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Friday, February 29, 2008

Mémoire d’un enfant palestinien
de la Naqba de 1948



Ce texte a été publié en 1988 dans la « Revue d’Etudes
Palestinienne » en hommage à Khalil Al-Wazir, alias
Abou Jihad, l’un des fondateurs avec Yasser Arafat du
Fatah, et qui venait d’être assassiné en avril 1988
par un commando israélien devant sa famille en
Tunisie.

Ce témoignage d’Abou Jihad fut publié sous le titre «
Hommage à Abou Jihad ». Or nous pouvons peut-être
l’actualiser en le nommant « Mémoire d’un enfant
palestinien de la Naqba de 1948 », et proposer que ce
texte soit aussi étudié, pas uniquement en classe de
CM2, mais aussi dans les cabinets du président de la
république et de ses ministres. Peut-être que nos
dirigeants feront alors quelque chose pour arrêter les
horreurs du présent avant de penser à celles de
l’avenir.


Hommage à Abou Jihad
Ou
Mémoire d’un enfant palestinien de la
Naqba de 1948



« Je ne peux oublier… »

« Je me souviens comme si c'était hier du jour où les
forces sionistes ont attaqué Jaffa. Les Arabes de
cette ville envoyèrent quelques voitures et des
camions chez nous à Ramleh. "De l'aide pour Jaffa !
De l'aide pour Jaffa !", criaient-ils. Je vois encore
les hommes et les femmes de Ramleh montant dans les
voitures et les camions. L'un d'eux avait un très
vieux revolver, quelques couteaux et des gourdins.
Nous nous portions ainsi secours les uns aux autres.
Nous savions que les juifs attaqueraient Ramleh et
Lodd s'ils arrivaient à prendre Jaffa. C'est
exactement ce qui arriva. Une nuit ils encerclèrent
Ramleh et Lodd et ils y parvinrent aisément parce que
les soldats jordaniens s'étaient retirés sans
combattre. Nous étions encerclés et seuls.

Nos gens ne pouvaient se battre - avec quoi
l'auraient-ils fait, nous n'avions pas d'armes. Le
maire et une délégation municipale se rendirent auprès
des commandants juifs. Le maire leur dit : "D'accord,
vous pouvez entrer dans la ville, mais vous ne devez
ni faire du mal aux gens ni prendre des prisonniers ;
et vous devez permettre aux gens de rester dans leurs
maisons et d'y vivre normalement". Les juifs lui
répondirent "non". Ils voulaient que nous quittions
nos maisons, que nous abandonnions notre ville.

Après notre décision de ne pas bouger, Ramleh et Lodd
furent soumis au tir de l'artillerie. Je ne peux
oublier ce qui alors se passa.
Le toit de notre maison fut touché. Nous étions au
rez-de-chaussée.
Puis un autre obus tomba dans la rue, et notre porte
vola en éclats.
Les obus tombaient partout sur la ville, et le maire
demanda à la population d'aller se mettre à l'abri
dans les mosquées et les églises.

Nous vivions dans la partie chrétienne de Ramleh et
nous nous hâtâmes vers l'église des catholiques. C'est
à ce moment que certains de nos voisins furent tués
par les obus.

Nous vécûmes deux jours dans l'église avant que les
juifs n'entrent dans la ville. Hommes, femmes et
enfants, nous dormions collés les uns aux autres. On
ne pouvait pas poser le pied entre les corps tant ils
étaient serrés. Quand les juifs entrèrent dans la
ville, je montai au cinquième étage. A travers les
volets, je les vis de mes yeux abattre des femmes et
des enfants qui étaient encore dans la rue. Je ne peux
l'oublier. Puis je regardai les soldats juifs entrant
dans nos maisons, défonçant ou cassant les portes et
faisant feu à l'intérieur.
Parfois, ils en faisaient sortir des gens qu'ils
abattaient dans la rue.

Dans l'église les gens pleuraient. Certains criaient
"Deir Yassine, Deir Yassine". Nous étions convaincus
que nous allions être à notre tour massacrés. Le
prêtre confectionna un drapeau blanc et quand les
soldats juifs se dirigèrent vers l'église, il sortit à
leur rencontre. Puis il y revint avec eux. Ils nous
dirent : "Les mains en l'air". Tout le monde
s'exécuta. Alors ils commencèrent à nous trier. Ils
nous dirent qu'ils voulaient tous les jeunes et les
hommes âgés de quatorze à quarante cinq ans. Puis ils
les emmenèrent vers les prisons et les camps de
détention. Seuls demeuraient les enfants, les femmes
et les vieux.

Le lendemain, les juifs nous autorisèrent à regagner
nos maisons, et je n'oublierai jamais ce qui arriva
alors. Durant la nuit, les soldats juifs firent plus
de dix fois irruption dans notre maison. Ils
forçaient leur chemin et mettaient tout sens dessus
dessous. Ils disaient qu'ils cherchaient des armes. En
réalité, ils visaient - c'était partie de leur
politique - à nous donner un sentiment permanent de
panique et d'insécurité. C'était leur tactique pour
nous faire fuir nos maisons et notre patrie. Ma
grand-mère était à l'époque très vieille et très
malade. A chaque fois que les juifs débouchaient dans
notre maison, ils tiraient brutalement les couvertures
de son lit. Quand ils réalisèrent néanmoins que malgré
tout nous n'avions pas l'intention de bouger, ils
devinrent de plus en plus agressifs.

Deux jours plus tard, ils firent une annonce par
haut-parleurs. Ils nous ordonnèrent de quitter nos
maisons et de nous rassembler en certains points de la
route. Ils dirent qu'ils préparaient des autobus pour
nous emmener à Ramallah. Nous passâmes ainsi trois
jours au bord du chemin. La nuit, ils tiraient
au-dessus de nos têtes. Le deuxième jour, comme les
autobus n'arrivaient pas, ils donnèrent l'ordre aux
vieux de marcher vers Ramallah. Je restai seul avec
trois de mes frères - l'un d'eux était encore un
nourrisson -, mes trois soeurs, ma mère, ma grand-mère
et ma tante.

Le troisième jour, les autobus arrivèrent. Nous avions
quelques sacs avec nous. Dans l'un d'eux du pain, du
fromage et un pyjama neuf dont j'étais très fier.
Lorsque les juifs nous dirent que nous ne pourrions
pas emporter nos sacs, je tentai d'en sortir le pain,
le fromage et mon nouveau pyjama. Innocent comme un
tout jeune enfant, je m'adressai au chauffeur. Je lui
dis en hébreu : " Monsieur, je veux emporter un peu de
nourriture ", et je désignai l'un de nos sacs. Il me
dit "d'accord, d'accord". Lorsque j'y glissai ma main
il y eut des cris d'énervement en hébreu. A cet
instant, ma mère me tira brutalement contre sa
poitrine. Elle avait vu un soldat juif qui me mettait
en joue. Il tira plusieurs fois. J'aurais été
probablement abattu si ma mère n'avait pas vu ce qui
se passait. Les balles me manquèrent, mais touchèrent
l'un de nos voisins de la famille al-Marsala à la
jambe. Il vit aujourd'hui à Amman. Si vous allez le
voir, il vous racontera comment les balles qui l'ont
touché sont le sacrifice qu'il fit pour la vie de
Khalil al-Wazir !

A quelque 16 kilomètres de Ramallah, les juifs firent
stopper les autobus et nous ordonnèrent de descendre
et de continuer à pied. "Ramallah est par là, vous
devez couper à travers ces vallées et ces collines.
"Nous nous mîmes en marche, lentement. Quelques-unes
des femmes étaient vieilles et malades, et il fallait
qu’elles s'arrêtent toutes les cinq minutes pour
reprendre leur souffle. D'autres qui étaient en
meilleure forme étaient quand même épuisées car elles
portaient leurs enfants.

La deuxième nuit, les juifs nous bombardèrent au canon
et au mortier. Nous commençâmes par nous mettre à
l'abri derrière les rochers. Mais comme le
bombardement se prolongeait, tout le monde commença à
pleurer et à paniquer... et nous nous mîmes à courir,
courir, courir jusqu'à Ramallah.

Je n'oublierai jamais. Des mères abandonnèrent leurs
enfants : elles ne pouvaient plus les porter plus
loin. Même ma tante conseilla à ma mère de laisser
quelques-uns de mes frères et sœurs. Ma mère portait
trois enfants. Ma tante lui dit "Tu ne eux pas courir
avec trois enfants. Tu vas te faire tuer. Laisses-en
deux et nous enverrons des secours les reprendre dès
que nous atteindrons Ramallah". Ma mère refusa. Elle
me dit : "Khalil, tu n'as que douze ans et tu n'es pas
bien fort, mais penses-tu pouvoir porter l'une de tes
sœurs et courir ?" Je répondis "oui" et c'est ce que
je fis. Des enfants furent abandonnés car il n'y
avait personne pour les porter ; d'autres parce que
leur mère avait été tuée. Comment l'oublier ?

Il n'y avait pas de troupes arabes dans le secteur, ni
soldats réguliers, ni volontaires, aucun contingent
arabe d'aucune sorte. Les juifs savaient qui nous
étions et où nous nous trouvions. L'attaque était
délibérée et calculée et avait un seul objectif. Ils
voulaient être sûrs que nous arriverions à Ramallah
dans un grand état de panique et de détresse. Ils
espéraient que notre état, ce que nous raconterions,
inciterait d'autres pris de panique à quitter leurs
foyers. Ce n'était qu'une partie de la stratégie
intelligente et réussie des sionistes pour nous forcer
à abandonner notre patrie sous l'effet de la peur.

Je sais que cela peut vous sembler difficile à croire,
mais c'est ce qui est arrivé. »

Quarante ans plus tard, l'enfant qui avait réussi à
atteindre Ramallah fut rejoint par ses tueurs et
assassiné à son domicile de Sidi-Bou-Saïd, dans la
banlieue de Tunis à l'aube du 15 avril 1988.
Auparavant Khalil al-Wazir était devenu Abou Jihad, et
il n'avait "jamais oublié".

