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Thursday, February 28, 2013

Tunisie: l'intransigeance du chef d'Ennahda au cœur de la crise


Tunisie: l'intransigeance du chef d'Ennahda au cœur de la crise

TUNIS (AFP) - 26.02.2013 11:13 - Par Kaouther LARBI

La solution à l'interminable crise politique tunisienne passe nécessairement par le puissant chef du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, mais sa volonté de maintenir son mouvement coûte que coûte au pouvoir a fait échouer les efforts déployés jusque là, jugent des analystes.
voir le zoom : Le chef du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, le 22 février 2013 à TunisLe chef du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, le 22 février 2013 à Tunis
AFP/Archives - Fethi Belaid
La solution à l'interminable crise politique tunisienne passe nécessairement par le puissant chef du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, mais sa volonté de maintenir son mouvement coûte que coûte au pouvoir a fait échouer les efforts déployés jusque là, jugent des analystes.
Celui que ses partisans appellent "le cheikh" en signe de respect n'a pas caché ses intentions, martelant devant des milliers de partisans le 16 février qu'"Ennahda est la colonne vertébrale de la Tunisie et la briser ou l'exclure porterait atteinte à l'unité nationale".
Trois jours plus tard, son numéro 2 au sein du parti, le Premier ministre Hamadi Jebali, démissionnait faute d'avoir pu imposer à M. Ghannouchi l'idée d'un gouvernement de technocrates pour sortir de la crise sans précédent provoquée par l'assassinat le 6 février de l'opposant anti-islamiste Chokri Belaïd.
"Rached Ghannouchi, chef inamovible d'Ennahda depuis 35 ans, est actuellement (...) le chef de la Tunisie, celui sans lequel et surtout contre lequel rien ne peut se faire", résume le politologue Ahmed Manaï.
Chef de file des "durs" du parti, M. Ghannouchi dispose d'une légitimité interne indéniable qui lui a permis de faire échouer M. Jebali. Signe de son influence, même les figures du courant modéré d'Ennahda se sont gardées d'exprimer publiquement leur soutien au Premier ministre démissionnaire.
"M. Ghannouchi est respecté par tous les partisans (d'Ennahda) même ceux qui critiquent ses choix politiques", note l'analyste Slaheddine Jourchi, fin connaisseur du mouvement.
Le chef islamiste justifie sa fermeté par "la légitimité des urnes", Ennahda ayant remporté plus de 40% des suffrages lors de l'élection de l'Assemblée nationale constituante en octobre 2011.
"Donc tous ceux qui veulent traiter avec les autorités sont dans l'obligation de passer par" le chef d'Ennahda, constate encore M. Jourchi.
Ainsi si le ministre de l'Intérieur Ali Larayedh a été chargé de former un nouveau cabinet, ce modéré garde le silence sur ses pourparlers pendant que Rached Ghannouchi multiplie les interventions dans les médias sur la création imminente d'une coalition élargie.
Cette offensive médiatique a fait grincer les dents d'Ettakatol, l'un des deux partis laïcs alliés à Ennahda dans le cabinet sortant, ainsi que chez les éditorialistes.
"C'est du n'importe quoi. Il fait ses calculs arithmétiques et politiques", relève Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol.
"Il n'y a rien de conclu. Nous avons maintenu nos conditions, à savoir la neutralité des ministères de souveraineté et l'élargissement (de la coalition) pour un consensus national", a-t-il ajouté.
Ennahda se montre en effet réticent à confier les ministères de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères à des indépendants, une revendication exprimée par une large partie de la classe politique.
Le quotidien La Presse a aussi tiré à boulets rouges dimanche sur les annonces de M. Ghannouchi.
"A chaque articulation, à chaque évènement décisif que traverse le pays, Rached Ghannouchi monte au créneau, fixe le tempo et trace la voie à suivre", note le journal.
Ce "qui saute aux yeux, qui irrite et ne fait que perdurer le flou est que le président d'Ennahda n'est pas dans son rôle et outrepasse carrément ses prérogatives", poursuit La Presse pour qui "il est temps que les velléités hégémoniques d'Ennahda cessent".
Dans son discours d'adieux aux Tunisiens, M. Jebali a d'ailleurs réitéré son avertissement que seul un "gouvernement neutre" était à même d'apporter au peuple "des solutions claires et urgentes".
Ennahda doit rassembler le plus largement possible pour achever la rédaction de la Constitution, en cours depuis 16 mois et paralysée faute de consensus, ainsi que fixer un calendrier électoral.
© 2013 AFP

Les médecins israéliens et la torture dans les prisons israéliennes !


A la mémoire du Martyr Arafat Jaradat, gréviste de la faim, décédé dans les prisons israéliennes et en hommage à la solidarité agissante des 3.000 grévistes de la faim palestiniens:



Les médecins israéliens et la torture dans les prisons israéliennes !

 Ce rapport sur l’implication des médecins israéliens dans la torture et les mauvais traitements infligés aux prisonniers palestiniens est vieux de près de quinze ans, mais plus que jamais d’actualité en ces jours de grève de plus de 3.000  prisonniers palestiniens, pour protester contre la mort de l’un d’eux, Arafat Jaradat, âgé de 30 ans et père de deux enfants.
L’auteur de ce rapport, Issam Younis, est juriste, chercheur au Centre Palestinien des droits de l’homme (PCHR) à Gaza, ancien chercheur à l’organisation Al Haq à Ramallah, auteur de nombreuses études sur la torture et les violations des droits de l’homme sous l’occupation israélienne.
Nous remercions la Commission arabe de droits humains (Paris) et sa présidente, Violette Daguerre, de nous avoir autorisé à en faire un petit tirage destiné aux participants à la Conférence Internationale, Palestine : De la colonisation aux violations des droits de l’homme, organisée à Beyrouth les 16 et 17 Février 2013.



Ahmed Manai

Ennahdha et les pauvres : la grande désillusion !

Ennahdha et les pauvres : la grande désillusion !

Walid HASNI

Préambule de précaution : 
Je n’écris pas pour rallier qui que ce soit à mon étendard- je n’en possède aucun, je demeure à une très bonne distance des écoles, des factions, des partis.
Depuis des lustres, les économistes s’évertuent à soulager les consciences des plus riches face à la misère ambiante de leurs frères de la race humaine qu’on appelle les pauvres !
Pour Bentham (1748-1832) : le problème social de l'existence de pauvre et riche est réglé dès lors qu'on parvenait « au plus grand bien pour le plus grand nombre ». La société faisait de son mieux pour le maximum de personnes et il fallait accepter que le résultat soit très déplaisant à l'encontre de la majorité.
 C'est la vie, circulez, il n'y a rien à voir.
Malthus (1776-1834) considère la pauvreté comme un problème purement sexuel, l'intempérance sexuelle des pauvres les a conduits à proliférer jusqu'aux limites de ressources disponibles !
Herber Spencer (1820-1903) explique que dans la nature, la survie n'est possible que pour les plus forts, Il ne voit pas pourquoi l'Homme devrait faire exception à la règle. Donc laisser mourir les faibles est le meilleur moyen pour améliorer la race humaine.

