Interview : René Naba à La Nouvelle République
1/ « L’impératif de l’Algérie, dans cette
phase de géo-dislocation globale de la sphère arabe, est de desserrer
le nœud coulant néo islamiste et forcer la porte du BRICS »
2/ La France au Mali joue son rôle de puissance et le Mali son existence
Avec la précipitation des événements
au Mali, il apparaît que la France joue son rang de puissance et le
Mali son existence dans ce premier engagement militaire direct
français, en solitaire, sur un théâtre d’opération depuis la fin de la
Guerre d’Algérie.
Dans ce contexte, l’Algérie, ayant
connu par le passé le fléau terroriste, se trouve à nouveau confrontée à
cette nébuleuse comme l’ont montré les récents événements d’In Amenas.
Aussi, ne peut-elle pas se considérer en marge des événements qui ont
secoué la Tunisie, la Libye et actuellement le Mali. La région
Sahélienne étant devenue une poudrière aux conséquences imprévisibles,
dans cette phase de géo-dislocation globale de la sphère arabe,
l’impératif de l’Algérie est de desserrer le nœud coulant néo islamiste
et forcer la porte du BRICS, le moteur de la nouvelle diplomatie
multilatérale.
Un mois après le lancement de
l’opération Serval, et pour mieux élucider ces questions
géostratégiques, La Nouvelle République a fait le point avec René Naba,
un expert qui n’est plus à présenter.
France-Mali
Question LNR: Quel bilan tirez-vous tant pour la France que pour le Mali, un mois après le lancement de Serval?
Réponse RN: La France joue son rang de
puissance et le Mali son existence dans cette expédition du Mali,
premier engagement militaire direct français, en solitaire, sur un
théâtre d’opération depuis la fin de la Guerre d’Algérie en 1962.
En première ligne dans la guerre de
prédation économique du versant sud de la Méditerranée, -La Libye et la
Syrie, sans endettement extérieur, disposent de réserves énergétiques, –
la France se retrouve de plein fouet sur la ligne de front, en
confrontation directe avec ses frères d’armes de Libye et de Syrie,
qu’elle cherche à terrasser. Qu’il est douloureux le venin inoculé par
la morsure d’un serpent nourri en son sein.
L’expédition punitive du Mali de janvier
2013 se présente dans une configuration stratégique sensiblement
différente des précédentes séquences (Suez, Bizerte, Kolwezi). Au Mali,
face à des hordes furtives, la France est sous perfusion technologique
américaine, sous transfusion matérielle et humaine européenne et
africaine (2.000 Tchadiens, 500 Nigériens), sous injection financière
arabe.
Serval traduit un effondrement de la
capacité de projection de la puissance française. Et cela quelle que
soit l’issue des combats. Un échec de la France poserait la question de
la légitimité de sa présence au sein du Conseil de sécurité en sa
qualité de membre permanent doté d’un droit de veto.
Un statut octroyé en dépit de sa
collaboration avec l’Allemagne nazie sous Vichy, non pas tant pour sa
contribution à l’effort de guerre allié, mais en raison de sa possession
à l’époque d’un consistant empire colonial. Dissipé depuis, l’empire
est désormais réduit à sa honteuse portion congrue de la Françafrique.
Un éventuel échec réduirait le rôle de la France à celui d’un satrape
régional.
Sur cette thématique, Cf. à ce propos
La guerre du Mali est la conséquence
directe de la Guerre de Libye. Nicolas Sarkozy et son compère Bernard
Henry Lévy doivent rendre compte de ce gâchis humanitaire, en
comparution immédiate. De même qu’Alain Juppé et Laurent Fabius, les
deux super capés de droite et de gauche, dont l’activisme en Libye et en
Syrie auprès des frères d’armes des djihadistes d’Ansar Eddine,
s’explique par leur «complexe de la pénombre».
Une pathologie qui se traduit par une
volonté de compenser leur éclipse relative de la scène publique du fait
de leur condamnation par la justice de leur pays, le néo-atlantiste
gaulliste pour avoir «trahi la confiance du peuple souverain» dans
l’affaire dite des emplois fictifs et le néoconservateur de gauche dans
l’affaire du «scandale du sang contaminé».
L’intervention précipitée de la France au
Mali vise à créer de nouvelles conditions face à la nouvelle
administration Obama dont les postes -clés, le Département d’Etat (John
Kerry) et la Défense (Chuck Hagel)- ont été confiés à des hommes de
dialogue, contrairement à Hillary Clinton.
