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Friday, July 17, 2015

Pourquoi Lamamra se rend à Tunis

LUTTE ANTITERRORISTE, BASE DE DRONES ET SÉCURISATION DES FRONTIÈRES

Pourquoi Lamamra se rend à Tunis

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Les Américains veulent établir une base de drones en Afrique du Nord pour lutter contre les groupes terroristes affiliés à DaeshLes Américains veulent établir une base de drones en Afrique du Nord pour lutter contre les groupes terroristes affiliés à Daesh
La rapidité de la réaction européenne est on ne peut plus étonnante, que la Tunisie dispose d'institutions crédibles.
Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra était hier à Tunis dans le cadre d'une visite de travail. 
Reçu par le président Beji Caïd Essebsi, Lamamra était porteur d'un message du président Bouteflika à son homologue tunisien. Même si la missive du président de la République n'a pas été rendue publique, il n'est pas difficile d'en imaginer le contenu au regard du développement de la situation dans la région. Deux faits majeurs ont certainement motivé la mission du ministre des Affaires étrangères.

Il y a d'abord, la volonté des Américains d'établir une base de drones en Afrique du Nord au motif de lutter contre les groupes terroristes affiliés à Daesh. Le second fait qui justifie le déplacement de Lamamra est en rapport avec la déclaration d'un haut responsable allemand qui, ouvertement, a suggéré une mission européenne pour contrôler les frontières de la Tunisie.

Ce développement de la situation à la frontière est du pays, n'est pas pour plaire à Alger qui voit les Occidentaux faire table rase des enseignements pris auprès de l'Algérie dans le sens d'une non-ingérence au Maghreb. Et pour cause, une base de drones et des militaires européens en Tunisie constituent autant de menaces d'une sur-militarisation de la région, ce qui aggraverait la situation sécuritaire en Tunisie et au-delà dans toute l'Afrique du Nord.

Cette accélération des événements au lendemain de l'attaque terroriste de Sousse a de quoi susciter des interrogations en Tunisie, mais aussi en Algérie, dont la profondeur sécuritaire s'en trouve perturbée par tant de décisions émanant de puissances occidentales.
Ceci risque de chambouler la donne stratégique dans la région.

La rapidité de la réaction est on ne peut plus étonnante, que la Tunisie dispose d'institutions crédibles, légales et soutenues par la société. Les Occidentaux orientent les choses vers la thèse d'un Etat tunisien faible et incapable d'assurer sa propre sécurité. Cette thèse repose sur deux attentats perpétrés par trois terroristes en tout.

Il est difficile de croire que tout une armada de pays occidentaux se mette en mouvement pour si peu. Pourtant, la France a été touchée de plein fouet par deux terroristes et il y a une dizaine d'années le Maroc a été le théâtre d'une série d'attaques suicides, sans que l'on voit un déploiement aussi massif.

C'est dire donc, que le plan était sur la table, y compris le statut d'allié stratégique de l'Otan décerné à la Tunisie par les USA.

La visite de Lamamra intervient donc dans un contexte assez trouble où la Tunisie semble céder aux pressions étrangères, quitte pour ce faire, à travailler contre ses propres intérêts et ceux de l'Algérie. Faut-il rappeler que les relations entre les deux Etats traversent actuellement une période de froid, en raison de l'alliance que Tunis a contractée avec l'Otan. La base de missiles et des militaires européens aux frontières tunisiennes ne sont certainement pas étrangers au statut privilégié accordé à la Tunisie.
Un statut qui ne lui ouvre pas les portes de l'investissement européen dans l'économie, ni l'encouragement de visiter le pays par les touristes. Le rapatriement des touristes danois et britanniques par leurs gouvernements atteste d'une volonté, non pas de sauver la Tunisie, mais d'assurer la sécurité du Vieux Continent sur le dos des pays d'Afrique du Nord.

La brèche ouverte par Beji Caïd Essebsi aura des conséquences à long terme, si les Occidentaux parviennent à leurs fins. C'est sans doute le fond du message du président de la République.

En effet, les Tunisiens qui perdent pour un temps un pan de leur économie après les attentats de Tunis et de Sousse, ne doivent pas hypothéquer leur souveraineté sur la base de promesses américaines et européennes qui ne seront certainement pas tenues. Lamamra aura la difficile mission de convaincre les dirigeants tunisiens de revoir leur copie et de ne pas céder à la panique. Ce ne sont pas trois terroristes qui feront balancer tout un pays dans l'inconnu.

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