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Tuesday, May 31, 2011

Boularès: la réponse au j'accuse de ...



Réponse de Habib Boularès au colonel Zoghlami

et au lieutenant-colonel Mohamed Ahmed


http://rsistancedespeuples.blogspot.com/2011/04/jaccuse-habib-boulares-ancien-ministre.html/


Deux estimables militaires à la retraite m’interpellent sur l’exercice, il y a vingt ans, de mon ministère à la Défense. Il s’agit du colonel Moncef Zoghlami (Journal La Presse du 30 avril) et du lieutenant-colonel Mohamed Ahmed (Magazine Réalités du 12 au 18 mai).
Le premier me reproche dans un article de grande qualité d’avoir gardé le silence sur ce qui s’était passé. Le second sur un ton dur m’accuse d’être l’auteur de tous ses maux. Je l’excuse car on ne saurait reprocher à un écorché vif de ne pas avoir de retenue. Je vais répondre aux deux parce que je n’ai rien à me reprocher et que j’avais beaucoup de peine pour eux et pour leurs camarades qui ont connu les mêmes épreuves. Mais d’abord quelques rappels. J’ai été installé au ministère de la Défense le 21 février 1991, c’est-à-dire en pleine guerre du Golfe. L’Armée tunisienne était en treillis dans les rues pour assurer la sécurité avec armes et munitions, et nous étions sur nos nerfs car nous étions à la merci d’un incident. D’ailleurs le colonel Zoghlami décrit très bien cette situation dans son article. Tous ceux qui ont vécu cette période se souviennent de la passion avec laquelle le peuple tunisien soutenait Saddam Hussein. C’est dire qu’en débarquant dans ce ministère que je ne connaissais pas, et où je ne connaissais aucun
officier, je n’avais pas la possibilité de prendre le temps de m’y familiariser avec les gens et avec les procédures. En réponse à l’objection que je faisais au Président de la République il me dit : «Cela ne pose pas de problème : le ministère est bien organisé ; laissez son organisation fonctionner et vous n’aurez pas de souci.» Passée cette période dure de la guerre, nous nous sommes trouvés face à ce qu’on a appelé «le complot des islamistes» qui était déjà en fait engagé depuis décembre, deux mois avant mon arrivée à la Défense. Des noms de militaires ayant été cités dans les interrogatoires civils, ils avaient été arrêtés selon une procédure qui relève du tribunal militaire. Le lieutenant-colonel Mohamed Ahmed rappelle, en ce qui le concerne, que son calvaire a commencé en avril (1991).Qui peut imaginer, à l’époque ou aujourd’hui, qu’un Président de la République, issu de l’Armée, ancien Directeur de la Sécurité militaire, ancien Directeur de la Sécurité civile, ne suive pas en permanence, l’évolution d’une enquête sur un «complot» qui visait le régime, alors même qu’il était «chef suprême des forces armées» en vertu de l’article 44 de la Constitution? Il connaissait personnellement tous les militaires à partir du grade de commandant, comme il me l’avait souligné. C’est lui-même qui les avait nommés et établis dans leurs fonctions. Aux questions que je lui posais à propos de ces enquêtes, la réponse était la même «laissez le système fonctionner», entendant par là l’organisation de la justice militaire.
Les prévenus étaient, selon ce système, remis à la police qui en demandait l’arrestation en vertu d’une commission rogatoire signée par le magistrat instructeur militaire. Les détails sont donnés dans les deux textes et dénoncent, à juste titre, ce qu’ils ont subi comme traitement indigne, inacceptable et inhumain. Le colonel Moncef Zoghlami et le lieutenant-colonel Mohamed Ahmed et d’autres avec eux, ont été victimes d’un système d’investigation aveugle, dans lequel l’Etat-major de la Défense n’est pas responsable et encore moins le ministre qui, comme celui de la Justice, n’a pas à intervenir directement dans une instruction en cours. Cela ne nous a pas empêchés, mes collaborateurs et moi, choqués par ce traitement dont nous avions pensé, nous aussi, qu’il était destiné à décapiter l’armée, de tenter de peser sur le cours des événements. Nous avons démontré, sans entraver la marche de la justice, que l’affaire dite de Barraket Es-Sahel ne tenait pas. C’était une bulle que nous avions dégonflée preuve à l’appui. Quand j’ai remis le dossier qui prouvait, photos et mesures à l’appui, que ce lieu-dit ne pouvait pas rassembler tous ceux qui sont accusés d’y avoir comploté, le président de la République me dit : «Vous vous rendez compte que vous êtes en train de changer le cours de l’enquête !» J’ai rapporté cet entretien à mes collaborateurs et, depuis ce jour, nous avons adopté une autre conduite. Nous ne pouvions pas, légalement, et
contrairement à ce que pense le lieutenant-colonel M. Ahmed, nous opposer aux arrestations, mais nous avions décidé de garder les prévenus dans des établissements militaires tant qu’il n’y avait pas de
preuves irréfutables de leur culpabilité. Cela ne fut pas étranger au changement du cours de l’enquête en juillet et cela a permis d’épargner à des dizaines d’officiers l’horreur. Même aujourd’hui je ne peux rien
dire de plus. Je suis tenu au devoir de réserve auquel est soumis tout ancien responsable dela Défense parce qu’il s’agit, pour l’Armée, d’un ensemble de corps interconnectés et si l’on cite l’un, il
faut que les autres puissent s’exprimer dans le cadre d’une levée du ‘secret défense’. En tout cas, les collaborateurs avec lesquels j’ai travaillé directement à l’époque savent quels étaient mes sentiments. Croire que je n’ai été qu’un exécutant servile, c’est contraire à la vérité. Auprès du président de la République j’ai protesté contre les traitements subis par les militaires. Je dois à la vérité de mentionner qu’en réponse à mes remarques, il s’était montré «étonné», disait-il, devant le comportement des enquêteurs, rappelant notamment «qu’il y a d’autres méthodes». Ce n’est pas à moi de dire s’il était sincère ou pas.
Je rapporte des faits. Mais il était ferme sur un point : il n’est
pas question qu’un officier arrêté reprenne son commandement. C’était lui qui avait le pouvoir de décision et non pas moi. Croyait-il, alors, qu’il n’y avait pas de fumée sans feu, ou refusait-il de reconnaître publiquement qu’il y avait eu une erreur qu’il ne voulait pas attribuer aux hommes en qui il avait confiance ? Toujours est-il que les tensions ayant continué avec nous, j’ai dû, bien avant le commencement du procès, quitter la Défense pour la Chambre des Députés, en octobre 1991.Je n’ai pas sur mon passage à la tête de ce département la même opinion que le lieutenant-colonel Mohamed Ahmed. Je garde de ces huit mois le souvenir d’une armée bien organisée qui fonctionne avec des officiers loyaux et compétents que j’ai appris à estimer et à respecter. J’ai fait ce que je pouvais pour les défendre. Je n’ai pas eu l’impression, durant les six années de présidence de la Chambre des Députés que la Défense gardait de moi un mauvais souvenir; de même durant les quatre années passées à l’Union du Maghreb Arabe quand j’étais régulièrement invité par l’Institut de défense nationale à y faire des conférences. Enfin, reprocher le silence observé par moi et par tous les ministres qui m’ont succédé, c’est encore une fois oublier le devoir de réserve. Combien avez-vous vu, de par le monde, de ministres de la défense parler, après leur ministère, de ce qu’ils y ont connu durant leur mandat ? Cela dit, je suis tout à fait d’avis que tous ceux qui ont subi de mauvais traitements, civils ou militaires, ont droit à des réparations morales. La nouvelle Tunisie le leur doit. Il ne suffit pas de dénoncer les mauvais comportements de
l’ancien régime, hérités du passé colonial et même beylical ; il faut en empêcher tout renouvellement, mais aussi réparer, autant que faire se peut, le préjudice. J’adhère à tout mouvement qui va dans ce sens.

(Source: « Réalités » du 26 mai au 1er juin 2011)


Lien : http://www.realites.com.tn/details_article.php?t=537&a=22928&temp=1&lang=/



Monday, May 30, 2011

Les réfugiés Lybiens en Tunisie

Tataouine, la ville des invisibles

En deux mois, 30.000 Libyens ont trouvé refuge de l'autre côté de la frontière, en Tunisie. Seules quelques centaines vivent dans un camp ; les autres se sont fondés dans la population tant bien que mal.

Ils sont là mais on ne les voit pas. Ou si peu. Même le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) a failli passer à côté. Pourtant, le HCR sait bien que depuis un mois et demi, 55.000 Libyens ont passé le poste frontière de Baouaba pour fuir les combats qui s’intensifient dans l’ouest de leur pays. Presque 800 se sont installés dans le camp de réfugiés de Dehiba, première ville tunisienne après la frontière. Près de 800 autres ont poursuivi la route jusqu’au camp de Remada. Mais tous les autres? "Ils passent la frontière et c’est comme s’ils disparaissaient", reconnaît Kamel Deriche, chef d’opérations au HCR. Cet humanitaire algérien est arrivé vendredi soir à Tataouine, préfecture du gouvernorat du même nom, un gouvernorat pauvre qui s’étend comme un entonnoir vers le Sahara, coincé entre la Libye et l’Algérie.

Alors où sont-elles, ces familles qui ont chargé leur pick-up à la hâte du peu qu’elles pouvaient avant de tout abandonner devant l’avancée des forces de Kadhafi? La grande majorité est là, à Tataouine, une ville de 75.000 habitants, étendue et écrasée de chaleur. Elles sont là, tellement discrètes que leur nombre exact échappe à toute rigueur. Les chiffres varient de 22.000 à 32.000. Tout a commencé début avril. Saïd Benghayed s’en souvient bien. Saïd sortait de chez lui, dans la route principale de la ville, celle qui vient de la frontière et file vers le nord-ouest du pays. La jambe dans le plâtre, un homme est sorti d’une voiture immatriculée en Libye et lui a demandé s’il connaissait une maison à louer. Aytham Saïd, un rebelle blessé, venait mettre sa famille à l’abri. Ils étaient sept. Le Tunisien leur a offert l’un des deux appartements vides au-dessus de son magasin de meubles. Aujourd’hui, il héberge cinq familles libyennes dans ses deux appartements et une maison.

L’histoire s’est répétée des dizaines de fois dans la ville. Avec toujours ce même élan de solidarité. En voyant des voitures libyennes garées devant le magasin de meubles, d’autres se sont arrêtées, chaque jour plus nombreuses. "J’ai alors décidé de créer une association, explique Saïd Benghayed. Cela faisait longtemps que je voulais aider des personnes. Sous le régime de Ben Ali, on ne pouvait rien faire. Depuis la révolution, on peut agir spontanément." L’association Ihsan [charité] n’a d’ailleurs toujours pas reçu d’autorisation officielle mais elle fonctionne. Des appels ont été passés sur les ondes de radios locales et nationales pour demander de l’aide. Ihsan met ainsi en relation des réfugiés libyens avec des Tunisiens propriétaires de maison ou d’appartement vides. Elle distribue aussi des colis alimentaires. Tous les week-ends, des camions de Tunis, Sfax, Monastir… apportent de la nourriture donnée par des habitants de ces villes.

Dans la crainte d’attaques de miliciens de Kadhafi

La famille de Salah Youssef n’est pas passée par Ihsan pour trouver la villa où elle est aujourd’hui installée avec deux autres familles. Dix-sept personnes vivent ici. Salah Youssef, un fonctionnaire de 52 ans de Nalut, en Libye, connaît depuis longtemps les Boutabba de Tataouine. En arrivant dans la ville, il est allé voir un des hommes de la famille. Spontanément, celui-ci lui a ouvert la villa de son frère, Moustapha, boulanger dans le 5e arrondissement de Paris.