La réunion du groupement de l’opposition
syrienne atlantiste le 28 janvier à Paris, le jour même où l’opposition
démocratique syrienne se réunissait à Genève, relève de cette même
politique du fait accompli en ce qu’elle est destinée à barrer la voie à
toutes les initiatives diplomatiques qui se situeraient hors du champ
français.
Le télescopage de la réunion de
l’opposition off-shore syrienne avec celle du colloque de Genève à
l’initiative de l’Institut scandinave des Droits de l’homme constitue,
en tout état de cause, une mauvaise manière faite à la démocratie en ce
que la France apporte la démonstration qu’elle ne tolère que les
opinions conforment à ses vues.
Sous le rationalisme cartésien couve dans
ce grand corps malade une distorsion mentale. Combattre la succession
au sein des Républiques arabes et propulser l’héritier d’un autocrate au
Gabon (Ali Bongo) en truquant les élections ou Tendre la sébile aux
Arabes et faire le Matamore à propos de leur Mandela, le libanais
Georges Ibrahim Abdallah, le doyen des prisonniers politiques en France,
au prétexte d’une matrimonialité seconde du responsable de l’ordre
public, relève d’un dérèglement moral en ce qu’elle signe la confusion
de la sphère publique et privée dans la gestion des affaires publiques.
L’exemple le plus patent en est Manuel
Valls. Le ministre de l’intérieur et des cultes se considère désormais
«éternellement lié» depuis son mariage en seconde noces avec une
musicienne française de confession juive, non avec la France dont il est
le citoyen, mais à Israël, non le pays, mais le lieu de référence
religieuse de son épouse, indice pathétique du dévoiement de la pensée.
Sur cette thématique, Cf. à ce propos
Question: François Hollande, Nicolas
Sarkozy et Manuel Valls. Que pensez-vous justement de la politique de
François Hollande par rapport à celle de Nicholas Sarkozy, n’y-a-t-il
pas là une certaine continuité ?
Réponse : Le comportement de Nicolas
Sarkozy relevait de l’ordre primaire obsessionnel et compulsif. François
Hollande a l’apparence de la bonne courtoisie. Une différence à la
marge. Sur la forme, non sur le fond en ce que l’alternance a substitué
un néo-conservatisme de droite par un néo-conservatisme socialiste. Un
néo-conservatisme hard en un néo conservatisme Soft.
Le cas le plus flagrant est le cas Manuel
Valls. Nous y revenons en ce qu’il est le cas symptomatique de l’équipe
socialiste. Ministre de l’intérieur et des cultes, il est en charge de
l’ordre public et de la concorde nationale. Quelles que soient les aléas
de sa vie affective, elle ne doit pas déterminer sa vie publique. Un
bon ministre de l’intérieur est celui qui est invariablement lié, de
manière éternelle, aux intérêts fondamentaux de son propre pays. Une
action en suspicion légitime devrait être exercée à son encontre en
qu’il ne se comporte pas en arbitre soucieux de privilégier les intérêts
supérieur de la nation française.
Entre Nicolas Sarkozy et l’ancien Maire
d’Evry, qui projetait de transplanter des White au sein de sa population
Blakos, la différence est inexistante. Valls est un néo-conservateur
rentré. A la manière d’un acte manqué.
Somalie – Mali
Avec l’échec de l’Occident dans sa lutte
contre la piraterie somalienne, d’une part, quel pronostic pourrait-on
avancer sur l’intervention française au Mali ? Et d’autre part, avec cet
engagement de la France au Mali, ne pensez-vous pas que cela va mettre
en péril les intérêts français partout dans le monde ?
Réponse: L’opération de Somalie est un
ratage monumental, d’autant plus incompréhensible et injustifié qu’une
armada de 37 bateaux de guerres occidentaux opèrent dans le Golfe d’Aden
pour lutter contre la piraterie maritime aux larges des côtes de
Somalie. Ce grave échec a d’ailleurs stimulé les contestataires à
l’ordre français en Afrique et accentué les risques.
Quelles conséquences sur le plan interne français?
