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Sunday, November 27, 2011

Libye: Yves Bonnet, membre de la commission auteur du rapport du CIRET

La Libye: un pays qui était condamné à la recolonisation

Première partie
Joëlle Pénochet
Dimanche 27 Novembre 2011

La Libye: un pays qui était condamné à la recolonisation

« La communauté internationale n’est pas un super-état qui pourrait à sa guise chasser des gouvernements. Surtout au nom de principes qu’elle met en avant et, pour son propre compte, ne respecte pas. Et en distinguant soigneusement les coupables en fonction de leurs ressources pétrolières et non de leurs crimes, réels ou supposés. »

Rapport de la mission du Centre de Recherche et d'Etudes sur le Terrorisme (CIRET) dirigée par Yves Bonnet, ancien chef de la DST (1)


La résolution 1973 votée le 17 mars par le Conseil de sécurité de l’ONU avait pour objectif affiché de protéger les civils. Mais son but réel, "l’effet final recherché", était l'élimination du colonel Kadhafi, et la reconquête d'un pays rebelle au Nouvel Ordre Mondial, qui avait entrepris de s'affranchir de l'Occident et risquait d'entraîner d'autres pays du continent africain dans son sillage. Cela, à un moment de « crise » économique sans précédent dans les pays du Nord aux mains des banksters, et de course effrénée entre les USA et la Chine pour le contrôle des ressources énergétiques mondiales.


Protection ou massacre de la population libyenne par l'OTAN ?

« La réalité est sans dessus dessous. Une intervention humanitaire est lancée par des criminels de guerre en haut lieu, lesquels sont les gardiens incontestés de la théorie de la guerre juste. » PR Michel Chossudovsky (2)

Depuis le 19 mars 2011, les forces de l'OTAN engagées dans l'opération Aube de l’Odyssée (sic), n'ont cessé de violer la résolution de l'ONU, grâce à une campagne de propagande éhontée. A ce jour, on estime qu'entre 50.000 et 80 000 Libyens - la plupart des civils désarmés, et aussi les militaires loyalistes et les simples citoyens patriotes qui défendaient leur pays contre l'agression étrangère - ont été massacrés par les bombardements de l'OTAN, les mercenaires islamistes, des forces étrangères et autres voyous à sa solde. L'agression aurait fait plusieurs centaines de milliers de blessés.

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Les "rebelles" pendent et brûlent leurs victimes

Le prétexte initial, « le bombardement par Kadhafi de son propre peuple » (un classique du genre), qui a tant ému l'opinion publique occidentale, toujours aussi crédule, est rapidement tombé, grâce aux observations satellitaires militaires (3) et des rapports de journalistes et d'experts indépendants (comme celui du CIRET). C'est cependant ce mensonge initial qui a permis la destruction du pays, le massacre de sa population, et l'assassinat de son dirigeant.


L'invention judicieuse des « rebelles » par les services américains

La création officielle du « CNT » le 5 mars dernier à Benghazi résulte d'une opération de marketing rondement menée. Au-delà, on peut penser que le « printemps arabe » lui-même était une opération américaine, une nouvelle « révolution de couleur », comme le pense Eric Dénecé, un ancien du renseignement français, et directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement: « Le processus est le même que celui qui a précédé le démantèlement de l'URSS, la Révolution serbe, la Révolution orange en Ukraine ou encore celle des Roses en Géorgie » (La Tribune, 1er juin 2011).

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Les « rebelles » libyens n'ont jamais « existé » que sur les écrans de télévision et les photos de presse: il s'agissait pour la plupart de combattants professionnels, armés par les USA de matériels lourds et sophistiqués. Protégés par les bombardements aériens de l'OTAN, ils formaient les troupes officieuses au sol (interdites par la résolution de l'ONU).

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La plupart de ces combattants ont été importés: cinq mille membres des forces spéciales du Qatar (4), mille cinq cents militants islamistes venus d'Afghanistan (parfois libérés récemment des prisons américaines), d'Ouzbékistan, et d'autres mercenaires, même d'anciens membres de commandos de la mort en Colombie et quelques jeunes chômeurs tunisiens... tous déguisés en révolutionnaires pour les besoins des prises de vue! Les Etats-Unis ont l'habitude d'utiliser des terroristes islamistes pour démanteler les nations socialistes dans leur ligne de mire: les Talibans en Afghanistan, qui leur ont permis de faire chuter l'Empire soviétique, ou l'Armée de libération du Kosovo (UCK) qui a permis de démanteler la fédération yougoslave.