Cet été, Moustapha voudra peut-être venir passer ses vacances au pays. Que vont-ils faire? "On sera obligés de retourner à Nalut sous les bombardements", craint le père. "Peut-être que Moustapha restera à Tunis…", espère la mère, Warda. "Kadhadi aura dégagé d’ici là!", lance la fille, Reba, 27 ans, un diplôme de médecin mais qui est resté dans la maison abandonnée et se révèle désormais inutile.

Dans le salon, assise sur un des matelas qui font le tour de la pièce, Warda parle d’une voix mal assurée. Elle s’inquiète pour son frère qui se bat à Nalut. Elle s’inquiète pour sa maison qui risque d’être détruite. "Je ne dors plus, reconnaît cette femme de 45 ans, le visage alourdi par l’anxiété. Je ne sors jamais. Il y a des hommes étrangers. Je ne peux pas marcher dans la rue comme ça. À Nalut, il y avait la famille, c’était plus facile d’aller chez eux."

"Je ne sais pas combien de temps va durer cette cohabitation, s’interroge Saïd Benghayed. On a beau être proches, on n’a pas les mêmes mentalités. Les Libyens ne sont pas habitués à travailler comme nous, ils avaient leurs employés égyptiens, pakistanais… Un peu comme les pétromonarchies. Leurs femmes ne sortent pas. Les hommes sont fiers et nous ont souvent regardés de haut. D’ailleurs, ils ne veulent pas aller dans des camps." Ici, aucun Tunisien ne prononce le mot de réfugié en parlant des Libyens. Ce sont des "frères", des "invités".

Il y a une semaine, un camp a tout de même ouvert à la sortie de Tataouine, sous la responsabilité du Qatar. Il n’y aurait plus de maison libre dans la ville et le Qatar a mis le paquet pour le confort… Électricité, et bientôt climatisation, sous les tentes, aire de jeux pour les enfants, salle d’opération : 580 personnes vivent là. Devant l’entrée, un cerbère avec l’uniforme de l’armée tunisienne aboie sur tout ce qui bouge, détecteur de métaux à la main. Les hommes d’une compagnie de sécurité qatarie fouillent les sacs que portent ceux qui entrent.

La crainte d’attaques de miliciens de Kadhafi plane. Le 9 mai, deux Libyens avec deux grenades ont été arrêtés à l’hôtel Médina du centre-ville, qui héberge des réfugiés. Le 15 mai, un Algérien et un Libyen avec des ceintures d’explosifs ont été interceptés à Nekrif, entre Tataouine et la frontière. Trois jours plus tard, une voiture sans plaque, conduite par un Libyen, était contrôlée avec des GPS et télescopes dans le coffre. Ces hommes seraient des membres d’Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique) affirment les autorités tunisiennes. Des miliciens de Kadhafi, répondent certains habitants de Tataouine.

L’aide de la communauté internationale se fait attendre

La ville est devenue la base arrière des rebelles libyens et pourrait devenir une cible. Depuis que les insurgés ont pris le poste frontière de Baouaba aux forces de Kadhafi, le 21 avril, les allers et retours entre le djebel libyen et Tataouine se multiplient. Certains rebelles restent quelques heures, d’autres plusieurs jours. "On laisse un homme dans chaque famille pour protéger les femmes et les enfants, explique Abdel Hamid. Les autres se battent." Le jeune homme de 25 ans, pantalon militaire, regard franc, sait de quoi il parle. Il est arrivé il y a deux semaines pour voir sa femme et son frère handicapé, et faire des radios après une blessure à la tête lors d’un bombardement. Il repart demain matin pour Zenten avec du ravitaillement pour la rébellion. C’est un ami de Yassin Nouri, commerçant de Tataouine, qui lui aussi fait la navette entre Tataouine et Nalut, parfois Zenten. Pain, jus de fruit, eau, lait, fromage, orange. Mais aussi jumelles professionnelles, bidon d’essence…

Assis sur des nattes sous un olivier, dans le quartier de Reqba, les deux hommes parlent peu. Abdel Hamid est pressé. Il a des "affaires" à régler. Des réunions se tiennent régulièrement dans la ville entre les rebelles de passage et ceux qui restent. Yassin Nouri laisse partir son ami avant de parler de ses appréhensions si la guerre se prolonge. La solidarité des Tunisiens a été spontanée, évidente. Une dizaine d’associations ont vu le jour pour distribuer vivres, logements… "Un jour, on ne pourra peut-être plus les aider, lâche Yassin Nouri. Nous ne sommes pas riches ici, même si les habitants du reste du pays nous aident." La présence des réfugiés a déjà multiplié le prix des tomates par trois, de 0,35 à 1,3 dinar (70 centimes d’euros), l’essence se fait rare. À l’hôpital, une trentaine de malades venaient chaque jour pour une consultation d’urgence. Ils sont aujourd’hui 200.

"Où est l’aide de la communauté internationale?, s’emporte le docteur Moncef Derza, chef du service des urgences à l’hôpital. Les Libyens doivent pouvoir faire leur révolution mais pas en menaçant la nôtre ni en déstabilisant notre région. Nous devons aider ces gens mais là, la ville arrive à saturation." Hier encore, une bagarre est intervenue dans un hôtel du centre, impliquant quatre ou cinq hommes, des Tunisiens et des Libyens. Des miliciens de Kadhafi, selon la rumeur.

(Source: “Le Journal Du Dimanche” le 29 mai 2011)

Lien: http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/A-Tataouine-30.000-Libyens-sont-refugies-de-l-autre-cote-de-la-frontiere-en-Tunisie-322195/?sitemapnews/

Sunday, May 29, 2011

Un autre front pour BHL

Bernard-Henri Lévy, épargnez aux Syriens votre soutien!


Par Burhan Ghalioun, écrivain, professeur à la Sorbonne, Subhi Hadidi, écrivain et journaliste, et Farouk Mardam Bey, éditeur.


A l'initiative de Bernard-Henri Lévy, un texte a été publié dans Le Monde du 25 mai 2011 sous le titre SOS Syrie, qui dénonce les crimes commis par le régime de Bachar al-Assad et appelle à la solidarité avec le peuple syrien dans sa lutte pour la liberté.

Nous jugeons pour le moins indécent que des personnes comme Bernard-Henry Lévy, qui se sont toujours illustrées par leur hostilité aux revendications légitimes du peuple palestinien et par leur coupable complaisance pour la colonisation des territoires occupés, y compris le Golan syrien, tentent de récupérer le mouvement populaire en Syrie au moment où il affronte avec un admirable courage la terrible machine répressive d'un pouvoir aux abois.

Nous considérons ce texte et toute initiative qui serait prise dans l'avenir par SOS Syrie, quelle que soit l'appellation sous laquelle ce groupe pourrait se présenter, comme des manœuvres sordides qui visent à détourner l'opposition démocratique syrienne de ses objectifs et portent atteinte à sa crédibilité devant son peuple.
Nous nous étonnons de voir Michel Rocard, François Hollande et Bertrand Delanoë mêler leurs noms à ceux des intellectuels qui ont applaudi l'invasion américaine de l'Irak et qui ne se sont apparemment pas repentis en constatant ses tragiques conséquences.


Nous pensons exprimer l'opinion de la très grande majorité des démocrate syriens en exil en appelant nos amis syriens, arabes, français, européens, à boycotter SOS Syrie et à s'en démarquer publiquement.

http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/270511/bernard-henri-levy-epargnez-aux-syriens-votre-s/

Thursday, May 26, 2011

A partir de mes 18 ans j'ai commencé à pratiquer l'islam


Youssef Girard à Assala:

il faudra créer de nouvelles alliances entre groupes sociaux et politiques

الأحد, 29 مايو 2011 00:00



Youcef Girarad à Assala:
"A partir de mes 18 ans, je me suis mis à pratiquer l'islam"
-"J'ai soutenu une thèse de doctorat en histoire contemporaine...sur l'histoire du PPA-MTLD"
-"je ne fais pas semblant d'être un historien « neutre » et « désintéressé » "
-"la France devrait regarder l'ensemble de son histoire coloniale en face et reconnaître les crimes commis durant toute cette période."
-"il est dans l’intérêt des musulmans vivant en Occident de maintenir un lien étroit avec le monde musulman."
-"il faudra certainement tracer de nouvelles perspectives et créer de nouvelles alliances entre groupes sociaux et politiques".



1. Les lecteurs de Assala voudraient d'abord faire connaissance avec vous. Qui est Youssef Girard ?
Je suis un chercheur en histoire, spécialisé dans l'étude du nationalisme algérien et plus généralement dans l'étude de l'histoire de l'Algérie contemporaine.
Je suis né en banlieue parisienne au début des années 1980. Après des études d'histoire à la Sorbonne, je me suis spécialisé dans l'étude de l'histoire de l'Algérie dans le cadre de mon mémoire de maîtrise.
2. Comment êtes-vous venu à l'Islam ?
Comme pour beaucoup de gens de ma génération ayant passé leur jeunesse en banlieue parisienne, l'islam était un référent culturel et éthique. A partir de mes 18 ans, je me suis mis à pratiquer l'islam et à chercher à approfondir mes connaissances en matière religieuse. Cette démarche n'était pas purement personnelle car elle s'inscrivait dans une dynamique de groupe qui a vu nombre de jeunes de la commune où j'habitais suivre le même parcours spirituel. Cette dynamique de groupe nous a permis d'avancer ensemble dans la voie de l'islam même si par la suite chacun à suivi une évolution personnelle.

3. Peut-on connaitre le centre d’intérêt de vos travaux de recherche et leurs motivations?
J'ai soutenu une thèse de doctorat en histoire contemporaine à l'université Paris VII en juin 2010 qui portait sur l'histoire du PPA-MTLD dans l'ancien département d'Alger entre 1943 et 1954. Cette thèse s’inscrivait dans la continuité de mon mémoire de maîtrise qui portait sur les mouvements de jeunesse en Algérie entre 1943 et 1954 et de mon mémoire de DEA qui, préparant ma thèse de doctorat, traitait du PPA-MTLD dans l'ancien département d'Alger en se centrant spécifiquement sur l'arrondissement de Médéa.

Le PPA-MTLD, et au-delà le mouvement nationaliste révolutionnaire algérien qui s'incarna dans l’Étoile Nord Africaine avant puis dans le FLN après, est toujours au centre de mes recherches. Mon travail de thèse étant terminé, j'ai élargi mon champ d'investigation à des sujets comme la politique assimilationniste menée par la France en Algérie ou à l’œuvre de Malek Bennabi.

Mon but est d'étudier l'histoire de l'Algérie dans ses diverses composantes, politiques mais aussi culturelles, afin d'avoir la vision la plus complète possible de l'histoire contemporaine de ce pays. Cela me permet aussi d'étudier le colonialisme français et les résistances qu'il suscité. Mon intérêt pour l'étude du colonialisme et des résistances qui se sont dressées contre lui, a été déterminé par la situation de l'islam et des musulmans en France qui est, en partie, structurée par l'histoire coloniale de la France et singulièrement par l'histoire de la colonisation de l'Algérie. Contrairement à un discours « hypocrite », je ne fais pas semblant d'être un historien « neutre » et « désintéressé » car mon intérêt pour l'histoire trouve ses racines dans un présent immédiatement vécu.

