Le 53e anniversaire de la République et les chances d’un Pacte républicain d’apaisement pour consolider les valeurs de la République et mieux affronter d’Avenir
« Un temps pour déchirer, un temps pour coudre » Paulo Coelho
Par Abdel Wahab Hani
Notre pays fête ce dimanche 25 juillet 2010 le 53e anniversaire de la proclamation de la République. Cette date majeure dans notre histoire nationale a consacré la souveraineté populaire en dotant la Tunisie d’un régime politique et d’institutions républicaines, républicain, mettant fin au règne de la dynastie husseinite, dans la foulée de l’épopée nationale pour l’Indépendance qui a permis de débarrasser notre cher pays du joug colonial oppresseur.
La Proclamation de la République par voie démocratique et pacifiste : Une singularité bien tunisienne :
Cette proclamation de la république, à l’Unanimité, par l’Assemblée constituante reste un fait majeur dans le 20e siècle, notamment dans le monde arabo-islamique et dans l’Afrique post-coloniale. Jamais une Dynastie n’a été liquidée par un vote souverain du peuple souverain. Ce furent les révolutions et autres coups d’Etat, révolutionnaires comme réactionnaires, qui ont donné des Républiques sous d’autres cieux, comme le soulignent très judicieusement nos aïeuls et Maîtres Si Abdellatif Fourati, notre brillant ancien Rédacteur en Chef du quotidien arabophone Assabah et Si Abdessalem Meseddi, notre brillant Linguiste et Ministre de l’Enseignement supérieur, notamment.
Ce fait pacifique et hautement civilisé du passage d’un régime politique à un autre est un trait marquant de notre Histoire politique.
Certes, cette singularité civique n’a pas manqué de susciter la haine dite ‘sacré’ contre l’Etat tunisien moderne, au sein des esprits tordus et faussement révolutionnaires adeptes des putschs soviétiques, vaguement révolutionnaires et vaguement panarabes et panislamiques, qui n’ont cessé de moquer notre Histoire en la dénigrant et en l’abaissant.
Reste que l’Histoire nous apprend à mieux saisir les fondements d’une Nation et les mécanismes de sa vie sociale et politique, et ce depuis les enseignements combien justes et lucides de notre célèbre Ibn Khaldoun. L’Histoire permet de dégager des traits marquants, des spécificités, comme des codes génétiques, des Peuples, des Pays et des Institutions.
Les commémorations : Un défit continuel de re-donner foi en la République :
Toute Nation a besoin de re-donner foi en ses Institutions, pour ainsi permettre aux nouvelles générations de se rappeler les sacrifices des anciens et les fondements politiques de la Patrie.
Les commémorations ont cela d’utile, au delà du faste et des cérémonies. C’est le questionnement positif et continuel de l’Histoire revisitée chaque année, pour se rappeler, se ressourcer et se projeter dans l’Avenir.
Ce 25 juillet 2010 est une bonne occasion estivale donnée à toutes et tous, dans les Institutions et en dehors des Institutions, dans le Pouvoir comme dans l’Opposition, en Tunisie comme dans la Diaspora, de réfléchir au ‘plus sur moyens’, pour paraphraser noter Grand Ministre-Réformateur Kheireddine (أقوم المسالك), nous permettant, aujourd’hui de re-visiter et de re-vigourer les valeurs de la République, notre socle Unitaire commun, comme Nations moderne, qui se superpose aux autres dimensions multiples de notre Identité et leur donne le seul sens politique possible du vire ensemble aujourd’hui.
Faute de quoi et si on s’y prenait pas garde, les portes seraient dangereusement ouvertes, de nouveau, à toutes les dérives, monarchismes, régionalismes, tribalismes, internationalismes soviétiques édulcorés en panislamismes, panarabismes et panafricanismes trompeurs cachant le souhait hégémonique d’autres Nations, vivant encore au stade tribal.
Que porte le 25 juillet 2010 :
La commémoration de cette année intervient à moins d’une année après les élections générales, présidentielles et législatives du 24 octobre 2009, et à trois mois des élections municipales de mai 2010.