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Les metteurs en scène de cette « rébellion » sont allés au mois d'août jusqu'à tourner une pseudo-prise de Tripoli dans des studios de cinéma du Qatar, ainsi que l'a reconnu plus tard sans vergogne Mahmoud Jibril, insistant sur le fait que cette opération avait permis de déstabiliser les forces loyalistes (dont certains bataillons ont alors rejoint l'opposition), de redonner le moral à ses troupes et de rallier l'opinion mondiale à leur cause...

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Benghazi, un fief islamiste, un repaire de mafieux, de sociétés militaires privées et de trafiquants en tous genres

Le « terrorisme islamique » s'est installé facilement en Cyrénaïque en raison de l'implantation ancienne des Sénoussi, une secte très conservatrice anti-occidentale fondée en 1842, liée à la monarchie (le roi Idriss en fut le chef).

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Benghazi est le repaire des milices du Groupe islamique de combat libyen (GICL), fondé en Afghanistan au début des années 90' et inscrit sur la liste noire des organisations terroristes par le Conseil de sécurité de l'ONU. En lien avec l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), le GICL s’est déclaré filiale officielle d'Al-Qaïda en 2007. A partir de 1995, dans le but de substituer au régime laïque de Tripoli un Etat islamique radical, il s'est lancé dans le djihad en commettant des attentats et des tentatives d'assassinat du colonel Kadhafi. Cette menace sur la sécurité du pays avait amené la Libye à coopérer avec les services de renseignement occidentaux dans le cadre de la lutte anti-terroriste. Elle n'en avait pas mesuré les risques...

Dans ce fief islamiste, cher au coeur de BHL, les femmes sont toutes voilées, souvent intégralement, n'ont pas le droit de conduire, et leur vie sociale est restreinte. Les hommes portent la barbe et la marque de la piété.

Par ailleurs, Benghazi était la plaque tournante d'une gigantesque organisation mafieuse de trafic humain de travailleurs africains vers l'Italie:

« Benghazi est devenue, au cours des quinze dernières années, l’épicentre de la migration africaine vers l’Europe. Ce trafic humain s’est transformé en une véritable industrie, brassant des milliards de dollars. Un monde parallèle mafieux s’est développé dans la ville où le trafic est profondément implanté et emploie des milliers de personnes dans tous les domaines, non sans corrompre la police et les fonctionnaires. Ce n’est que depuis un an que le gouvernement libyen, avec l’aide de l’Italie, a réussi contrôler ce cancer.

Avec la disparition de son fonds de commerce et l’arrestation de nombre de ses chefs, la mafia locale a été en pointe dans le financement et le soutien à la rébellion libyenne. De nombreux gangs et membres de la pègre issus des bas-fonds de la ville sont connus pour avoir mené des expéditions punitives contre les travailleurs immigrés africains à Benghazi même et dans les banlieues. Depuis le début de la rébellion, plusieurs centaines de travailleurs immigrés, Soudanais, Somaliens, Éthiopiens et Érythréens, ont été détroussés ou assassinés par les milices rebelles. Ce fait est soigneusement caché par les médias internationaux.» (Rapport du CIRET, p. 15, c'est nous qui soulignons).

Cette « mafia », qui a participé activement à la « rébellion », est coresponsable avec les islamistes du massacre raciste de milliers travailleurs émigrés de l'Afrique Sub-Saharienne et de Libyens noirs, dans des conditions atroces. Les "rebelles" se considèraient comme des "brigades dont la mission est de purger le pays des esclaves à la peau noire » (5).

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Enfin, comme l'indique Gilles Munier, la Cyrénaïque était « le paradis des sociétés militaires privées (SMP) occidentales » (6). Après l'assassinat à Benghazi du directeur d’une SMP française, l’OTAN a du reconnaître «que des forces spéciales occidentales, et arabes – jordaniennes, émiraties et quataries -, épaulaient les rebelles».

Comme l'a souligné Yves Bonnet, il est très suspect que le CNT ait refusé de rendre public tous les noms de ses dirigeants : treize seulement sur quarante ont été révélés: ceux des membres les plus « présentables » (avocats, universitaires ayant longtemps séjourné aux Etats-Unis...) - et en même temps les moins représentatifs de cette « organisation ».