4. Youssef Girard est connu pour ses travaux sur la révolution algérienne, des écrits sur Bennabi, un papier bien documenté sur Ahmed BOUDA. Peut-on connaitre l’origine de cet intérêt pour l'histoire de l’Algérie ?
Il y a le « hasard » d'une rencontre littéraire, dans une bibliothèque, avec les mémoires de Messali Hadj alors que j'étais encore lycéen et que je m'intéressais à l'islam mais aussi aux luttes de libération nationale des peuples colonisés. La vision de cet homme en habit « traditionnel » algérien marchant dans les rues de Niort m'avait donné envie de lire l'ouvrage. Cette lecture a suscité en moi un intérêt qui s'est accentué à mesure que j’approfondissais mes connaissances sur l'histoire de l'Algérie. La lecture des Damnés de la terre de Frantz Fanon n'a fait que redoubler cet intérêt qui ne s'est pas démenti depuis.
Comme je vous l'ai dit mon intérêt pour l'histoire de l'Algérie n'est pas désintéressé. Il est lié aussi à un vécu marqué par l'histoire de la colonisation.

5. Pensez-vous que la révolution de 1954 et les différentes crises qu'elle a connues ont toujours une certaine influence sur la situation politique de l’Algérie d'aujourd'hui ?
C'est indéniable et cela est même normal. Le présent est toujours déterminé par le passé. Cette détermination du présent par le passé explique pourquoi celui-ci est un enjeu qui dépasse la seule étude de l'histoire et le petit cercle « fermé » des historiens. C'est aussi un enjeu de société qui fait que l'on doit débattre du passé dans la sphère publique.
Pour ne prendre que la crise de l'été 1962, on voit bien comment elle a déterminé, au moins en partie, la politique algérienne jusqu'à aujourd'hui. L'issue de cette crise a eu un rôle déterminant sur un certain nombre d'institutions algériennes et sur certaines orientations politiques de l’État. En raison de cela, son étude est fondamentale.
Au-delà de la Révolution et de ses crises, l'histoire du mouvement national joue un rôle indéniable en Algérie. Cela se manifeste par exemple au niveau des idées politiques qui se construisent et se développent encore aujourd'hui en se référant à l'histoire du mouvement national. Cela me semble tout à fait normal et c'est pour cela qu'il faut débattre de cette histoire.

6. Que pensez-vous du débat sur la nécessite de reconnaissance de la France des crimes et les méfaits du colonialisme ?
Il serait tout à fait normal que la France reconnaisse les crimes qu'elle a commis, et pas uniquement pendant la « guerre d'Algérie » mais pendant les 132 ans de domination coloniale française sur l'Algérie. Au-delà de l'Algérie, la France devrait regarder l'ensemble de son histoire coloniale en face et reconnaître les crimes commis durant toute cette période.
Toutefois, la France actuelle s'inscrit dans la continuité de son histoire coloniale et elle est très loin d'une reconnaissance de ses crimes coloniaux. La loi du 23 février 2005 reconnaissant les « bienfaits du colonialisme » n'a été abrogée que partiellement et nombre d'articles sont encore plus que problématiques. A plusieurs reprises, le passé colonial de la France a été défendu par Nicolas Sarkozy lors de ses discours publics. Malgré le temps, les idées colonialistes ou néo-colonialistes restent dominantes.
Au sortir de la colonisation, Frantz Fanon disait que la question n’était pas de savoir si la France était raciste, mais de se demander s'il était possible que la France ne soit pas raciste en ayant été la puissance coloniale qu'elle a été. Le débat sur la reconnaissance des crimes coloniaux renvoie à cette question fondamentale car la France ne pourra sortir du racisme et du néo-colonialisme que lorsqu'elle reviendra sur son passé de puissance coloniale.

7. Comment évaluez-vous le rapport des musulmans à l'Islam ?
En France, cela est très variable selon les individus mais il y a une part importante des musulmans qui restent profondément attachés à leur religion et à leur identité islamique. Contre les politiques publiques visant à restreindre l'expression de l’identité musulmane, notamment les attaques contre les musulmanes portant le hijab, on voit s’exprimer un réel attachement à la religion musulmane. Évidemment, cet attachement pourrait être approfondi mais le fait que nombre de personnes restent attachées à leur identité islamique malgré les politiques de dépersonnalisation mises en place, marque un attachement à une identité profonde. Cela constitue aussi une force de résistance contre le racisme qui dénigre et stigmatise l'islam et les musulmans.

8. Les musulmans vivant en l'Occident et les musulmans des pays islamiques : Destin commun ou trajectoires différentes ?
Il y aura, et il y a déjà, forcément des différences comme il y a des différences entre les musulmans vivant dans les différents pays islamiques. Il y a aussi des différences entre les musulmans vivant dans les différents pays occidentaux car ces pays sont régis par des lois différentes et parce que les musulmans n'ont pas la même histoire. Je donnerai trois exemples qui mériteraient une étude comparative : 1) en France, qui a un passé colonial et dont les rapports entre l’État et les religions sont régis par la laïcité, les musulmans sont majoritairement issus de l'immigration maghrébine et africaine, régions du monde anciennement colonisées par la France ; 2) en Allemagne, qui n'a pas le même passé colonial et qui ne connait pas la laïcité, les musulmans sont majoritairement issus de l'immigration turque, pays qui n'a jamais été colonisé par l'Allemagne ; 3) en Grande-Bretagne, qui a un passé colonial et qui ne connait pas la laïcité, les musulmans sont majoritairement issus du sous-continent indien, anciennement colonisé par la Grande-Bretagne. Ces différences, rapidement énoncées, produisent des différences significatives entre les musulmans vivant dans ces trois pays occidentaux.
Pour revenir à votre question, je pense qu'il est dans l’intérêt des musulmans vivant en Occident de maintenir un lien étroit avec le monde musulman. En France, certains parlent d'un « islam de France » qui cache une volonté de couper les musulmans vivant en France du monde musulman. Intellectuellement et spirituellement, cette perceptive ne peut mener qu'à une amputation. Il est dans l'intérêt des musulmans vivant en France de garder un lien fort avec l'ensemble du monde musulman et plus particulièrement avec le Maghreb et l'Afrique. Ce lien fort ne peut être qu'un enrichissement.

9. Quelle lecture faites-vous de l'irruption des thèmes sur l'identité et la laïcité dans le débat politique en France ? Risque-t-il de gagner l’Europe ?
Ces thématiques ont déjà gagné l'Europe comme le montre par exemple le référendum sur l'interdiction des minarets en Suisse ou la montée d'une extrême-droite islamophobe dans différents pays d'Europe. Évidemment, cela représente une menace pour les musulmans vivant en Europe. Cette menace devrait alerter les musulmans résidant en Europe car elle est directement dirigée contre eux.
En France, les thématiques relatives à l'identité et à la laïcité sont une manière de réactualiser la vieille idéologie coloniale française qui n'est pas morte avec la libération des peuples colonisés. La politique islamophobe remobilise les héritages du passé pour les mettre au service d'intérêts actuels. Malheureusement au vu du passé colonial de la France, on ne peut guère être optimiste pour l'avenir et cela d'autant plus que certains ont besoin de l'islamophobie pour justifier leur politique. De fait, les politiques islamophobes risquent de se renforcer dans les années à venir. Récemment, les 26 propositions de l'UMP sur la « laïcité » vont dans ce sens.
Tout cela repose la question de Fanon déjà évoquée : est-il possible que la France ne soit pas raciste en ayant été une puissance coloniale comme elle l’a été ? La politique islamophobe en France donne une actualité particulière à cette question.

10. Quelle est votre analyse sur la perception de l'opinion publique occidentale à propos de la question palestinienne ? Y a-t-il des progrès ?
Il m'est difficile de parler de l'opinion occidentale en général car elle diffère selon les pays. En France, la perception de la question palestinienne est surdéterminée par le discours médiatique et politique. Celui-ci est conditionné par un certain nombre de paramètres : la culture coloniale française qui détermine en partie la représentation du monde arabe et musulman, l’adhésion au projet sioniste ou le sentiment d'une communauté d’intérêts (la défense de l'Occident) entre la France et l’État sioniste. Cela fait qu'il est très difficile de défendre les droits historiques du peuple palestinien dans les médias français.
Au sein de la société civile, il existe néanmoins un mouvement de « soutien » de la Palestine composé de personnes qui peuvent avoir des positions très différentes voire opposées : allant de ceux qui soutiennent la résistance du peuple palestinien à ceux qui en appellent à la « paix » et condamnent la résistance armée. Personnellement, je fais partie de ceux qui pensent qu'un peuple colonisé a le droit de se défendre et de lutter pour sa libération.
Malgré le discours médiatique et politique et malgré les divergences au sein du mouvement de « soutien » de la Palestine, la solidarité avec le peuple palestinien s'est exprimée au cours d'importantes manifestations après l'agression de Gaza en décembre 2008 – d’importantes manifestations de soutien avaient déjà eu lieu au début des années 2000 après le déclenchement de la seconde intifada. Dans ces manifestations, la population arabe et musulmane vivant en France était très présente. Elle est actuellement un des piliers du mouvement de soutien de la Palestine en France.
Le principal problème du mouvement de « soutien » c'est qu'il s'exprime de manière massive uniquement lors d'attaques sionistes. En dehors de ces moments « chauds », le mouvement a tendance à s'essouffler et à ne regrouper que les personnes les plus engagées sur la question. Le défit du mouvement de « soutien » est de parvenir à maintenir le niveau de mobilisation dans la durée. Vu l'importance du mouvement de soutien dans les moments « chauds », cet objectif ne paraît pas hors de portée malgré les obstacles auxquels il devra faire face.

11. Vous mettez en garde souvent les musulmans contre les dangers d'une conception d'un Islam qui essaye présenter l'Islam, notamment dans le domaine économique, comme un régime de type libéral. Peut-on savoir en quoi cette conception vous semble dangereuse?
Le capitalisme me semble être un danger pour les musulmans et pour l'humanité pour plusieurs raisons :
- Historiquement le capitalisme s'est construit sur ce que Marx appelait le « massacre des innocents » nécessaire à l'« accumulation primitive » du capital. Il faut entendre par là l'extermination des Amérindiens, le pillage du continent américain, la déportation et la réduction en esclavage de millions d'Africains. Ce capitalisme a été l'un des principaux moteurs de la seconde colonisation qui a mis la majeure partie de l'Afrique et de l'Asie - et donc du monde musulman - sous le joug de l'Occident.
- Le capitalisme porte en lui une dynamique visant à transformer le monde en marchandise. Cette dynamique appelée réification tend à transformer les cultures, les relations humaines et même les spiritualités en objets marchands. Partant de cette idée, l'islam cours le risque d'être soumis à la marchandisation et d'être transformé en simple objet de consommation. On peut voir ce phénomène dans ce que certains appellent le « marché islamique » où l'identité islamique s'exprime uniquement sur un mode consumériste détaché du concept islamique, c’est-à-dire de la sagesse et de l’éthique. Ici, le paraître « islamique » a le pouvoir d’anéantir l’être musulman.
- Le capitalisme est porteur d'un modèle culturel déterminé qui est celui construit par l'Occident à partir de la deuxième moitié du XVème siècle. De fait, la diffusion du capitalisme est étroitement liée à l'occidentalisation des mondes non-occidentaux. Ici, l'erreur serait de penser que l'on peut se contenter d'appliquer un vernis « islamique » au capitalisme pour se « protéger » de l'occidentalisation. Ce serait une erreur fondamentale car l'occidentalisation peut toujours prospérer sous le vernis « islamique ».
Ces trois points fondamentaux font que le capitalisme ne doit pas uniquement être condamné pour ce qu'il fait mais pour ce qu'il est intrinsèquement. Mais pour être plus concret, il faut aussi analyser ce que le capitalisme produit en termes de désastres sociaux immédiats (faim dans le monde, misère sociale...) et de catastrophes écologiques. Tous ces éléments devraient amener les musulmans à produire une réflexion critique sur le problème du capitalisme.

