Seïf al-Islam "n'a pas vraiment eu peur"
AFP Publié
Seïf al-Islam, fils de l'ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, "n'a pas eu vraiment peur au moment de son arrestation", a raconté aujourd'hui Ahmed Amer, un des combattants ayant participé à sa capture. "Nous les avons surpris. Ils n'ont pas eu le temps de résister", a-t-il raconté, précisant que Seif et ses cinq compagnons n'étaient que légèrement armés: "des kalachnikov, des fusils automatiques légers et quelques grenades".
"Ils avaient peur au début que nous leur tirions dessus, mais il faut reconnaître que Seif al-Islam nous a surpris par son calme et son courage", a-t-il dit.
"Il n'avait pas vraiment peur", a-t-il ajouté. "Il nous a demandé de lui tirer une balle dans la tête ou de l'emmener à Zenten", une ville située à 170 km au sud-ouest de Tripoli. "Notre mission s'arrête là. Maintenant il est détenu à Zenten et on doit attendre le nouveau gouvernement (en cours de formation) pour décider de son sort", a-t-il poursuivi.
Hier soir, Seïf al-Islam avait été transféré de l'aéroport de Zenten dans une villa non loin du centre-ville, où la presse ne pouvait accéder, selon un photographe de l'AFP.
M. Amer a précisé que sa brigade "Khalid Ibn Walid" est partie de Zenten le 19 octobre. Elle était chargée, selon lui, de sécuriser les frontières sud du pays.
Selon ce combattant, Seïf al-Islam s'était réfugié à Bani Walid (170 au sud-est de Tripoli), un des derniers bastions de Mouammar Kadhafi, après la chute du QG du "Guide" dans la capitale fin août.
Il a quitté Bani Walid peu avant sa chute mi-octobre pour trouver refuge à Wadi Zemzem, au sud de la ville, avant de se rendre à Bourak Al-Chati, plus au sud.
Il a décidé ensuite de s'enfuir vers le Niger. Une embuscade a été tendue par les combattants de Zenten et d'une tribu locale de Targuen qui ont barré la route à son convoi.
Selon les témoignages, un des compagnons de Seif aurait donné des informations sur l'itinéraire de Seif al-islam, aux combattants de Targuen qui ont collaboré avec ceux de Zenten pour organiser l'embuscade qui a conduit à l'arrestation du fugitif.
Saïf al-islam : procès ou exécution sommaire ?
Saïf al-islam Kadhafi – trahi par de ses gardes du corps - a été arrêté dans une embuscade, dans la nuit du 18 au 19 novembre, près de l’oasis de Sebha (sud de la Libye), par la brigade Abou Bakr Seddik de Zenten. « Contrairement ce qui a été dit dans certains médias », a déclaré le chef du commando chargé de l’opération, il n’a pas proposé d'argent, «il a demandé de lui tirer une balle dans la tête et qu'on l'amène (mort) à Zenten ». La Cour Pénale Internationale (CPI) a immédiatement réclamé son transfert à La Haye, mais accepté le principe d’un procès en Libye si le CNT leur en fait la demande.
Saïf a été transféré à Zenten où Abdullah Naker, chef des « révolutionnaires » locaux, s’en sert comme monnaie d’échange dans le conflit qui l’oppose au CNT depuis la nomination du « général » Khalifa Haftar – un des piliers de la CIA en Libye - au poste de chef d’Etat major de l’armée.
Revue de presse :
extrait de « « La cavale de Seïf El Islam »
par Hassan Moali (Al Watan – 20/11/11) *
(…) Il est curieux de le voir maintenant qu’il est entre les mains des rebelles, mais surtout de l’écouter. Ceci pour le destin chaotique du personnage. S’agissant de son procès en lui-même, le monde entier réclame, depuis hier, que le fils d’El Gueddafi soit jugé devant la Cour pénale internationale dans un procès juste et équitable. Après les lynchages sauvages de son père et son frère Mouatassam à Syrte, Seïf El Islam est le dernier du clan qui pourra raconter les derniers jours de son père et la chute de son régime.
Plus encore, le monde s’attend légitimement à ce que l’ex-porte-parole de son père pointe un doigt accusateur sur, cette fois, ceux qui ont tiré les ficelles et ceux que la mort d’El Gueddafi arrange beaucoup. Il pèse en effet de trop forts soupçons d’implication dans les méfaits du régime, mais aussi de corruption sur plusieurs membres du CNT. Les témoignages de Seïf El Islam risquent d’être des pavés dans la mare déjà bien sale de la Libye version Abdeljalil, où tous les coups sont permis. Il va de soi que des pays comme le Qatar et les Emirats, qui ont activement participé aux opérations, ne devraient pas apprécier les déclarations du fils d’El Gueddafi. Idem pour la France du duo Sarkozy-BHL et les Etats-Unis.
Faut-il rappeler que Seïf El Islam avait accusé le président Sarkozy d’avoir profité de l’argent libyen pour financer sa campagne électorale en 2007. C’est dire que si Seïf El Islam devait parler, ses propos risqueraient d’exploser comme une bombe à la figure du candidat Sarkozy. Le procès de Seïf El Islam sera pour ainsi dire l’ultime rebondissement d’un feuilleton de mauvais goût du régime de feu El Gueddafi, dans lequel ce jeune homme a joué un rôle-clé. Avec la précision cette fois que le suspense est déjà à son comble sur ce que va dire «l’acteur».
* http://www.elwatan.com//une/sera-t-il-livre-a-la-cpi-20-11-2011-147964_108.php
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