Ce témoignage est extrait de l'ouvrage d'Aran Hart, «
Arafat, Terrorist or Peacemaker ? » Londres, 1984, p.
91 et s.



Wednesday, February 27, 2008

Verdict du tribunal international des citoyens pour le Liban PDF Print E-mail
Wednesday, 27 February 2008


TRIBUNAL INTERNATIONAL DES CITOYENS
POUR LE LIBAN

PROCEDURE (2008)
promue contre les autorités israéliennes par les victimes de la guerre du 12 Juillet - août 2006
avec le soutien de la société civile libanaise, pour les actes par elles accomplis et pour les dommages par elles causées à la nation libanaise
Bruxelles 22-23-24 février 2008
Maison des Associations Internationales

JURY
Lilia Solano (président), Adolfo Abascal, Claudio Moffa (rapporteur), Rajindar Sachar.

VERDICT FINAL

ATTENDU

que les victimes et la Société civile libanaise, au travers de leurs organisations et représentants, ont nommé un jury international en tant que tribunal indépendant de tout Etat, pour juger les actes accomplis par Israël pendant la guerre du Juillet- Août 2006, suivant le droit international et en particulier la Charte des Nations Unies, les quatre Conventions de Genève de 1949, et le Statut de la Cour Pénale Internationale de 1998;

que la Société civile libanaise et les victimes de la guerre ont aussi nommé leurs avocats défenseurs dans les personnes d'Issam Naaman, Albert Fahrat, Hassan Jouny, Mohamed Tay et dans le même temps ont addressé une demande formelle à Israël, partie accusée, pour la nomination de son avocat défenseur;

que dans les jours 22-23-24 février 2008 le Jury, dans les personnes de Lilia Solano (Colombie), Adolfo Abascal (Cuba), Claudio Moffa (Italie) et Rajindar Sachar (Inde), s'est réuni, en établissant au préalable ses compétences ratione materiae, loci et temporis: materiae, les actes accomplis par l'armée israélienne pendant la guerre contre le Liban; loci, le territoire libanais occupé ou bombardé par l'armée israélienne; temporis, avec référence aux actes accomplis dans la période qui va du 12 Juillet 2006 au 24 août de 2006, date de l’arret de l’aggression;

que immédiatement après le Jury a nommé en son sein comme Président la prof. Lilia Solano;

que le vendredi 22 février à 21 heures le Jury a ouvert la procédure, en communiquant aux parties sa compétence juridictionnelle et les buts éthiques du désormais constitué Tribunal international de citoyens;

que le samedi 23 février le Jury:

- en premiére pris acte de l'absence soit de représentants d'Israël soit de leurs défenseurs;

- a écouté l'Acte d'accusation prononcé par les avocats des victimes et de la Société civile libanaise, en réceptionnant le texte contenant les accusations de crimes de guerre et contre l’humanité à l’encontre des autorités israéliennes;

- a entendu la première série de témoins selon la liste présenté en annexe, en permettant à la partie civile de leur poser des questions, et en leur posant lui-même des questions dont les réponses avec l'éventuelle documentation et preuves il a réceptionné aux actes et annexé a présente décision ;

que le dimanche 24 février le Jury a entendu, selon une procédure identique, les derniers témoins et les experts, en concluant le débat aux heures 13



CONSIDÉRANT

1. FAITS

Le 12 Juillet 2006 les Forces Armées israéliennes envahissaient le Liban, en dépassant la « ligne bleue » établie en 1982 par la FINUL pour délimiter les territoires sous régulière juridiction du gouvernement de Beyrouth, et les territoires occupés par Israël pendant l'invasion de cette année là;

Les autorités israéliennes justifiaient le déclenchement de l'agression comme étant en "représailles" pour l’enlèvement de deux de ses soldats, accompli dans le territoire sous son contrôle par des forces libanaises irrégulières qui depuis longtemps opéraient dans le sud du pays afin de rétablir, au de là de la ligne bleu, la pleine souveraineté du Liban sur les territoires encore sous occupation étrangère.

Les représailles ont rapidement pris la forme d’une invasion terrestre de la part de l'armée israélienne, et ensuite, après la forte résistance des Forces Armées irrégulières libanaises opérants en proximité de la frontière, d'une agression de grand ampleur par des bombardements aériens, pas seulement sur les régions frontalières ou du sud, mais même sur la vallée de la Bekaa et sur les quartiers le plus peuplés de Beyrouth.

Les témoignages et la documentation recueillies au cours des débats, en confirmant ce qui a été remarqué par la Commission d'enquête de ONU du novembre 2006, ont pu vérifier que pendant les évènements de la guerre qui s’est déroulée du 12 Juillet 2006 au 24 août 2006 les forces d'invasion israéliennes :

- ont effectué presque 7000 attaques aériens sur un territoire substantiellement dépourvu - sauf quelques avions et une petite flotte d'hélicoptères - de défense aérienne;

- ont tué plus de 1100 personnes, parmi lesquelles beaucoup d'enfants, femmes, vieux;

- ont bombardé, avec une systématicité qui ne laisse pas de doutes sur l'intentionnalité des attaques, une grande partie des infrastructures du pays, telles que routes, ponts, aéroports, bassins d'approvisionnement d'eau, centrales électriques, dépôts de carburant, ainsi que terrains agricoles et d'élevage;

- ont bombardé des habitations civiles, hôpitaux, colonnes d'automobiles non militaires en fuite avec le clair but de tuer le plus grand nombre de civils possible;

- ont bombardé des musées, lieux religieux et cérémonies religieuses, comme dans le cas d’un cortège funèbre;
- ont bombardé des petits supermarchés de petits villages;

- ont attaqué des villages et quartiers sans défense militaire et opéré des actes de punitions collectives et de représailles contre les civils des zones occupées;

- ont attaqué le personnel médical et sanitaire libanaise lors du secours apporté à la population civile ;

- ont utilisé, lors de ces bombardements, des armes prohibées et visant à causer des dommages immédiats ou différés à la population civile, y compris les enfants: bombes jouet, bombes à fragmentation, bombes à l'hélium et selon la déposition rendue par un des témoins, bombes à l'uranium appauvri: sur ce dernier type de bombes l'avis des experts n'est pas unanime, parce que les vérifications par compteur geiger accomplies par le témoin lui-même et son équipe de techniciens, n’ont pas été vérifié ni par la Commission d'enquête des Nations Unies de septembre-octobre 2006 – qui a vérifié au contraire l’usage de toutes autres types de bombes - ni par l’enquête mené dans la même période par l’Association de Juristes Américains;

Tous les actes qui ont été cités mettent en évidence en raison de leur systématicité, constance et continuité, que la population civile a constitué la cible principale si non exclusive des attaques israéliennes ;

Les témoignages et la documentation recueillies au cours des débats, ont pu aussi vérifier l’ampleur approximative, mais dans tous les cas considérable, des dommages soit immédiats soit différés dans le temps de nature personnelle, économique, environnementale et psychologique subis par le peuple libanaise du fait des actes de guerre israéliennes:

A) Dommages aux personnes : OMISSIS

B) Dommages psychologiques:OMISSIS

C) Dommages économiques: OMISSIS

D) Dommages sociales
Les dommages économiques ont à leur tour causé une crise social, representé par une majeur vulnerabilité de la classe moyenne et par l’appurvrinent des couches déjà le plus desagées. Le’unemployement est accrue jusquà 15%, contre le niveua d’8% de 2004, l’inflation est quadrupliée,

E) Dommages environnementaux:
Le dommage le plus important à été causé par le bombardement de la central électrique de Jiyeh (Beirut), dont 15.000 tonnes de pétrole se sont renversées dans la mer Méditerranée, en causant une tache longue 14 km et large 1,5 km, avec des lourdes effets sur la vie marine et sur l’activité de pêche. D’autre part, cette action est destinée à causer des dommages aussi à la santé humaine (problèmes dermatologiques, cancer, maladies pulmonaires)



2. DROIT

A) A propos du déclenchement de l'attaque israélienne et de sa justification alléguée par le gouvernement de Tel Aviv, le Jury retient correctes et donc recevables aux fins de la définition de l'attaque en tant qu’une agression injustifié et illégale, les trois considérations suivantes:

1) « premièrement la « ligne bleu » ne constitue pas une frontière internationale entre le Liban et Israël, maïs simplement une ligne de démarcation tracée par la FINUL qui à été contestée en divers points par les autorités libanaises": il faut se rappeler à ce propos que l'armée israélienne occupait au moment de l'invasion la zone libanaise dite "des fermes de Sheba" »;

2) « la Convention de Genève sur le traitement des prisonniers de guerres avait, dans son article 4, posé les formations irrégulieres (f.ex. les mouvements de libération nationale) sous la protection internationale. Cette protection reste valable soit que ces formations effectuent leurs opérations à l'intérieur de leur territoire national, soit qu'elles aient lieu à l'intérieur du territoire de l'occupant. Ce disant, leur rayon d'action peut s’étendre à tout espace territoriale de l’ennemi »;

3) « De plus, ces stipulations permettent à toute résistance d'effectuer ses opérations sur des zones qui ne font pas partie du territoire de l'occupant, maïs même d'une tierce partie, chaque fois que ces zones se trouvent sous son contrôle ».

Ceci veut dire, à part la disproportion évidente entre l'action de l’enlèvement des deux soldats et la "réaction" qui s'est concrétisée dans l’énumération catastrophique des actions de "représailles" israéliennes déjà référées, que l'invasion du 12 Juillet 2006 n'avait aucune justification ou légitimité aux sens de la Charte des Nations Unies et de la Convention Internationale de Genève. Au contraire, elle a constitué un acte de guerre non déclaré et comme telle contraire au droit international, énième exemple de récidive de l'État d'Israël de 1948 à aujourd'hui comme démontrée par tous les résolutions de l’ONU qui ont été disattendues par Israël:

B) les actes accomplis par les Forces Armées israéliennes pendant les évènements de guerre qui ont eu lieu du 12 Juillet 2006 au 24 août 2006, tel quels vérifiés pendant les débats, constituent clairement, selon la proposition de l'Acte d'accusation, des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre, en violation des Conventions de Genève de 1949, du Statut de la Cour Pénale internationale de 1998, et du Protocole A de 1977.