Le Mali va mettre en veilleuse les grands
problèmes lancinants de la société française. Reléguer au second plan
les questions sociétales telles la réforme du statut du mariage, le
problème de la cohésion sociale tel le vote des étrangers, les
douloureux problèmes de niveau de vie tels l’usure du pouvoir d’achat,
la hausse du chômage, l’accroissement de la misère et de la
précarité ainsi que le délitement de la société et l’augmentation de
l’insécurité, enfin, dernier et non le moindre, le vieillissement de la
démocratie française. En quarante ans, la France a perdu, du fait de la
concurrence internationale et de l’inadéquation de sa formation
professionnelle, près de neuf cents métiers et trois millions d’emplois.
Tant sur le plan interne qu’international, elle est atteinte d’un
malaise vagal stratégique.
Le Mali a transformé François Hollande
décrié auparavant pour sa mollesse en chef de guerre, lui conférant une
stature de chef de guerre à l’effet de le remonter dans les sondages.
En ces heures douloureuses, il est à espérer que le septentrion malien
ne soit pour le général Flanby ce que la Cyrénaïque fut pour le Marechal
Erwin Rommel.
Le Mali: Faire le procès des cinq planqués et se débarrasser de sa mentalité d’assisté.
Question: Ne pensez-vous pas que la Mali
paye aujourd’hui le prix fort de sa déliquescence ? S’il en est ainsi,
que devrait-il faire pour redresser sa situation ?
Mali: Le Mali doit rendre justice à son
Histoire, en faisant, sans retard, sans ménagement, le procès de
l’institution militaire qui, en un demi-siècle d’indépendance, a
sinistré le pays en phase de délitement du fait de sa déroute militaire
et sa banqueroute économique.
De la déliquescence de l’État à la
régression nationale: Jamais un pays n’aura connu pareille décélération.
Du fait d’une mafia politico-militaire. En toute impunité. En cinquante
ans d’indépendance, le Mali n’aura connu qu’un seul mandat de bonne
gouvernance, celui du premier président du Mali indépendant, Modibo
Keita (1960-1968). Son renversement par un coup d’État d’un lieutenant
fantasque, Moussa Traoré, va inaugurer une ère de plus de quarante
années de mensonges et de corruption, dont le Mali ne connaitra
l’épilogue tragique qu’avec le régime calamiteux de Amadou Toumani Touré
(ATT) et le coup d’État pathétique du capitaine Ahmadou Haya Sanogo.
Sur cette thématique, Cf. à ce propos
Cinq officiers supérieurs, les fameux planqués de la République, sont particulièrement visés par ce propos:
-Le dictateur Moussa Traoré, parricide du
symbole de l’indépendance malienne, deux fois condamnés à mort, puis
gracié, vivant désormais une retraite pieuse mais très confortable aux
frais de l’État, à Bamako, narguant de sa présence aux cérémonies les
proches de ses victimes.
-Le velléitaire cumulard Ahmad Toumani Touré, le planqué de Dakar, planqué avec son magot dans un silence tonitruant.
-Le putschiste Ahmad Haya Sanogo, planqué
à l’ombre de ses 60 Humvee (High mobility multipurpose wheeled
vehicle), affectés à sa protection, qui doivent être impérativement
réaffectés au champ de bataille et non plus servir à sa parade, de même
que les 600 millions de francs maliens ponctionnés mensuellement sur le
budget malien pour sa dépense personnelle, reversés au budget de guerre.
Enfin les deux planqués de la déroute militaire, les deux grands
vaincus de la bataille de 2012, le colonel Gamou, responsable de la
base de Kidal jusqu’à sa chute en février 2012, réfugié au Niger avec
cinq-cents soldats ainsi que le colonel Maydoun, son alter ego de la
base Gao.
Décréter la mobilisation générale,
rétablir le service militaire obligatoire. Mener sa propre guerre de
libération nationale, à l’exemple de son voisin et ami l’Algérie, qui a
vaincu le colonialisme avant de vaincre le terrorisme. En un mot se
débarrasser de sa mentalité d’assisté… Tel doit être le mot d’ordre du
Mali pour reconquérir sa dignité avant sa souveraineté.
L’Algérie
Question : Comment voyez-vous la position
de l’Algérie par rapport à tout ce remue-ménage politico-militaire qui
se déroule à ses frontières ?
Qui tient l’Afrique tient l’Europe, assurait Karl Marx.