12. Peut-on rejeter en bloc ou faire l'impasse de l'expérience occidentale dans les domaines politique, économique, social... en considérant que c'est une expérience qui s'est construite sur des fondements théoriques et idéologiques foncièrement différents à ceux de l'islam?
Même si l’on voulait faire l'impasse sur cette expérience, je pense que l’on ne pourrait la faire. En effet, la colonisation puis le néo-colonialisme font que l'expérience occidentale a eu des répercussions mondiales et notamment dans les pays musulmans. Il faut donc prendre en compte cette expérience historique en l'analysant de manière critique.
Le danger, par contre, serait d'imiter l'Occident selon la logique mise en avant par Ibn Khaldoun en son temps qui veut que le vaincu imite le vainqueur. Prendre en compte l'expérience occidentale ne veut pas dire imiter l'Occident mais être capable de développer un rapport critique vis-à-vis de cette expérience. De toute façon, ceux qui étudient sérieusement l'expérience occidentale, connaissent nombre d’éléments négatifs jalonnant son histoire : de l'extermination des Amérindiens aux camps de concentration en passant par l'esclavage et la colonisation.
De plus, aujourd'hui, en Occident même, les mouvements écologistes conséquents mettent en avant la non-viabilité du modèle occidental sur le long terme. Pour des raisons de contraintes écologiques, la planète ne pourra pas faire vivre une humanité dont tous les membres auraient le mode de vie d'un États-unien ou d'un Européen. Ces données remettent en question l'expérience occidentale telle qu'elle s'est construite historiquement.

13. L'islam en Occident, a-t-il une perspective historique ?

Cela dépend en grande partie de l'issue des débats en cours dans différents pays d'Europe. Pour le moment, il me semble que nous sommes dans une fuite en avant consistant à restreindre toujours plus l'expression de l'identité musulmane par le vote de lois spécifiquement dirigées contre la communauté musulmane. L'histoire nous montre que ce type de fuite en avant peut aller très loin.
Les musulmans vivant en Occident devraient garder en mémoire l'expérience historique des Morisques d'Espagne. Après plus d'un siècle de répression visant à les déislamiser complètement, les Morisques ont finalement été expulsés par le roi Philippe III d'Espagne à partir de 1609. Si l'histoire ne se reproduit jamais à l'identique, nous ne pouvons pas ignorer ce précédent. Si une perceptive similaire devait se développer, cela mettrait automatiquement fin à la courte expérience de l'islam en Occident.

14. Vous êtes intransigeant et vous rejetez le modèle occidental sous sa forme libérale. Vous montrez par contre une certaine indulgence par rapport au système occidental dans son volet social ou socialiste. A-t-on bien compris votre pensée ? Si oui, le capitalisme et le socialisme ne sont-ils pas pourtant des purs produits de la même pensée et expérience occidentales ?
Je ne me montre pas intransigeant avec le capitalisme occidental mais j’essaie de prendre les problèmes à leurs racines afin de les comprendre globalement. Pour répondre à votre question, je n'ai pas le sentiment d'être plus indulgent avec le modèle « socialiste » ou avec la gauche occidentale. Certains me reprochent même d'être trop critique avec la gauche occidentale que je n'ai pas l'habitude de ménager. Par exemple, je me souviens avoir défendu publiquement l'idée que l'URSS était un État colonial car le pouvoir soviétique n'avait pas décolonisé les nations conquises par les Tsars de Russie (en Asie centrale ou dans le Caucase). Cela m'a attiré l'hostilité d'une salle composée en majorité de femmes et d'hommes de gauche qui n'acceptaient pas ce type de critique.
Sur le fond, je pense cependant qu'il y a une différence entre les personnes qui défendent les deux projets, « capitaliste » et « social ». En effet, ceux qui défendent un projet « social ou socialiste » sont habités par un refus du monde tel qu'il est et par un désir de justice sociale qui ne peut me laisser insensible. Cela ne veut pas dire que je partage intégralement leurs perspectives mais je peux me retrouver à leur côté sur certaines questions. Dans le cadre du soutien à la Palestine par exemple, ce type de rapprochement se produit dans les mobilisations concrètes. Cela ne va pas sans poser des problèmes car la gauche française n'est pas exempte d'idées coloniales, notamment dans son rapport à l'islam. De fait, ces rapprochements ne signifient pas une atténuation de la critique de l'occidentalocentrisme ou du paternalisme existant au sein d'une certaine gauche occidentale qui demeure une gauche coloniale.
Au niveau « théorique », des penseurs de gauche ou sociaux, Marx par exemple, ont produit une critique du capitalisme qui mérite d'être étudiée même si les musulmans ne partagent pas l'ensemble de leurs conceptions du monde. Nous pouvons faire une réappropriation critique de leur pensée en utilisant ce qui nous semble le plus pertinent dans l'analyse du monde. En Amérique du Sud, les penseurs chrétiens de la Théologie de la libération se sont employés à faire un travail intéressant dans ce sens. Cette expérience n'est pas sans écho dans la pensée de certains intellectuels musulmans, Ali Shariati par exemple.

15. Quelle analyse faites-vous des changements qui s’amorcent dans les pays arabes: peuvent-ils être porteurs d'alternative historique ?
A mon avis, ils sont déjà porteurs d'une alternative car la situation dans le monde arabe n'est plus la même aujourd'hui. Maintenant, il ne faut pas être naïf, les anciennes forces au pouvoir ne vont pas laisser leur place sans se défendre férocement. Les occidentaux ne vont pas abandonner leurs intérêts sans réagir. Dans les mois à venir, il y aura certainement des luttes extrêmement dures qui seront déterminantes pour l'avenir du monde arabe. Souhaitons que ces luttes soient porteuses d'une véritable alternative politique et sociale pour le monde arabe. Pour cela, il faudra certainement tracer de nouvelles perspectives et créer de nouvelles alliances entre groupes sociaux et politiques. A terme, le monde arabe aura surement besoin d'unité pour faire face aux défis auxquels il sera confronté.





Marouane Ben Zineb: l'autopsie du corps






Marouane Ben Zineb, l’autre martyr de la

révolution tunisienne

Jeudi, 26 Mai 2011 08:02
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Monsieur Keffffi: de 1989 à 2011, cela fait 22 ans, et le texte que vous avez reproduit a été publié pour la première fois en août 1993 sur Horizons 94 ainsi que cette photo qui l'illustre. J'y reviendrai parce que je crois que vous avez un gros problème de mémoire et de déontologie. A.M
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Qui est ce martyr dont Kadhem Zine El Abidine, représentant du ministère de la Justice, a annoncé, mardi, l’autopsie du corps pour savoir les raisons exactes de sa mort brutale… il y a douze ans, probablement tué sur ordre de… Ben Ali?
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L’histoire tragique de ce génie de l’informatique, mort à 27 ans dans des circonstances troubles, a été racontée par deux auteurs: Ahmed Mannaï, ancien militant d’Ennahdha emprisonné sous Ben Ali, dans un ouvrage intitulé ‘‘Supplice tunisien. Le jardin secret du général Ben Ali’’ (éd. La découverte, Paris, 1995), puis par Béchir Turki, ancien officier de l’armée tunisienne, dans ‘‘Ben Ali le ripou’’ (édité à compte d’auteur, Tunis, 2011).

C’est à partir de ces deux ouvrages que nous reprenons, ici, les détails de cette histoire sur laquelle la justice tunisienne ne manquera pas de faire la lumière, puisque de nombreux témoins sont encore en vie.

Les fréquentations israéliennes du président de la république

En juillet 1989, Marouane Ben Zineb, grand féru d’informatique, a eu le malheur de s’introduire par inadvertance dans le système informatique de la présidence de la république. A sa grande surprise, il a découvert que Ben Ali avait des relations avec des agents du Mossad israélien accrédités à Tunis pour surveiller les chefs de l’Organisation de libération de la Palestine (Olp), dont le siège était alors à Tunis, ainsi que de nombreux militants tunisiens et arabes de la cause palestinienne.

A-t-il fait d’autres découvertes? Possible, mais c’est tout ce qu’il a raconté à sa sœur, qui s’en souviendra et en parlera à sa famille, le jour où Marouane, après une disparition de huit jours, a été enfin ramené à la maison dans un cercueil sur lequel il était écrit «Défense d’ouvrir».

La jeune femme et son père, Habib Ben Zineb, juge à la retraite, ancien président du tribunal administratif, ont alors tout compris. Marouane a été assassiné. Et c’était un crime d’Etat.
Quelques années plus tard, le malheureux père eut une attaque cérébrale. Atteint de tétraplégie, il mourut immobilisé dans son lit, au bout de trois années de paralysie complète.
Ironie de l’histoire: ne sont-ce pas les technologies de l’information et Internet, dont il a voulu faire un instrument d’embrigadement et d’abêtissement du public, qui ont finalement causé la perte du dictateur?
Mais c’est là une autre histoire, que les historiens raconteront sans doute un jour…
Chronique d’une mort annoncée

Pour revenir à Marouane Ben Zineb, en ce 27 juillet 1989, le jeune homme rangé et bien dans sa tête doit se rendre à l’hôpital pour une séance de rééducation, nécessitée par un récent accident de la circulation. Il emprunte la vieille R12 de son père. Sur le chemin, il prend un ami qu’il dépose quelques kilomètres plus loin. Puis plus rien… Une longue absence de huit jours.
On imagine le désarroi de la famille Ben Zineb, qui se mobilise, dès la tombée de la première nuit d’absence, pour rechercher le jeune homme. On va voir ses amis, la police, la garde nationale et jusqu’aux morgues des hôpitaux de Tunis. En vain. Pas un renseignement utile. Pas un signe de vie.
Au troisième jour, le malheureux père obtient une audience auprès de Chedly Neffati, ministre de l’Intérieur de l’époque. Ahmed Mannaï raconte la rencontre entre les deux hommes: «Le père rappela au ministre la longue liste des services qu'il a rendus à l’État durant sa carrière de juge et l’assura qu’il consentirait bien à lui sacrifier encore le fils si cela était nécessaire: pourvu qu’on lui dise que c’était l’État qui en disposait. Le ministre lui fit la réponse qu’il a entendue trois jours durant de la bouche des chefs de poste de police: Marouane n’a pas été arrêté, n’a jamais été recherché et n’a été signalé dans aucun accident de la circulation. Cela a été dit sur un ton dont la fibre mensongère n’échappa pas au vieux juge. En quittant le ministère, Habib Ben Zineb était convaincu que son fils était passé par là, et que s’il n’y était plus, il devait être déjà enterré, ou quelque part dans une morgue d’hôpital» (‘‘Horizon 94’’, n° 1, août 93).

Un jeune homme bien rangé… jusque dans la mort

Marouane était en effet décédé et son corps déposé dans la morgue de l'hôpital Charles Nicolle, à Tunis. Il était inscrit sous un faux nom, cinq jours plus tôt. Motif officiel du décès: accident de la circulation.
Le jeune homme a donc passé trois longs jours dans les geôles du ministère de l’Intérieur. On imagine l’acharnement de ses tortionnaires et les souffrances inhumaines qu’ils ont dû lui faire subir.
Par un curieux hasard, le même jour où le cadavre du jeune homme a été découvert, la vieille R 12 du père était découverte, elle aussi, à Hammam-Lif, «au niveau de Bou-Kornine à quelques mètres de la voie ferrée et à moins de 50 mètres du poste de police de la circulation!», précise Ahmed Mannaï

L’auteur relève d’autres détails bizarres et qui rappellent une scène de crime dans un film de série noire. «Dans le coffre de la voiture, il y avait les papiers, les lunettes, la montre et d’autres effets personnels, rangés avec un grand soin. Mais il y avait surtout les clés de la voiture miraculeusement déposées sur l’enjoliveur de la roue droite avant», écrit-il. Il ajoute avec une pointe d’ironie douloureuse: «Avant de ‘‘se jeter’’ sous le train, Marouane avait pris soin de tout mettre en ordre. Mais jamais un mort n’a eu autant de mal à gagner sa sépulture. Il attendit encore huit jours pour être porté en terre. Jamais la police n’a autant honoré de sa présence les funérailles d’un simple et anonyme citoyen. La veille de son inhumation, elle investit le quartier et se mêla à la famille pour veiller le corps. Elle assura pendant des semaines la protection rapprochée de la tombe, à l’affût d’une quelconque révélation outre-tombe de Marouane».
Version officielle servie par les sbires du dictateur à la famille du défunt : Marouane a été retrouvé mort sur les rails du train à la gare d’Ezzahra, non loin du lieu de son habitation.