Dans la même lignée, aujourd'hui les adeptes de la vision néolibérale et du mondialisme financier diront de façon «pudique» que l'assistance aux pauvres, aux malades, aux chômeurs perturbe l'efficacité du sacro-saint marché et participe à la création d'une population d'assistés !!! Pour maximiser le bien être national ou mondial chacun doit chercher à maximiser son propre bonheur en faisant fi de la misère et de la souffrance qui l’entourent.

Tout ça pour vous dire, que le programme économique du gouvernement s’inscrit parfaitement dans la même lignée précédemment signalé, celle des puissants en faisant fi de la souffrance de la majorité des tunisiens. Il le fait par soumission aux puissants de ce monde. Le programme économique d’Ennahdha appliqué aujourd’hui, est la copie conforme de n’importe quel programme d’un parti néoconservateur occidental à savoir, une prima absolue pour le marché et pour les tenants du capital ponctuée par l’hypocrisie de ce qu’on appelle les banques islamiques ou la finance islamique. Ils s’inscrivent ainsi dans la mouvance néolibérale mondiale défendue par l’oligarchie mondiale impérialiste (le monde occidental) et leurs sbires ; les monarchies du Golfe.

Ils n’ont rien de révolutionnaire ; ni dans leur conception du monde ni dans leur lecture de l’islam, qui n’est autre que la continuité d’une pensée qui a réduit l’islam à une machine au service de la bourgeoisie.

Le gouvernement n’a pas instauré une seule taxe sur les fortunes et les patrimoines accumulés pendant des décennies. Il a laissé la conduite de sa politique monétaire à une banque centrale indépendante se privant ainsi de l’outil monétaire indispensable pour la relance de l’économie. Il a décrété une amnistie fiscale pour les hommes d’affaires et n’a pas osé une seule réforme audacieuse qui taxerait les plus riches pour financer un semblant d’une protection sociale.

On entend beaucoup, au nom de la sacro-sainte liberté et du confort, parler des atteintes aux plus riches quand leurs revenus sont diminués par des impôts. Mais on entend rarement parler de l'extraordinaire augmentation de la liberté des plus pauvres quand ils n’auront plus à subir un préjudice d’anxiété majeur, celui de voir un jour sa famille crever de faim. Les limitations qu'impose le partage à la liberté et au confort des plus riches sont néanmoins bien peu de chose au regard de surcroît de liberté et du droit à la vie apporté aux nécessiteux. Cela s’appelle la solidarité, un pilier central du développement !

Il y a de l’excessif, dans ces lignes ! Mais l’excessif fait parfois beaucoup de bien !
 
Que reste-t-il à faire !
Walid HASNI
Que reste-t-il à faire à un gouvernement qui n’a plus l’usage de sa politique monétaire, laquelle est confiée à une instance indépendante, la BCT (Banque Centrale Tunisienne), et ne peut donc plus compter sur une baisse du taux d’intérêt pour relancer l’investissement, la croissance et l’emploi. Il ne peut aussi compter sur la création monétaire pour financer son déficit !!!! Rien ou pas grands choses !

Que reste-t-il à faire à un gouvernement qui n’a pas oser une seule réforme fiscale qui taxerait les bourgeois et les fortunés pour financer son déficit et un semblant de protection social ? Rien ou pas grands choses !

Que reste-t-il à faire à un gouvernement qui n’a pas osé remettre en cause un accord de libre-échange avec l’union européenne, qui au-delà des beaux discours, n’est autre qu’une guerre économique dont la principale conséquence serait l’aliénation de l’économie tunisienne ? Rien ou pas grand choses !

Que reste-t-il à faire à un gouvernement qui abdique devant le pouvoir de la Finance, devant les hommes d’affaires devant les riches ? Rien ou pas grands choses !
Il reste la soumission aux puissances impériales et à leurs sbires -les monarchies despotiques des pays du Golfe-. Il reste l’aliénation, le suivisme et la dépendance !!!
On se demande légitimement ce qu’ont en tête nos dirigeants, qui, de bonne foi, n’en doutons pas, infligent à leur pays et à leur peuple une politiques aux antipodes du bon sens. Pourquoi avoir abdiqué sur l’indépendance de la BCT? Pourquoi avoir abdiqué sur l’instauration de taxe sur le patrimoine (Zakat)? Pourquoi avoir abdiqué sur l’interdiction de payement en liquide à partir de 2000 dinars ? Pourquoi avoir abdiqué sur le secret bancaire ?

Ils penseraient certainement qu’il suffirait d’attendre. Attendre suffisamment longtemps, très longtemps, aussi longtemps qu’il le faut. Attendre jusqu’à ce que les choses d’elles-mêmes s’arrangent !!! Attendre un semblant de stabilité pour instaurer la solidarité. C’est la solidarité et un Etat puissant qui ramèneront la stabilité et non le contraire ! Plus vous abdiquez, plus ils vous prendront pour des faibles. Ils demanderont encore plus plus et plus ! Réveillez-vous !

Pendant la grande dépression, Keynes rappelait à ceux qui préconisaient de ne rien faire et d’attendre que le système retrouve ses équilibres une évidence qui échappe à nos gouvernants. « A long terme nous seront tous morts ! ».