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Yves Bonnet, membre de la commission auteur du rapport du CIRET


Le rôle crucial des services secrets

Les services secrets occidentaux avaient préparé l'insurrection de longue date et guidé les « rebelles » pour accompagner les attaques de l'OTAN.

Une « insurrection » mise au point à Paris

Selon Franco Bechis, Directeur adjoint du quotidien italien Libero, qui s'appuie sur des documents confidentiels de la DGSE révélés dans la lettre confidentielle, Maghreb Confidentia, la révolte de Benghazi aurait été préparée à l'automne 2010 par les services secrets français, avec l'aide d'anciens dignitaires du régime Kadhafi qui l'avaient trahi.

En premier lieu Nouri El-Mesmari, chef de son protocole, qui était venu à Paris le 21 Octobre 2011 pour rencontrer des responsables de la DGSE et des proches collaborateurs de Sarkozy, sous le prétexte officiel d'un séjour à l'hôpital (7). Mesmari leur aurait livré tous les secrets de la défense militaire du colonel, des informations sur les positions des forces loyalistes et les rapport de forces sur le terrain, les dissensions au sein du régime, les rivalités tribales, les alliances diplomatiques et financières du régime...

Dans sa suite de l’hôtel Concorde Lafayette se serait tenue le 16 novembre une réunion de préparation du voyage (officiellement commercial) à Benghazi d'une délégation de fonctionnaires du ministère de l’Agriculture, de dirigeants des grosses sociétés agroalimentaires, qui comportait également des militaires camouflés en hommes d'affaire. Ils y rencontrèrent notamment le colonel Abdallah Gehani, chef des services secrets de Cyrénaïque,, qui accepta de devenir référant secret des Français. Quand Gehani fut arrêté le 22 janvier à Tripoli, accusé d'avoir monté en Cyrénaïque un réseau social qui incitait la population à se rebeller en prenant l'exemple du «printemps» tunisien, l'insurrection était déjà préparée.

Par ailleurs, un autre proche du colonel Kadhafi, Moussa Koussa, chef des services de renseignement de 1994 à 2009, avant de devenir ministre des Affaires étrangères, fit à son tour défection et se réfugia à Londres le 30 mars. Celui qui avait négocié avec la CIA le programme commun de contre-terrorisme en 2009 pourrait avoir été un agent double du MI-6.

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En complément des bombardements de l’OTAN, des services de renseignement occidentaux, déjà présents dans le pays depuis des années, renforcèrent considérablement leur présence au fil des mois. Aussitôt la résolution votée à l'ONU, le président américain envoya sur place des équipes de la CIA pour conseiller les « rebelles » qui devaient accompagner les attaques de la coalition et bien remplir leur rôle de figuration. En mars, il signa un ordre secret autorisant la CIA à mener des opérations pour renverser Kadhafi. A la requête de Barack H. Obama, le Royaume Uni dépêcha des membres des forces spéciales britanniques et des officiers du Secret Intelligence Service (SIS), et la France des officiers de liaison de la DGSE et des instructeurs. (8)


La propagande de guerre des médias « mainstream »

Cette nouvelle farce humanitaire n'a été rendue possible que grâce à une gigantesque campagne de propagande, orchestrée par les grands media occidentaux et arabes. Les chaines Al-Jazeera et Al-Arabia étant beaucoup plus regardées dans les pays arabes que les chaînes nationales, qui pratiquent toutes la langue de bois.

Al-Jazeera, crée en 1996 par un émir milliardaire du Qatar et aujourd'hui présente dans le monde entier, s’exprime au nom de la démocratie à partir de l'Arabie Saoudite, fief de la plus grande théocratie arabe. Ce sont ces deux chaînes qui ont lancé la fausse information selon laquelle le régime libyen faisait bombarder les habitants de Tripoli et tirer contre sa propre population (9).

La résolution de l'ONU fut votée grâce à ce mensonge initial amplifié par tous les media occidentaux, sans qu'aucune commission d'enquête soit envoyée sur place.

L'opinion publique occidentale a donc appuyé le vote de la résolution 1973, puis, au fil des mois, sa violation répétée par les bombardements, et a finalement applaudi au lynchage de son dirigeant et de sa famille.

