Appel URGENT A Abdellatif El- Mekki
pour arrêter sa grève de la faim.
Traduit de l’arabe.
Paris le 20 février 2004
ABDELLATIF EL- MEKKI :
« Il arrive cependant que la
machine se grippe ou bégaie. Le grain de sable est toujours à prévoir dans un
pays souvent balayé par les vents du sud.
Le cas d’Abdellatif El-Mekki, ancien secrétaire général de l’union générale
tunisienne des étudiants (UGTE, pro-islamiste), illustre le propos. El- Mekki a
déclaré avoir été arrêté le 14 mai 1991. Le 18 mai, sa famille envoie une
lettre recommandée aux autorités, pour s’enquérir de son sort. Le 22 mai, dans
une conférence de presse convoquée pour dénoncer le présumé complot du
mouvement Ennahdha, le ministre de l’Intérieur Kallel annonce l’arrestation
d’El-Mekki- l’importance d’un tel gibier ne pouvait être passée sous silence.
Mais le procès- verbal de la police mentionnera comme date d’arrestation…le 11
juillet 1991 ! (Supplice tunisien- Le jardin secret du général Ben
Ali ; P. 160) ».
C’est ainsi que Abdellatif El- Mekki a été arrêté, puis jugé et condamné en 1992 à 10 années de prison pour
appartenance au mouvement Ennahdha. Il a purgé l’intégralité de sa peine.
A sa sortie de prison il a voulu s’inscrire en médecine pour terminer les
trois mois d’internat qui lui restaient à faire et soutenir sa thèse de
doctorat. Il en a été empêché. Il a pu cependant s’inscrire en 3ème
cycle de Biochimie dynamique à la faculté de sciences et réussir ses examens.
Il lui restait tout juste deux mois pour terminer ses études, quand il fut
exclu de la faculté sans motif. Le doyen était favorable à son inscription,
mais son exclusion, devenue définitive le 13 décembre 2002, émanait d’autres
centres de décision.
Il a écrit au ministre de l’Education nationale, au président de la
République et à toutes les organisations tunisiennes des DH.
En désespoir de cause il a entamé une grève de la faim illimitée le 7
février 2004 , pour revendiquer tout simplement son droit à finir ses études,
à nourrir sa famille et à avoir un
statut social autre que celui d’ancien
prisonnier qui lui colle à la peau et traumatise sa femme et ses enfants.
Nous pensons qu’en l’état actuel des choses en Tunisie, la grève de la faim
de militants islamistes, ne mène à rien. C’est pour cette raison que nous
lançons cet appel urgent à Abdellatif El- Mekki et Jalel Ayadi, lui aussi dans
le même cas, pour qu’ils mettent fin à leur grève de la faim.
Assalamu Alaikum
Nous avons été surpris par votre décision
d’entamer une grève de la faim et nous sommes très inquiets que vous l’ayez
déclarée illimitée, donc aux conséquences imprévisibles.
Personne ne conteste évidemment votre droit de recourir à cette forme de
combat qui est l’une des rares opportunités laissées aux tunisiens pour
protester contre les injustices qu’ils subissent au quotidien et pour
revendiquer leurs droits les plus élémentaires, entre autres au savoir.
Mais tu n’es pas sans savoir en tant que médecin mais aussi et surtout à
travers les grèves de la faim que tu as menées en prison au cours des années
1992, 1995, 1998, 1999 et 2000 que cette forme de combat est très risquée et
qu’elle peut occasionner de graves préjudices à la santé des grévistes, en plus
des traumatismes qu’elle occasionne à la famille. De plus, la grève de la faim
ne mène à rien dans les circonstances actuelles.
Pourquoi la grève de la faim ?
La grève de la faim est, je vous cite « l’expression du
désespoir définitif d’un homme de faire aboutir ses revendications par les
voies traditionnelles ». C’est l’appel au secours, le cri du cœur et
des tripes à la conscience des hommes pour les appeler à soutenir une
revendication légitime. C’est ainsi que nous comprenons cette violence que vous
vous imposez. Mais pour qu’une telle forme de revendication ait une chance
d’aboutir et d’atteindre ses objectifs, il faudrait qu’il y ait unanimité ou du
moins un consensus, dans le conscient et le subconscient des citoyens,
gouvernants et gouvernés, autour d’un certain nombre de valeurs éthiques et
principalement le caractère sacré de la vie. Tel n’est pas le cas
malheureusement.
Cher frère,
La grève de la faim, dans une société qui n’a pas encore réussi à résoudre
ses problématiques fondamentales n’est pas le meilleur moyen de régler un
dossier et faire aboutir une revendication. Il arrive cependant qu’une telle
action, conçue dans une stratégie individuelle, parvienne à résoudre un
problème. Il y en a eu de rares cas en Tunisie ces dernières années.