Elle intervient aussi à un moment crucial de notre vie politique, où les acteurs clefs de la scène politique nationale, à savoir le Président de la République et son le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) au pouvoir n’a pas encore dévoilé ses intentions par rapport à la future échéance électorale d’octobre 2014 (nous faisons abstraction des lectures tordues, versant plutôt dans le ragot, la rumeur et l’intox que de l’information au sujet de la motion politique de la dernière session ordinaire du Comité central du RCD, quasi-identique à celle de la précédente, de l’avant précédente et de l’avant avant précédente).
Elle intervient aussi à un moment d’intense mouvement de revendications citoyennes pour plus de liberté, notamment de la presse, des médias et de l’accès aux nouvelles technologies de l’Information, notamment les réseaux sociaux. Jusque dans certains cercles proches du pouvoir, nos concitoyens ne cachent plus leur désir d’une Presse Libre et Plurielle, à l’instar des doléances exprimés par notre père Haj Mohamed Laroussi Hani, de l’écrivaine Olfa Youssef, sans parler du très large mouvement de protestation dans les différents organes de presse et la mobilisation citoyenne de nos jeunes contre la censure et pour la rupture définitive avec les méthodes du passé, incarnés par certains caciques du pouvoir, qui ont pris leur temps et le temps des autres et qui doivent enfin comprendre que le monde a changé et qu’ils doivent respecter les revendications démocratiques majeurs de notre Peuple, de Son Elite, de sa Presse et de sa Jeunesse.
Elle intervient aussi à un moment d’une forte et intéressante production conceptuelle au sein de l’opposition, hormis les cris de haine vomis à droite comme à gauche à longueur d’ondes et à largeurs d’écrans et de claviers.
La naissance de l’Alliance pour la Citoyenneté et l’Egalité, autour notamment du mouvement Ettajdid (ex-PC) de Si Ahmed Ibrahim, du Forum Démocratique pour le Travail et la Liberté (FDTL) du Dr Si Mustapha Ben Jaafar et du courant Réforme et Développement (Ex-Gauche islamique) animé par Si Fathi Touzri et Si Mohamed Goumani ; ainsi que la production fort intéressante du Mouvement du 18 octobre, regroupant notamment le Parti progressiste Démocratique (PDP) de Ella Maya Jribi, l’ancien dirigent islamiste Zied Doulatli et les indépendants Si Khémais Chammari, Si Lotfi Hajji, Si Ayyachi Hammami et d’autres. Même au sein de l’opposition dite d’Allégeance, une grand activisme est plus que visible, même s’il évite de poser les problèmes réels du pays et se fige dans les discussion, certes intellectuellement intéressantes, sur le projet panarabe du courant nationaliste arabe.
Cette commémoration intervient aussi dans un moment de tensions, certes devenue habituelle, entre le pouvoir et la frange dite ultra radicale de l’opposition, qui se jettent mutuellement, et à plumes interposées, les accusations de trahison.
Cette tension se nourrit de la persistance de dossiers en instance qui empoisonnent la vie de la Nation et qui arrangent les radicaux des deux bords qui ne cherchent que le pourrissement généralisé, pour asseoir un discours de la haine, ne servant en aucune façon les intérêts suprêmes de la Nation.
L’impératif d’Apaisement et la perspective de Détente, au servie de la Nation :
Ce 25 juillet devrait pourtant nous amener, tous, dans le pouvoir comme dans les oppositions, à prôner l’Apaisement et à opter pour la Détente dans les relations entre tous les partenaires dans la Nation ().
Cet Apaisement, qui nous semble un impératif historique, ne dépend que de la volonté des uns et des autres.
