Syrie : Le Sommet des non-alignés à Téhéran… gifle
retentissante à l’impérialisme occidental ?
De Amin Hoteit
Global
Research, septembre 01, 2012
Pour Laurent
Fabius, ministre français des Affaires étrangères, est « coupable »
tout Syrien qui soutient les autorités syriennes, et donc le peuple syrien,
dans une guerre non déclarée par terroristes interposés promus au rang de
révolutionnaires admirables… Ce Syrien là est non seulement coupable mais aura
à « rendre des comptes »… ! Voilà les bribes de phrases
accidentellement entendues sur une chaîne de télévision française le 30 Août
2012… Accidentellement, parce qu’il n’est plus supportable de les écouter
mentir, volontairement ou par mimétisme, à longueur de jours et de nuits…
surtout lorsque Monsieur le Ministre après avoir bien fait pleurer dans
les chaumières, en inversant les rôles, use de la phrase magique : « nul
ne pourra dire qu’il ne savait pas ! ».
Monsieur le
Ministre … ils savent ! Ces syriens qu’ils soient des opposants patriotes
ou de purs loyalistes connaissent la réalité syrienne mieux que vous ne la
connaîtrez jamais et sont loyaux à l’égard de la Syrie et de la France au
moins autant que vous l’êtes… au moins ! Si les hasards de la vie ont fait
qu’ils ont adopté la nationalité française… rien, absolument rien, ne les
condamne à trahir leur patrie d’origine sur vos conseils… rien ne les oblige à
rejoindre les marionnettes désarticulées des « opposants made in
France ». D’autant plus que des personnalités éminentes de ce pays ne se
dérobent plus pour dire et écrire que votre « diplomatie » va à
l’encontre des intérêts et des valeurs de la France quelles que soient ses difficultés
actuelles, et que la grande majorité de la vraie « communauté
internationale » ne dit pas le contraire et vous le fait savoir [NdT].
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Dès la
première semaine de sa présidence du Conseil de sécurité, la France a tenu à
fixer le 30 Août pour la convocation d’une réunion destinée à
« discuter du cas syrien » ; ce qui pose la question de
savoir pourquoi elle a choisi une date aussi tardive malgré l’accélération des
événements sur le terrain et l’évolution de la situation politique, notamment
depuis que Mr Kofi Annan a été poussé à démissionner de son poste d’émissaire
onusien chargé d’apporter une solution pacifique à la crise.
Avant
d’examiner cette question nous rappelons que, dès le début de « la crise
syrienne », la France a joué un rôle de premier plan non seulement par son
ingérence à tous les niveaux mais aussi en se posant comme « le pays
d’accueil » d’une prétendue « opposition syrienne » qui s’est
traduite sur le terrain par le terrorisme tuant et déplaçant les Syriens… En
effet, le gouvernement français a contribué avec ceux de quatre autres pays
[États-Unis, Turquie, Arabie saoudite, Qatar] à encourager les actes
terroristes en Syrie et à empêcher toute solution politique fondée sur le
dialogue national entre Syriens de tous bords, se révélant de plus en plus
pressé de se débarrasser des autorités syriennes pour leur substituer un
gouvernement inféodé à l’Occident et de préférence à lui-même !
Il est
évident que la France ne décide pas seule de son degré et de son timing
d’ingérence dans les affaires syriennes, mais qu’elle agit en parfaite
coordination avec « le camp des agresseurs de la Syrie sous direction
US », d’où le choix du 30 Août dicté par les besoins et objectifs de ce
camp et se rapportant à deux raisons principales.
1. La
première raison correspond à leur volonté de préparer l’environnement
international à une résolution du Conseil de sécurité qui puisse leur permettre
d’atteindre leurs principaux objectifs en Syrie et dans la région, après avoir
levé les obstacles engendrés par les vetos de la Russie et de la Chine qui ont
fait échouer le plan échafaudé pour justifier leur ingérence en Syrie. C’est
pour cela que chacun de ces cinq gouvernements, à commencer par celui de la
Turquie, s’est remis aux lamentations humanitaires et à la promotion de zones
tampons ou « zones de sécurité pour terroristes » tout en appelant
à la formation d’un « Gouvernement de transition » qu’il serait
prêt à reconnaître ! Mais pour autant, les groupes terroristes n’ont pas
cessé de perpétrer assassinats et massacres d’une bestialité sans
pareille dans plusieurs régions syriennes, notamment à Darraya et Germana près
de Damas [*] ; ce qui, à notre avis, ne modifiera en rien l’opinion de
tout observateur raisonnable. En effet :
1.1.
Concernant les couloirs humanitaires, les zones tampons ou de sécurité…
il n’est pas inutile de rappeler que la Russie et la Chine persistent dans leur
refus de toute ingérence et dans leur soutien à la « Déclaration de
Genève » qui ne reconnait que la solution du dialogue sans aucune atteinte
à la souveraineté de l’État syrien. Par conséquent, s’entêter à créer de telles
zones, en dehors du Conseil de sécurité, signifie la guerre contre la
Syrie menée par ce même camp et donc par l’OTAN dont nous connaissons les
réticences face aux risques d’une nouvelle guerre, ainsi que les insuffisances
militaires surtout depuis que l’Iran a fait savoir sa ferme décision
d’intervenir en cas d’agression. C’est ainsi que nous comprenons les paroles du
Président syrien et de ses alliés qualifiant d’ « irréalistes »
ce subterfuge de « zones… », quel que soit le nom qu’on leur
donne !
1.2.
