quant à la réhabilitation matérielle, Kaâbi affirme avoir eu une entrevue avec le président de la République, suite à la cérémonie, où ce dernier a précisé qu’il y a tout un projet dans ce sens qui est actuellement entre les mains de Samir Dilou, lequel devrait le passer devant le conseil de ministres prochainement.
Rappelons que la cérémonie intervient après le discours de Marzouki lors de la fête de l’armée (24 juin 2012), où il a rendu pour la première fois hommage aux militaires de Barraket Essahel. Ces derniers avaient été accusés injustement d’avoir planifié un coup d’Etat contre Ben Ali en 1991. Le Président déchu avait ordonné leur emprisonnement et leur torture au ministère de l’Intérieur avant de reconnaître leur innocence. Mais depuis, les 244 officiers ont été mis à la retraite d’office. Il  a fallu 20 ans pour que l’opinion publique connaisse cette affaire.
 Hanène Zbiss

2 comments:

  1. L’Armée Tunisienne sinistrée
    Septembre 1992- Paris
    Par Ahmed Manai, « Vérités » N°1
    Au mois de mai 1991, Ben Ali annonça avec fracas aux tunisiens et au monde médusés, la découverte d’un vaste complot fomenté par le mouvement Ennahda et dans lequel auraient trempé, outre des éléments des forces de la sécurité intérieure et de la douane, de nombreux cadres de l’armée nationale.
    Un colonel et dix commandants d’active ainsi qu’un colonel de réserve et de nombreux sous officiers, d’active et de réserve furent ainsi officiellement et hâtivement inculpés. Leurs noms figuraient en bonne place, à l’époque, à côté des dirigeants d’Ennahda, à la une des journaux tunisiens, pour attester, si besoin est, de l’existence d’un bras armé de ce mouvement politique.
    Les deux procès instruits à cet effet par les tribunaux militaires étant aujourd’hui terminés et le verdict rendu, il serait utile de s’interroger sur l’impact laissé par cette mascarade sur l’armée tunisienne et sur le sort réservé aux nombreux militaires, déshonorés et souillés à jamais.
    Un complot contre l’armée.
    Dans son projet d’éradication du mouvement Ennahda, Ben A li n’a pas hésité à la tentation d’impliquer une armée, qui, sans jamais se départir de son traditionnel loyalisme, l’a toujours traité avec un total mépris tout au long de sa carrière militaro-policière et davantage encore depuis son coup d’Etat.
    D’autre part un complot aux ramifications militaires, avec à sa tête des jeunes commandants d’unités, intègres et compétents, passerait pour être plus crédible aux yeux d’une opinion quelque peu incrédule.
    L’histoire retiendra la réplique que Ben Ali fît à son ministre de l’intérieur, Abdallah Kallel, venu s’enquérir de l’importance à attribuer à l’armée dans son scénario : « qu’on la détruise », lui lance-t-il.
    En fait le démantèlement de l’armée tunisienne était déjà largement avancé dès le lendemain du coup d’Etat de 1987. De nombreux officiers supérieurs, appartenant aux premières promotions, des colonels et parfois des généraux, ont été mis à la retraite d’office. Les plus chanceux parmi eux, liés à Ben Ali par le copinage, les affaires, la corruption ou plus simplement la « complotite », se virent attribuer de juteuses situations à la tête d’ambassades ou de sociétés d’Etat. D’autres choisis parmi les plus serviles, furent tout simplement bombardés ministres. Les moins performants investirent le corps des gouverneurs ou se retrouvèrent en compétition avec leurs collègues de la police à la tête de consulats à l’étranger, ou tout simplement délégués dans des sous-préfectures du bled.
    La fin de 1989 connut une nouvelle purge de l’armée. Des colonels mais surtout de nombreux jeunes commandants et capitaines se virent mettre à la retraite et pour certains expulsés sans ménagement, sans autre perspective que le chômage.
    Les élèves officiers, parfois en fin de scolarité, payèrent aussi leur tribut.
    Tout ce monde se retrouve à partir de mai 1991 dans les geôles du ministère de l’intérieur ou à l’ile de Zembra, livrés aux spécialistes de la question sous l’œil vigilant du maitre des céans. Ils étaient plus de deux cents quarante. Nombre d’entre eux y laissèrent la vie, d’autres en sortirent avec des traces indélébiles, pour se faire condamner à huit clos et en l’absence de toute assistance juridique et dans l’anonymat total, à de lourdes peines de prison.
    Les plus chanceux enfin iront faire de la figuration dans les deux procès pour attester, en face du monde, de la crédibilité du scénario imaginé par un fou.
    Ceux-ci seront acquittés, mais comme à son accoutumée, leur distingué hôte les retiendra à perpétuité.
    Ahmed Manai,