La justice peut (et doit) se racheter

Le jeune homme, qui se préparait à partir aux Etats-Unis, où il a réussi à décrocher une bourse d’études, aurait-il eu la mauvaise idée de se suicider à quelques jours de son départ pour la grande aventure?

Nous espérons (nous exigeons) que la justice fasse enfin aujourd’hui le travail qu’elle aurait dû faire il y a douze ans. Pour la mémoire de Marouane et de celle son père, mais aussi afin que les autres membres de sa famille encore vivants puisse faire enfin leur deuil. Et pour que la vérité sur cette affaire éclate enfin et que les ordonnateurs de ce meurtre ignoble, à commencer par l’ex-président, et les exécuteurs soient traduits devant les tribunaux d’une Tunisie enfin libérée du joug de la dictature, de l’injustice et, nous osons l’espérer aussi, de l’impunité.
Ridha Kéfi



http://kapitalis.com/fokus/62-national/4091-marouane-ben-zineb-lautre-martyr-de-la-revolution-tunisienne.html/

Journée de la libération de l'Afrique: GRILA

Déclaration 2011 du GRILA (Groupe de Recherche et d’initiative pour la libération de l’Afrique) sur la condition du continent africain à l’occasion du 25 mai, Journée de la libération de l’Afrique


Plusieurs évènements majeurs sont survenus dès le début de l’année 2011 sur le continent africain dans un contexte mondial particulier. L’Afrique, déjà fragilisée par son insertion historique défavorable dans le système mondial, y a enduré dans les deux plus récentes décennies les affres de l’application des mesures d’austérité néolibérales, le pillage des ressources et la logique de privatisation de la guerre. Elle est plus que jamais à la croisée des chemins du fait de l’échec du modèle néolibéral, de la crise du capitalisme et de l’épuisement du mode néocolonial de croissance.

Les États postindépendances ont géré la crise de ces dernières décennies avec une souveraineté de plus en plus restreinte par la mondialisation. Ils ont vu leurs modèles compradores cités en exemples - Côte d’Ivoire, Tunisie, Egypte, Burkina-Faso…- devenir séniles et affairistes. Les autocraties locales, de par leur enrichissement outrancier et du fait du règne de l’arbitraire et de l’impunité, répondent par la répression aux légitimes demandes populaires de plus en plus pressantes.

En Tunisie, la résistance contre le régime Ben Ali durant ces 20 dernières années a été menée avec courage par plusieurs figures de l’opposition contraintes à la clandestinité, à l’exil, au dénuement et à la répression. Le GRILA en a relayé les efforts. Ceux–ci, suite aux dernières tentatives du régime Ben Ali de se pérenniser, ont contribué à semer les graines d’une contestation citoyenne et des classes laborieuses. Le sacrifice de Mohamed Bouazizi a permis l’éveil populaire, surtout de la jeunesse, qui malgré la répression a balayé l’élite au pouvoir. L’effet domino a été immédiat dans l’espace maghrébin et arabe du Proche–Orient, en raison des fortes demandes démocratiques et du rejet des régimes impopulaires et illégitimes inféodés à l’ordre dominant. La Tunisie a ainsi réhabilité à l’échelle continentale l’impératif révolutionnaire initié par les luttes de décolonisation et entravées par l’impérialisme. Le défi pour la Tunisie est de concrétiser les aspirations populaires, de procéder à un audit de la dette et de recouvrer les sommes détournées. Il s’agit surtout d’éviter que les forces de la réaction et du statu quo, en jonction avec des forces de l’extérieur, n’entravent ou n’infléchissent le processus démocratique en raison de la question de la dette, de la reprise de la croissance, des investissements étrangers, des difficultés de tenue des échéances électorales ou de l’enjeu sécuritaire.

En Egypte, la pression populaire, symbolisée par la place Tahrir, a eu le dessus, malgré la brutale répression, sur un régime autocratique et sénile, vitrine du néolibéralisme sous ajustement structurel. Sa légitimité historique nationaliste s’est effritée et il ne perdurait que grâce à l’ouverture – infitah – sous perfusion de l’impérialisme ; l’importance stratégique et les ramifications affairistes et militaro-policières ; l’intégration de courants islamistes rétrogrades sur des domaines sociaux malgré une rhétorique sécuritaire et anti-terroriste. La volonté de se perpétuer de l’ancien régime persiste, malgré les efforts en vue de la transition populaire sur laquelle l’emprise des militaires reste dominante. La lutte contre l’impunité et une plus grande indépendance de la magistrature peuvent être garantes de cette transition démocratique que plusieurs forces rétrogrades et extrémistes veulent contrarier. L’issue du référendum constitutionnel du 19 mars et la poursuite judiciaires de tenants du régime entrouvrent des perspectives de transition révolutionnaire. Elles peuvent être compromises par la frange réactionnaire (bourgeoisie compradore et paysannerie aisée) et les enjeux culturalistes et autres tensions confessionnelles attisées.

Ces bouleversements politiques et sociaux ont partout occasionné un regain d’espoir pour les droits et libertés politiques, notamment en Algérie, au Maroc et au Sahara occidental. Pays atypique de la sous-région, la Jamahiriya Libyenne a longtemps résisté à l’ordre dominant sur les enjeux de souveraineté et procédé, malgré son autocratie répressive, à une redistribution sociale de la manne pétrolière. Mais l’ouverture et la libéralisation forcenée de la dernière décennie, au nom de l’enjeu sécuritaire anti-terroriste, et le contrôle migratoire vers l’Europe, ont freiné l’expérience populiste et provoqué une dérive affairiste dans le sérail dirigeant. Alors que Kadhafi finançait de façon louable, mais intéressée, un projet panafricain volontariste, il délaissait certaines de ses régions nationales, toujours rétives, qui ont profité du printemps révolutionnaire régional pour se rebeller. L’impérialisme a instrumentalisé ces demandes légitimes de libertés politiques et provoqué la partition du pays et une véritable guerre civile. La France qui proposait son expertise pour mater la révolution tunisienne choisissait de mener l’expédition punitive contre le régime libyen. La résolution 1973, qui a argué défendre des populations civiles, dont aucune enquête sérieuse n’a pu démontrer l’ampleur de l’exaction, s’est avérée être un subterfuge de l’OTAN pour renverser le régime de la Jamahiriya. L’ONU, qui depuis le Congo de Lumumba n’en est pas à sa première ambiguïté en Afrique, contrevient à l’article 2(7) de sa charte qui proscrit l’intervention dans les affaires internes d’un pays, sauf si la paix et la sécurité internationales sont menacées. Il y a toujours deux poids, deux mesures ; il n’y a jamais eu de zone d’exclusion aérienne pour aller à la rescousse des millions de civils morts de la dernière décennie de pillage et de guerre en RD Congo. La rapacité de l’ordre dominant s’échine à faire main basse sur le pétrole libyen, mais aussi à séquestrer plus de 96 milliards de $ de fonds souverains – Fonds d’investissement libyen et non la fortune des Kadhafi – dispersés dans plusieurs multinationales européennes et américaines et quelques projets d’investissement et d’intégration (dont ceux en Afrique autour de 6 milliards). Le soutien des grandes puissances occidentales à l'insurrection du Conseil national de transition libyen, lié aux services de renseignements étrangers ayant longtemps soutenus des régimes répressifs africains, hypothèque les légitimes demandes populaires de démocratisation de la société libyenne. Les insurgés resteront redevables de leurs parrains impérialistes. Face aux convoitises des lobbies pétroliers qui lorgnent les riches réserves libyennes, la vigilance impose d'alerter l'opinion panafricaniste quant au risque d’implosion de ce pays

L’instrumentalisation de l’ordre multilatéral est aussi flagrante dans le cas de la Côte d’Ivoire. Ce pays a connu dans les 20 dernières années une forte déstructuration de son modèle néocolonial et clientéliste de plantation par les plans d’ajustements structurels de la Banque mondiale et du FMI. L’incapacité du régime Boigny-Bedié de le reproduire, l’intermède de Guei et son instrumentalisation de l’ivoirité, cautionnée lors de l’élection du FPI, ont ouvert une boîte de Pandore. En ne se distanciant pas de ce concept d’ivoirité, le modèle de refondation du FPI voulait se détourner du libéralisme autoritaire de l’houphouëtisme et la dépendance néocoloniale. Mais il est resté piégé dans ce nationalisme d’exclusion. Contre cette refondation et prétextant cette exclusion, les tenants de la Françafrique, en complicité avec le régime Compaoré du Burkina, vont déstabiliser le pays en 2002. Cette déstabilisation a empêché le projet souverain et redistributif du régime Gbagbo sommé à une cohabitation avec les rebelles et les intérêts économiques extérieurs. Ultérieurement, cette situation a obligé à aller à des élections, sans que les protagonistes ne désarment. L’issue électorale aurait dû, compte tenu des contentieux nombreux, permettre un recomptage ou une autre élection. L’ONU a pris parti pour l’un des camps, et ces derniers, au mépris des arrangements électoraux et constitutionnels, ont imposé chacun son chef au pouvoir. La zizanie s’est accrue et avec elle les exactions de part et d’autre. Dans cette cacophonie, l’essentiel des régimes compradores africains se sont alignés sur les desiderata de l’ordre mondial, sa résolution 1975 et son étranglement économique du pays. La France en a profité pour parachever sa guerre de 2004 et littéralement bombarder les tenants du régime Gbagbo, jusqu’à la capture de ce dernier. Les enjeux du café-cacao et du pétrole du golfe de Guinée qui se profilent derrière le fratricide ivoirien et la justice sommaire et partiale qui s’instaure, compromettent la réconciliation nationale.

Le cas du Soudan est instructif quant au danger de l'implosion qu’engendre la partition. Bien avant que le Darfour ne fasse l’actualité, le Soudan était ravagé pendant plus de vingt ans par une guerre civile entre le gouvernement du Soudan et le Sudan People’s Liberation Movement/Army (SPLM/A), jusqu’à la signature du Comprehensive Peace Agreement (CPA) le 9 janvier 2005. Mais les négociations à Naivasha (au Kenya) où a été signé le CPA ont aussi été précédées d’une campagne de mobilisation publique, surtout aux États-Unis, qui s’appuyait sur les liens avec les sociétés civiles en Europe. Ceci ne réduit en rien l’issue démocratique et majoritairement unanime du référendum des populations du sud légitiment excédées et aspirant à une autre option nationale. La façon dont ces deux conflits ont été inscrits à l’agenda international illustre largement l'instrumentalisation du conflit soudanais par les lobbies pétroliers, de concert avec des mouvements évangélistes étasuniens et sionistes. Cette campagne médiatique, éludant la nature profondément politique de ce conflit, en donne une vision unilatérale et simpliste schématisée autour des enjeux religieux et ethniques. Le bruit de bottes à Abyei est préoccupant. Les appels à ladite «communauté internationale» pour restaurer la paix doit cependant nous inviter à la plus grande vigilance. Ces appels contrastent avec le sort réservé aux populations meurtries en République Démocratique du Congo et avec les atermoiements pour différer, depuis 1994, le référendum pour l'autodétermination du Sahara-Occidental. Au Soudan, comme ailleurs sur le continent, il y a fort à craindre que l'enjeu véritable soit l'appât pétrolier et gazier et le forcing face aux intérêts de plus en plus importants de la Chine dans ce pays.