Bougez avant que ça ne soit trop tard :

-Nationalisation par décret des entreprises acquises par la corruption (quitte à les privatiser après),
-Instauration d'une taxe sur le patrimoine,
-Interdiction de paiement en liquide à partir de 300 DT,
- Révision 95% des régimes forfaitaires,
-Lever du secret bancaire,
-Création d'une tranche de l’impôt sur revenu à 45%,
-Réforme profonde de la fiscalité des professions libérales,
-Mettre la banque centrale sous la tutelle du gouvernement,

Toute concession serait interpréter comme un aveu de faiblesse. Ces réformes doivent êtres la lignée directrice d’un gouvernement qui veut le salut national et la justice sociale.
Ceux qui nous reprochent de ne rien proposer : voici des propositions concrètes et faciles à mettre en place !
Walid Hasni: Economiste

Tuesday, February 26, 2013

أحمد المناعي :علي العريض ليس رجل دولة





 الحقوقي أحمد المناعي :علي العريض ليس رجل دولة وحزب المؤتمر تشكل بفضل مندسّين من النهضة
26-02-2013-17:15:




تونس-افريكان مانجر

قال الناشط الحقوقي السياسي أحمد المناعي لـ"أفريكان مانجر"  اليوم الثلاثاء 26 فيفري 2013 إن وزير الداخلية المستقيل  علي العريض فشل في مهامه على رأس وزارة الداخلية ولا يمكن اعتباره رجل دولة، متوقعا فشل حكومته التي رُشح لرئاستها،  في وقت اعتبر فيه ان حزب المؤتمر للمنصف الرزوقي تم دعمه بفضل مندسين من حزب النهضة الاسلامي.
وأكد أن كل الوزراء وبمن فيهم  رئيس الجمهورية منصف المرزوقي لا يمكن وصفهم بـ "رجال دولة " موضحا أن هذه الصفة يتحصل عليها كل سياسي بعد فترة خمسة  الى عشرة سنوات خبرة في المجال السياسي.
و أضاف أن الرئيس الراحل الحبيب بورقيبة يعتبر رجل دولة بكل ما للكلمة من معنى " بالإضافة الى ان الرئيس السابق  يمكن "اعتباره الى حد ما رجل دولة  بحفاظه على مؤسسات الدولة" بحسب تعبيره .
و قال المناعي إنه يعرف كل قيادات النهضة إلا انه لم يشاهد علي العريض إلا لبضع دقائق سنة 1989 حين قدمه له راشد الغنوشي و انه قام بالتعبئة الحقوقية  والدفاع عنه لدى دخوله السجن.
يشار إلى أن الحقوقي أحمد المناعي كان من أبرز المعارضين للرئيس الأسبق وترشح للانتخابات التشريعية لعام 1989 وكتب كتبا ضد نظام بن علي وأمضى 18 سنة لاجئا وكان صديقا للإسلاميين وللقيادات اليسارية.
رسالة إلى وزير الداخلية
وفي سياق متصل، كشف أحمد المناعي أنه توجه له برسالة لوزير الداخلية المستقيل علي العريض السنة الماضية  طالبه فيها وباعتباره وزيرا للداخلية، بنشر نتائج الانتخابات التشريعية لسنة 1989 لكثرة التأويلات التي أصبحت تحوم حول هذه الانتخابات والكشف عن حقيقتها .
من جانب آخر، اعتبر المناعي أن فشل حكومة الترويكا التي يترأسها حاليا حمادي الجبالي يعود بالأساس لعدم امتلاك هذه الحكومة لجملة من البرامج التي يمكن الاعتماد عليها.
ورجح بأن لا تكون  الحكومة القادمة و التي سيترأسها علي العريض أوفر حظا من الحالية، و ذلك بغض النظر عن شخصية رئيس الحكومة المرشح وأيضا مسألة تحييد وزارات السيادة معتبرا ان عدم وضع برامح محددة من قبل الحكومتين سيتسبب في فشل كلتيهما .
لا دولة في تونس
و اعتبر الحقوقي بأنه لا يمكن الان الحديث عن وجود دولة في تونس معتبرا بأن في تونس الان هناك دولة في طور "اعادة التكوين " مشيرا الى انه بعد سقوط نظام بن علي الدكتاتوري فان كل نظام مستبد تسقط معه أجهزة الدولة مشددا ان ما يحرك البلاد الان في تونس ويحميها من السقوط هما الجيش الوطني و الادارة التونسية.
وفي سياق آخر، اعتبر المناعي أن النهضة هي من قامت بصناعة حزب المؤتمر من اجل الجمهورية حيث كشف  أن زعيم حزب النهضة راشد الغنوشي طلب من كل من سليم بن حميدان و عماد الدايمي و شكري الحمروني الدخول مع المنصف المرزوقي في حزب المؤتمر مشددا على انه شاهد هذه الاطراف في فرنسا تشارك في اجتماعات مجلس الشورى لحركة النهضة
و في نفس السياق قال إن حزب المؤتمر كان يتشكل سنة 2011 من ثمانية أشخاص فحسب من بينهم رئيس الجمهورية منصف المرزوقي .
ولاحظ محدثنا نفس الأمر بالنسبة لحزب التكتل حيث تنطبق عليه  نفس الظاهرة فقد تكون في البداية من تسعة أشخاص توفي واحد منهم فبقي منه ثمانية من بينهم رئيس الحزب مصطفى بن جعفر و قال إن الاشخاص التي انتقلوا للتكتل كانوا في صف القيادي في حزب الجمهوري حاليا نجيب الشابي إلا انهم انشقوا عنه بعد "خيبة الامل " التي اكتشفوها فيه قبل انتخابات اكتوبر 2011.
مها قلالة

Monday, February 25, 2013

Violette Daguerre: La deuxième république

المناضلة الحقوقية «فيوليت داغر» تكتب لـ «الشروق» : التأسيس لجمهورية ثانية يتطلب تطليق الكيد السياسي والإقصاء
الإثنين 25 فيفري 2013 ا

 في فضاء المنتدى لهذا  الأسبوع ننشر هذه المداخلة القيمة التي امدتنا بها المناضلة الحقوقية  والمفكرة اللبنانية «فيوليت داغر»...وهي مداخلة  قامت خلالها بتشريح المخاطر المحيطة بالفترة الانتقالية وبأسس الجمهورية الثانية...وهي مخاطر تبدأ بمنطق الغنيمة  والهيمنة  وتنتهي  بالعنف السياسي...مع ظلاله الكثيفة التي يلقي بها على المجتمع بمختلف شرائحه  وعلى الأطفال بصفة خاصة وفي مايلي نص  هذه المداخلة  التي أطلقت فيها صيحة فزع حتى «لا تأكل الثورة أبناءها.
فيوليت داغر(٭)

حوادث العنف السياسي، التي تجلت آخر حلقاتها على الساحة التونسية في واقعة اغتيال المناضل الشهيد شكري بلعيد، بدت وكأنها فتحت باب جهنم على مصير مجهول لهذا البلد الذي كان فاتحة الثورات العربية قبل سنتين ونيف. والذي اعتقد الكثير من المراقبين والمحللين أنه يرقى لأن يكون نموذجاً في الانتقال السلمي للديمقراطية. وقع الصدمة أعاد لذاكرتي معاناة شعب بلدي لبنان لزمن مضى من استشراء موجة العنف وفوضى الانفلات الأمني وجريمة الاغتيال السياسي. ولبنان لم يتفرد بهذه الظاهرة، بل طالت بلداناً عربية أخرى ضمن مخطط قديم جديد لتفتيت المنطقة وتقسيم المقسم. تآمر الأجنبي استند في ذلك لعمالة قوى محلية لاوطنية ولضعف الأنظمة المركزية، كما لحالة من اللااستقرار خاصة مع عبور حقبة انتقالية سميت عن غير وجه حق بالربيع العربي، والتي لاقتها تطلعات مكونات عرقية تحينت فرصتها التاريخية للانفصال أو للإدارة الذاتية.