En particulier, il est évident que ces actes ont constitué une "attaque étendue" et "systématique contre des populations civiles" tel que définie par l'art. 7 du Statut de la Cour pénale internationale ("crimes contre l'humanité"), et précisément par l'alinéa 1, points à, b, d, e (ceux deux derniers s’appliquant d'abord à la contrainte à la fuite sous bombardement de la population, et ensuite aux attaques aux convois d'automobiles civiles par les quelles telle fuite se réalisait).

Il est aussi évident que les mêmes actes constituent une violation de l'art. 8 du même Statut ("crimes de guerre") et des Conventions de Genève à laquelle il se réfèrent, pour avoir :

- "causé volontairement des grandes souffrances ou graves lésions à l'intégrité physique ou à la santé" de la population civile (alinéa 2, à, III)

- provoqué la "destruction de biens non justifiée par des nécessités militaires, et accomplies sur une large échelle illégalement et arbitrairement" (2, à, IV) ;

- dirigé "délibérément des attaques contre des populations civiles en tant que telles ou contre des civils qui ne prennent pas directement part aux hostilités" (2, b, I) ;

- dirigé "délibérément des attaques contre des propriétés civiles et c'est-à-dire propriétés qui ne soient pas cibles militaires (2, b, II) ;

- dirigé "délibérément des attaques contre personnel, installations matérielles, unités ou des véhicules utilisés dans le domaine d'une mission de secours humanitaire" (2, b, III);

- lancé " délibérément des attaques dans la conscience que ceux-ci auront comme conséquence la perte de vies humaines parmi la population civile, et lésions à des civils ou dommages à des propriétés civiles ou bien dommages diffuses durables et graves à l'environnement naturel, qui soit manifestement excessif par rapport à l'ensemble des concrets et directs avantages militaires prévus" (2, b, IV) ;

- bombardé "villages, habitations ou constructions qui ne soient pas défendues et qui ne constituent pas cible militaire" (2, b, V) ;

- dirigé "intentionnellement des attaques contre des édifices dédiés au culte, à l'éducation, à l'art et à la science... à des monuments historiques, à des hôpitaux..." (2, b, IX) ;

- utilisé des "projectiles qui s'étendent ou pénètrent facilement à l'intérieur du corps humain" (2, b, d, e XIX), ou bien des armes, projectiles, matériels... avec des caractéristiques tels à causer... des souffrances non nécessaires, ou qui frappent de par leur même nature de manière indiscriminée en violation du droit international" (2, b, XX);

- diffusé par des avions des appel écrits à la populations civile de toutes âges, la menaçant que au cas ou elle n’aurait pas quitté ses habitations et zones de résidence elle aurait été bombardée sans discrimination, et en exerçant ainsi une menace préméditée de punition collective (2,b,XII et en outre Protocole A de 1977)

C) Les actes accomplis par les Forces Armées israéliennes durant les évènements de guerre qui se sont déroulés du 12 Juillet 2006 au 24 août 2006, tels qu’ont été vérifiés à travers les débats précités, constituent aussi une violation évidente de l'art. 6 du Statut de la Cour Pénal internationale ("crime de génocide") et de l’art 2 de la Convention de 1948 pour la prévention et interdiction du génocide. Ce n'est pas correct en effet de se laisser intimider par la gravité de l'accusation, là où ses éléments fondants y sont présents.

En vérité, les considérations qui poussent à juger Israël coupable non seulement de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, mais aussi, se référant à la guerre contre le Liban de 2006, de crime de génocide, sont les suivantes:

1) la codification de tel délit dans le Statut de la Cour Pénale Internationale, directement reprise de la Convention de Genève de 1948 et donc du Tribunal de Nuremberg, aboutit à en permettre l'attribution à beaucoup, si non à tous les conflits de notre époque, caractérisés comme on sait par un niveau technologique des armements de guerre si haut qu’il finit par frapper dans ces mêmes conflits toujours plus les populations civiles que les Forces Armées: en effet, l'art. 6 de cité Statut récite qu'une série d'actes typiques de l'activité de guerre, quels "tuer des membres du groupe" ou "causer des graves lésions à l'intégrité physique ou psychique de personnes appartenant au groupe", deviennent des crimes de génocide, si ils sont accomplis "dans le intention de détruire dans tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux", définition cette dernière, dans laquelle l’ "intention" devient de toute façon facilement toujours démontrable dans le cas de destruction d'une "partie" du « groupe national …. » (et pas du tout, comme le demanderait le terme absolutisant utilisé: génocide, i.e, extermination d’un peuple jusqu'à sa disparition)

2) Dans le cas de quo, la guerre d'Israël contre le Liban du 2006, "l’intention" d'Israël de détruire "en partie" le "groupe national" libanais a été amplement démontrée au cours des débats par tous les témoins et par toutes les documentations et preuves fournies: et donc, dans une époque où le génocide est une facile accusation non seulement médiatique mais même potentiellement fondée sur la précitée « large » codification de tel crime ex art. 6 du Statut de CPI (au fin de diaboliser tout pays pas "politically correct" et pas conforme aux nouveau ordre international postbipolaire israélo-américain), ce cas, le Liban et cette guerre – l’attaque israélien du Juillet-Août 2006 - retombent sans aucun doute dans la fattispecie penale du "crime de génocide". Et alors ce crime est bien recevable par ce Jury, pouvant être attribué à Israël, en raison de la systématicité avec laquelle les forces armées israéliennes ont porté leurs attaques essentiellement contre les civils, en les tuant ("à"), en les causant "graves lésions a l’intégrité physique ou psychique" ("b"), et en les soumettant "délibérément... à des conditions de vie telles à comporter la destruction physique, totale ou partielle, du groupe même" ("c") : les bombes prohibées, en particulier celles à fragmentation et le4s bombes-jouet, constituent la preuve la plus écrasante du génocide perpétré d'Israël contre la nation libanaise,


POUR TOUS CES MOTIVES

le Jury de Tribunal des Citoyens pour le Liban, suivant le Droit international conventionnelle et coutumière, et les normes impératives contenues dans les Conventions de Genève de 1948 et 1949, dans le Protocole A du 1977 et dans le Statut de la CPI du 1998, constatant les énormes crimes commis par Israël (bombardements et destructions indiscriminés, assassinats de plus de mille personnes parmi les quelles enfants, femmes et vieux, énormes dommages de la vie économique and sociale) déclares les autorités israéliens responsable de la guerre contre le Liban de 2006 et coupables de crimes internationaux suivants:

1. crime de guerre
2. crimes contre l’humanité
3. crime de génocide


Monday, February 25, 2008

TUNISIE

Peine de mort confirmée pour
Saber Ragoub, 6 condamnations à la perpétuité et 7 à des peines de 3 à 30 ans au procès en appel du groupe de Soliman
Source : AFP, 21 février 2008


Un des 30 salafistes tunisiens jugés pour "terrorisme" et complot présumés a été condamné à mort et sept à perpétuité par décision de la Cour d’appel à Tunis, devant laquelle ils comparaissaient depuis le 15 janvier, au milieu d’une mobilisation contre la peine capitale.

Selon le verdict prononcé dans la nuit de mercredi à jeudi, Saber Ragoubi, 24 ans, a vu son jugement à la peine capitale confirmé mais un second condamné à mort a été jugé à perpétuité.

Six autres ont été condamnées à la prison à vie et les 22 accusés restants, parmi lesquels sept ont bénéficié d’un allégement, se sont vu infliger des peines allant de 30 à 3 ans d’emprisonnement.

Les prévenus âgés de 22 à 42 ans, revendiquant, pour certains, une idéologie salafiste prônant un retour aux origines de l’islam, ont été jugés pour leur d’implication présumée dans des affrontements armés ayant fait entre décembre 2006 et janvier 2007 14 morts, dont un officier et un agent de sécurité, selon les autorités.

Faisant suite à un premier jugement contesté et boycotté par la défense en décembre 2006, le procès en appel a donné lieu durant deux jours en continu à des plaidoiries non stop de la défense, qui a réclamé soit l’acquittement, soit l’allègement des peines en soulignant "irrégularités" et "entorses au droit".

L’absence de preuve à charge et la pratique de la torture "pour arracher de faux aveux" ont été au centre des plaidoiries, qui ont nécessité parfois des rappels à l’ordre du président de la Cour Manoubi Hmidane.

Son verdict a été jugé "sévère" par la défense et provoqué émotion et pleurs parmi les proches des accusés. "C’est une grande déception, surtout le maintien de la peine capitale pour Saber Ragoubi", a déclaré à l’AFP l’avocat Samir Ben Amor, Me Radhia Nasraoui qualifiant le verdict de "catastrophique". "Je rentre à la maison avec une trop mauvaise nouvelle. Je suis amer, désespéré !", a lancé Lamine, le père de Saber, étouffant un sanglot.

Outre l’accusation de "complot contre la sûreté intérieure", les prévenus ont été jugés "en vrac" selon la défense, pour "tentative d’attaques visant à changer le régime", assassinats, maniement d’armes et adhésion à une organisation terroriste. Durant leur procès, ils ont nié leur adhésion aux projets d’une bande armée dénommée "Soldats d’Assad Ibn Fourat" qui avait établi un camp d’entraînement à Ain Tbournek, sur les hauteurs de Grombalia (40 km de Tunis), théâtre des violences.

Ils ont répété à l’envi avoir côtoyé fortuitement les meneurs en cherchant un refuge dans cette zone boisée pour échapper à la police à leurs trousses pour cause de pratique religieuse et port de barbe. Quelque-uns ont cependant reconnu avoir été initiés au maniement de Kalachnikov, mais tous ont nié avoir nourri un projet de déstabilisation du régime en Tunisie, affirmant que des aveux leur avaient été arrachés sous la torture.