L’année 2011 a été marquée par d’autres événements. Au Burkina Faso le régime compradore de Compaoré, toujours talonné par la Campagne Internationale Justice pour Sankara, a été secoué par une vague sans précédent de frondes sociales de tous les segments de la société. La répression et le système de patronage ont permis pour l’instant d’y éteindre la pression populaire. Au Tchad, un simulacre électoral a reconduit le régime en place, sans que les grands enjeux pétroliers ne soient questionnés. Au Niger, il faut saluer la transition qui s’est déroulée de façon démocratique, mais les retombées de la filière uranium restent sécurisées autour du monopole français. Il en est de même au Nigéria sur l’enjeu pétrolier et son partage plus équitable. Au Bénin, l’opposition a crié en vain à la fraude. Plusieurs compétitions électorales contentieuses sont prévues sur le continent, dans un contexte de ponction accrue des ressources et de plus grande productivité, hélas toujours mal redistribuée socialement.

Les situations précédentes évoquées ne sont que quelques bouleversements ayant marqué le continent. Le GRILA :

interpelle, en cette journée solennelle du 25 mai, l’Union Africaine de cesser d’être un syndicat de chefs d’État, de prendre ses responsabilités et d’assumer résolument un leadership quant à la souveraineté et la libération totale du continent sur tous les enjeux fondamentaux (dont le pillage des ressources, l’accaparement des terres, la libération des Chagos, et Mayotte, le référendum au Sahara Occidental, la construction effective de l’intégration continentale…)


Le GRILA :

 enjoint les peuples d’Afrique et de sa diaspora, de résister davantage localement et globalement, de s’unir sur la base de l’internationalisme et du panafricanisme au-delà de leurs différences présumées. Il n’y a pas lieu de singulariser la Côte d’Ivoire, à l’instar de l’Afrique du Sud ou de la Libye et ailleurs, on a vu, en contexte de crise économique, au nom d’une frilosité nationaliste, la chasse des africains d’autres contrées. L’impérialisme attisera ces formes d’exclusion dont il ne dépend que de nous qu’elles n’adviennent plus jamais.


 condamne le rôle de la « communauté internationale » en Libye et en Côte d’Ivoire. Il exige, à l’instar de nos forces vives, le retrait des forces impérialistes et de leurs soutiens subalternes de nos pays.

 dénonce l’instrumentalisation des organismes multilatéraux et le rôle des nouvelles formes de régulation hégémonique, comme le G20 et l’OTAN. Il soutient les efforts visant à réformer démocratiquement l’ONU, le Conseil de sécurité et les institutions de Bretton-Woods.

 dénonce énergiquement les tentatives d’ancrer l’AFRICOM et les entreprises privées de mercenariat sur le continent africain et la mise sous tutelle de nos armées nationales par les grandes puissances, sous le fallacieux prétexte de logistique et d’encadrement. Demande le démantèlement des bases américaines et françaises sur le continent (incluant ses composantes de l’Océan Indien).

 enjoint les forces du processus révolutionnaire en Tunisie, en prévision de l’Assemblée constituante et des joutes électorales, de prêter une attention particulière à la question de l’annulation de la dette odieuse ; à procéder à un audit et au retour des sommes d’enrichissement illicite ; de compléter la lutte contre l’impunité par le démantèlement des structures répressives du ministère de l’intérieur et des cercles affairistes mafieux. Les mises sous tutelle par la Banque mondiale et le FMI et leurs conditionnalités doivent être scrupuleusement évitées.

 encourage le peuple égyptien à faire preuve de sagesse, de parachever le travail contre l’impunité et de contenir les épanchements des forces rétrogrades religieuses qui veulent dévoyer le processus révolutionnaire. L’armée nationale doit y laisser toute latitude au peuple et à ses représentants pour le faire aboutir.

 demande le cessez-le-feu, le retrait de l’OTAN et autres mercenaires de la Libye et la formation d’un gouvernement de salut national, pour assurer une transition vers la reconstruction et la démocratisation populaire. Recommande que la confusion soit levée entre les fonds nationaux séquestrés à l’étranger et ceux de la famille et du régime Kadhafi qui devraient être soumis à un audit rigoureux. Exige la transparence et le respect de la souveraineté nationale dans la gestion et l’exploitation des ressources pétrolières du pays. Exige qu’aucune base étrangère ne s’installe dans ce pays à l’issue de ce conflit.

 exige la fin des exactions et des règlements de comptes ; la libération du président Laurent Gbagbo ; l’instauration d’une commission africaine d’enquête impartiale sur les exactions de part et d’autre des protagonistes ; recommande un gouvernement d’union nationale reflétant les rapports de forces quasiment égaux à l’échelle du pays. Dénonce le rôle de la Françafrique, des lobbies chocolatiers et pétroliers dans la reprise économique de la Côte d’Ivoire.

 demande aux dirigeants africains et à l’Union Africaine d’entamer, une fois pour toutes, un plan d’intégration continentale en remplacement du NEPAD et une politique proactive pour remplacer le volontarisme libyen, en créant un fonds continental pour financer tous les projets continentaux qui étaient prévus (armée continentale, parlement, fonds d’investissement des infrastructures, monnaie continentale, etc.)

 encourage le réseautage par les médias sociaux et citoyens et recommande la plus grande vigilance vis-à-vis de mots d’ordre extérieurs visant à téléguider nos luttes, ou à les infléchir à d’autres desseins que les nôtres ; préconise que les informations sensibles d’organisations populaires et citoyennes y soient le moins possibles véhiculées afin d’en préserver l’efficacité et la discrétion.

 demande à toutes les forces de bonnes volontés de soutenir, par tous les moyens nécessaires, le mouvement populaire au Maghreb ; de s’en inspirer pour une repolitisation démocratique de nos masses.

 prescrit de mettre en déroute les visions consuméristes et aliénantes qui affectent nos jeunesses, et encourage les schémas de solidarité favorisant la construction nationale et panafricaine axée sur un développement autocentré progressiste, non sexiste et écologiquement supportable.

Wednesday, May 25, 2011

Aujourd'hui 25 mai à Montréal: GRILA présente....


GRILA présente: Dans le cadre de sa journée de la libération de

l’Afrique,

Le Lancement et discussion du livre: Un Autre Maurice est Possible

Jooneed (Jeeroburkhan) Khan

Ed BM Bookcentre, Curepipe Road, Mauritius, 2010


Jooneed Khan, Mauricien d’origine, cofondateur du Mouvement militant mauricien (MMM) et ex-chroniqueur de politique internationale à La Presse de Montréal analyse dans une série d’essais les forces et les failles du « modèle » mauricien. Maurice occupe 2 millions de Km2 au cœur de l’océan Indien, nouvel axe du monde. Le FMI et la Banque mondiale en font un modèle pour l’Afrique. Qu’en est-il réellement?

L’ouvrage cerne l’espace indo-océanique dans le cadre d’un Nouvel Ordre mondial non colonialiste et multilingue qui émerge avec la montée de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine – et la fin de cinq siècles d’hégémonie occidentale fondée sur la force et le pillage colonial. Les assises de Porto Alegre et le consensus qu’ « Un Autre Monde est Possible » s’imposent à lui comme fondements stratégiques d’une alternative urgente et incontournable au modèle capitaliste, rapace et écocide, qui a modelé l’Ordre ancien, inégal et inhumain.

« Un livre dédié à tous les altermondialistes de Maurice et du monde », lit-on sur le rabat de couverture du livre de 250 pages, qui comporte aussi des réflexions sur des leçons d’Haïti, du Québec et du Canada. Un ouvrage pertinent en cette ère de bouleversements que vit l’Afrique.

Mercredi le 25 Mai 2011
RM 130 UQAM, métro Berri , 315 Sainte Catherine Est
17h à 18h 30
Entrée libre


“Un autre Maurice est possible” soutient Jooneed Jeeroburkhan
Author: La Rédaction


Jooneed Jeeroburkhan.

“Maurice est véritablement un microcosme du monde moderne, de son histoire, de ses failles et de ses promesses. A l’heure que le modèle occidental, rapace et écocide, apparaît de plus en plus insoutenable et où les peuples occidentaux eux-mêmes militent pour l’énergie verte, la frugalité, le commerce équitable et un ordre mondial juste, Maurice a le potentiel de s’imposer comme un nouveau modèle de développement durable et équitable. Donc un autre Maurice est non seulement possible mais nécessaire et urgent.” C’est le message que Jooneed Jeeroburkhan ramène à la jeunesse mauricienne après 40 années de randonnées planétaires.

Quarante ans après son départ pour le Canada où il exerce le métier de journaliste, Jooneed Jeeroburkhan présente un recueil de réflexions sur son pays natal. Il soutient que c’est peut-être bien une manière tardive pour l’excuser de son exil volontaire du pays mais c’est surtout à ses yeux une manière de dire que s’il a quitté le pays, celui-ci ne l’a jamais quitté. Il fait ressortir que son pays, il l’a porté jalousement et affectueusement en lui ainsi que tous ses problèmes et défis sur ce long pèlerinage de 40 ans où tout en témoignant de la grandeur et de la misère du monde, il a glané et engrangé des idées et des repères susceptibles de montrer la voie vers des solutions justes et durables. Ainsi vient la mise en place de cette collection d’articles éditée par la maison BM BookCentre.


Dans le livre, il explique longuement sa démarche et dit espérer que les lecteurs comprendront pourquoi, il insiste à dire un Maurice plutôt qu’ “une île Maurice”. Il soutient que la couverture de son livre projette la réalité que l’île Maurice n’est plus de l’époque coloniale mais est maintenant l’Etat-archipel composé d’îles et d’archipels multiples et doté de deux millions de km2 de territoire et de ressources marines et sous-marines au cœur de l’océan Indien, voire un nouvel axe du monde. C’est cette réalité que tentent de décortiquer l’auteur à travers les neuf chapitres et 48 textes du bouquin abordant la même problématique sous différents angles.


Les 248 pages de l’ouvrage “Un autre Maurice est possible” dépeignent une réflexion engagée sur Maurice, modèle du pire et du meilleur. L’auteur propose des essais et des thèmes, des données pour le débat d’idées que Maurice réclame. Il parle aussi d’un acte de confiance dans le rôle incontournable de la société civile des forces vives pour forger un pays vraiment “autre”. Le manuscrit s’avère un rêve de solidarité citoyenne ouvert sur un pays juste, prospère et durable et sur l’affirmation humaniste qu’“Un autre monde est possible” ainsi qu’une occasion de découvrir Maurice par les réflexions d’un Mauricien citoyen du monde. Aussi ce livre est-il dédié à tous les altermondialistes de Maurice et de la planète.


Madhukumar Dewnarain soutient dans la préface du livre : “Cela dit, si ces 248 pages font droit à une perception des choses, elles sont également l’œuvre d’un érudit qui a derrière lui des années de carrière dans le monde du journalisme où il a toujours fait montre d’honnêteté intellectuelle.”

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Sunday, May 22, 2011

Raison d'état..


Syrie-Algérie: Raison d’état ou déraison d’état ?