L’Algérie occupe une position centrale au
Sahara. Frontalière de sept pays (Maroc, Tunisie, Libye, Mali,
Mauritanie, Niger et RASD) elle se doit de demeurer au centre du jeu
d’autant plus impérieusement que l’Algérie est chez elle au Sahara et
dispose d’une frontière commune de 1.800 kms avec le Mali soit
infiniment plus que la totalité du métrage de la France avec ses pays
limitrophes (Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Suisse).
La France au Mali est davantage
préoccupée par les gisements d’Uranium du Niger que pour la souveraineté
nationale du Mali. La géostratégie des minerais, de même que la drogue,
a horreur du vide. François Hollande au Mali roule pour Areva et tant
pis si l’intégrité du Mali devrait éventuellement en pâtir. Il s’en
accommodera pour peu que la tutelle touareg en gestation dans le nord
malien accepte de jouer le jeu. Pour preuve, François Hollande n’a pas
manifesté le même zèle pour voler au secours de François Bozizé en ce
que les intérêts stratégiques français n’étaient pas menacés en
République Centre Africaine.
Mais le Mali revêt une autre dimension
transarabe. Il est à coupler avec la Syrie. Ces deux pays constituant
les deux points de fixation de la Russie et de l’Algérie dans la
bataille de l’énergie que se livrent en sourdine le camp atlantiste et
leurs fournisseurs de gaz.
Alliées de la Syrie, la Russie et
l‘Algérie sont de surcroît les deux principaux ravitailleurs en gaz de
l’Europe occidentale, laquelle veut réduire sa dépendance de ces deux
pays situés hors de la sphère atlantiste.
La guerre de Syrie s’explique dans ce contexte et vise un triple objectif:
-Désarticuler le maillon intermédiaire de
l’axe de la contestation à l’hégémonie israélo-américaine dans la zone,
constitué de l’Iran la Syrie et le Hezbollah Libanais.
-Affaiblir économiquement l’Iran, sous embargo depuis trente ans, et la Russie.
-Fixer la Syrie et la Russie sur cet abcès de fixation le temps de procéder au déroutement du trafic gazier du Détroit d’Ormuz vers la Méditerranée orientale avec des terminaux en Syrie et en Turquie. Pour les initiés, c’est la fameuse bataille du projet transeuropéen Nabucco contre le projet russe North and South Stream.
-Affaiblir économiquement l’Iran, sous embargo depuis trente ans, et la Russie.
-Fixer la Syrie et la Russie sur cet abcès de fixation le temps de procéder au déroutement du trafic gazier du Détroit d’Ormuz vers la Méditerranée orientale avec des terminaux en Syrie et en Turquie. Pour les initiés, c’est la fameuse bataille du projet transeuropéen Nabucco contre le projet russe North and South Stream.
L’écharde nord malienne s’explique dans
ce contexte. L’Algérie, ultime survivant de l’ancien «front du refus
arabe», flanquée de surcroît désormais de deux régimes néo-islamistes,
la Libye et la Tunisie, est ainsi rivée au sol par le dossier du
séparatisme du Nord du Mali.
Le Mali, toutefois, ne sera pas une
promenade de santé. Les sables mouvants sont insondables et les voies
des pistes caravanières sont impénétrables. Serval est le prolongement
sur le théâtre africain de la grande géo déstabilisation globale de la
sphère arabe, du Sahara…du Nord Mali, au Sahara algérien à la Libye, à
la Syrie. L’assaut d’In Anemas relève de ce schéma visant à entrainer
l’Algérie dans les sables mouvants du désert saharien.
Les atouts de l’Algérie
Question: Quels seraient d’après vous les atouts de l’Algérie dans ce nouvel échiquier?
L’Algérie a une expertise reconnue dans
le domaine de la guérilla acquise durant sa guerre de libération
nationale, doublée d’une expertise dans la lutte contre le terrorisme
acquise durant la décennie noire 1990-2000), mais aussi et surtout, mais
cela les initiés en conviennent, sous la houlette soviétique lors de la
guerre d’Afghanistan (1980-1990).
De ce fait, l’Algérie n’est redevable à
aucun état occidental du moindre soutien logistique ou financier dans sa
guerre contre le terrorisme. Elle a donc les coudées franches. Mais
cette guerre risque d’être longue et couteuse, la génération de la
guerre d’indépendance au pouvoir depuis cinquante ans, arrive, à plus ou
moins brève échéance, au terme de son mandat. Il importe que la relève
soit assurée et la transition maitrisée. C’est là une des failles du
système, qu‘elle doit remédier sans retard.