عندما راقبت انتخابات المجلس التأسيسي في تونس قبل أكثر من عام، عبّرت حينها (في مقابلة) عن خشيتي من أن تطال أصابع المؤامرة هذه الثورة الوليدة التي أطاحت بواحدة من أعتى الديكتاتوريات في عالمنا العربي. حيث رغم غياب العامل الطائفي وإمكانية استغلاله، هناك مسارب أخرى يمكن النفاذ منها لخلق شرخ في جسد المجتمع وضربه، والذي قد يكون العامل الإيديولوجي.

اليوم، أجد نفسي، كمراقبة لما يجري على الأرض عن كثب ومعنية بعملية الانتقال الديمقراطي، مدفوعة بدوري للتحذير من خطورة انفلات الأوضاع مع تصاعد الاحتقان الاجتماعي والانقسام السياسي وانكار الحق بالاختلاف. في جو من التحريض على القتل وممارسة العنف بأشكاله المختلفة ضد المثقفين والفنانين والصحافيين والنقابيين والحزبيين والنخب اللائكية، ومن حرق المصاحف وتدمير مقامات الأولياء الصالحين وغيره من ممارسات الالغاء والغلو لما سمي بلجان حماية الثورة، ودون أي تحقيق بشأن هذه السلوكات المرضية. والأنكى، أن هناك من يقتل القتيل ويمشي في جنازته، عندما يستهدف من موقع المسؤولية بكلام كاره ومشكك تيارات سياسية بعينها، ثم لا يتوانى عن القول بأن الفقيد كان صديقاً وعزيزاً.

سياسات التحشيد والتضليل والتشكيك بالآخر، علاوة على الإفقار والتهميش، فيها ما راكم لتهيئة الأرضية للعبث بالثوابت الأساسية، والتحفيز للقفز فوق القانون، وتهشيم صورة رموز الدولة ومكانتهم في الوعي الجمعي. أما رموز المجتمع المدني والسلطة المضادة، اولئك الذين يحمون توازن البنيان ويضفون الشرعية على ممارسة السلطة، فقد باتوا في مهب رياح تزمت النفوس وجنوحات التسلط والتفرد بالحكم. فانتفت القيمة كما الحماية لمن قدم عمره مساهماً بنهضة مجتمعه، وبان مكشوفاً لكل من أراد الانتقام من مواقفه. بالمقابل، قدمت هذه الحماية والكثير من المكرمات لبعض من لم يقدموا التضحيات أو راكموا النضالات أو كانوا يوماً طرفاً في أي شيء يجعلهم يستحقون التكريم أو قيادة البلد. لقد وجدوا أنفسهم فجأة في مواقع حساسة تفترض اتخاذ قرارات ترهن مصير شعب وبلد. كان ذلك دون تحضير وبناء غالباً على ولاءات وليس بالضرورة كفاءات، وانطلاقاً أحياناً من وضعية الضحية ومشاعر الاضطهاد، بما يستدره ذلك من عطف ويبرر من تعويض.
من هؤلاء من انقض على الفرصة ليمارس الاقصاء ضد  من خالفه الرأي، مستبعداً حملة الأفكار النيرة والخبرات المعرفية التي تكشف خواءه ونقائصه. فجوفوا المناصب وما تفترضه من مسؤوليات من معانيها ومما يمكن أن يسهم بتقدم البلد ونهضة شعبه. في حين يفترض بهذه المرحلة الانتقالية تحقيق أهداف الثورة لحكومة تحمل وزر تركة كبيرة من المشاكل التي خلفها حكم الفساد والاستبداد. وحيث أن مرحلة التأسيس لجمهورية ثانية تتطلب تطليق الكيد السياسي والتسامي على الصغائر، فالمسؤولية كل المسؤولية تقع بالأخص على عاتق من وجدوا في رأس الهرم السياسي وتركوا الحبل على غاربه ملتفتين لمصالحهم الضيقة، وهم الذين ما انفكوا ينادون بارساء القيم والمشتركات البشرية وضمان حقوق البشر وبناء دعائم متينة وثابتة لدولة القانون والمؤسسات.


ربما غاب عن ذهن الكثير من المرددين بامتلاك الشرعية في هذه اللحظة التاريخية أن العملية الانتخابية ليست سوى آلية من آليات الديمقراطية. فكيف بالحري عندما تزوّر الانتخابات ارادات من غيّب وعيهم بفعل انتفاء أرضية معرفية شغل مكانها مواقف عاطفية لا بل غرائزية ؟ ثم إن عدم السيطرة على حالة الفوضى والإنفلات والتشظي، و«شرعنة» الاغتيالات والإفتاء بها، لا يمكن إلا أن يكون وبالاً بنتائجه، ليس فقط على المجتمع بأسره، ومنه التيارات الإسلامية الوسطية المعتدلة والمعروفة برفضها الانغلاق على نفسها ونبذ الآخر، وإنما أيضاً لمن يشعل فتيل النار ويحبك المؤامرات من الخارج عندما ترتد عليه قوى التطرف وتصل أبوابه. عندما يخرج المارد من قمقمه، وهو الذي بات كجهاز أمني رديف، وينفذ لجسد المجتمع المصاب بالوهن ببث سمومه القاتلة بالتحريض على الآخر المختلف، مبرراً اقصاءه وتغييبه بتجريده من حقوقه وصفاته الإنسانية، يكون قد فات الأوان. والمثل المصري أمامنا وهو ليس للاقتداء، عندما خرجت فتاوى تحض على اغتيال المعارضين المصريين لحكومة مرسي، واستخدمت القوات الامنية وبتوجيه مباشر منه، أساليب قمعية قاسية ضد المتظاهرين راح ضحيتها شهداء وسقط العديد من الجرحى.