Le parquet et les avocats de la partie civile ont réclamé le maintien de la peine capitale pour délits "terroristes" et "intentions criminelles prouvées".

Au moment de faits, les autorités avaient indiqué avoir saisi six Kalachnikov, des explosifs et plans de sites des ambassades américaine et britannique. Selon elles, le noyau armé de la bande s’était introduit par la frontière algérienne, après un séjour dans les maquis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu branche d’Al-Qaïda au Maghreb.

De ce noyau - composé d’un Mauritanien et de cinq Tunisiens, dont le chef Lassad Sassi, jihadiste vétéran d’Afghanistan - quatre sont morts, et deux autres arrêtés avant les accrochages. Ces derniers sont jugés séparément.

Ces violences étaient les plus importantes en Tunisie depuis l’attentat revendiqué par Al-Qaïda sur l’île de Djerba (21 morts, le 11 avril 2002). Le procès a été suivi par des diplomates et des observateurs étrangers dont Me Denys Robillard, mandaté par la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et Amnesty International.

La FIDH et des opposants tunisiens se sont mobilisés contre la peine capitale. La Tunisie observe un moratoire de facto sur les exécutions et son président Zine El Abidine Ben Ali s’est engagé en novembre dernier à "ne jamais signer l’exécution de condamnés à mort".

Islammemo : Bagdad

Lundi 25 février 2008

Le premier soldat israélien ayant brandi le drapeau de son pays en Irak trouve la mort dans l’explosion de sa Jeep:

Selon le journal israélien, Mâariv, le premier soldat israélien ayant brandi le drapeau de son pays en Irak, lors de l’occupation, a trouvé la mort quand sa Jeep a percuté une charge explosive à Bagdad, la semaine dernière.

Le soldat, Ami Haï Bitoun est mort sur le coup. Selon le journal, le soldat s’était porté volontaire pour combattre dans les rangs américains en Irak, précisant qu’il fut le premier à brandir le drapeau d’Israël en Irak.

Il convient de rappeler qu’Israël a été l’un des premiers pays à participer à l’occupation de l’Irak mais d’une manière discrète. Après l’occupation du pays, des flots d’israéliens arrivèrent en Irak. Se fondant sur des indiscrétions de leur ministère des affaires étrangères, les médias israéliens ont souvent signalé que des israéliens d’origine irakienne et des hommes d’affaires font souvent le voyage à Bagdad et que cela est devenu un phénomène relativement courant.

http://islammemo.cc/article1.aspx?id=60118/

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Thursday, February 21, 2008

Notes inédites d'un journaliste tué au cours de l'offensive usaméricaine
contre la ville de Tel Afar au nord de l'Irak, en septembre-octobre 2005!

TEL AFAR OU LES DERNIERS SOUFFLES

DE L’OCCUPATION

Salem Jebouri-

Site islammemo :

4 Octobre 2005

Au cours des mois de septembre et octobre 2005, les forces américaines ont mené une attaque majeure contre la résistance irakienne, dans la ville de Tel Afar, au nord de l’Irak. Le siège de la ville par les Américains, précédé de bombardements aériens, s’est traduit par d’innombrables tués parmi la population civile et une crise humanitaire marquée par un exode massif d’une grande partie de la population de Tel Afar (300.000 habitants).
Le siège et l’attaque contre Tel Afar reproduisent à l’identique ceux contre Fallujah, en 2004. Ils ont été menés conjointement par les américains (6.000 militaires lourdement armés) et leurs supplétifs irakiens (4.000 militaires, composés des Pechmerga kurdes et des miliciens de la brigade chiite Badr).


Cette attaque a été menée hors caméras de télévision et en l’absence de journalistes et de correspondants de presse. Un seul journaliste est demeuré dans la ville et l’a payé de sa vie. Il s’agit de Salem Jebouri, correspondant du site Islammemo, capturé et assassiné par les miliciens de la brigade Badr. Avant de tomber entre les mains de ses assassins, Salem Jebouri a pu envoyer le présent rapport, parvenu très longtemps après à ses destinataires, avec quelques feuillets manquants.

La correspondance de Salem Jebouri débute par un échange avec son bureau à Bagdad :

Islammemo :

Cher frère Abou (...)

J’espère que vous êtes en bonne santé et je prie Allah de te garder sain et sauf. J’ai appris que des batailles se déroulent actuellement chez vous à (...), je te prie d’être prudent, tu es la dynamo de Islammemo, comme t’appelle Abou (...)

Salem Jebouri : Cher frère : je n’avais pu continuer la conversation avec toi l’autre jour, vu que je n’avais plus de forfait. J’aurai voulu te parler des graves événements qui se passent actuellement à Tel Afar, parce qu’en vérité je n’ai pu vous transmettre qu’à peine 60% de la réalité. Ce n’est pas faute de bonne volonté, mais c’est au-dessus de mes moyens. Je me déplace difficilement dans la ville. Tu sais par ailleurs, que mon travail avec vous n’a rien à voir avec le salaire que vous me payez, mais c’est parce que je me sens chez moi avec vous, comme en famille. Je t’envoie ce rapport que j’ai intitulé : TEL AFAR ou les derniers souffles de l’occupation. Avec mes salutations et priez pour moi !

Salem Jebouri

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TEL AFAR ou les derniers souffles de l’occupation.

Salem Jebouri- Correspondant du site islammemo :

4 Octobre 2005

J’avais a peine neuf ans lorsque j’ai appris le Hadith du Prophète (SAS) qui dit : « la peur m’a donné la victoire d’une campagne d’un mois », ce dont je n’ai compris le sens qu’à la lumière de ce que j’ai observé depuis quelques jours à TEL AFAR

Le samedi dernier ( ) j’observais d’un toit d’une maison des accrochages entre quelques combattants de la résistance et les troupes américaines d’occupation aux abords de TEL AFAR. Je regardais les soldats américains avec leurs tailles imposantes, leurs corps de mastodontes et leur équipement ultra sophistiqué et je me demandais si les Moudjahiddines seraient vraiment capables de leur résister, avec leurs fusils rudimentaires et leurs lances roquettes vieillottes ?

Je me posais ces questions quand j’ai aperçu des Marines se diriger vers un stade de football, qui a constitué jusque là un point d’appui important pour les Moudjahiddines. Ils voulaient l’occuper pour poster des tireurs d’élite sur les murs d’enceinte et sur le toit d’un immeuble voisin. J’observais de loin l’évolution des marines quand apparaissent soudain des Moudjahiddines, faisant eux aussi mouvement vers le stade. Ils venaient de terminer une opération de soutien à un autre groupe qui avait repoussé une attaque américaine pas loin des lieux.

Quelle fût ma surprise quand j’ai vu les marines prendre la fuite en courant, aussitôt que les résistants les aient accrochés à l’autre bout de la rue. Ils avaient pris la fuite sans tirer le moindre coup de feu et quatre d’entre eux s’étaient débarrassés de leurs armes dans leur fuite.

Ce fut pour moi un spectacle inoubliable. C’est ainsi que les résistants avaient repris le contrôle du stade et une partie de la Cité des instituteurs puis son contrôle total au bout de 2 heures, sans tirer le moindre coup de feu.

En fait il semblerait que les Marines avaient appris que de nombreuses forces de combattants de Ansar Sounna et du groupe Zarkaoui s’étaient regroupés à la cité de la police et se préparaient à les attaquer à la cité des instituteurs.

Je sais que certains lecteurs ne me croiraient pas mais il se passe ces jours- ci des choses extraordinaires à TEL AFAR, sans doute une sorte de grâce pour ces combattants mal nourris, disposant de peu d’eau, constamment en prière quand ils ne se battent pas. Dès que tout cela serait fini, j’écrirai un livre sur les combats de TEL AFAR où je raconterai tout et, tant pis si on ne me croit pas !

Le cameraman d’une chaîne française m’a fait cadeau d’une paire de jumelles avant qu’il ne quitte TEL AFAR quand les combats ont commencé à faire rage et c’est ainsi que j’ai pu voir plusieurs fois des soldats américains pisser dans leurs pantalons. Cela se voyait aussi aux tâches de boue sur le derrière de leurs pantalons…

A ce niveau, il manque deux feuillets, sans doute perdus dans les déplacements hâtifs.

Il y a quelques jours, je ne croyais pas mes yeux quand j’ai vu plus de 9 engins américains complètement calcinés au souk des maraîchers au centre de TEL AFAR. J’ai hésité avant de l’écrire, craignant qu’en le publiant, le site risquerait d’être taxé d’exagération. Je suis le dernier journaliste présent à TEL AFAR, le dernier à l’avoir quitté, c’était le correspondant d’AL JAZEERA qui a eu l’amabilité de me laisser 3 piles pour ma caméra. Je dois donc dire tout et qu’importe si l’on ne me croit pas et que l’on donne du crédit par contre, aux reportages de AL ARABYA, AL IRAQUIA OU AL HORRA !

Ainsi le dimanche dernier : j’ai observé de loin une bataille entre les Résistants et les Marines américains pour le contrôle de la cité AL WAHDA. Cette bataille a été perdue par les moudjahiddines et il y a eu beaucoup de martyrs. C’était tout simplement l’enfer : des avions de combat qui bombardaient et lâchaient des bombes à gaz. Dans les rues et les places publiques, les cadavres jonchaient le sol. Certains ont pu être enterrés par leurs camarades mais il en reste d’autres dans les rues.

Aujourd’hui on est le mercredi : après des combats acharnés, la résistance a repris le contrôle d’une partie de la cité AL WAHDA. Les résistants m’ont fait confiance et ont accepté que je les accompagne dans leurs mouvements. Je m’approche du corps d’un martyr allongé sur le sol. Mais ses compagnons l’ont vite arraché au sol pour aller l’enterrer. Chose extraordinaire, son sang giclait comme s’il venait de mourir à l’instant alors qu’il l’était depuis la veille et plus extraordinaire encore, il se dégageait de son corps un parfum plus exquis que le musc.

