La zone verte à Bagdad

La zone verte ou le triangle

mystérieux de Bagdad

Bagdad : Fadel Mechâl

Le 14 juillet 1958, Faysal II, dernier Roi d’Irak, a été assassiné avant l’achèvement des travaux de construction du palais, commencés en 1954, qui devrait abriter les festivités de son mariage. Le palais des rêves se transformera alors en une zone interdite dont personne ne pouvait s’en approcher alors que les enfants avaient l’habitude de venir se baigner à ses pieds, sur les bords du Tigre.

Le palais, connu actuellement sous le nom de « zone verte », s’est transformé, sous les cinq présidents irakiens et les deux gouverneurs militaires américains qui’ l’ont choisi comme centre du pouvoir irakien, en une zone militaire interdite. On a rayé de sa carte les prestigieuses constructions de Kerrada Meriem que ses habitants ont dû quitter à jamais.

Les bombardements :

Selon Abdennacer Al- Khafagi, professeur de droit à l’université de Bagdad, la zone verte a subi tous les bombardements de l’aviation américaine lors des deux guerres subies par l’Irak en 1991 et 2003, parce qu’elle abritait les habitations du Président Saddam Hussein, celles de ses fils et de ses filles, de sa garde, de ses proches collaborateurs, du gouvernement ainsi que les quartiers généraux de la garde Républicaine.

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Et Al-Khafagi d’ajouter : « La zone verte, un triangle découpé dans une palmeraie immense, doit son existence à la volonté des Rois d’Irak qui étaient connus pourtant pour avoir habité des demeures modestes, tel le palais Rihab situé du côté de la porte Al-Mouaddam, au centre de Bagdad et qui a été construit au début des années 1920 pour le Roi Faysal I, fondateur de l’Etat irakien. Tel aussi le palais Ezzouhour, situé dans le quartier Al-Harithia, à l’ouest de Bagdad et à proximité de la zone verte et qui a été choisi comme résidence du Roi Ghazi. Ce palais a été réaménagé par le Président Saddam Hussein au début des années 1990 avant qu’il ne se transforme en quartier général des troupes américaines.

Le Cheikh Khalil Ibrahim (82ans) estime, pour sa part, que la malédiction est tombée sur les habitants de la cité Al-Kerrada Meriem, qui abritait l’élite Bagdadienne, au début du siècle dernier, depuis l’intronisation du Roi Faysal II en mars 1920, rappelant que les Rois d’Irak n’avaient pas construit des palais et que le seul qu’il avaient édifié était l’actuel palais présidentiel, destiné à abriter les festivités du mariage du Roi Faysal II.

Les Bagdadiens rêvent de pouvoir se promener dans les boulevards de cette zone s’étendant sur une longueur de dix Km et une largeur de six à huit Km, entourée d’un rempart en ciment armé de plus de six mètres de hauteur parfois qui l’enserre des quatre côtés. Ils rêvent aussi de s’approcher de la coupole bleue du palais d’où les soldats américains peuvent prendre des photos souvenir quand ils le désirent. Les Bagdadiens ont vécu avec les interdits et appris comment ruminer les secrets de leurs dirigeants. Ils vivront encore avec cette zone verte qui abrite pour longtemps encore la nouvelle et immense ambassade de l'occupant américain.

Traduit de l’arabe par Ahmed Manai

http://aljazeera.net/NR/exeres/9ADE9001-56C4-4B3D-9470-A169F133114D.htm/