Avec 250 milliards de dollars de réserve,
l’Algérie est le 2 me arabe par l’importance de ses devises, derrière
l’Arabie saoudite. Elle ne saurait se comporter en «état rentier» se
contentant de son statut de «pays émergent», qui n’est rien d’autres
qu’un strapontin, autrement dit «un piège à cons».
Par fidélité à son histoire, l’Algérie,
le pays le moins dépendant du Monde arabe sur le plan international, se
doit de monter au créneau par une meilleure répartition de ses
richesses, la relance de son agriculture, le développement de son
infrastructure, la dynamisation de sa bureaucratie, en même temps que la
démocratisation de son espace public, en impulsant une citoyenneté
active à sa population, particulièrement sa jeunesse trépidante, en
développant un esprit critique de sa presse, pour rejoindre les BRICS
(Brésil, Russie, Afrique du sud, Inde), nouveau moteur de la diplomatie
multilatérale.
Au BRICS en tant que représentante des
pays arabes et musulmans, pour y développer une coopération Sud-Sud, en
substitution à une coopération verticale de subordination et de
prédation des économies nationales des pays arabes. En un mot, établir
un rapport de qualité entre les deux sphères de la Méditerranée et entre
les deux hémisphères de la planète.
Questions : Dans cette nouvelle approche
de la lutte anti-terroriste prônée par l’Occident, quel devenir
d’après-vous de l’Islamisme politique ?
La guerre décennale contre le terrorisme
(2001-2011) a laissé le monde occidental exsangue sur le plan économique
avec la crise bancaire américaine, (une perte de capitalisation
bancaire de l’ordre de 25.000 milliards de dollars), la crise systémique
de l‘endettement européen, les guerres d’Irak d’Afghanistan et d’Irak,
d’un coût global de 3 000 milliards de dollars). De quoi effacer les
dettes publiques de l’ensemble des pays de la planète, de financer un
gigantesque plan de grands projets à l’effet d’éradiquer les pandémies,
la pauvreté, l’analphabétisme, la malnutrition dans le monde, d’offrir
une retraite décente à ses occupants, avec, cerise sur le gâteau, la
réhabilitation de la Palestine, victime des turpitudes occidentales.
Il était possible aux pays arabes de
faire une offre gagnant-gagnant au Monde occidental: renflouer son
économie par injection massive de pétrodollars en contrepartie du
règlement de leur question centrale: La Palestine
La configuration se prêtait d’autant plus
que pour la première fois dans l’histoire moderne arabe, les Islamistes
étaient parvenus au pouvoir dans la quasi-totalité des pays arabes, du
golfe pétro monarchique wahhabite rétrograde, aux gouvernements néo
islamistes des rives de la Méditerranée (Egypte, Libye, Tunisie).
Mais, en accordant la priorité à la
destruction de pays arabes, sous couvert de lutte pour la démocratie,
plutôt qu’à la libération de la Palestine, les pétromonarchies, les
régimes les plus rétrogrades au Monde, se sont révélées les
commanditaires de leur propre mercenariat en vue de leur
auto-asservissement alors que le néo islamisme pro américain est, lui,
apparu comme le gestionnaire de l’ordre rentier pétro monarchique, ainsi
qu’en témoigne le règlement de la dernière offensive israélienne de
Gaza
Depuis la fin de la 2me Guerre mondiale
(19439-1945), le Monde arabe est passé par trois phases de
transformation révolutionnaire, trois phases de lutte:
-Lutte contre le colonialisme ou
l’occupation étrangère, avec l’indépendance de la quasi-totalité des
vingt pays membres de la ligue arabe du Machreq et du Maghreb
-Lutte contre la dictature interne ou
l’occupation interne avec la chute de Zine Eddine Ben Ali (Tunisie),
Hosni Moubarak (Egypte), Mouammar Kadhafi (Libye) et l’élimination des
premiers ministres d’Irak (Noury Said) et de Jordanie (‘Wasfi Tall) et
du président égyptien Anouar el Sadate notamment.
Lutte enfin dans la phase finale contre
les trafiquants de la religion, les nouveaux marchands de temple de
l’ère contemporaine, tant il est vrai que l’Islam du XXI me siècle se
doit être une religion d’avenir et que l’adhésion à une foi ne dispense
de disposer d’une solide morale.
Entretien réalisé par Chérif Abdedaïm
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