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Les «journalistes» occidentaux, qui pouvaient librement circuler dans le pays pour faire leur travail, se sont contentés de reprendre purement et simplement les communiqués la CIA. Parmi les équipes présentes à l'hôtel Rixos, beaucoup étaient en réalité membres des services secrets occidentaux. Le lieutenant-général Charles Bouchard lui-même, chef de l’Opération Unified Protector, a reconnu le 31 octobre dernier que des journalistes étrangers présents en Libye étaient des agents de l’OTAN.

Les rares journalistes indépendants qui faisaient un réel travail d'investigation (les Français Thierry Meyssan – hostile à la politique de Mouammar Kadhafi - et Julien Teil, le Canadien Darius Nezaroya, l'anglaise Leezy Phelan...) ont vu leur vie menacée et se sont échappés de justesse du traquenard de l'hôtel Rixos, qui grouillait d'espions (10)

Pour que le scénario soit crédible, il fallait que l'opération dure un peu, et que la prise du pays ne soit réalisée qu'à la suite de combats «farouches» entre les «rebelles» et les troupes loyalistes. Or, la Libye, pays de six millions d'habitants, avait une petite armée, une force aérienne antique, et son système de défense antiaérienne avait été détruit après quelques semaines de bombardements de l'OTAN, ainsi que nombre de ses véhicules blindés.

Les média mainstream ont même relayé des informations grotesques, comme l'affaire du viagra distribué aux troupes loyalistes afin qu'elles violent les femmes dans les régions « insurgées », une idée tout droit sortie d'une réunion bien arrosée de marketing de Pentagone-Hollywood (jamais en panne d'imagination)... comme, parmi bien d'autres, celle de l'invention de la blogueuse syrienne homosexuelle persécutée par le régime de Bachar El-Assad (qui n'était en réalité qu'un étudiant américain «émettant» d'Ecosse) (11)

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Une agression programmée depuis 2001

Si, après l'élection de Sarkozy « l'Américain », la France a rejoint en 2009 le commandement intégré de l'OTAN, dont nous étions redevables au général de Gaulle de nous en avoir fait sortir en 1966, c'était en prévision des nouvelles guerres prévues par les Etats-Unis dont nous sommes redevenus les vassaux en 2007. Les Etats-Unis sont en faillite et n'ont plus les moyens de financer leurs guerres.

Par ailleurs, l'opinion publique américaine est défavorable aux opérations extérieures (c'était le sens du vote à la présidentielle de 2008), et il est maintenant nécessaire pour Washington de se servir de paravents pour les nouvelles interventions à son ordre du jour... La France de Sarkozy était le gogo idéal, d'autant que Mouammar Kadhafi avait fait l'affront au président français d'oser lui refuser d'acheter des centrales nucléaires et des avions Rafales après sa visite de 2007 (des contrats qui auraient du rapporter dix milliards d'euros, et beaucoup de commissions...)! Récemment concurrente des Etats-Unis en Afrique, la France voulait reconquérir sa zone traditionnelle d'influence en Afrique, mais devait s'allier avec eux pour lutter contre l'implantation chinoise grandissante.

Il n'est que de relire des écrits des néoconservateurs américains pour se rappeler que les Etats-Unis considèrent l'Europe comme une simple armée supplétive des basses oeuvres accomplies par leur pays. Et, entre les néoconservateurs républicains et les stratèges du parti Démocrate, la seule différence est le style utilisé pour appliquer la même politique impérialiste. On se rappellera par exemple les crimes commis par le tandem Clinton-Gore en ex-Yougoslavie et en Iraq (opération « Renard du Désert » en 1998, et bombardements incessants de civils dans les zone d'exclusion aériennes - déjà!). Mais les dirigeants démocrates ont toujours bonne presse en Occident.

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Ainsi, comme l'avait annoncé en 2007 confirmé l'ancien commandant en chef de l’OTAN Wesley Clark, la reconquête de la Libye avait été prévue dès 2001, en même temps que les agressions contre l'Iraq et la Syrie. (12) La mise au point du plan définitif fut effectuée en novembre 2010 avec les services secrets français.

Ainsi, l'intervention militaire en Libye n'a donc absolument aucun rapport, de près ou de loin, avec un quelconque « Printemps arabe ».