Cela m’a rappelé ce que tu m’avais raconté à propos des martyrs de FALLOUJA, à savoir que les médecins avaient, eux aussi, constaté que leurs dépouilles dégageaient un parfum à l’odeur du musc. Pardonnes-moi mon frère, je ne t’avais pas cru à l’époque, j’estimais que ces choses dépassaient l’entendement. C’est toi aussi qui m’avaient raconté que des hommes d’affaires du Golfe avaient payé 80.000 dollars pour quelques morceaux de vêtements des Chouhadas, montant qui avait servi à la construction d’un hôpital à Fallouja.

Je te prie de ne pas m’en vouloir, à l’époque je ne croyais pas à ces choses là, mais aujourd’hui je sens ces odeurs extraordinaires à Tel Afar. Me crois-tu, cher frère, mais je me suis laissé à espérer me retrouver à leur place. Si Allah m’accorde la vie, je prendrais des morceaux de leurs vêtements à l’attention d’hommes d’affaires prêts à construire en échange des hôpitaux, comme ils l’avaient fait à Fallouja.

Je me suis trop attardé sur ce point et je change de sujet pour vous transmettre les images insupportables de femmes et d’enfants morts, dont les corps jonchent la rue et que les blindés américains écrasent et transforment en pâté collant à l’asphalte. J’ai vu aussi des soldats de l’occupant voler la montre et le paquet de cigarettes d’un civil après l’avoir tué. Je n’oublierais pas non plus l’image de cette mosquée que l’occupant a investie et dans laquelle ils ont profané le Saint Coran, par vengeance, comme si c’était Zarkaoui !

J’aurais tant souhaité que les irakiens et les arabes, qui en veulent à la résistance de combattre l’occupant, se rendent compte de ce qui se passe à Tel Afar et comment le jeune de 20 ans se tient devant le blindé américain et échange le feu avec lui dans le but de le détruire ou de se faire tuer. Peut-on imaginer que ces jeunes combattent pour l’argent ou le pouvoir, comme le prétend Jâafari (ancien premier ministre intronisé par l’occupant -NDLT) ou Bush, ou bien pour se faire passer pour des héros. Assurément non ! Ils n’ont pris les armes que pour se libérer de l’injustice de l’occupant et accomplir une obligation divine.

J’avais une petite radio sur laquelle je suivais les informations. Je fus très heureux de savoir que les informations que je vous communiquais étaient reprises par de nombreuses stations, c’est un acquis pour nous. Mais je suis malheureux que certaines de ces stations soient des voleurs puisqu’elles ne citent pas leurs sources. Mais passons, le plus important est que l’information soit diffusée et que notre cause parvienne au monde. J’étais aussi très malheureux par la désinformation et le mensonge des occupants qui prétendent avoir tué et fait prisonniers des centaines de combattants. En fait il n’y a pas plus de 40 combattants tués, la plupart dans des bombardements aériens effectués par des avions lors des combats. J’ai vu de mes propres yeux leurs cadavres calcinés ou décomposés sous l’effet des gaz et des armes chimiques. De quelle victoire peuvent-ils parler ?

J’ai vu aussi, de mes propres yeux, des dizaines de cadavres pourris de leurs soldats dans les rues, aux cités Sâad Ibn Abi Wakkas et Essarai, certains ayant été tués à l’arme blanche, tant les combats étaient au corps à corps.

Quant à la « vaillante » armée irakienne fantoche, j’ai vu circuler ses véhicules avec la photo de Sistani collée sur les pare brise, comme s’il s’agissait du jour de Badr quand les Quraychites, hommes et femmes, étaient sortis, tambours battants pour combattre les musulmans- le prophète et ses compagnons. Je me suis dit alors que l’histoire se répète de nouveau. J’ai toujours en mémoire un officier (anti-irakien) tuer une brebis dans un troupeau dans un enclos. Par dépit, il s’était acharné en fait contre les brebis après avoir échoué à combattre les hommes de la résistance. Malgré la situation dramatique je me suis mis à rire à me renverser du courage de cet officier face au troupeau de brebis.

Je décèle dans tout cela un air de guerre interconfessionnelle et je crois que leur haine dépasse celle des non-croyants. Certains de ces gens étaient nos propres voisins et nous étions bons et généreux avec eux. Aucun d’entre eux n’avait à pâtir de notre comportement. Mais après le départ de Saddam, je me suis aperçu de la triste vérité. Un Salafiste de Tel Afar ne cessait pas de nous mettre en garde contre eux et nous le considérions comme un malade mental et un hargneux contre ces gens... Nous étions plutôt simplistes à l’époque.

Un jour, collé à mon transistor chéri, j’ai entendu un communiqué des forces d’occupation, dans lequel elles prétendent avoir maîtrisé les quartiers nord de Tel Afar et éliminé les « éléments terroristes ». J’étais justement là, dans une maison vide, à observer les combattants de la résistance, en nombre, là où ils avaient prétendu les en avoir chassés, se reposer. Ils avaient accompli leurs prières collectives, à haute voix et sans la moindre précipitation. Ils s’étaient attardés dans leurs génuflexions, sans la moindre crainte que celle d’Allah et avaient pleuré beaucoup.

Les 3 quartiers chiites de la ville ont été épargnés des bombardements et des destructions. C’est comme s’ils n’avaient pas entendu parler d’une offensive qui a pourtant ravagé les 7 autres quartiers et où la soldatesque de l’occupant et les supplétifs irakiens de la brigade Badr, camouflés en tenue de l’armée irakienne, avaient volé et pillé les maisons. Au cours des derniers jours ce qui a attiré mon attention c’est le comportement des agents de la garde nationale irakienne, chaque fois qu’ils rentrent dans une maison et qu’ils trouvent des signes d’appartenance chiite, des photos de dignitaires ou autres personnages chiites, ils la quittent aussitôt, considérant les lieux comme des sanctuaires. Les sunnites qui n’accrochent pas aux murs les photos des dignitaires chiites, n’ont pas les livres tels que la Tabatabai et tafsir Al Waili, voient leurs maisons en proie à l’incendie et au pillage et leurs femmes demeurées chez elles, violentées.

Je te confirme l’information que je t’avais donnée, il y a 3 jours, concernant le viol de 3 femmes sunnites par les soldats de l’occupation. L’une des victimes, Labiba, est morte à la suite de son viol collectif et j’ai suivi son cortège funèbre comme beaucoup de dignitaires religieux et nombre de personnalités locales. Elle a été enterrée dans un cimetière hors de Tel Afar, près du camp des réfugiés, le lendemain de son viol. Ce viol a incité de nombreux jeunes à s’engager dans le combat alors qu’ils ne l’avaient pas fait auparavant. C’est peut-être ainsi que nous avons eu cette victoire qui sera gravée dans les mémoires et que Labiba a eu le martyr.

Les pertes ennemies :

Les pertes ennemies au cours des 7 premiers jours de la bataille, sont consignées dans un petit carnet avec le maximum de détails. Je n’ai pas voulu me contenter des ouï-dire et c’est ainsi que je me suis déplacé jusqu’aux lieux ou près des lieux des combats pour faire mon métier et je te les enverrais plus tard.

Il y avait en tout cas 8 hélicoptères abattus: des Apaches, Cobra et Chinook. J’ai vu des mes propres yeux cinq d’entre eux, malheureusement ma caméra n’est pas suffisamment sophistiquée.

Les blindés et autres véhicules de transport militaire, Humvee, Bradley et Abrahams, je serai incapable de les compter. Ils sont plus de 110 à être endommagés, dont certains détruits complètement.
Le nombre de morts américains à Tel Afar, m’a rappelé celui de la bataille de Fellouja rapporté par nos correspondants. Ils avaient parlé à l’époque d’innombrables cadavres jonchant les rues et les terrasses des bâtiments, pour la plupart des mercenaires, vu leurs cheveux longs et leurs tatouages, des tortues, des serpents et des croix, sur leurs bras et leurs poitrines.

J’ai réussi à visiter l’hôpital de campagne et pris les photos que je vous ai envoyées. C’était vraiment très difficile, mais il me fallait faire quelque chose, même au prix de ma vie, pour démentir leurs communiqués de désinformation, sinon il me fallait fuir le champ de bataille comme l’ont fait tous les journalistes. Dieu merci, j’ai pu échapper aux indicateurs de Sistani, de la brigade Badr et autres iraniens autour de l’hôpital. J’ai réussi à cacher minutieusement ma caméra pour mettre en confiance les cadres hospitaliers et j’ai fait correctement mon travail puis je suis parti.

Ce qui m’a fait le plus peur le lendemain, c’est quand j’ai entendu les appels des occupants par haut parleur cherchant nommément les correspondants de islamemo et d’Al Jazeera. Un de mes amis m’a alors conseillé de quitter la ville ou de coller en permanence aux combattants. J’ai réfléchi un peu et j’ai choisi d’accompagner les combattants parce que j’étais certain que les forces d’occupation et leurs supplétifs ne m’épargneraient jamais.

Les Moudjahiddines furent en effet d’une très bonne compagnie. Je les imaginais des hommes aux cœurs durs, incapables de compassion, de rire ou de plaisanter, incapables de pleurer ou de quelque autre sentiment humain. J’étais dans l’erreur. J’ai découvert chez eux toutes les qualités et les vertus que je lisais dans les biographies des Compagnons du Prophète : la générosité, le don de soi, le sens de la fraternité et du partage. Au cours des maigres repas collectifs, chacun s’évertuait à donner sa maigre ration au voisin et c’est ainsi que tu vois, souvent, une part donnée par l’un d’entre eux à son voisin immédiat faire le tour et lui revenir ! Ils avaient tous peur pour moi et s’inquiétaient sur mon sort. Quand ils repartaient au combat, après de brèves poses, c’est comme s’ils allaient à la fête, enthousiastes et psalmodiant des versets de Coran. J’aurai tant souhaité que leur détermination se retrouve un peu chez les dirigeants arabes qui font le voyage à Washington et Londres.