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  2. L’Armée Tunisienne sinistrée
    Septembre 1992- Paris
    Par Ahmed Manai, « Vérités » N°1
    Au mois de mai 1991, Ben Ali annonça avec fracas aux tunisiens et au monde médusés, la découverte d’un vaste complot fomenté par le mouvement Ennahda et dans lequel auraient trempé, outre des éléments des forces de la sécurité intérieure et de la douane, de nombreux cadres de l’armée nationale.
    Un colonel et dix commandants d’active ainsi qu’un colonel de réserve et de nombreux sous officiers, d’active et de réserve furent ainsi officiellement et hâtivement inculpés. Leurs noms figuraient en bonne place, à l’époque, à côté des dirigeants d’Ennahda, à la une des journaux tunisiens, pour attester, si besoin est, de l’existence d’un bras armé de ce mouvement politique.
    Les deux procès instruits à cet effet par les tribunaux militaires étant aujourd’hui terminés et le verdict rendu, il serait utile de s’interroger sur l’impact laissé par cette mascarade sur l’armée tunisienne et sur le sort réservé aux nombreux militaires, déshonorés et souillés à jamais.
    Un complot contre l’armée.
    Dans son projet d’éradication du mouvement Ennahda, Ben A li n’a pas hésité à la tentation d’impliquer une armée, qui, sans jamais se départir de son traditionnel loyalisme, l’a toujours traité avec un total mépris tout au long de sa carrière militaro-policière et davantage encore depuis son coup d’Etat.
    D’autre part un complot aux ramifications militaires, avec à sa tête des jeunes commandants d’unités, intègres et compétents, passerait pour être plus crédible aux yeux d’une opinion quelque peu incrédule.
    L’histoire retiendra la réplique que Ben Ali fît à son ministre de l’intérieur, Abdallah Kallel, venu s’enquérir de l’importance à attribuer à l’armée dans son scénario : « qu’on la détruise », lui lance-t-il.
    En fait le démantèlement de l’armée tunisienne était déjà largement avancé dès le lendemain du coup d’Etat de 1987. De nombreux officiers supérieurs, appartenant aux premières promotions, des colonels et parfois des généraux, ont été mis à la retraite d’office. Les plus chanceux parmi eux, liés à Ben Ali par le copinage, les affaires, la corruption ou plus simplement la « complotite », se virent attribuer de juteuses situations à la tête d’ambassades ou de sociétés d’Etat. D’autres choisis parmi les plus serviles, furent tout simplement bombardés ministres. Les moins performants investirent le corps des gouverneurs ou se retrouvèrent en compétition avec leurs collègues de la police à la tête de consulats à l’étranger, ou tout simplement délégués dans des sous-préfectures du bled.
    La fin de 1989 connut une nouvelle purge de l’armée. Des colonels mais surtout de nombreux jeunes commandants et capitaines se virent mettre à la retraite et pour certains expulsés sans ménagement, sans autre perspective que le chômage.
    Les élèves officiers, parfois en fin de scolarité, payèrent aussi leur tribut.
    Tout ce monde se retrouve à partir de mai 1991 dans les geôles du ministère de l’intérieur ou à l’ile de Zembra, livrés aux spécialistes de la question sous l’œil vigilant du maitre des céans. Ils étaient plus de deux cents quarante. Nombre d’entre eux y laissèrent la vie, d’autres en sortirent avec des traces indélébiles, pour se faire condamner à huit clos et en l’absence de toute assistance juridique et dans l’anonymat total, à de lourdes peines de prison.
    Les plus chanceux enfin iront faire de la figuration dans les deux procès pour attester, en face du monde, de la crédibilité du scénario imaginé par un fou.
    Ceux-ci seront acquittés, mais comme à son accoutumée, leur distingué hôte les retiendra à perpétuité.
    Ahmed Manai,

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