Sais-t-on que la résistance a commencé
vingt quatre heures après l’occupation de
Bagdad ?
Par Dr Abdessattar Erraoui
16-11-2009
Le jeudi 10 avril 2003, juste après la prière du ‘Asr, les blindés américains ont investi l’avenue Haifa, à Bagdad, et les soldats, tels des sauterelles, se sont déployés sur ses deux côtés.
Le cheikh Mouloud Mechhadani, imam aveugle, se dressa sur le perron de la mosquée Abi-Saad, leva les mains au ciel en implorant Allah de « lui accorder la vue, ne serait-ce que quelques secondes et de transformer sa canne en lance ». Ses ouailles émus ne purent contenir leur colère et réagirent violemment.
Les enfants réagirent à la provocation des intrus par des jets de pierre et de bouteilles vides sur les soldats américains. Ces derniers réalisèrent qu’ils ne seront pas reçus par des accolades et des pétales de roses par les irakiens, comme le leur avait fait croire le Pentagone.
Les cris de colère et les quolibets, colonialistes, barbares, sauvages, mercenaires, fusèrent des bouches des enfants. Des fenêtres, les habitants se joignirent au concert d’injures, criant leur colère et leur détermination à combattre l’occupant, les passants pointèrent de leurs regards haineux les soldats.
Les tags sur les murs, en arabe et en anglais, incitant à la résistance et promettant la défaite rapide des occupants, finirent par convaincre les militaires que leur place n’était pas là et qu’un malheur pouvait survenir à tout instant.
Deux militaires s’attardèrent un instant devant le mot « enfer », écrit en anglais, puis s’en allèrent. La terre tremble sous les pieds des soldats de l’empire devant le spectacle d’un enfant de dix ans, qui leur fait face, leur barrant la route, alors que d’autres se rassemblaient à la porte de Jasr Eddam ( le pont du sang). L’un d’eux brandissait un drapeau alors que d’autres lançaient des pierres en direction des soldats américains. De derrière les fenêtres fusait le chant bien connu « Mansoura Ya Bagdad », « Bagdad la victorieuse » pour rappeler qu’elle fût fondée par le Calife Abbasside Al Mansour. Au souk voisin, une voix plaintive traduisait le mal être général ! Les lumières se firent rares.
Le soleil descend lentement sur le fleuve, puis une symphonie d’appels à la prière, puis le silence total. Mais celui-ci ne dura que quelques instants, coupé par l’explosion d’une bombe sous un char Bradley. Les Marines sont terrorisés, affolés. Ils se mettent à l’abri des deux côtés de l’avenue. Des tirs nourris d’armes automatiques visent leurs voitures Hamer et transforment la rue en feu et fumée. C’est l’instant du sacrifice suprême que nul ne peut en saisir le sens magique.
La bataille surprît l’ennemi, l’acculant à fuir et certains de ses éléments à s’abriter derrière leurs voitures blindées. La grande et longue guerre de libération a commencé à l’avenue Haïfa par des tirs des snipers irakiens, et c’est là aussi que l’ennemi eut son premier tué : le sergent chef Thierry W. Hemingway, de la 3éme division d’infanterie, matricule 234/2, selon le communiqué du Pentagone.
Cela s’était passé à Al-Karakh, un des quartiers de Bagdad, à peine vingt quatre heures après son occupation et ce fut la première étincelle d’une bataille qui se poursuivît toute la nuit du quartier Cheikh Sandal au Al Jouaïfer et de la mosquée de Bratha à Al-Atifia.
www.iraqrabita.org
traduit de l’arabe par Ahmed Manai
Par Dr Abdessattar Erraoui
16-11-2009
Le jeudi 10 avril 2003, juste après la prière du ‘Asr, les blindés américains ont investi l’avenue Haifa, à Bagdad, et les soldats, tels des sauterelles, se sont déployés sur ses deux côtés.
Le cheikh Mouloud Mechhadani, imam aveugle, se dressa sur le perron de la mosquée Abi-Saad, leva les mains au ciel en implorant Allah de « lui accorder la vue, ne serait-ce que quelques secondes et de transformer sa canne en lance ». Ses ouailles émus ne purent contenir leur colère et réagirent violemment.
Les enfants réagirent à la provocation des intrus par des jets de pierre et de bouteilles vides sur les soldats américains. Ces derniers réalisèrent qu’ils ne seront pas reçus par des accolades et des pétales de roses par les irakiens, comme le leur avait fait croire le Pentagone.
Les cris de colère et les quolibets, colonialistes, barbares, sauvages, mercenaires, fusèrent des bouches des enfants. Des fenêtres, les habitants se joignirent au concert d’injures, criant leur colère et leur détermination à combattre l’occupant, les passants pointèrent de leurs regards haineux les soldats.
Les tags sur les murs, en arabe et en anglais, incitant à la résistance et promettant la défaite rapide des occupants, finirent par convaincre les militaires que leur place n’était pas là et qu’un malheur pouvait survenir à tout instant.
Deux militaires s’attardèrent un instant devant le mot « enfer », écrit en anglais, puis s’en allèrent. La terre tremble sous les pieds des soldats de l’empire devant le spectacle d’un enfant de dix ans, qui leur fait face, leur barrant la route, alors que d’autres se rassemblaient à la porte de Jasr Eddam ( le pont du sang). L’un d’eux brandissait un drapeau alors que d’autres lançaient des pierres en direction des soldats américains. De derrière les fenêtres fusait le chant bien connu « Mansoura Ya Bagdad », « Bagdad la victorieuse » pour rappeler qu’elle fût fondée par le Calife Abbasside Al Mansour. Au souk voisin, une voix plaintive traduisait le mal être général ! Les lumières se firent rares.
Le soleil descend lentement sur le fleuve, puis une symphonie d’appels à la prière, puis le silence total. Mais celui-ci ne dura que quelques instants, coupé par l’explosion d’une bombe sous un char Bradley. Les Marines sont terrorisés, affolés. Ils se mettent à l’abri des deux côtés de l’avenue. Des tirs nourris d’armes automatiques visent leurs voitures Hamer et transforment la rue en feu et fumée. C’est l’instant du sacrifice suprême que nul ne peut en saisir le sens magique.
La bataille surprît l’ennemi, l’acculant à fuir et certains de ses éléments à s’abriter derrière leurs voitures blindées. La grande et longue guerre de libération a commencé à l’avenue Haïfa par des tirs des snipers irakiens, et c’est là aussi que l’ennemi eut son premier tué : le sergent chef Thierry W. Hemingway, de la 3éme division d’infanterie, matricule 234/2, selon le communiqué du Pentagone.
Cela s’était passé à Al-Karakh, un des quartiers de Bagdad, à peine vingt quatre heures après son occupation et ce fut la première étincelle d’une bataille qui se poursuivît toute la nuit du quartier Cheikh Sandal au Al Jouaïfer et de la mosquée de Bratha à Al-Atifia.
www.iraqrabita.org
traduit de l’arabe par Ahmed Manai
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