الدستور والانتخابات لن يخرجا البلاد من مأزقها طالما منطق الغنيمة والهيمنة على الدولة هو السائد، مثلما أن المحاصصة الحزبية والترضيات لن تقدم شيئاً لهذا الشعب. كما لن يؤمنه تبرير الفشل، وإهدار الفرص، وشحن الأجواء، وانشطار الأحزاب على بعضها، أو ترحيل أزماتها لما بعد الانتخابات، أو إجراء تحالفات انتخابية مصلحية أكثر منها لخدمة الصالح العام. وهذا لا يعني بتاتاً أن الساحة السياسية التونسية تفتقر لمخلصين لبلدهم، يصلون الليل بالنهار ويبدّون المصلحة الوطنية على كل ما عداه من أجل أن تنجح التجربة مهما كان الثمن.

لذا على هؤلاء القطع، أمام لحظة الحقيقة والاستحقاق، مع سياسة الاستئثار والانتقام والاجتثاث، ومع مفهوم الغنيمة ومنطق الأغلبية والأقلية. فصيانة الحريات والحقوق الدينية والسياسية والثقافية والاجتماعية، وارساء منعة الأوطان والنهوض الحضاري، تبدأ بسد الذرائع أمام التوترات والانقسامات الداخلية والتركيز على المصالح المشتركة والهوية الجامعة. تبدأ بقطع الطريق أمام التحريض والتدخلات الأجنبية التي تضع العصا بالدولاب من باب إدارة النزاعات وتقديم المساعدات. ومخطئ بالمقابل من يوظف الدم لتصفية حساباته مع من كانوا هم أيضاً في صف من حاربوا الدكتاتورية. فالمكابرة والمزايدة والمراهقة السياسية والسجالات العقيمة ستضع الثورة في مهب الصراع العبثي على السلطة، وستتبخر معها آمال وأحلام  التونسيات والتونسيين في واقع من التحديات الداخلية والخارجية الكبرى.

نجاح الثورات ونهوض الأمم يفترض الالتحام بين شرائح الشعب المختلفة حول مشروع وطني، تلهمه قيادات متآلفة الرؤى ومتجردة من الحسابات الشخصية الضيقة. وذلك لعبور مرحلة الانتقال السلمي للديمقراطية، ودفع فاتورة التحرر من الاستبداد والاستعباد، والتصدي لأطماع الخارج ومؤامرات التعويق وحرف نهضة الشعوب عن مسارها.
من أجل إدارة جماعية للانقسام السياسي الحاد الذي تعيشه تونس ما بعد الثورة، ولوقف مسلسل العنف ووضع حد للتردي، لا بد من عقد اجتماعي يبحث عن خطاب منفتح وجامع ينشد التوافق والشفافية في إدارة الشأن العام. يضع ضوابط أمام المنزلقات الخطيرة ويرسم إستراتيجيات كفيلة ببناء منظومة سياسية جديدة تقطع مع الماضي وتحصن الجبهة الوطنية لبناء المستقبل المشترك بثقة بالشعب المتشبث بزخمه الثوري- مثلما أبان ذلك بشكل أدهش الجميع تأبين الفقيد بلعيد. يرسم خريطة طريق واضحة ومحددة المعالم للخروج من مناخ الأزمات الحاد. يؤسس لثقافة تغلّب المصلحة الوطنية والصفح والتسامح ونكران الذات والتسامي على الجراح والأحقاد. يرسي مفهوم المحاسبة ويضع لجان استماع ورصد وتحقيق لتشخيص الأوضاع والبحث في المسببات والحلول. يعيد تأهيل ما أمكن ممن خضعوا لصدمات نفسية وتعذيب وحط بالكرامة الإنسانية في حقبة تاريخية عصيبة من تاريخ تونس. وأخيراً وقبل كل شيء مواجهة الذات والبدء بالعمل على النفس بدل المغامرة والمقامرة بمصير البلاد والعباد.

في جذور العنف

هذه الورقة تحاول البحث عن جذور الظاهرة لعلها تقدم مساهمة في معالجة تجلياتها. نبدأ بتعريف بمفهوم العنف، فهو: كل ضغط لا يُحتمل يمُارس ضد الحرية الشخصية ومجمل أشكال التعبير عنها، بهدف إخضاع طرف لصالح طرف آخر، في إطار علاقة قوة غير متكافئة سياسياً أو إقتصادياً أو إجتماعياً او غيره، أكان هذا الإختلاف قائماً على الجنس او المنشإ او العرق او السن او ما عدا ذلك. إنه باختصار مساس بالشخصية الإنسانية، وبالتالي عائق لنموها وانعتاقها ولأنسنة الوجود البشري.

يولّد الإكراه والقمع، من أي طرف أتى، حالة عدوانية عند الآخر الضحية قد تتحول عنفاً لمن يستشعرها كعنف ممارس ضده. أما آليات التصعيد المختلفة التي يلجأ لها لتصريف العدوانية، فيمكن ان ترتد على الذات بحركة مازوشية، او على الغير بحركة سادية، كما وأن تصبح مرضية ومتواترة. بكل الأحوال، يستدعي العنف عملية «رد فعلية» لإعادة شئ من التوازن بحكم «مبدإ الثبات». وهذه لا تكون بالضرورة آنية وميكانيكية، كما يمكن لها أن تتخذ أشكالاً مستترة ومنحرفة تظهر أحياناً دون علاقة مباشرة وواضحة بالمنشإ.   

كما نعلم، تفرض الأنماط التربوية والتقاليد وممارسات المؤسسات السلطوية نفسها عبر عملية التكييف أو التنميط المستمرة للأفراد. بما يجعل من الصعوبة بمكان مقاومة التقليد كلية لصالح التجديد، ولو أن الأجيال الجديدة تعيش ظروفاً مختلفة عما عاشه جيل الأهل الذي يجد صعوبة بالتعرف على نفسه من خلال أبنائه. لذا، تكون عملية الجمع بين الأضداد على حساب الحفاظ على وحدة الذات هي الشكل الأكثر بروزاً.
وإذا كان أصلاً مرمى المجتمع السياسي السعي وراء الخير الجماعي، ففي البلدان العربية -كما هو حال البلدان النامية - هو المولّد الأول للعنف. بحيث نشهد تآلف السلطات السياسية والبوليسية بالإعتماد على السيطرة الإقتصادية وعنف أساليب القمع ووسائط الضغط المادية والقانونية والإعلامية. هذه السلطات تفرض نظامها هي لا النظام الذي يريده المواطنون، للحؤول دون أي إعتراض فعّال والإبقاء طويلاً على نفوذها الذي لا تتخلى عنه تلقائياً. أما المبادرات التحتية غير الحكومية لمراقبة التجاوزات السلطوية والتنديد بها وبناء مجتمع مدني قائم على أسس سوية وعادلة وديمقراطية، فهي تخيف أصحاب الحكم بمن فيهم بعض من يطلقون على أنفسهم حماة الديمقراطية.