René Naba 20.05.2011 Paris


La raison d’état s’invoque généralement lorsque l’état perd la raison et les pays arabes n’échappent pas à la règle.
Beaucoup savent gré à l’Algérie et à la Syrie d’avoir su, dans les vicissitudes d’une conjoncture difficile, préserver les intérêts à long terme du monde arabe, sans s’inféoder à une logique de vassalité avilissante, sans hypothéquer ses choix stratégiques, sans aliéner leur souveraineté et leur indépendance.
Beaucoup savent gré à ces deux points d’ancrage du «Front de refus arabe» d’avoir assuré la relève de l’Egypte défaillante, en maintenant vivace la flamme du combat nationaliste et irréductible le refus de l’hégémonie israélo-américain.
Beaucoup savent gré à la Syrie, d’avoir accueilli, au risque de déstabiliser l’équilibre démographique du pays, près de deux millions de réfugiés irakiens, fuyant les exactions de l’armée irakienne et de leurs supplétifs kurdes.
Mais cette position privilégiée ne saurait se vivre en rente de situation. La réforme s’impose, sous peine de dénaturation du projet nationaliste.
Pleinement conscient des menées de la contre révolution téléguidée par l’Arabie saoudite, sans sacrifier à la mode contestataire impulsée par les médias occidentaux, la vérité s‘impose toutefois sans fard.
Quiconque a eu affaire à la bureaucratie tatillonne de ses deux états a pu mesurer instantanément l’état de délabrement de leur administration, l‘omniprésence de leurs services de sécurité, le conformisme de leurs médias, les turpitudes de leurs régimes, leur hermétisme, leur autarcie, leur népotisme, ainsi que leur fort degré de corruption, comparables d’ailleurs en cela aux autres régimes arabes, même les plus proches de la grande démocratie américaine.
Les remous suscités au sein d’«Al Jazira» dans la couverture parcellaire des révolutions arabes, axée depuis peu davantage sur la Libye et la Syrie que sur Bahreïn ou le Sultanat d’Oman, avec la spectaculaire démission d’une des vedettes chaine transfrontière arabe Ghassane Ben Jeddo, en porte témoignage. Mais comparaison n’est pas raison et nul ne saurait se prévaloir des turpitudes d’autrui.
L’honneur de ces deux pays a été d’abroger les lois d’exception, alors que leurs contempteurs occidentaux s’abritent depuis dix ans derrrière les barrières privatives de liberté du «patriot act» et du plan Vigipirate. Mais, soixante ans après les indépendances arabes, «le cœur palpitant de l’arabisme» et l’épopée des Moujadddine et de leur million de martyr ne sauraient suffire pour nourrir les rêves et les ambitions des nouvelles générations.
Le tête à tête stérile, en Algérie, entre le président Abdel Aziz Bouteflika et le corps des officiers supérieurs, ne saurait perdurer sous peine de collapsus du pays. L’armée algérienne se doit être le garant de la pérennité de ce pays, non son propriétaire, son inspirateur, non son prédateur.
Le président algérien, que l’on a connu plus dynamique et imaginatif dans une vie précédente, se doit de retrouver le brio dont il a su faire preuve à la tête de la diplomatie algérienne, en veillant à assurer une transition en douceur du pouvoir, en réussissant la mutation de l’Algérie.
Pour son rendez vous avec l’histoire, Abdel Aziz Bouteflika se doit d’épargner les affres d’une douloureuse guerre de succession à son pays, l’un des rares du Monde arabe à avoir mené une guerre de libération victorieuse contre le colonialisme.
Bachar Al Assad, quant à lui, se devait d’anticiper l’évolution et non la subir, tant est impérieuse l’urgente nécessité des réformes en profondeur de son pays gangréné.
Aucune justification ne saurait tenir lieu d’excuse absolutoire, ni le complexe d’encerclement, réel, dont la Syrie fait l’objet, ni les manœuvres de déstabilisation, répétitives, dont il est la cible de la part de l’aile dure du trône wahhabite, ni les campagnes de dénigrement, effectifs, dont il est l’objet de la part de la presse conservatrice arabe et ses alliés occidentaux.
Nul projet nationaliste, si exaltant soit-il, ne saurait justifier la captation des richesses d’un pays au profit d’une personne, si nécessaire soit il à la protection du pouvoir. Nul projet nationaliste, si glorieux soit il, ne saurait justifier la mise sous observation permanente de son peuple, la mise en coupe réglée son pays. Le cas de Rami Makhlouf, le propre cousin du Président syrien, ne saurait échapper à la règle, de même que ceux des sbires du régime.
Pour avoir trop tardé à engager les réformes, pour avoir bridé les tendances réformistes qui lui étaient prêtées, Bachar Al Assad récolte une tempête populaire à l’effet de réduire à néant sa magistrale maîtrise de la manœuvre diplomatique face à l’offensive israélo-américaine visant à remodeler un «grand moyen orient».
Pour avoir voulu ménager les intérêts de son clan au détriment de ceux de son pays, Bachar Al Assad, risque un discrédit populaire, au risque d’emporter et son clan et son pouvoir.
Onze ans après sa venue au pouvoir, Bachar Al Assad ne saurait rater son nouveau rendez vous avec le printemps arabe. Sous peine de discrédit et d’implosion. Sous peine d’implosion du projet nationaliste, son bien le plus précieux.
La raison d’état s’invoque en phase de désagrégation de l’état et de dysfonctionnement de la société. La fonction première de la Syrie et de l’Algérie n’est pas la répression de leur peuple. La mission historique de ces deux pays est de se maintenir à l’avant-garde du combat pour la sécurisation de l’espace nationale arabe, aux côtés désormais des nouveaux venus à la démocratie, les enfants prodigues de Tunisie et d’Egypte.
La famille Assad
Le clan alaouite au pouvoir en Syrie est articulé autour de l’alliance scellée entre deux familles Al-Assad et Makhlouf, concrétisé par le mariage de Hafez Al-Assad et Anissa Makhlouf.
Rami Makhlouf, cousin du président Bachar, est le fils du général Mohamad Makhlouf, pro consul de la réigon nord de Syrie du temps de la mandature de Hafez al Assad, qui choisit de soutenir le président, lors de la guerre fratricide qui opposa Hafez à son frère cadet Rifa’at, à l’époque chef des troupes spéciales «Saraya ad dif’a » responsable à ce titre de la répression du soulèvement de Hama, en 1982, qui fit plusieurs milliers de morts. Dénommé «Roi de Syrie» Rami Makhlouf est un richissime homme d’affaires. Il incarne, à ce titre, la corruption et le népotisme du régime.
Quant aux autres membres de la fratrie,
L’ainé Bassel, destiné au départ à succéder à son père, a trouvé la mort dans un accident de voiture.
Bouchra, l’unique fille de la famille, est l’épouse de Assef Chawkat, ancien chef des services de sécurité dont les Occidentaux réclamaient la tête en compensation ide l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri. Assef Chawkat entretient des relations houleuses avec le frère cadet du président, le colonel Maher, le nouvel homme fort du régime, au point que le benjamin de la fratrie a blessé à l’estomac d’un coup de pistolet en 1999, en plein palais présidentiel. Réputée autoritaire, Bouchra passe pour nourrir une forte intimité à l’égard de l’épouse de Bachar, Asma, fille d’un médecin de la grande bourgeoisie syrienne, ancienne spécialiste des transactions boursières dans un établissement londonien, à la forte présence médiatique.
Le frère cadet du fondateur de la dynastie, Rifa’at Al Assad, ancien vice président de la république, est entré en dissidence fin 1983. Il vit en exil en Espagne. Ses deux fils, Sumar et Ribal, organisent depuis Londres la campagne médiatique contre le régime via la chaine de télévision ANN TV, (Arab Network News). Deux autres cousins Mounzer et Fawwaz Al-Assad, fils de Jamil Al Assad, cousins germains du président, se comportent en chefs de milices dans les montagnes alaouites, berceau de la famille, à l’ouest du pays.
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Posté par René Naba le mai 20 2011. inséré dans Diplomatie, News.
2 Commentaires pour “Syrie-Algérie: Raison d’état ou déraison d’état ?”
1.
Ayoush Akram
20 mai 2011 - 23 h 40 min
Beaucoup de choses que vous avancez sont évidentes et vraies , mais la comparaison avec la Syrie n’est pas du tout à l`avantage de l`Algérie. Je ne l’accepte pas . Après tout l`Algérie n’est pas occupée, cependant que depuis 44 ans la Syrie des Assad n’a jamais tiré un coup de feu pour essayer de libérer le Golan !
2.
René Naba
22 mai 2011 - 12 h 12 min
Bonsoir
Il ne s’agit pas d’un papier comparatif. Tout simplement la Syrie et l’Algérie ont servi de garde fou pendant la déperdition de l’Egypte, les deux pays présentent de grandes similitudes avec une administration délabrée, une vie politique hypothéquée par la mainmise de l’armée et le clan présidentiel, en butte à de vives revendications, à la veille de lourdes échéances.
Vos propos concernant la Syrie sont vrais, mais ne relèvent pas de l’objectif de ce papier. Car à raisonner selon votre schéma, l’Algérie, certes, n’est pas occupée, mais n’a pas non plus pour voisin ni Israël, ni la Turquie, qui ont longtemps enserré la Syrie dans une tenaille par un alliance de revers visant son étranglement. Dans le même ordre d’idées, l’Algérie n’est pas occupée, mais a connu une douloureuse guerre civile, contrairement à la Syrie. Ainsi de suite.
La Syrie n’a jamais tiré un coup de feu contre Israël, mais a fortement soutenu le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien, artisans des deux derniers revers militaires israéliens.
Quoiqu’il en soit, j’ose espérer que vous serez d’accord avec ma conclusion, ces deux pays doivent de ressaisir, se moderniser et se maintenir à l’avant garde de la frange combative et militante du Monde arabe.
merci de vos observations.




http://www.renenaba.com/syrie-algerie-raison-d%e2%80%99etat-ou-deraison-d%e2%80%99etat/


Mohsen Kaabi: l'armée dans la nation

تونس ما بعد الثورة
الجيش قوّة الدّولة و عظمتها و رمز استقلالها و سيادتها
*بقلم : محسن الكعبي


