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Thursday, February 28, 2013
Ennahdha et les pauvres : la grande désillusion !
Ennahdha et les pauvres : la grande désillusion !
Walid HASNI
Préambule de précaution :
Je n’écris pas pour rallier qui que ce soit à
mon étendard- je n’en possède aucun, je demeure à une très bonne
distance des écoles, des factions, des partis. Depuis des lustres,
les économistes s’évertuent à soulager les consciences des plus riches
face à la misère ambiante de leurs frères de la race humaine qu’on
appelle les pauvres ! Pour Bentham (1748-1832) : le problème social
de l'existence de pauvre et riche est réglé dès lors qu'on parvenait «
au plus grand bien pour le plus grand nombre ». La société faisait de
son mieux pour le maximum de personnes et il fallait accepter que le
résultat soit très déplaisant à l'encontre de la majorité.
C'est la vie,
circulez, il n'y a rien à voir. Malthus (1776-1834) considère la
pauvreté comme un problème purement sexuel, l'intempérance sexuelle des
pauvres les a conduits à proliférer jusqu'aux limites de ressources
disponibles ! Herber Spencer (1820-1903) explique que dans la
nature, la survie n'est possible que pour les plus forts, Il ne voit pas
pourquoi l'Homme devrait faire exception à la règle. Donc laisser
mourir les faibles est le meilleur moyen pour améliorer la race humaine.
Dans la même lignée, aujourd'hui les adeptes de la vision néolibérale
et du mondialisme financier diront de façon «pudique» que l'assistance
aux pauvres, aux malades, aux chômeurs perturbe l'efficacité du
sacro-saint marché et participe à la création d'une population
d'assistés !!! Pour maximiser le bien être national ou mondial chacun
doit chercher à maximiser son propre bonheur en faisant fi de la misère
et de la souffrance qui l’entourent.
Tout ça pour vous dire,
que le programme économique du gouvernement s’inscrit parfaitement dans
la même lignée précédemment signalé, celle des puissants en faisant fi
de la souffrance de la majorité des tunisiens. Il le fait par soumission
aux puissants de ce monde. Le programme économique d’Ennahdha appliqué
aujourd’hui, est la copie conforme de n’importe quel programme d’un
parti néoconservateur occidental à savoir, une prima absolue pour le
marché et pour les tenants du capital ponctuée par l’hypocrisie de ce
qu’on appelle les banques islamiques ou la finance islamique. Ils
s’inscrivent ainsi dans la mouvance néolibérale mondiale défendue par
l’oligarchie mondiale impérialiste (le monde occidental) et leurs sbires
; les monarchies du Golfe.
Ils n’ont rien de révolutionnaire ;
ni dans leur conception du monde ni dans leur lecture de l’islam, qui
n’est autre que la continuité d’une pensée qui a réduit l’islam à une
machine au service de la bourgeoisie.
Le gouvernement n’a pas
instauré une seule taxe sur les fortunes et les patrimoines accumulés
pendant des décennies. Il a laissé la conduite de sa politique monétaire
à une banque centrale indépendante se privant ainsi de l’outil
monétaire indispensable pour la relance de l’économie. Il a décrété une
amnistie fiscale pour les hommes d’affaires et n’a pas osé une seule
réforme audacieuse qui taxerait les plus riches pour financer un
semblant d’une protection sociale.
On entend beaucoup, au nom
de la sacro-sainte liberté et du confort, parler des atteintes aux plus
riches quand leurs revenus sont diminués par des impôts. Mais on entend
rarement parler de l'extraordinaire augmentation de la liberté des plus
pauvres quand ils n’auront plus à subir un préjudice d’anxiété majeur,
celui de voir un jour sa famille crever de faim. Les limitations
qu'impose le partage à la liberté et au confort des plus riches sont
néanmoins bien peu de chose au regard de surcroît de liberté et du droit
à la vie apporté aux nécessiteux. Cela s’appelle la solidarité, un
pilier central du développement !
Il y a de l’excessif, dans ces lignes ! Mais l’excessif fait parfois beaucoup de bien !
Que reste-t-il à faire ! Walid HASNI
Que reste-t-il à faire à un gouvernement qui n’a plus l’usage de sa
politique monétaire, laquelle est confiée à une instance indépendante,
la BCT (Banque Centrale Tunisienne), et ne peut donc plus compter sur
une baisse du taux d’intérêt pour relancer l’investissement, la
croissance et l’emploi. Il ne peut aussi compter sur la création
monétaire pour financer son déficit !!!! Rien ou pas grands choses !
Que reste-t-il à faire à un gouvernement qui n’a pas oser une seule
réforme fiscale qui taxerait les bourgeois et les fortunés pour financer
son déficit et un semblant de protection social ? Rien ou pas grands
choses !
Que reste-t-il à faire à un gouvernement qui n’a pas
osé remettre en cause un accord de libre-échange avec l’union
européenne, qui au-delà des beaux discours, n’est autre qu’une guerre
économique dont la principale conséquence serait l’aliénation de
l’économie tunisienne ? Rien ou pas grand choses !
Que
reste-t-il à faire à un gouvernement qui abdique devant le pouvoir de la
Finance, devant les hommes d’affaires devant les riches ? Rien ou pas
grands choses ! Il reste la soumission aux puissances impériales et
à leurs sbires -les monarchies despotiques des pays du Golfe-. Il reste
l’aliénation, le suivisme et la dépendance !!! On se demande
légitimement ce qu’ont en tête nos dirigeants, qui, de bonne foi, n’en
doutons pas, infligent à leur pays et à leur peuple une politiques aux
antipodes du bon sens. Pourquoi avoir abdiqué sur l’indépendance de la
BCT? Pourquoi avoir abdiqué sur l’instauration de taxe sur le patrimoine
(Zakat)? Pourquoi avoir abdiqué sur l’interdiction de payement en
liquide à partir de 2000 dinars ? Pourquoi avoir abdiqué sur le secret
bancaire ?
Ils penseraient certainement qu’il suffirait
d’attendre. Attendre suffisamment longtemps, très longtemps, aussi
longtemps qu’il le faut. Attendre jusqu’à ce que les choses
d’elles-mêmes s’arrangent !!! Attendre un semblant de stabilité pour
instaurer la solidarité. C’est la solidarité et un Etat puissant qui
ramèneront la stabilité et non le contraire ! Plus vous abdiquez, plus
ils vous prendront pour des faibles. Ils demanderont encore plus plus et
plus ! Réveillez-vous !
Pendant la grande dépression, Keynes
rappelait à ceux qui préconisaient de ne rien faire et d’attendre que le
système retrouve ses équilibres une évidence qui échappe à nos
gouvernants. « A long terme nous seront tous morts ! ».
Bougez avant que ça ne soit trop tard :
-Nationalisation par décret des entreprises acquises par la corruption (quitte à les privatiser après), -Instauration d'une taxe sur le patrimoine, -Interdiction de paiement en liquide à partir de 300 DT, - Révision 95% des régimes forfaitaires, -Lever du secret bancaire, -Création d'une tranche de l’impôt sur revenu à 45%, -Réforme profonde de la fiscalité des professions libérales, -Mettre la banque centrale sous la tutelle du gouvernement,
Toute concession serait interpréter comme un aveu de faiblesse. Ces
réformes doivent êtres la lignée directrice d’un gouvernement qui veut
le salut national et la justice sociale. Ceux qui nous reprochent de ne rien proposer : voici des propositions concrètes et faciles à mettre en place !
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