لقد كرّس العنف، في ظل ظروف التخلف الإقتصادي والإجتماعي والقهر السياسي، تهميش فئات واسعة  لصالح الطرف الذي يملك موازين القوى. خاصة في ظل أنظمة إستبدادية ذات طبيعة تقليدية او زعامية أكثر منها عقلانية وديمقراطية. فالروابط داخل الأسرة بقيت محكومة ببقايا من علاقات العبودية التي نشأت تاريخياً في ظل سيادة النظام الأبوي. بالتالي، غدت العدوانية والفحولة والتسلطية والقوة البدنية وإستعباد الآخرين وحب الإمتلاك والتبجح بالمقتنيات والمظاهر وممارسة الدجل والزيف والتناقض بين المعلن والمبيت سمات بارزة تغرس جذورها في الثقافة السائدة والتراث الشعبي والدين والقوانين. ذلك، ضمن علاقة جدلية بين العنف السياسي والمجتمعي والأسري وإعادة إنتاجه وتوزيعه تبع موازين القوى. مما عمّق عند الفئات المستضعفة حالة الشعور بالدونية والإغتراب على جميع الأصعدة، وخلق أجواء محمومة من الكبت والعنف والعنف المضاد. كذلك بقيت التغييرات التي دخلت على الهيكلية الأبوية للأسرة العربية سطحية ولم تمس مضمونها وجوهرها. وهي إن أثرت على شكل الأسرة ودورها الإجتماعي والثقافي لم تغير كثيراً بنوعية العلاقات داخلها. ورغم وضع المرأة في القانون التونسي المختلف نسبياً عما عداه في البلدان العربية، فالرجل وجد الطريقة التي يخرج بها عملياً، وأحياناً بالتعنيف، من المعادلة رابحاً ومستعيداً ما حرمه منه القانون والتشريع.

من مخاطر التدجين على الطاعة والقبول بما يفرض من الأقوى، الإذعان لمن يحتل قمة الهرم السياسي والخنوع لممارساته المرَضية وغير العقلانية ضمن سلبية لا تليق بالكائن البشري. وحين تخضع الحاجات الإنسانية العميقة للكبت والتحويل، وتعلو لغة الكسب وتقديم المصالح الآنية والحاجة للإشتراك في لعبة الأنظمة من أجل الإستمرار، هناك ما يشلّ الإمكانيات الفردية عن القيام بعمل خلاق لإحداث تغييرات جدية وبناءة.
لكن نجد بالمقابل من يتمكن من التسامي على آلامه ويحول المعاناة لقوة ولحافز تقدم، وأحياناً ليس فقط لنفسه ومن حوله، وإنما للمجتمع أجمع. هؤلاء يوجهون نشاطهم للصالح العام بغيرية وتمسك بمبادئ عليا وقيم نبيلة، تتناغم مع الصورة الإيجابية عن الذات. ومنهم من يتحلى فوق ذلك بمواصفات القائد الملهم والمناضل الفذ المستعد لوهب حياته قرباناً لتقدم شعبه وأمته. فالمساس بكرامة الإنسان وحقوقه الأساسية قد يؤجج فورات عنفية ترتفع وتيرتها بإزدياد المقاومة التي تلقاها، تقوم بها فئات ترفض العيش غريبة عن الواقع او الإستسلام له. ومن يرومون المشاركة في تنظيم الحياة الإجتماعية على أساس التعددية السياسية وممارسة الديمقراطية، مسهمين بضبط العنف وإنقاذ البشر من ضياعهم الوجودي وإطلاق فعاليات المجتمع وإمكاناته الحبيسة، غالباً ما يكون خيارهم العمل السري أو شبه الشرعي أو النفي القسري أو اختبار تجربة الزنازين، إن نجوا من التصفية الجسدية.

Akhbar Al Joumhouria: Entretien avec Ahmed Manai



« Le penseur algérien Malek Bennabi qui a défendu les « frères musulmans » durant vingt ans, de 1934 à 1954, a changé d’attitude quand il est allé en Égypte en 1954. Il a constaté qu’ils considéraient les autres musulmans non affiliés à leur confrérie comme des apostats ».
Propos recueillis par Abdellatif Labidi
Akhbar Al Joumhouria : 16-22 Janvier 2013
Ahmed Manai a été un opposant farouche au régime Ben Ali. Il a été arrêté et torturé avant de s’exiler en France où il continua son combat. Il fut connu pour sa défense des islamistes auprès des organisations des droits humains et dans les instances internationales. Il fut même un ami personnel de Rached Ghannouchi. Rentré en Tunisie en 2008, il est devenu la cible des attaques et des accusations d’Ennahdha qui, après l’avoir longtemps considéré  comme l’un des siens, va l’accuser d’être un pion de l’ancien régime.
Dans cet entretien, Ahmed Manai nous révèle de nombreux détails sur l’histoire du mouvement Ennahdha, sur ses relations avec nombre de ses dirigeants et ses positions sur de nombreux sujets.

Akhbar al joumhouria : Quel est le secret de votre rupture avec le mouvement Ennahdha ?

