Tunisie – Le Capitaine Imed Hizi, l’homme qu’ils devaient (mais qu’ils n’auraient pas du) abattre
Le
capitaine Imed Hizi aura décédé aussi discrètement qu’il aura vécu. Une
si courte et pourtant si riche, vie remplie de prouesses et d’exploits.
Imed Hizi aura vécu comme ses frères et cousins, les nobles seigneurs
des hauteurs de Kasserine, humblement mais fièrement. Imed a été élevé
parmi les aigles qui ont de tout temps survolé les hauteurs du Chaâmbi,
en digne fils de cette région qui a si bien su nourrir ses enfants
d’amour de la patrie et de mépris du danger.
C’est parce que le capitaine Imed Hizi
est né au sommet du Chaâmbi, et c’est parce qu’il a grandi parmi les
valeureux guerriers des steppes, qu’il connaissait comme sa poche cette
contrée et ses sentiers. Et c’est pour cette raison qu’il s’est dressé,
depuis le début, tel un roc contre les desseins cachés d’une troupe de
traitres assassins.
En effet Imed a, dès le départ, attiré
l’attention sur ce qui se tramait dans le maquis de sa montagne chérie.
Et quelle n’a été sa déception quand on lui rétorqua qu’il devait
laisser tranquilles ces gens féru de nature qui s’adonnaient au sport
dans cette forêt. On raconte même qu’il aurait eu dans le viseur de son
arme, à un certain moment, des terroristes, et qu’il a été empêché de
les arrêter « en attendant des directives qui ne venaient pas ».
C’est
qu’il devenait trop exaspérant de zèle ce jeune capitaine, et il
fallait trouver le moyen de le faire taire, car à n’importe quel moment,
il pouvait tout balancer. Balancer ce qu’il savait des gens qui
s’entrainaient et de ceux qui les soutenaient et couvraient.
Voilà pourquoi il aurait été choisi pour
diriger l’équipe qui a été conduite au charnier du 23 octobre à Sidi Ali
ben Aoun. Et voilà pourquoi, les vils assassins ont tenu à le tuer
avant toute autre personne alors qu’il n’avait même pas encore mis pied à
terre. Car il a été criblé de balles sur le siège de la voiture qui le
menait à l’autel sur lequel on a tenu à le sacrifier. Il n’a même pas eu
le temps d’empoigner son arme. Car si on lui en avait donné le temps,
il aurait été capable de les exterminer ces vermines, puisqu’il faisait
partie de la crème des commandos anti terroristes qui faisaient la
fierté du pays.
Voilà, donc, pourquoi il a été tué. Mais
voilà, aussi, pourquoi ils n’auraient pas du le faire. Car maintenant
plus personne ne pourra arrêter ses frères et ses cousins, les valeureux
guerriers du Chaâmbi, qui vont se faire un plaisir de manger de tout ce
qui bouge ou se cache sur leur territoire, et plus rien, ni les ordres,
ni l’armée, ne pourra les empêcher de rendre les sentiers du Chaâmbi
invivables pour la vermine qui y avait élu domicile.
Dors en paix, Imed ! Tes frères sauront
te venger. Tu ne seras pas parti pour rien, et ton souvenir nourrira la
rage de vaincre des hommes du clan.
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