Nous esquissons pour notre part quelques revendications, à titre sommaire et non exhaustif, pouvant servir cet Apaisement et amorcer cette Détente face au stratégies noires de pourrissement et aux desseins irresponsables de l’escalade :
Mesures non exhaustives pouvant amener l’Apaisement pour amorcer la Détente :
1-Reprendre sans délai les pourparlers pour mettre fin à la crise qui handicape de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH). Cette crise empoisonne la vie du mouvement associatif autonome dans son ensemble et nuit gravement à l’image de la Tunisie et notamment à celle de son gouvernement. Si nous ne sommes capables de régler un petit problème mineur de la taille d’une ONG, comment nous pouvons gérer et régler des problèmes plus important. La remarque vaut pour le gouvernement et pour les deux camps prétendants de la Ligue, certains ne voient que leur petit nombril alors que l’intérêt général exige des concessions pour sortir de la situation de blocage tout en sauvegardant l’Indépendance de la Ligue, sa Charte et ses Valeurs.
Dans ce même ordre d’idée, reconnaître les associations et organisations non gouvernementales qui en font la demande auprès des services concernés de l’Administration, notamment les différentes associations non encore reconnues de défense des droits humains, l’association Al-Wafaa / La Loyauté pour la Défense de la Mémoire de feu le Zaïm Habib Bourguiba et des Leaders du Mouvement National, le Syndicat des Radios Libres...
2-Accélérer le processus de ‘délivrance ‘ des passeports de nos compatriotes Âïdon / Retornados, exilés statutaires ou non, qui ont décidé de rompre l’asile et qui ont pris engager les démarches d’obtention de leurs documents administratifs tunisiens auprès des nos Ambassades et Consulats de par le monde, et ce malgré les découragements dus aux retards enregistrés par l’Administration et à l’énorme machine d’intimidation enclenchée par les anti-Âïdoun / Retornados, notamment au sein des partis off-shore et de certains milieux douteux ayant infesté tout récemment les rangs de l’opposition, amenant une culture étrange de la haine et de la vengeance affairiste, clientéliste et maffieuse. Tout en saluant les avancés enregistrées en la matière, notamment après les déclarations encourageantes de Monsieur l’ancien Ministre de la Justice et des Droits de l’homme Si Béchir Takkari et le lancement de notre Appel Pour le retour des Exilés Tunisiens en ce début de Législature, nous restons persuadés que le règlement rapide de ce dossier permettra à la Tunisie et à tous ses enfants de tourner une des pages les plus douloureuses de son Histoire et de se tourner vers l’Avenir.
3-Faciliter le Congrès unitaire du Syndicat national des Journalistes Tunisiens (SNJT) et accéder aux revendications professionnelles et libertaires des journalistes, des professionnels des médias, des écrivains, des hommes et femmes de Lettres. La Tunisie a besoin de tous ses talents.
4-Libérer le journaliste free lance Fahem Boukaddous et clore le dossier des mouvement sociaux du Bassin manier, d’autant plus que le Chef de l’Etat Son Excellence Mr Zine El Abidine Ben Ali, a reconnu solennellement, dans son discours du 16 juillet 2008 devant le Conseil régional de Gafsa, réuni au Palais présidentiel de Carthage, l’existence d’un certains nombre d’erreurs et de dysfonctionnements, avant d’annoncer le limogeage des responsables de la gestion chaotique de la protestation sociale du Bassin et de programmer un train de mesures en faveur de la région déshéritée. Nous appelons à la libération de Fahem, d’autant qu’il était dans une démarche d’apaisement et que son avocat semble vouloir user des techniques judiciaires permettant une réelle négociation de sa libération.
Dans le même ordre d’idées, nous appelons à la libération de Sadok Chourou, devenu un marchandise propagandiste par ceux-là même qui ont fêté sa réincarcération et l’accusait jadis en moquant ses faiblesses lorsqu’il leur faisait de l’ombre à la direction légitime de son parti.
Nous appelons aussi à la libération des prisonniers non médiatisés qui ne rapportent rien à aucune boutique politicienne, notamment Si Abderrahman Tlili, abstraction faite à l’accusation et eu égard à son age et à sa maladie, à l’âge de sa maman octogénaire Ella Fatma Tlili, militante et veuve du militant de la cause nationale feu Sidi Ahmed Tlili, syndicaliste et compagnon de la Libération, de feu les Zaïm Habib Biourguiba et Zaïm Farhat Hachad.