Ahmed Manai : Je n’ai jamais été ni membre ni activiste de ce mouvement, je l’ai tout simplement défendu et défendu son droit à une existence légale en tant que mouvement politique, comme tous les autres partis politiques. Il en fut ainsi depuis sa naissance en 1981 et je l’ai défendu en même temps que ses prisonniers et ses réfugiés. Mais au bout de quelques années et alors que je me trouvais en exil, j’ai rencontré nombre de ses dirigeants et découvert que j’avais tort. Le différend n’opposait pas un régime despotique contre un mouvement politique citoyen et pacifique mais un régime despotique à un mouvement qui organisait un putsch contre lui.
A.A.J : Quel est ce coup d’État qu’Ennahdha a toujours nié ?
D’abord je vous rappelle qu’aucun mouvement islamiste à travers le monde ne reconnaît ses fautes et ne s’en excuse. J’ai demandé à Rached Ghannouchi de présenter ses excuses aux milliers de victimes, les siennes et celles de la direction de ce mouvement, considérant que cela est le minimum qu’il puisse faire pour elles, mais il a refusé. Et les fautes ne sont pas que politiques mais aussi morales. Je peux vous assurer qu’il n’acceptera jamais de le faire et ne reconnaîtra jamais des fautes qui ont coûté très cher au pays. Ennahda, comme tous les mouvements islamistes, ne reconnaît jamais ses crimes et ses nombreuses tentatives de coup d’État. Et je demande à Si Rached : « pourquoi ne reconnaissez-vous pas vos fautes et ne présentez vous pas vos excuses à ceux dont vous avez brisé la vie, à ceux qui ont été emprisonnés et torturés, à ceux dont les familles ont été détruites. Aucun doute que le régime a sa part de responsabilité, mais avouez que vous aussi, vous êtes responsable ».
A.A.J : Mais vous ne parlez pas des tentatives de coup d’État.
A.M : C’est vrai, je vais vous répondre. En 2002, alors que j’étais encore en exil, Le Docteur Moncef Ben Salem, l’actuel ministre de l’enseignement supérieur, m’a envoyé une lettre, dans laquelle il me donnait de nombreux détails sur la tentative de coup d’État avortée qu’il avait dirigée en 1987. Ceci donne une idée de la réalité profonde de ce mouvement, dans lequel, la violence fait partie intégrante de son histoire. Ennahdha a planifié deux coups d’État, le premier en 1987 et le second en 1991. Ce qui est terrible, c’est qu’au bout de 25 ans, ils continuent encore, à maintenir le secret sur ces tentatives, bien que nombre de ses responsables et surtout, Moncef Ben Salem et un nombre d’autres déclarations ont reconnu les faits. Il aurait été plus judicieux et plus honnête de ne pas impliquer les sympathisants, les partisans et les alliés dans ces mésaventures, c’est le minimum moral.
Il faudrait ajouter à cela, les attentats contre les hôtels de Sousse et Monastir en 1987, puis, l’acte criminel de Bab Souika en 1991. Ennahdha n’a jamais cherché à parvenir au pouvoir par des moyens pacifiques et démocratiques, mais, à prendre le pouvoir et à succéder à Ben Ali par n’importe quel moyen.
En ceci, elle est à l’image de tous les mouvements islamiques qui vont jusqu’à accuser d’apostasie leurs rivaux. Ceux qui croient à leurs prétentions de vouloir cohabiter pacifiquement avec les autres se trompent. Ils ont été jusqu’à excommunier ceux des leurs qui les ont quittés.
Comme qui par exemple ?
Par exemple, Slim Ben Hamidane, Imed Daimi, Chokri Hamrouni, membres d’Ennahdha qui l’ont quitté pour cofonder le CPR en 2001. Ils furent traînés dans la boue et  la cible d’une campagne haineuse, traités d’apostats et de laïcs. J’ai gardé beaucoup de textes les concernant parce que j’ai remarqué que les sites internet nahdhaouis détruisent leurs archives.
A.A.J : Qu’attendiez-vous de Rached Ghannouchi ?

A.M : Qu’il s’excuse même par une phrase lapidaire dans un de ses discours, parce que j’ai la certitude qu’il a été la cause des malheurs des militants de base de son mouvement. Mais il ne l’a pas fait et il ne le fera jamais malheureusement, car je ne connais personne dans les mouvements islamiques qui ait osé s’excuser pour les fautes de son mouvement. Le penseur algérien Malek Bennabi qui a défendu les « frères musulmans » durant vingt ans, de 1934 à 1954, a changé d’attitude quand il est allé en Égypte en 1954. Il a constaté qu’ils considéraient les autres musulmans non affiliés à leur confrérie comme des apostats.
A.A.J : J’ai l’impression que vous ne faites pas confiance aux dirigeants d’Ennahdha au pouvoir ?
A.M : Je n’ai confiance en aucun des dirigeants d’Ennahdha, à l’exception de ceux qui l’ont quitté. J’avais des relations avec ceux qui sont actuellement au pouvoir, mais malheureusement, je ne peux leur faire confiance et je m’étonne que certains d’entre eux se retrouvent à des postes ministériels. Cependant, il est vrai qu’ils sont au pouvoir à la suite d’élections honnêtes.
A.A.J : Pourquoi cet étonnement ?
A.M : Parce qu’ils avaient appelé et usé de la violence et que celle-ci est partie intégrante de leur discours et de leur littérature ; comment donc accepter qu’ils se targuent actuellement de démocratie. Mais je pense qu’ils renoueront avec leur nature parce que la violence est concomitante des mouvements islamistes.
A.A.J : Que pensez-vous des ligues de défense de la révolution ?
A.M : Ces ligues me rappellent les comités de sauvegarde, au début de la révolution, qu’utilisait le parti destourien pour réprimer les Youssefistes. Pour moi, ces ligues sont juste, des instruments entre les mains d’Ennahdha pour agresser ses rivaux. Ce sont donc des ligues pour défendre Ennahdha  et non la révolution. Je pense que le gouvernement  est en mesure de dissoudre ces ligues en Conseil des ministres s’il en avait la volonté mais c’est Ennahdha qui le refuse.
A.A.J : Beaucoup de gens vous accusent d’avoir fait un compromis avec le régime de Ben Ali pour rentrer en Tunisie et c’est ce qui expliquerait la campagne d’Ennahdha contre vous.
A.M : C’est archifaux et c’est une campagne haineuse de la part de gens que j’ai aidés et défendus depuis leur naissance. La vérité est que, depuis que j’ai quitté la Tunisie le 18 mai 1991, j’ai reçu de nombreux émissaires du président Ben Ali m’invitant à rentrer. A chaque fois je posais le problème des prisonniers politiques et à la toute dernière fois, on m’avait promis qu’ils seraient libérés pour les élections de 2009.
En juin 2008, j’ai donné une interview à « Aljazeera –Moubacher » et j’ai répondu à une question sur l’opposition tunisienne. J’ai déclaré que cette opposition était disparate et faible, mais, qu’il y avait un parti qui était capable de devenir un rival sérieux du parti au pouvoir, mais, qu’il s’était empressé et avait commis la faute de tenter à deux reprises, en 1987 et en 1991, un coup d’État. Le lendemain, j’ai reçu* un appel téléphonique d’un homme qui s’était présenté comme un fonctionnaire à l’ambassade de Tunisie à Paris et a demandé à me rencontrer. Ce qui fut fait le même jour. Il m’avait transmis le désir de l’ambassadeur de me rencontrer. Nous nous sommes accordés sur un rendez-vous pour le lendemain. J’ai rencontré l’ambassadeur et nous avons longuement discuté et c’est alors qu’il m’a transmis le message du président de pouvoir rentrer au pays en toute sécurité. Je lui ai expliqué la situation de ma famille dont les membres avaient quitté clandestinement la Tunisie en 1992 et je voulais savoir si elle faisait l’objet de poursuites judiciaires. J’ai posé le problème des prisonniers,  et demandé à ce qu’il soit réglé. Au bout d’une semaine l’ambassadeur m’a téléphoné et m’a informé qu’il n’y avait aucune poursuite contre ma famille. Je ne suis rentré en Tunisie que cinq mois plus tard, exactement, le neuf octobre 2008. Quelques jours plus tard, les derniers prisonniers d’Ennahda ont été effectivement libérés. De quel compromis parle-t-on alors?
A.A.J : Comment évaluez-vous l’action du gouvernement de la Troïka ?