Notre situation actuellement à Tel Afar est la suivante : 55% de la ville sont entre les mains de la résistance et 45% entre les mains de l’ennemi et de ses agents. La ville se compose de 10 quartiers, dont 3 chiites épargnés par les bombardements et toute forme de confrontation. Pas une balle n’a été tirée de ces quartiers.

Aujourd’hui, nous sommes le mardi. Les forces d’occupation ont demandé aux résistants d’engager des pourparlers. Elles se trouvent en effet dans le pétrin parce qu’elles ont promis de remettre la ville, « débarrassée de ses terroristes » à ses habitants le jeudi. Mais le problème pour les occupants est que les combats continuent à Tel Afar, peut-être pour des jours et même pour des semaines, pour peu que les résistants reçoivent de l’eau et de la nourriture.

Je ne sais comment vont évoluer les choses. Il est 18 heures. En face de moi, il y a un combattant qui se repose, étendu sur le sol, un Coran et un lance roquettes. Comment l’occupant peut-il convaincre les irakiens et le monde qu’il détient la victoire dans ces conditions, alors qu’il avait promis la même chose plus tôt et qu’il n’a pu tenir sa promesse.

Si j’aurai le même moral que les combattants après-demain, je vous transmettrai d’autres informations. Je vous envoie mon rapport aujourd’hui par l’intermédiaire de Abou (...) qui a tenu à quitter Tel Afar demain matin de bonne heure, par un sentier secret. C’est ce qui m’a obligé à vous écrire dans la hâte. Mais je te promets que dès que tout sera bien fini, par notre victoire In Cha Allah, je vous fournirai des films et des photos de la plus haute importance

(En fait, après l’avoir assassiné, les miliciens de la brigade Badr ont pillé la maison de Salem Jebouri et pris ou détruit les films et les photos :Note du Site Islammemo).

Mais attention, tu ne les auras que si tu me trouves une fiancée gentille ! Je plaisante mon ami !

Alors ami, prie pour moi, je n’ai d’autre protecteur maintenant qu’Allah, le Miséricordieux!

Salem Jebouri

Islammemo

Traduit de l’arabe par Ahmed Manai : www.tunisitri.net/

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Islammemo : envoyé spécial

Tel Afar le 18-02-2007

L’envoyé spécial de islammemo à Tel Afar a déclaré que le cadavre d’un martyr de nationalité égyptienne, mort au cours des affrontements de 2005, entre la résistance et les troupes d’occupation, a été découvert aujourd’hui sous les décombres d’un immeuble détruit par les bombardements américains. Le martyr avait ses papiers d’identité et un lance roquettes. Il s’appelle Mohamed Saïd Acchati, âgé de 26 ans et originaire de Haute Egypte.

Les médecins ont déclaré que « s’ils ne connaissaient avec exactitude la date du bombardement de l’immeuble, ils auraient dit que le martyr était mort depuis 2 ou 3 jours seulement, tant son cadavre a été bien conservé ». Le martyr a été enterré au cimetière des martyrs à Tel Afar, le dimanche après-midi.

Wednesday, February 20, 2008

L’OTAN prépare un « nouveau siècle atlantique


Un nouvel avatar du « Projet pour un nouveau siècle américain » a été élaboré pour l’OTAN par cinq généraux à la retraite, tous anciens dirigeants militaires de l’Alliance atlantique ou chefs d’état-major de ses pays membres. Attention danger. « Les armes nucléaires - y compris l’option de leur utilisation - sont indispensables puisqu’il n’y a tout simplement pas de perspective d’un monde sans armes nucléaires »… « L’utilisation en premier d’armes nucléaires doit demeurer dans les carquois de l’escalade comme instrument destiné à empêcher l’utilisation d’armes de destruction massive, afin d’éviter des risques véritablement
existentiels. »
Ce véritable appel à violer la charte des Nations unies au profit de la guerre préventive a été lancé par cinq anciens chefs d’état-major européens et états-unien - prétendant, sans honte aucune, que leur « point d’ancrage est la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies » - dans un manifeste pompeusement intitulé Vers une grande stratégie pour un monde incertain. Ce document de 150 pages a été rendu public le 10 janvier dernier, à Washington, et a été rédigé sous l’égide de l’Institut international d’études stratégiques de Londres (IISS) et de la fondation néerlandaise Noaber, proche de l’intégrisme chrétien. Il est destiné à être l’un des éléments idéologiques et politiques essentiels de la « réflexion » actuellement menée dans les capitales occidentales en vue de la transformation de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en bras politique et militaire de l’hégémonisme états-unien sur la planète.
Les auteurs en sont le général américain John Shalikashvili, ex-chef d’état-major américain sous Bill Clinton et ex-commandant en chef de l’OTAN en Europe, le maréchal britannique lord Peter Inge, le général allemand Klaus Naumann, ancien président du comité militaire de
l’OTAN, le général néerlandais Henk Van den Breemen et l’amiral français Jacques Lanxade, ex-chef d’état-major (d’avril 1991 à septembre 1995) sous François Mitterrand.
La logique de la proclamation est fondée sur deux concepts doctrinaires essentiels : le monde issu de la victoire occidentale dans la guerre froide est aujourd’hui plein de dangers et d’incertitudes menaçant les « démocraties occidentales », alors que ces dernières ont, seules, la capacité d’instaurer un monde fondé sur les « valeurs de démocratie et de liberté ». Partant de là, affirment ces théoriciens d’une nouvelle et multiforme guerre planétaire, les États-Unis
doivent pouvoir compter sur le « couple transatlantique » , dans l’optique de la constitution d’un « directoire » à trois pôles. Cette trinité qui partage « des buts, des valeurs et des intérêts
communs » serait composée des États-Unis, une alliance militaire dominée par Washington, de l’OTAN « rénovée » - expression de la « double influence effective » des USA - et de l’Union européenne élargie.
L’objectif final à atteindre serait le remplacement du « concept binaire d’une Europe en coopération avec les États-Unis » au profit d’une « alliance de démocraties allant de la Finlande à l’Alaska ». « La certitude est aujourd’hui érodée dans notre monde par une
prolifération d’informations, de savoirs et de choix. L’érosion de la certitude est accélérée par un rapide changement technologique, social et culturel. Et il arrive que ces changements aient lieu trop rapidement pour que certaines de nos institutions majeures puissent
y faire face. »
L’idée d’un monde en pleine transformation est insupportable aux auteurs. Ah, que la guerre était belle à l’époque de l’équilibre de la Terreur ! Pourrait-on dire…
La première menace serait « la démographie » car, d’ici à 2050, la population mondiale « dépassera les 9 milliards » et celle de l’Europe, qui compte aujourd’hui pour 11 % de la totalité, ne sera plus que de 7 %… Est-ce un hasard si, la veille de la publication du document, le ministre français de la Défense, Hervé Morin, déclarait à la tribune de la 44e Conférence de l’OTAN sur la sécurité, à Munich, le 9 janvier : « Face à un monde qu’on appelait, souvenez-vous, il y a moins de vingt ans, le tiers-monde et vers lequel le pouvoir bascule irrésistiblement, nous aurons besoin de nouvelles solidarités pour porter notre communauté de valeurs. Ce sont ces éléments déterminants qui nous rassemblent et doivent guider notre politique à venir. » Le rapport des généraux cite ensuite le « changement
climatique », la « sécurité énergétique », la « montée de l’irrationnel » et « l’affaiblissement de l’Etat nation ». Mais le problème le plus fondamental, selon ces penseurs de la guerre
préventive, est « la face obscure de la mondialisation », c’est-à-dire, en vrac, une « interconnexion » qui porte « en revers » « le terrorisme international, le crime organisé et la prolifération d’armes de destruction massive, mais aussi les menaces asymétriques
d’acteurs par procuration ou l’abus des pressions financières et énergétiques. Les migrations continuent à lancer des défis au monde, ainsi que des maladies dramatiques comme le sida ».
« Toutes ensemble, ces menaces mondialisées sont à grande échelle et d’une complexité sans précédent. »
Une « défense soutenue » sera exercée « dans nombre de scènes et recouvrira nombre de domaines traditionnellement séparés ». Elle exigera « une volonté de frapper dur avec la force militaire quand ce sera nécessaire ». L’« asymétrie (des forces mises en oeuvre - NDLR) sera utilisée par toutes les parties en conflit, ce qui signifie que, nous aussi, nous devons être bien mieux préparés à l’inattendu et faire en sorte que la partie opposée ne sache jamais comment, où et quand nous agirons. (…) L’escalade nucléaire est le pas ultime d’une réponse asymétrique (du fort au faible - NDLR) et, dans le même temps, c’est le moyen le plus puissant d’induire l’incertitude dans l’esprit d’un opposant ».
Face à ce monde dont les hordes barbares assiégeraient l’Occident « civilisé », il ne peut y avoir d’autre solution que la « prévention », mais pas n’importe laquelle. Celle de l’« anticipation des menaces » et du « maintien à l’écart des risques ». Et, pour bien montrer qu’en fin de compte, l’arme nucléaire n’est qu’un instrument d’action préventive banale, les généraux affirment qu’il est « essentiel de maintenir cette dimension de guerre psychologique pour avoir le dessus sur la capacité de l’opposant à calculer les risques ». Notons au passage que le concept d’« ennemi » est remplacé par celui d’« opposant », un terme bien plus large et imprécis permettant toutes sortes d’interprétations…
Ce concept délétère de frappe « préventive » est directement issu de la doctrine bushienne d’« invulnérabilité préventive ». Une doctrine largement défendue par l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, et adoptée également par le pouvoir français.
Déjà, en janvier 2006, Jacques Chirac avait affirmé être disposé à lancer - notamment en cas de contestation de nos « sources d’approvisionnement » ou de « menace terroriste » de la part d’un État - une attaque nucléaire préventive, même contre un pays non
nucléaire. Dans le même temps, Washington, comme Londres et Paris, procède au perfectionnement de l’arme nucléaire, contrairement au principe même du traité de non-prolifération (TNP). « Les opérations en cours en Irak et en Afghanistan ont montré que
les structures actuelles des forces de la plupart des États occidentaux ne sont pas pleinement capables de répondre aux défis militaires présents. Tandis que les membres de l’OTAN investissent dans de nouvelles capacités (d’armement - NDLR), nombre de ces dernières ne sont prévues que pour l’ère géographique de défense de l’OTAN. (…) Les membres de l’OTAN (européens, bien sûr - NDLR) n’ont pas la volonté d’investir dans des capacités exigées aujourd’hui et leurs budgets de la défense ne reflètent pas les priorités. »(…) « Le commandant "de théâtres" devra "détenir l’autorité opérationnelle" et, le cas échéant, on devra lui attribuer "une pré délégation de capacité de riposte (…) lorsqu’on n’aura pas le
temps d’attendre une décision dans ce sens du conseil" de l’Alliance, comme par exemple dans le cas "d’une attaque par missile ou d’une cyberattaque" . »
Le moment est donc venu, affirment les ex-chefs d’état-major, de réformer l’OTAN - « unique organisation à la fois politique et militaire » - pour développer et exploiter à plein ses capacités d’intervention partout dans le monde.
Il s’agit, par conséquent, de donner une autorité en quelque sorte supranationale à l’OTAN toujours, cela va sans dire, sous la haute autorité des États-Unis. Tout d’abord, « l’OTAN devrait abandonner le principe du consensus à tous les niveaux, à l’exception de celui du
conseil ». Ensuite, « uniquement les États qui contribuent à une mission - c’est-à-dire par des forces armées dans une opération militaire - devraient avoir le droit de décider du processus de l’opération ».
Dans ce contexte, les cinq généraux intiment à l’Union européenne de mettre fin à son « obstruction à la coopération UE-OTAN » et de tout faire pour devenir « le véritable et indispensable partenaire des États-Unis » afin d’agir dans « l’intérêt commun transatlantique ».
À Munich, le 9 janvier dernier, paraphrasant Nicolas Sarkozy, Hervé Morin a affirmé : « Je considère pour ma part que nous faisons partie d’une communauté euro-atlantique, une communauté de valeurs qui repose sur des fondements philosophiques communs, sur les mêmes fondations. » Et, a-t-il ajouté, « l’Europe doit en effet faire plus pour partager le fardeau de sa défense, mais les nations européennes ne le feront que si elles prennent conscience de leurs propres responsabilité s, et cette conscience-là ne viendra que si elles sortent de l’infantilisation dans laquelle on les confine. (…) Et on voit bien que l’Union européenne, ce n’est pas moins d’Alliance mais plus de forces - de ce réservoir de forces qui sont au service de l’Alliance et de l’Union européenne ». Quant à la France, son « regard sur l’OTAN a nécessairement changé, et suscité naturellement une réflexion renouvelée sur la relation que nous devons entretenir avec elle, en tant qu’allié et force de proposition ».
Toutes ces « réflexions » convergent vers une même direction : celle tracée par le « Projet pour un nouveau siècle américain » (PNAC), élaboré en 1997 par les idéologues néoconservateurs arrivés au pouvoir en 2000 avec W. Bush. Une doctrine devant conduire à
l’hégémonie planétaire des États-Unis - une obligation par « destin
manifeste », disent-ils -, dont le texte des cinq généraux est en quelque sorte une mise à jour : face aux échecs des guerres états-uniennes, il y a urgence de faire de l’OTAN une armée de
réserve offensive pour tenter d’empêcher l’inévitable formation d’un monde aux pôles multiples avec une autonomie croissante.
Il est significatif que le manifeste explique que l’Alliance doit développer « une stratégie d’information » afin de démontrer « au monde que l’OTAN est une force du Bien », afin qu’elle « détienne la maîtrise de l’information dans les relations publiques » et de faire en
sorte de « gagner les coeurs et les esprits aussi bien de ses propres nations que des gens du théâtre d’opérations »…
L’hégémonisme est donc bien résistible : les opinions publiques - pas seulement en Occident - sont là pour dire que des solutions existent pour répondre durablement et pacifiquement aux crises et régler les conflits existants. Encore faut-il faire en sorte qu’elles soient mises en oeuvre.
Michel Muller