Nous appelons à la libération des jeunes activistes étudiants de l’UGET et des jeunes religieux arrêtés et emprisonnés parfois à tord. Leur place est sur les bancs de l’Université et non ailleurs.
Pour l’ancien dirigeant de l’UGTE et Défenseur des Droits humains que nous sommes, peu importe la forme légale, judiciaire et administrative que prendra ses libérations, l’essentiel c’est qu’elle permette le recouvrement des victimes de leur Liberté.
5-Engager une réelle politique de prise en charge médicale de réinsertion sociale et de réhabilitation des anciens prisonniers et exilés politiques, pour leur permettre de réintégrer la Société et éviter leur transformation en marchandise de propagande. Le récent décès prématuré de feu le Jurisconsulte Si Ismaïl Saïdi , des suites d’une grave maladie contractée en prison, doit nous inciter à mettre fin à cette hémorragie. Un ami présent dans le cortège funèbre au Jellaz nous avait écrit sa tristesse de voir d’autres amis accompagner une partie d’eux mêmes au cimetière, étant eux aussi atteints des mêmes maladies, sans aucun dépistage, sans aucun traitement, sans aucun suivi. Au delà de la vérité judiciaire, de la vérité politique et de la vérité historique, les individus ont droit à un traitement respectant leur Dignité. La remarque vaut pour le gouvernement comme pour les défenseurs authentiques, les politiciens et les marchands des malheurs.
Tous au service de la Patrie, dans l’Apaisement et pour se tourner ensemble vers l’Avenir :
Ces mesures d’apaisement que nous prônons, permettront à tous, avec une bonne dose de volonté, de se concentrer à l’essentiel et au plus important parmi les choses importantes, pour paraphraser feu le Zaïm Habib Bourguiba (Al-Ahamm Qabla Al-Mouhimm).
Elles permettront à l’élite de se parler et de débattre, ensemble et dans le respect mutuel, des problèmes réels du pays. Mais surtout de chercher et de proposer des perspectives constructives et non des visions hallucinogène prisonnières du passé et tout le temps braqués sur le rétro-viseur ne voyant que le derrière de la marche.
L’éthique de la Responsabilité versus l’éthique du Plaisir :
Nous avions écrit ces quelques lignes il y a quelque temps, dans une ancienne tribune intitulée « Le Temps de la Sagesse », pour répondre à nos détracteurs au sujet du retour des Âïdoun / Retornados. Nous reproduisons ci-après la conclusion, qui résume notre pensée et nous semble toujours d’actualité :
« Agir obéit plutôt à "l'éthique de la responsabilité" qu'à "l'éthique du principe", pour paraphraser Max Weber. Et le principe de la responsabilité contraste radicalement avec le principe du plaisir, distinction chère aux psychologues. Les exilés responsables n'ont pas à rester otages des exilés de plaisir. Ces derniers se complaisent dans leur situation confortable, psychiquement, socialement, matériellement et politiquement, bien que stérile et figée dans la réminiscence, productrice de néant. »
« Un temps pour déchirer, un temps pour coudre » disait Paulo Coelho, « Des hommes pour déchirer, des hommes pour coudre » nous lui répliquons.
Que ce 25 juillet 2010 soit celui des hommes et des femmes qui s’invitent à coudre, ensemble, ce qui a été déchiré, dans l’intérêt suprême de la Nation. Amine
Vive la Tunisie,
Vive la République,
Paris-Bastille, le 24 juillet 2010
Âïd / Retornado, Bi Idhni Allah, Ahabba Al Mouhibboun Wa Kariha Al Karihoun
Abdel Wahab Hani
awhani@yahoo.fr
+33 6 17 96 00 37 begin_of_the_skype_highlighting +33 6 17 96 00 37 end_of_the_skype_highlighting (toujours injoignable depuis les lignes Tunisie Telecom)
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