A.M : En comparaison avec le premier gouvernement de l’indépendance, ce gouvernement n’a rien fait. D’une part, parce qu’il n’a aucune vision claire de la situation, et d’autre part, qu’il n’a aucune stratégie pour l’avenir. Il s’est contenté de faire des promesses. La coalition des trois partis au pouvoir a aggravé la situation, et réduit ses chances de réussite. Nous ne sommes pas habitués à ce type de gouvernement. C’est pour cette raison que j’estime que nous avons besoin d’un régime où le président est élu au suffrage universel, par le peuple.
Je vous confie d’autre part, que je suis pour qu’Ennahdha gouverne toute seule et je crois qu’elle en est capable ; ainsi, aux prochaines élections les Tunisiens la jugeront sur ses résultats.
A.A.J : Comment jugez-vous les déclarations du président provisoire Merzouki et ses positions ? Et quel est son avenir politique ?
A.M : Aux prochaines élections, l’avenir de Moncef Merzouki sera derrière lui  et je ne tiens aucun compte des sondages d’opinion qui le présentent comme un candidat sérieux. Je suis conscient de ce que je dis. Un président qui se fait caillasser et accueillir par des « Dégage », n’a aucun avenir politique. Quant à ses déclarations et ses prises de position, elles sont dans l’ensemble, des réactions intempestives à des événements, des coups de sang, dont il ne calcule guère les conséquences.
A.A.J : Vous ne pouvez tout de même pas réfuter qu’il soit un militant des droits humains et l’un des plus virulents opposants à Ben Ali ?
A.M : Donnez-moi un seul dossier d’un prisonnier ou d’un exilé que Merzouki aurait défendu auprès des organisations des droits humains internationales ou même tunisiennes. Alors qu’il était président de la ligue des droits de l’homme il n’a pas mené à bien un seul dossier. Moncef Merzouki est le produit de l’activisme de nombreux militants, notamment de feu Ali Saidi, qui l’ont fait connaître auprès des Français, des Européens et des Canadiens, et c’est à ce dernier qu’il doit sa réputation de militant des droits de l’homme. Moncef Merzouki est surtout un médecin et un écrivain.
A.A.J : Comment jugez-vous l’action de l’opposition ?
A.M. : l’opposition  excelle dans la critique et malheureusement, je ne vois aucun parti de l’opposition qui ait un semblant de programme économique pouvant sortir le pays de l’impasse où il se trouve et régler les problèmes sociaux tels que celui du chômage…
A mon sens, une opposition sans programme et sans une vision claire pour l’avenir, ne peut être considérée comme une opposition sérieuse.
A.A.J : Êtes-vous confiant dans l’avenir du pays ?
A.M. : Comment puis-je l’être alors qu’Ennahdha est au pouvoir ? Franchement si ce parti viendrait à gouverner le pays pendant dix ans, de nombreux Tunisiens seraient contraints à partir pour l’étranger. Personnellement j’étais en contact avec ce parti pendant longtemps, j’ai défendu son droit à une existence légale et j’ai défendu, gratuitement**, ses prisonniers et ses demandeurs d’asile, mais, j’ai  définitivement rompu avec eux, parce que je ne peux accepter qu’ils travestissent la vérité. Ils prétendent être des victimes de Ben Ali, qu’ils avaient gagné les élections de 1989 et que Ben Ali les avait  truquées.  J’ai participé à ces élections et je peux vous assurer qu’on ne pouvait les gagner même si, comme ils le prétendent, Ben Ali les aurait truquées. J’ai écrit récemment une lettre ouverte au Ministre de l’intérieur pour lui demander de publier ces résultats et je réédite ma demande à travers votre journal.
A.A.J : Pourquoi tant d’emportement contre Ennahdha ?
A.M : je ne m’emporte pas, ce sont là des vérités dont je n’ai dévoilées que peu d’entre elles. Attendez mon prochain livre et vous allez avoir des surprises. Ceux qui m’accusent de m’être aligné sur Ben Ali oublient sûrement qu’ils ont écrit à Ben Ali en Juillet 2008 pour l’appeler à gracier les prisonniers, c’est-à-dire bien longtemps avant que je ne rentre au pays en octobre de la même année.
A.A.J : L’engagement de jeunes tunisiens dans les combats en Syrie sous couvert de Djihad  a pris des dimensions considérables. Comment expliquez-vous ce phénomène et quelle est votre message aux jeunes ?
A.M. : Quand le ministre provisoire des affaires étrangères qualifie les morts parmi eux, de Chouhadas tunisiens en Syrie, que notre gouvernement provisoire reconnaisse  des « vendus » comme des représentants du peuple syrien, nous sommes alors devant une réalité choquante ; c’est-à-dire, que les autorités de notre pays accréditent ces opérations terroristes qualifiées injustement de Djihad. J’ai envie de dire à tous : vous ne représentez en rien l’Islam, la Syrie a ses savants et ses Chouyoukhs, ses mosquées sont les plus vieilles du monde musulman et votre départ en Syrie est une opération suicide ! La Syrie se relèvera et continuera comme si de rien n’était ; ce qui s’y passe  est un complot international pour la faire plier, ce que diffusent les médias étrangers félons et vendus, sur ce pays est mensonger et la Syrie sera sûrement, avec la grâce d’Allah, un cimetière pour tous les terroristes et les comploteurs !
Propos recueillis par Abdellatif Labidi

* J’ai reçu un deuxième appel téléphonique, ce jour là, à peine dix minutes après le premier. C’était Rached Ghannouchi qui n’était pas content de mes déclarations. Aurai-je menti alors ? Il me répond en colère « mais que faire d’autre avec Bourguiba et Ben Ali ? »
** L’actuel ministre de la justice, démissionnaire du mouvement Ennahda à la suite de l’acte criminel de Bab Souika en 1991, demandait, en tant qu’avocat, des honoraires exorbitants, de mille à deux mille dinars, m’a-t-on dit, à ses clients du mouvement, alors que les tarifs en vigueur dans les années 1990 étaient de l’ordre de 300-400D.
Traduit de l’arabe par Hadj Abdelmajid Aït Saadi