LES FEMMES DU HAMAS

Nous le savons. Depuis toujours, la femme musulmane est, pour beaucoup (mais pas tous heureusement) de nos intellectuels occidentaux, nos orientalistes et nos hommes ou femmes politiques, le nerf de guerre qui permettrait de « moderniser » et de « civiliser » les musulmans et d´en faire des gens mondains et raffinés.

C´est pour cela il ne se passe pas une occasion sans que ces grands esprits héritiers des Lumières ne nous chantent les louanges d´une héroïne nouvelle, ou remise à neuve, présentée comme une femme musulmane émancipée, ni pute ni soumise, et qui lutte contre « l´obscurantisme » de l´Islam et le machisme de ces hommes.

Et voilà qu´un autre type de femmes musulmanes se montre au grand jour. Elles sont convaincues, cultivées, et elles se battent à côté des hommes. Elles dérangent alors beaucoup.

Voici le portrait de ces femmes « soumises ».

Les femmes du Hamas

Elles sont dans toutes les institutions, dans les mosquées, dans les rues, aux frontières et dans les brigades d´Al-Qassâm.

Vendredi 01 février 2008

Ramallah : Kifâh Zeboun

Ash-sharq Al-Awsat

Le mouvement de la résistance islamique (Hamas) a largement réussi à gagner ses derniers combats (politique et militaire), voire à briser le blocus imposé à Gaza en détruisant les barrières aux frontières avec l´Egypte. Les hommes du mouvement, qualifiés de durs par leurs adversaires, n´étaient pas les seuls à être derrière ces succès, bien au contraire, le mérite revenait souvent à une « armée » organisée qui, parfois, était en tête de ces batailles, ou qui se battait comme un soldat inconnu, ou qui, d´autres fois, était la tête de lance du Hamas. C´est « l´armée des femmes du Hamas ».

Nous n´exagérons pas en disant « l´armée des femmes du Hamas », car c´est une armée bien organisée dont le rôle s´est révélé fort et important dans son soutien au mouvement, lui permettant de gagner les dernières élections législatives en 2006. Et c´est cette même armée qui a forcé le passage frontalier à Rafah le mois dernier, en sensibilisant l´opinion publique et en gagnant sa sympathie avant l´arrivée des hommes avec les explosifs.

Aussi, dans les festivals « islamiques » du Hamas, contrairement à ceux du Fatah le « laïc », dans les campagnes électorales, dans les universités et les écoles, et dans les villes, les villages et les rues, on trouve les femmes du Hamas assurant une présence forte, remarquable, et apportant un grand support. Elles lèvent les drapeaux, elles sortent dans les manifestations, elles lancent les cris d´Allahu-Akbar, elles apportent leur soutien, elles forment des délégations pour rendre visite, pour encourager et pour appuyer, et elles organisent des cercles de discussion dans les maisons et les mosquées. Beaucoup de ces femmes dirigent des associations, des écoles, et des institutions caritatives islamiques.

Ceci est, pour beaucoup d´observateurs, un paradoxe qu´ils n´arrivent pas à expliquer, car ils supposent, comme prétendent les adversaires du Hamas, que ce mouvement est « plus dur et plus fermé » en comparaison avec la liberté présumée donnée aux femmes du Fatah, un mouvement qui a toujours insisté sur les droits des femmes dans l´égalité et dans les rôles de direction.

Il est probable que la divergence entre le Fatah et le Hamas soit apparue profonde depuis le début du deuxième Intifada, où le Fatah avait autorisé à ses femmes de participer activement dans la résistance contre l´occupation. Ce n´était alors ni un sujet d´étonnement ni un sujet de polémique pour personne, car le Fatah avait déjà envoyé Dalâl Al-Maghribi en 1978 avec 11 autres fidayîn à travers la mer, pour réaliser l´une des opérations les plus célèbres où 36 israéliens furent tués. Et en 2002, les brigades des martyrs d´Al-Aqsa, le bras armé du Fatah, ont envoyé, au début du deuxième Intifada, la première fille à se faire exploser pendant l´Intifada.

Wafaa´ Idrîss était une militante dans le mouvement Fatah, elle était belle et elle travaillait au croissant rouge palestinien. Elle s´était fait explosée le 27 janvier 2002 en touchant plus de 70 Israéliens à Jérusalem-Ouest. Le 30 janvier 2002, les brigades des martyrs d´Al-Aqsa ont revendiqué l´opération en déclarant : « C´est la femme martyre héroïque, et fille fière des brigades, Wafaa´ Ali Idrîss, âgée de 26 ans et habitante la citadelle d´endurance du camp Al-Amaari, département de RamAllah, qui a accompli l´opération ».

A l´époque, le Hamas freinait la participation des femmes à la résistance, notamment la réalisation des opérations martyres. Des dirigeants du mouvement avançaient alors comme prétexte la nature traditionnelle conservatrice de la société palestinienne, et des recommandations religieuses qui interdisaient l´éloignement de la femme ou son voyage sans la compagnie d´un homme `mouhram´ (son mari ou un homme qui ne peut se marier avec cette femme comme le père, l´oncle, le frère, etc., afin d´assurer sa protection, ndt). Mais ceci n´était pas la position de tous les mouvements islamiques. A titre d´exemple, le mouvement du Djihad Islamique envoyait ses femmes pour accomplir ce genre d´opérations.

Cette position du Hamas n´a pas duré longtemps, et la première opération martyre féminine pour le Hamas fut accomplie par Rîm Rayâshi en janvier 2004. Ce fut une surprise, et feu le cheikh Ahmad Yassine, le fondateur du Hamas et son chef spirituel, déclara alors : « le temps du djihad de la femme palestinienne vient de commencer ». Des proches du cheikh Yassine affirmèrent qu´il voulait exercer de la pression sur les Israéliens en leur disant que même nos femmes pouvaient se faire exploser dans vos figures. Dans la littérature du Hamas, la femme joue un rôle de support dans le djihad, elle est considérée comme responsable de l´éducation de la jeune génération, elle a un rôle de soutien et d´encouragement, et aussi un rôle dans l´enseignement et dans les soins médicaux durant les batailles et les guerres, entre autres.

