Rabat - Le Maroc et l'Algérie se préparent à se réconcilier après une brouille de plus de deux décennies, les deux pays ayant annoncé vendredi une visite officielle à Alger le 23 janvier du ministre marocain des Affaires étrangères, Saad Eddine Othmani.
« Cette visite s'inscrit dans le cadre de la consolidation du processus des rencontres et des concertations entamé par les deux pays pour hisser leurs relations au niveau des aspirations des deux peuples frères », a indiqué vendredi le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué.
Il s'agit de la première visite officielle à Alger d'un chef de la diplomatie marocaine depuis 1989. Le déplacement de M. Othmani, lundi et mardi, sera aussi la première visite officielle à l'étranger du nouveau chef de la diplomatie marocaine -- un des principaux dirigeants du parti islamiste Justice et Développement (PJD, modéré) -- qui verra son homologue algérien Mourad Medelci et sera reçu par le président Abdelaziz Bouteflika.
Les relations entre le Maroc et l'Algérie sont tendues depuis des décennies à cause du conflit du Sahara occidental. Rabat reproche à Alger son soutien au Front Polisario, un mouvement qui revendique l'indépendance de cette ancienne colonie espagnole annexée par le royaume marocain en 1975.
Dernièrement, Rabat a changé le fusil d'épaule en demandant à Alger de mettre entre parenthèses la question du Sahara, laquelle s'éternise toujours entre les mains de l'ONU, et de privilégier le réchauffement des relations bilatérales.
Des signaux positifs montrent que les deux parties sont en train de réfléchir en vue de prendre cette voie.
Le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, Amar Belani, a souligné que cette visite permettra de « raffermir les liens de fraternité et de coopération qui unissent les deux peuples frères. »
Les deux ministres « examineront les voies et moyens susceptibles de relancer l'Union du Maghreb arabe (UMA) en réorganisant certaines de ses institutions et de ses mécanismes en vue d'une meilleure efficacité », a-t-il ajouté.
Fondée en février 1989, l'UMA regroupe cinq pays : Maroc, Tunisie, Algérie, Libye, et Mauritanie, mais cette organisation est en panne depuis des années en raison de différends entre ses membres. Son dernier sommet régional date de 1994.
« Le Maroc attache une grande importance au réchauffement des rapports bilatéraux, une étape cruciale pour la construction du Maghreb arabe », a indiqué à l'AFP une source proche du gouvernement marocain.
Alger et Rabat se sont rapprochés ces derniers mois, à travers des déclarations apaisantes et un échange de visites de délégations ministérielles. Le 6 novembre, le roi Mohammed VI a appelé à un Maghreb qui transcende l'enfermement dans « les postures figées » et « les antagonismes stériles. »
Mourad Medelci a expliqué dans une récente déclaration que la fermeture de la frontière entre l'Algérie et le Maroc « n'a jamais été une décision irréversible » et que "la réconciliation avec le Maroc sera consolidée avec le nouveau gouvernement marocain".
Ces propos font écho à la main tendue par le roi du Maroc appelant à l'ouverture des frontières et à une normalisation des relations.
Le nouveau chef du gouvernement marocain, l'islamiste Abdelilah Benkirane, a quant à lui appelé en décembre à un rapprochement avec l'Algérie, susceptible selon lui, de résoudre le problème du Sahara occidental.
« Si nos différends avec l'Algérie sont réglés avec l'ouverture des frontières, le problème du Sahara sera résolu. La fraternité avec l'Algérie résoudra tous les problèmes », avait-il déclaré.
La frontière entre les deux pays - qui court sur plus de 1.500 km de la Méditerranée au Sahara - a été fermée en 1994 après un attentat islamiste à Marrakech (sud du Maroc) que Rabat avait imputé aux services secrets algériens.
No comments:
Post a Comment