Un assassinat politique dans la grande tradition de la démocratie étasunienne

«... dans une structure comme celle de la Libye dirigée par les tribus, un leader est accepté s’il connaît les besoins de la population et arrive à les satisfaire. »

PR Al Ghariani, faculté d’Economie et de sciences politiques de l’université Al Fateh (13)

L'assassinat inqualifiable du Guide de la Révolution libyenne a été applaudi par le bon peuple français - quelque soit son niveau culturel -, décervelé par la propagande de la presse mainstream aux mains des banquiers et des multinationales.

Après avoir localisé le colonel Kadhafi par satellite grâce aux systèmes de communication sophistiqués américains, le commando spécial US l'a tiré comme un lapin avant de le livrer à ses mercenaires ide l'OTAN pour que, symboliquement, l’estocade finale soit donnée par des « rebelles » (« Nous annonçons que Kadhafi est mort aux mains des révolutionnaires », communiqué du CNT). PentaHollywood a imaginé la fin la plus abjecte qui soit pour le guide libyen: moqué, torturé, lynché et sodomisé avant d'être achevé par la chienlit enrôlée par l'OTAN , puis exposé dévêtu sur une couverture sale dans une chambre froide d'une boucherie de Misrata.

Son fils Moutassim a été également assassiné de sang froid à Syrte après avoir été capturé vivant et torturé le même jour alors qu'il dirigeait des troupes gouvernementales. Des exactions d'une barbarie répugnante, ignoble - à l'instar de la pendaison de Saddam Hussein -, destinées à dégrader le plus possible dans tous les esprits l'image du « guide » libyen: moqué, torturé, lynché et sodomisé avant d'être achevé par la chienlit enrôlée par l'OTAN, puis dans tous les esprits l'image du personnage honni.

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Souvenons-nous de la mise en scène grotesque similaire de la « capture de Saddam Hussein »: le président irakien, depuis plusieurs semaines aux mains des envahisseurs, apparemment drogué, avait été lui aussi placé dans un trou où il était censé s'être terré dont on l'a sorti hagard et méconnaissable. Lui aussi avait refusé de quitter son pays pour résister jusqu'au bout avec son peuple.

Le Guide rejoint ainsi les présidents Allende, Sankara, Lumumba et bien d'autres, sans compter les autres président élus démocratiquement, mais gênants pour les puissances impérialistes, qui furent chassés par un coup d'état comme Manuel Zelaya au Honduras en 2009, ou ceux qui furent l'objet de coups d'Etat ratés, comme Hugo Chavez en 2002.

Les Etats-Unis, qui se prétendent le parangon de la Démocratie, ont toujours été un pays sanguinaire et au-dessus des loi depuis le génocide de millions d'Indiens qui peuplaient le territoire jusqu'à aujourd'hui (Cf. Les livres de William Blum). Et connaîtra-t-on un jour officiellement les noms des commanditaires des assassinats de John Kennedy, de ses frères, de Martin Luther King ou de David Kelly ? Le gendarme du monde auto-proclamé peut enfin donner libre cours à son appétit insatiable de destruction et de pillage depuis la chute du mur de Berlin en 1989.

Déjà symbole de la lutte anti-impérialiste en Afrique, Mouammar Kadhafi est devenu depuis son lynchage un martyr pour les Libyens et pour tous les peuples du Sud, particulièrement en Afrique. Lui que la presse mainstream avait voulu faire passer pour un lâche, en diffusant à plusieurs reprises de fausses informations sur sa soi-disant fuite à l'étranger, a agi comme il l'avait annoncé au début de l'agression de l'OTAN: il s'est battu pour son pays et son peuple « jusqu'à la dernière goutte de son sang». Cet assassinat d'un président en exercice constitue un crime de guerre selon les lois internationales.

Son élimination physique avait été programmée de longue date. Il fallait éviter un procès gênant, fût-il aussi truqué que ceux de Milosevic (liquidé en prison par manque de soins), de Saddam Hussein et de son premier ministre Tarek Aziz (récemment condamné à mort dans l'indifférence générale par un tribunal islamiste grotesque, dite « Haute Cour irakienne »). Sans oublier l'exécution sommaire de Ceaucescu et sa femme en 1989. Car tout est permis au Yankees depuis la chute de l'Union soviétique, qui avait au moins le mérite de maintenir « l'équilibre de la terreur ».

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Mutassim Kadhafi assasiné comme son père après avoir été capturé

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