20مارس 1956 يوم تاريخي هام في حياة و تاريخ تونس الحديثة حين حصلت على استقلالها و سيادتها ، و بدأت البلاد بعده عهدا و
عمرا جديدين ، و استطاع هذا البلد أن ينشأ نفسه بنفسه وأن ينهض بسواعد أبنائه و رجالاته المخلصين.و بعد ثلاثة أشهر تقريبا ، نادت الحكومة التّونسية آنذاك بجلاء القوّات الفرنسية عن التراب التونسي ، غير أن فرنسا رفضت ذلك متعلّلة بحاجتها إلى" قواعدها العسكرية التونسية" لحماية ظهر جيشها المحارب بالجزائر، و حماية المعمّرين الفرنسيين وكذلك بدعوى حضورها الاستراتيجي بالمتوسّط في إطار الدّفاع عن" العالم الحرّ".وهكذا تمّ خرق الحدود البرية و المجالات الجوية بعدة مناطق، و بدأت المواجهة المسلّحة بنسق تصاعديّا بالجنوب في ماي 1958 ، إلى أن وصلت إلى بنزرت في جويلية 1961 حيث أسفرت عن مجزرة رهيبة في صفوف التونسيين بلغت حوالي 5000 شهيد حسب المؤرخ الفرنسي جون غانياج في كتابه "تاريخ المغرب المعاصر من 1830 إلى أيامنا"،و 1000 شهيد حسب شهادة الأستاذ الباجي قائد السبسي ، المشرف على إدارة السلامة الترابية بوزارة الداخلية آنذاك،و الوزير الأول المؤقت حاليا، في النّدوة التي نظّمتها جامعة آكس أون بروفانس الفرنسية في كتاب "الحبيب بورقيبة،الأثر و الإرث"، و كان ذلك ثمن الجلاء العسكري عن التراب التونسي يوم 15 أكتوبر 1963، تبعه فيما بعد كما نعلم الجلاء الزراعي بتأميم كافة أراضي المعمّرين التي تمسح حوالي 800 ألف هكتار، و كان ذلك يوم 12 ماي 1964 .
و إذا كان دستورنا قد أعطى الحرّية الكاملة في اختيار العمل الذي يرغبه المواطن ، فانه اعتبر أن أشرف و أقدس الأعمال هو العمل العسكري باعتبار أن الدّفاع عن الوطن واجب مقدّس وأداء الخدمة العسكريّة شرف للمواطنين،لذلك فان الخدمة العسكرية واجب وطني ، و ردّ الجميل لهذا الوطن يفرضه الشعور النبيل و الغيرة لدى المواطن الصالح ، و ذلك لان الجيش هو قوّة الدّولة و عظمتها وهو رمز استقلالها و سيادتها ، و قد جعله القرآن أساس الدّولة الإسلامية و قوّة سلطانها ، و فضّل العمل فيه على كل الأعمال ، و أمرنا بالاستعداد و إعداد العدّة و الحذر دائما إذ قال الله في كتابه العزيز:' و أعدّوا لهم ما استطعتم من قوّة و من رباط الخيل ترهبون به عدو الله و عدوّكم و آخرين من دونهم لا تعلمونهم الله يعلمهم و ما تنفقوا من شيء في سبيل الله يوفّ إليكم و انتم لا تظلمون'. و قال: ' يا أيّها الذين آمنوا اصبروا و صابروا و رابطوا و اتّقوا الله'. و قال : ' يا أيّها الذين آمنوا خذوا حذركم'.
كل هذه المبادئ الإسلامية تأمرنا و تحثنا على تجهيز الجيش و إعداد العدّة و الالتحاق به ، و من ذلك تعتبر الخدمة في الجيش واجبا و التزاما دينيّا و دستوريّا يقع على عاتق كل مواطن نشأ فوق تراب هذا الوطن و ربط حياته بحياة و عزة وطنه، و يقع عليه عبء دوام بنائه و رقيّه و عزّته و التّضحية من أجله بالجهد و الدّم و المال ، و الحرص على الالتحاق بالخدمة فيه سواء عن طريق الخدمة التّطوعية أو الخدمة الإلزامية، و تأديتهما بأمانة و إخلاص ، و خاصّة أن جيشنا تتوفّر لديه الكثير من المدارس و المراكز التكوينيّة و سهّل طريق العلوم العامّة و العسكرية...
ففي بناء الجيش و تطويره تكمن القوة و يستمر الاستقلال و السيادة، لان القوة في هذا الزمان هي الغالبة و هي التي ترجّح كفتها على جميع الموازين القانونية و الإنسانية، و واقع الحياة يقول لنا أن الحقّ و الحياة الحرة الكريمة للقوي، و أن الحق الذي لا تدعمه قوة يسلب و يغتصب. فلا يفيد الخضوع و الرجاء و الاسترحام و لا الاعتماد كلّيا على مبادئ حقوق الإنسان، فقد قال الشاعر في هذا الخصوص:
يا بني العرب إنّما الضّعف عار ... إي و ربي سلوا الشعوب القويّة
كم ضعيف بكى و نادى ... فراحت لبكاه تقهقه المدفعيّة
لغة النار والحديد هي الفصحى ... وحظ الضّعيف منها المنيّة
نعم لا يفيد الكسل و التكاسل و العيش بالأمل بلا عمل، و البحث وراء الأعمال السهلة أو الانصياع للتّرف ، فانّ التّرف الجسماني يضعف العمل و الإنتاج، و يعوّد الجسم على الخمول، و التّرف النفسي يسوق النّفس وراء شياطينها و شهواتها، فلا تشعر بمسؤولياتها فتظلم، والعدل نقيض الظلم،و الظلم له وجوه عديدة، فالتّجني ظلم، و انتقاص الحق ظلم، و تطويع الحق للأهواء ظلم، و التّقصير في العمل ظلم، و المحاباة على حساب الحق ظلم، و كل اعوجاج ظلم.."و عنت الوجوه للحي القيوم و قد خاب من حمل ظلما". صدق الله العظيم.
و العدل مطلوب في كلّ إنسان، و ليس في الحاكم و القاضي فحسب، انّه مطلوب في كل إنسان، مع نفسه و أهله و جيرانه و زملائه و أعدائه و عمله وخصوصا العمل.
فلينظر كل منا في حياته و أعماله، و ليبحث عن بواعث الظلم في سلوكه، ليتخلّص منها قبل فوات الأوان. وبعد أن تفنى الأجيال،والأموال،وزخارف الدّنيا،تبقى مواقف العدل الخالدة مع الخلود،لتشهد لأصحابها أمام الله عزّوجلّ. لنؤدي دورنا كمواطنين كما ينبغي لنا، و دورنا كعسكريين كما يليق بنا ، بدون تفريط في دورنا الأساسي وهو خدمة الوطن و رفعته ، خارج أسوار الثكنة أو داخلها، و الله الموفق.
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*ضابط محال على التقاعد في عهد الرئيس المخلوع

Friday, May 20, 2011

Tunisie: les dangers...


Abdelwahab EL Hani :


"Les extrêmes sont un danger pour la Tunisie"



Abdelwahab EL Hani, président du parti al-Majd, a été hier( jeudi) l’invité des rencontres politiques de Gnet. Al-Majd, ou "Gloire", a vu le jour après la révolution du 14 janvier, et a été légalisé en mars dernier. Son président fondateur est un ancien militant de l’UGTE, l’Union générale tunisienne des étudiants, à tendance islamiste. Il a quitté la Tunisie au début des années 90, et a continué à militer en dehors des frontières. Abdelwahab El Hani est revenu au bercail après 20 ans d’exil, pour apporter sa pierre à l’édifice démocratique en cours de construction.

Interrogé sur la menace qui pèse aujourd’hui sur la Tunisie, suite aux événements de Rouhia (gouvernorat de Siliana), Abdelwahab EL Hani estime que "la Tunisie est menacée par notre voisin libyen qui essaie de perturber notre transition démocratique, et veut étouffer cet espoir en l’œuf." "La Tunisie est menacée, par d’autres forces de notre entourage régional, issues notamment de l’Algérie", souligne-t-il.


Il cite également "des forces du passé, la mafia avec toute cette agitation lancée par notre ancienne première "drame" de Tunisie, Leïla Trabelsi" Pour Abdelwahab EL Hani, "le terrorisme se nourrit de l’idéologie de la haine, et les partis politiques doivent le dénoncer fermement. On ne peut pas caresser les idées terroristes et intégristes le jour, et les dénoncer le soir". Et d'ajouter : "Certains leaders d’Ennahda sont fermes dans la dénonciation, et d’autres sont en train de caresser un sentiment extrémiste qui existe dans la société. J’accuse certains d’avoir un discours flou sur le terrorisme, il faut être clair, soit on dénonce fermement le terrorisme et l’intégrisme religieux soit on ne le dénonce pas".

S’agissant de son évaluation de la transition démocratique, le chef d’al-Majd explique que ce processus requiert "qu’on mette la main dans la main avec toutes nos divergences pour construire le commun. Nous devons chercher le consensus national, chose que le code électoral ne le permet pas, puisqu’il vise à disperser les voies et à éparpiller les forces". Abdelwaheb al-Hani trouve que notre unité nationale est menacée : "nous devons gérer nos divergences dans un esprit d’adversité politique et non d’animosité, et défendre un projet d’unité nationale qui fait encore défaut".

Selon son opinion, "le gouvernement de Béji Caïd Essebsi n’a pas compris son rôle de gestion des affaires courantes. Même s’il a fait des choses importantes, il reste en deçà du rythme de la révolution". "Il y a des mains invisibles qui gouvernent à la place du gouvernement", dit-il, en évoquant l’affaire de Farhat Rajhi : "Ce qu’a dit Rajhi mérite d’être entendu, dans le cadre d’une commission d’enquêtes indépendante, qui entend Farhat Rajhi, la personne accusée, Kamel Eltaïef, et les membres de l’armée, car, l’apaisement ne vient qu’avec la transparence".

Abdelwahab EL Hani déplore que sa demande pour un échange entre le Premier ministre et les partis n’ait pas été entendue. "Lorsqu’un Premier ministre rencontre les partis qu’il veut et refuse d’en rencontrer d’autres, cela est indécent", relève-t-il. Il appelle le Premier ministre "à garder une posture d’homme d’Etat impartial qui traite à égalité avec tous les partis". Il dit attendre depuis février dernier une rencontre avec le Premier ministre, mais vainement, et dénonce "un manque de transparence terrible du gouvernement".
Le président d’al-Majd formule des griefs envers la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution. "Cette instance n’est pas transparente, elle regroupe 14 partis sur plus d’une soixantaine, soit le ¼ des partis existants". Il accuse une ONG américaine, soit "The International foundation for electoral systems (IFES)", d’influencer l’instance d’Iadh Ben Achour.

"Cette ONG observe les élections, rédige des rapports d’observation, et fait du conseil pour les systèmes électoraux. L’IFES ne travaille pas forcément que pour la démocratie, elle a orienté les systèmes électoraux vers une situation d’instabilité chronique pour permettre à des forces occultes d'imposer leur diktat dans les pays. Je veux savoir si l IFES a influencé l’instance de Ben Achour. La revendication de transparence est une revendication démocratique", affirme-t-il, déplorant qu’il n’ait pu intégrer cette instance malgré ses tentatives. "Nous avons formulé notre souhait d’intégrer la haute instance, et avons rencontré Iadh Ben Achour, son président, et Ghazi al-Ghrairi, son porte-parole. Nous sommes également allés voir Ridha Belhaj, secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, mais on attend toujours. La haute instance fonctionne sur un mode d’exclusion et non sur un mode de consensus national". Selon Abdelwahab EL Hani, "c’est aux Tunisiens que reviendrait la décision de dire qui sont les grands partis, et qui sont les petits. Il y a des partis qui ont un abonnement à la télévision, notre parti n’a jamais été invité à la TV depuis sa création, et moi je n’ai jamais été invité en tant que chef du parti al-Majd". Selon ses dires, "les médias ne sont pas indépendants du pouvoir de l’argent et du pouvoir des forces occultes".


Abdelwahab EL Hani estime que son "nom figure dans l’histoire de l’UGTE, quoique certains veuillent l’effacer". Il dit avoir milité au sein de l’UGTE, à domination islamiste, en tant qu’indépendant. Il déclare avoir des divergences avec Ennahdha et l’accuse du double langage. "Ce mouvement renferme une aile modérée, démocratique et libérale, et une autre aile qui tient le discours des islamistes, de l’Etat religieux et qui cherche à dominer l’institution religieuse à des fins politiques. Ennahdha a intérêt à tenir un discours très clair quitte à se scinder en deux ou trois, un mouvement libéral et profondément démocratique et un parti religieux".

Abdelwahab EL Hani qui se définit "comme un conservateur, pratiquant" présente al-Majd comme "un parti centriste, impliqué dans la construction de la famille centriste, qui veut apporter des réponses concrètes et réelles aux Tunisiens, et sortir du cadre de l’idéologie". Il estime que "l’avenir de la Tunisie doit se construire au centre, car les extrêmes représentent un danger pour la Tunisie".

Face aux critiques qui l’accusent d’avoir été utilisé par l’ancien régime, Abdelwahab EL Hani répond "qu’elles sont le fait d’une armée virtuelle de soldats clonés sur Internet". Il se définit comme un opposant et un résistant de la première heure au régime dictatorial de Ben Ali. "Je n’ai aucun rapport avec le système de Ben Ali depuis la 1ère heure jusqu’à la dernière heure d’exil. "Mais, c’est parce que Abdelwaheb al-Hani dérange, qu’il fait l’objet de ces attaques".
Source: “GlobalNet” Le 20-05-2011

Lien: http://www.gnet.tn/temps-fort/video/abdelwahab-el-hani-les-extremes-sont-un-danger-pour-la-tunisie/id-menu-325.html/