Nous comprenons parfaitement les conditions difficiles que vous vivez à la
suite de l’interdiction qui vous est faite de continuer ces quelques mois
d’études. Mais nous estimons encore une fois que la grève de la faim ou toute
autre forme de combat individuel, n’est pas le procédé approprié pour faire
aboutir vos revendications. D’ailleurs vous avez prouvé, au cours de vos
longues années de prison, que vous n’êtes pas partisan des solutions
individuelles, sinon vous vous serez arrangé pour en trouver une et abréger
ainsi vos souffrances ce que nous avions souhaité très sincèrement.
Cher frère,
Encore une fois, personne ne vous en voudra d’avoir essayé de résoudre
votre problème par la grève. Mais nous vous conjurons tous de l’arrêter, par
amour pour les vôtres, parce qu’elle est sans effet dans les conditions
actuelles et que votre message est parvenu à tous.
De nombreux signataires de cet appel vous sont inconnus même de nom. Mais
croyez que nous vous estimons tous et que votre santé, votre sort et celui de votre famille nous importent
beaucoup.
Nous vous exprimons toute notre solidarité avec vos revendications
légitimes, avec votre droit au savoir, au
travail et à la dignité et nous vous appelons ainsi que votre ami Jalel
Ayadi, qui est privé comme vous de son droit au savoir et à la dignité, à
arrêter votre grève au premier jour du Nouvel An de l’Hégire. Bonne année
1425 à vous, à tous ceux que vous aimez et à l’humanité entière.
Wassalam Alaikum
Premiers signataires :
Dr Salah- Eddine Sidhoum, Chirurgien- Militant des DH- Algérie
Dr Mustafa Ben Jâafar: S.G du F.D.T.L : Tunisie
Maître Abdelfettah Mourou : Avocat : Tunisie
Dr Anouar
Koutchoukali : S.G. - Justitia
Universalis- Hollande
Maître Brahim Taouti : Avocat- Président Justitia Universalis-
Danemark
Maître Ahmed
Simozreg : Avocat : Burkina Faso.
Ahmed Smiai: Universitaire: Tunisie
Dr Abbas Aroua : Universitaire : Suisse
Rachid Benaïssa : Expert International : Algérie
Brahim Belkilani : Journaliste( ITRI) : Norvège
Aziz Salmone Fall : Politologue : Montréal : Canada
Dr Bilel Manaï : Universitaire, Chef de projet : France
Sami Ben Gharbia : Ecrivain, demandeur d’asile : Hollande
Alain Lecœur : Commission Internationale des Verts- France.
Fathi Belhadj : Citoyen Tunisien : Montréal : Canada
Dr Nizar Châari- Universitaire- France
Fatiha Talahite : Chercheur CNRS : France
Dr Fayçal Kâabi : Psychologue : France
Père Michel Lelong : Universitaire, Prêtre Catholique : France
Nidhal Hamadé : Office Français des D.H : France
J.F. Poirier : Ecrivain- Philosophe : France.
Claudine Roméo : Philosophe : France.
Chakib Bdira : Ecrivain- Traducteur : France
Malika Khier : Militante associative : Algérie
Dr Abdessalem Lassoued : Universitaire : France
Fausto Giudice : Ecrivain- Editeur : France
Adel Selmi : Universitaire : France.
Ginette Skandrani : La Pierre et l’Olivier : France
Ferjani Amara : Commerçant : Italie
Mohamed Bouriga : Traducteur : Alberta, Canada
Dr Idrissi Boussouf Habib : Maître de Conférence : Paris
Mounir Boughattas : Professeur : France
Dr Sahbi El Amri : Médecin : Tunisie
Beddi Ould Ibnou : Porte parole du Front Populaire : Mauritanie.
Kamel Makni : (ITRI)- Espagne
Maître Mohamed Taheri : Avocat, membre Réseau Euromed : Paris
Mohamed Lamari : (ITRI) : France
Dr Mondher Sfar : Conseil de la communauté Tunisienne : France
Noureddine Khatrouche : Chercheur : France
Lasâad Jouhri:
AISPPT: Tunisie
Abdelkhalek Toukabri: Militant pour la démocratie en Tunisie: France
Nabil Rebaï : Ancien prisonnier
politique : Tunisie
Yacine Khlifi : Informaticien : France
Bochra Manaï : Etudiante : France
Mehdi Mosbah : Informaticien- Militant des D.H. : Algérie
Lazhar Abaab : Chef d’entreprise : France
Kamel Besrour : Informaticien : France
Dr Mostafa Brahami : Universitaire : Suisse
Dr Ahmed Zanad :
Chirurgien : Suisse
Dr Lise Garon: Professeure: Université: Québec
Dr Anwar
N.Haddam : F.I.S. : Washington
Dr Alhabib Haddam: Chirurgien Thoracique et Cardio-vasculaire: Alger
Dr Youcef Nedjadi : Physicien : Grande Bretagne
Saïd Benfarah : Militant associatif : France
Azzeddine Chammam : Ancien membre du B.E. de l’UGTE.
Habib Houar : Militant associatif : France
Moncef Lamari : Militant Associatif : Suisse.
Abdullatif Fakhfakh : Ancien membre du B.E. de l’UGTE : Suisse
Ahmed Manaï : (ITRI) : France
Pour signer cet appel, veuillez
contacter :
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