Mais le rôle des femmes du Hamas s´est élargi et a pris d´autres dimensions plus profondes et plus globales. L´analyste politique Abdussatar Qassim dit à Ash-Sharq Al-Awsat : « Ils se basent sur les enseignements islamiques, et ce sont des enseignements qui incitent au travail pour l´intérêt public ». Selon Qassim, le mouvement du Hamas « est plus engagé et plus organisé que le mouvement du Fatah. Et il réussit mieux dans l´exploitation de toutes ses capacités ». Qassim souligne aussi que le Hamas est un mouvement dogmatique et discipliné, et qu´il a réussi à faire jouer à ses femmes un rôle axial et important. Il poursuit : « Elles ont redoublé d´efforts durant les dernières élections législatives. Elles ont animé des cercles d´études et d´orientation dans les mosquées et les différentes institutions, elles ont organisé des visites de terrain dans les communes, les villages et les camps ». Qassim insiste sur l´existence de deux raisons principales qui expliquent le succès des femmes du Hamas : le respect des enseignements de l´Islam, et le respect des consignes du mouvement. Et il ajoute qu´on ne peut pas comparer entre le Hamas et le Fatah, car le premier est un `tanzim´ (un système organisé et discipliné, ndt), et le deuxième ne l´est pas.

Djamila Ash-Shanti, l´une des plus remarquables dirigeantes de la mouvance féminine du Hamas, et membre de l´assemblée législative, révèle l´existence d´un tanzim féminin dans le tanzim [du Hamas]. Elle déclare à Ash-Sharq Al-Awsat : « Nous avons notre tanzim, nous ne sommes pas des suiveuses au sein du Hamas, nous avons nos propres positions, nous nous opposons souvent aux hommes, nous n´acceptons pas tout, nous proposons, nous planifions, nous décidons, nous débattons, et nous disons non et nous réalisons ce que nous considérons comme le plus adéquat ». Selon Ash-Shanti, il n´y a rien d´improvisé, d´ailleurs elle ne croit même pas qu´un travail sans organisation puisse réussir. Elle dit : « Nous sommes plus proches des gens que les femmes laïques. Nous sommes dans les mosquées, chez les martyrs et les blessés, dans les manifestation, dans les affrontements et dans la percée des frontière (en allusion à l´action de forcer le passage du Rafah entre Gaza et l´Egypte). Cependant Ash-Shanti n´y voit aucune nouveauté. Elle dit que c´est la voie du Hamas depuis toujours. Selon elle, le cheikh fondateur Ahmad Yassine travaillait sur le tanzim des hommes tout en suivant en parallèle le tanzim des femmes. En cela, Ash-Shanti veut dire que les femmes forment un tanzim indépendant qui a sa propre existence. Et elle cite comme exemple les préparations qui avaient précédé les élections législatives en déclarant : « Nos avons préparé notre plan global pour la campagne et les hommes ont préparé le leur. Et quand nous avons échangé les plans pour en prendre connaissance, ils ont découvert que le notre était meilleur ». En réponse à la question de savoir s´il y a une compétition avec les hommes. Elle dit : « Oui, mais c´est une compétition dans le cadre du mouvement unifié. D´ailleurs ils [les hommes] nous y encouragent ».

D´autre part, Ash-Shanti est d´accord avec Dr. Qassim que l´Islam est le mobile et le moteur principal. Elle dit : « C´est ainsi que l´Islam nous a enseigné. Il nous demande d´entrer en communion avec les gens, leurs affaires, leurs problèmes et leurs soucis ». Et elle ajoute : « Nous, au Hamas, avons mis en pratique l´égalité réclamée par les laïcs. Nous, les femmes, asseyons avec les hommes aux niveaux politique et militaire, dans les assemblées de concertation et de prise de décisions et aussi dans les brigades d´Al-Qassâm. Nous avons également nos propres institutions que nous gérons seules ». Ash-Shanti attribue le soutien du Hamas à sa partie féminine à « la confiance considérable » que le mouvement avait accordée dès l´origine à ses femmes dans tous les domaines, et elle ajoute : « Nous ne sommes pas faibles dans le Hamas, nous avons nos décisions et nous avons nos positions ».

Selon Ash-Shanti, ce sont les femmes du Hamas qui ont fait évoluer le concept de « la mosquée ». Elle dit : « Toutes les femmes de tous les groupes viennent à la mosquée. La mosquée n´est pas qu´un lieu de prière et de prêche religieux, c´est aussi un centre pour organiser les réunions sur les questions politiques, culturelles, sociales et de santé, et aussi pour projeter des films vidéos. Nous l´avons transformé en un concept de `club´ ». Ash-Shanti parle avec beaucoup de fierté de l´expérience de l´aile féminine à l´intérieur du Hamas et de leur capacité à former un « tanzim capable de faire changer les choses ».

Il est manifeste que la participation des femmes du Hamas ne se limite pas au travail populaire de mobilisation et d´orientation. Les femmes du mouvement suivent tout autant que les hommes, des entraînements militaires avancés dans les arts de combat. Il y´en a parmi elles des combattantes dans les brigades d´Al-Qassâm, le bras militaire du Hamas. Cependant, Ash-Shanti nie l´existence d´une armée militaire féminine comme on prétend, mais elle reconnaît que les femmes reçoivent des entraînements militaires pour être prêtes à affronter des situations imprévues, et elle affirme qu´il y a des familles entières qui suivent les entraînements, l´homme, son épouse, ses soeurs et ses filles, mais volontairement sans aucune contrainte.

C´est un constat que le Hamas insiste à affirmer qu´il estime, qu´il honore et qu´il se sent concerné par le rôle de la femme. Bien avant les élections législatives, le mouvement a sorti un communiqué à l´adresse de la population où il a déclaré : « Il est temps que la femme palestinienne joue son vrai rôle, et que la société reconnaisse l´importance de ses sacrifices et de ses efforts. Elle est la mère, la soeur, l´épouse et la fille qui forme les créateurs, les héros, les martyrs et les générations du futur. Le Hamas oeuvrera à ce que la femme ait sont rôle dans l´assemblée législative, qu´elle soit à côté de l´homme dans la direction du combat contre l´ennemi, et qu´elle légifère les lois qui protégeront la femme et ses droits. Le Hamas combattra toutes les tentatives de marginalisation du rôle de la femme ou de le rendre superficiel ».

Et c´est effectivement ce qui s´est passé. Car le Hamas a veillé, avec beaucoup d´intelligence, à présenter comme candidates des personnalités académiques et influentes, et des épouses des dirigeants « martyrs » du mouvement, ce que les Palestiniens ont alors considéré comme un acte de loyauté et d´honneur du mouvement envers ses hommes et ses femmes qui se sont sacrifiés. Il était difficile d´entrer en compétition contre une femme comme Mariam Farhât, alors qu´elle était la mère de trois combattants du Hamas qui avaient été tués par les Israéliens, et alors que son fils lui avait laissé une vidéo d´adieu avant d´attaquer une colonie israélienne en tuant cinq israéliens. Le Hamas se plait à l´appeler « Al-Khansaa´ de la Palestine » ou la « mère des martyrs » (Al-Khansaa´ bint Omar est une poétesse de la période pré-islamique convertie à l´Islam au temps du Prophète Mohammad. Elle est considérée comme la mère des martyrs, car après la mort de son quatrième enfant lors de la bataille d´Al-Qadissiyya, elle ne porta pas le deuil, remerciant plutôt Allah de l´avoir honorée de la mort martyre de ses quatre enfants, ndt). Elle a d´ailleurs été filmée pour annoncer sa candidature aux élections en portant une arme.

Six femmes du Hamas ont gagné dans les élections. Quelques unes ont été désignées comme ministres, comme Mariam Sâleh qui était devenue ministre des affaires féminines avant que le gouvernement du Hamas n´ait été destitué suite aux combats à Gaza. Elle est aujourd´hui détenue en Israël avec d´autres collègues députés. Mais malgré la destitution du gouvernement et le contrôle du Fatah sur la Cisjordanie, le rôle des femmes du Hamas n´a pas régressé, mais a pris la forme des protestations contre l´autorité du Fatah. Elles se sont même accrochées avec les appareils de sécurité à Ramallah et à Nablous plus qu´une fois. Ces appareils de sécurité voient dans une femme comme Mouna Mansour, l´épouse de Djamâl Mansour, un important dirigeant du Hamas assassiné par Israël, une femme provocatrice qui oeuvre contre la stabilité en Cisjordanie.

Des femmes du Fatah reconnaissent qu´elles ne se sont rendues compte que tardivement du rôle de la mosquée dans la mobilisation des gens. Le Fatah était probablement confiant, comme le confirmaient certains de ses membres, qu´il allait gagner les voix des femmes, en considérant qu´il portait le drapeau de la libération. Mais les voix sont allées pour le Hamas qui a une attitude plus stricte et qui respecte des recommandations plus contraignantes en ce qui concerne la tenue vestimentaire par exemple. Ainsi, il n´est pas possible de voir une femme du Hamas sans le foulard et sans la tenu officielle `al-djilbâb´ (une sorte de manteau qui couvre tout le corps de la femme, ndt). Quelques unes portent aussi `al-niqâb´ (une couverture du visage, ndt), et aucune ne serre pas la main aux hommes. Ash-Shanti dit que les laïc ne comprennent pas l´Islam, il n´est pas dur et notre rôle devient de plus en plus important, et nous allons donner une vraie image de l´Islam. Ils [les laïcs] ne respectent pas leurs femmes comme le Hamas respecte ses femmes. Nous partons avant tout des convictions religieuses, dont la plus importante est de suivre la voie médiane, ce qui est une question que même des gens religieux peuvent ne pas comprendre.

http://www.aawsat. com/details. asp?section= 45&article=456489&issue=10657



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