Concernant le « Gouvernement de transition » que la France
exige et se hâte de concocter s’imaginant que « les multiples oppositions
syriennes », qui n’ont même pas réussi à se mettre d’accord sur un Conseil
unique qui les réunisse alors qu’elles sont sans autorité aucune, puissent
construire une autorité gouvernementale représentative des Syriens, sans terre,
sans peuple, et sans autre pouvoir que celui « du terrorisme sous ordre
multinational ». Une telle exigence est donc toute aussi inefficace et
irréaliste que la précédente !
1.3. Reste l’exploitation de la carte
des « massacres à répétition » manifestement programmés avant chaque
réunion du Conseil de sécurité consacrée au cas syrien pour être faussement
attribués à l’Armée et aux autorités syriennes… Il va sans dire qu’elle est
désormais grillée et obsolète aux yeux de bon nombre d’États puissants de la
planète, maintenant que le monde s’est divisé en deux camps plus que méfiants
l’un vis-à-vis de l’autre !
2. La deuxième raison correspond à
leur volonté de nuire à l’Iran et de perturber le « Sommet du
Mouvement des non-alignés » prévu à Téhéran le 30 Août justement, ce même
jour choisi par la France pour la réunion du Conseil de sécurité sous sa
présidence, depuis qu’avec ses alliés elle a clairement pressenti que le succès
de ce Sommet serait une gifle retentissante donnée par l’Iran à l’Occident et
plus particulièrement aux USA qui n’ont cessé de tenter de l’intimider
militairement, de l’isoler diplomatiquement, et de lui imposer un blocus
économique de plus en plus serré sous l’éternel prétexte de son ambition nucléaire
qui menacerait la paix. Mais malgré le mépris des médias occidentaux faisant
comme si un tel Mouvement n’existait pas, et malgré toutes les tentatives
occidentales pour boycotter sa réunion en faisant pression sur tel ou tel
gouvernement pour en réduire le niveau de participation, semer la zizanie entre
les participants, et surtout jeter le doute sur ses décisions et
recommandations, le Sommet de Téhéran est une réussite puisqu’il a abouti à ce
qui suit :
2.1. Le rééquilibrage des relations
internationales après dépoussiérage du « Mouvement des non-alignés »
en déclin depuis la disparition de trois de ses dirigeants historiques [Nasser,
Tito et Nehru] et la dissolution de l’Union soviétique. Un rééquilibrage qui
constitue une nouvelle étape sur la voie d’un monde multipolaire après celle
des trois double-vétos russes et chinois qui ont empêché les États-Unis
d’utiliser « le Conseil de sécurité » pour mettre en œuvre leurs
politiques d’agression et les ont poussés, en désespoir de cause, à
solliciter « l’Assemblée générale des Nations Unies » pour
camoufler leur échec et faire croire qu’ils contrôlaient toujours la
« communauté internationale ». Un rééquilibrage rendu possible par la
volonté de 120 pays réunis à Téhéran autour de décisions justes et rationnelles
pour le bénéfice de tous les peuples et loin de toute soumission aux diktats de
la seule puissance US. Il n’est donc pas exagéré de dire que nous avons assisté
à une « seconde naissance du Mouvement des non-alignés », à
l’initiative de l’Iran, prélude certain d’un nouvel ordre mondial !
2.2. La démonstration du ridicule de la
logique de certains gouvernements occidentaux et de leurs médias hostiles à
l’Iran qui, par son accueil à tous ces pays du monde réel, reprend sa juste
place dans le cortège des nations de la communauté internationale malgré toutes
leurs allégations contraires.
2.3. Un éclairage nouveau sur la réalité
d’un pays musulman qui a réussi sa révolution et son indépendance en mettant
ses richesses et ses capacités au profit de réalisations nationales
incontestables et à l’abri de toute hégémonie ou servitude étrangères, ce dont
les Iraniens ne sont pas peu fiers !
2.4. La recherche sincère d’une
solution à la crise syrienne par le respect de la volonté du peuple
syrien, seul habilité à décider en toute indépendance de la composition de son
gouvernement qui ne saurait arriver sur les chars des forces
d’occupation… La simple adoption d’une telle position par le
« Sommet des non-alignés » est susceptible de conduire à l’échec de
tous les plans US et de ses suiveurs à l’Assemblée générale des Nations
Unies.
2.5. La résistance face à
l’hégémonie US et au colonialisme occidental en plus de la remise en
question du fonctionnement des instances internationales et de la
restructuration du Conseil de sécurité… Même si nous sommes conscients que ces
révisions ne se réaliseront pas de si tôt, il n’en demeure pas moins que
ce Sommet qui a réuni les deux tiers des pays du monde se dirige dans
cette direction ; ce qui met au défi l’Occident et plus particulièrement
les États-Unis confrontés à la volonté de la communauté internationale
réclamant la justice et la stabilité.
Globalement,
nous pouvons donc dire que « le Sommet des non-alignés qui s’est
tenu à Téhéran » est un épisode supplémentaire de la série des victoires
de l’Iran et de ses alliés qui, ajouté aux épisodes précédents, constitue un
camouflet à l’Occident en situation d’échec, et augure d’un Nouvel Ordre
Mondial plus équilibré et d’un Moyen Orient appartenant à ses peuples !
Dr Amin Hoteit
31/08/2012
Article
original : Al-tayyar
قمة عدم
الانحياز في ايران … صفعة بوجه الغرب ؟
(العميد امين
حطيط)
Article
traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca
[*]Déraya –
comment un échange de prisonniers raté s’est transformé en massacre
Par Robert Fisk The Independent, le 29 août
2012
Traduction
[JFG-QuestionsCritiques]
Le Docteur Amin
Hoteit est libanais, analyste politique, expert en stratégie militaire, et
Général de brigade à la retraite.
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