Front Syndical de Classe
« Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l'unité, son motif le plus puissant. C'est pour la mener avec succès en rassemblant l'ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n'est pas une invention, c'est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu'elle cesse : renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l'exploitation et à l'écrasement. »
H. Krasucki
Le Front Syndical de Classe est affilié à la FSM
Non
à l'Union sacrée
contre la Syrie
C’est avec
indignation et émotion que les
militants de lutte de classe, tant de
la CGT que de la FSU, viennent de
prendre connaissance d’un communiqué
commun entre la CGT, la FSU et
Solidaires concernant la Syrie.
Ce communiqué
se fait ni plus ni moins l’écho des
positions des gouvernements français,
des Etats-Unis et britannique,
accusant le gouvernement syrien de
crimes, pour le moins à ce jour non
prouvés, et apportant leur soutien à
une prétendue résistance syrienne,
pour laquelle, par contre, les preuves
s’amoncellent qu’elle est
essentiellement constituée, dans sa
composante militaire, d’éléments se
réclamant du salafisme, des Frères
musulmans, dont de nombreux
mercenaires étrangers. Partout où les
« rebelles » parviennent à s’installer
on assiste à des scènes extrêmement
inquiétantes : les minorités
religieuses (chrétiennes de
différentes confessions, alaouites,
chiites, druzes…) sont chassées ou
assassinées, tandis que les femmes se
voient dépossédées de leurs droits,
que sont imposés les principes
moyenâgeux de l’islamisme, à l’image
de ce que l’on voit en Libye et au
Nord Mali, et que l’on tente d’imposer
en Egypte et en Tunisie.
Ces groupes
armés sont, de notoriété publique,
financés, entraînés par des Etats
comme le Qatar et l’Arabie Saoudite
dont le caractère ultra réactionnaire
n’a d’égal que les pétrodollars avec
lesquels ils abondent le capital
financier international. Quant à la
soi-disant représentation politique de
l’opposition syrienne, non seulement
les groupes armés ne la reconnaissent
pas, mais on a pu constater son
indépendance politique lorsqu’elle
s’est réorganisée sans broncher sur la
simple injonction de la secrétaire
d’État des Etats-Unis ! Le rôle joué
par la Turquie, membre de l’OTAN, dans
l’introduction d’éléments armés en
Syrie souligne encore le fait que la
situation qui prévaut n’a pas
grand-chose à voir avec un prétendu
combat pour la liberté et la
démocratie.
Chacun peut
voir par ailleurs la forte imbrication
du gouvernement français dans ces
évènements, et ce, comme dans beaucoup
d’autres domaines, dans la stricte
continuité du gouvernement précédent.
En fait l’impérialisme français rêve
depuis des dizaines d’années de
reprendre pied en Syrie, région qu’il
avait reçue en butin lors du Traité de
Sèvres (1920). Depuis des années, tout
événement au Liban (création de
l’impérialisme français pour affaiblir
le mouvement de libération national
syrien) sert de prétexte aux
gouvernements français pour menacer
Damas d’une intervention militaire.
En réalité la
question n’est pas celle du régime
syrien, qui relève de la seule
souveraineté du peuple syrien, et qui,
en toute état de cause, est très loin
d’être moins démocratique que le
Qatar, Bahreïn, l’Arabie Saoudite, la
Turquie, le Yémen, la Jordanie, la
Libye « libérée », les Emirats et…
l’Etat colonial israélien.
Le premier des
enjeux, c’est la présence de gaz dans
le sous-sol syrien à un moment où la
crise du capitalisme comme système
s’accompagne d’une crise énergétique
en perspective, et de savoir qui va
profiter du pactole, les
multinationales de tel ou tel Etat
impérialiste, avec des retombés sur
les monarchies du golfe ou la
bourgeoisie syrienne ? Le second des
enjeux, c’est de déblayer le terrain
pour une agression contre l’Iran dont
tout indique que la préparation est
très largement engagée, en particulier
à partir de l’Etat qui,
traditionnellement, dans la région,
joue le rôle de gendarme de
l’impérialisme international, l’Etat
d’Israël. Cet Etat jouit du privilège
quasiment exclusif de pouvoir violer
impunément toutes les résolutions
internationales, tout comme d’ailleurs
de pouvoir posséder la bombe atomique,
héritage de son « frère défunt » le
régime d’apartheid sud-africain, qui
le tenait lui-même de la France. Enfin
le troisième enjeu, c’est la question
palestinienne dont les Occidentaux
voudraient se débarrasser une fois
pour toutes, et dont l’Etat d’Israël
veut accélérer la solution finale. On
notera que si l’on fournit des armes à
la prétendue « armée syrienne libre »,
et qu’une grave menace pèse d’une
intervention militaire de l’OTAN, par
contre dès que les Palestiniens se
défendent contre l’occupant israélien,
de Paris à Washington en passant par
Londres, chacun appelle les deux
parties à cesser le feu ! Or le seul
Etat de la région qui soutienne la
Palestine, c’est la Syrie ! Si le
régime syrien est renversé par une
intervention extérieure (avec ou sans
intervention directe de l’Otan), le
peuple palestinien reste seul ! Il est
significatif que dans les derniers
mois et semaines, on ait assisté à une
transformation du cadre politique en
Palestine : le Hamas à Gaza a rompu
ses alliances avec Damas et le
Hezbollah libanais et son chef ont
rejoint le Qatar, financier de
l’agression contre la Syrie ! Puis au
moment où la reconnaissance de l’Etat
palestinien comme membre associé à
l’ONU était à l’ordre du jour, Israël
a lancé de nouvelles attaques
meurtrières contre Gaza, pour accepter
finalement une négociation qui de fait
débouche sur une partition des
territoires palestiniens occupés entre
la Cisjordanie, terre de colonisation
où la soldatesque israélienne
intervient pour arrêter des militants
et où le mur continue d’être édifié,
Gaza étant laissé au Hamas avec la
bénédiction du Qatar, de l’Arabie
Saoudite et des Frères musulmans
égyptien. Cette tactique vise à briser
l’unité du peuple palestinien, tandis
que de nouveau des voix s’élèvent pour
demander en Israël que les
Palestiniens soient expulsés de
Cisjordanie.
Qui est aveugle
au point de ne pas voir que tout
renversement militaire, toute
intervention militaire contre la Syrie
ne ferait qu’aggraver dangereusement
la situation dans tout le Moyen-Orient
et au-delà, en Afrique du Nord comme
dans la région des Balkans ? Le
mouvement syndical, quelle que soit
son opinion sur tel ou tel régime, ne
saurait s’inscrire d’une manière ou
d’une autre dans les préparatifs d’une
guerre impérialiste. Par leur
communiqué, la CGT, la FSU et
Solidaire, renouent avec le pire de
l’histoire syndicale française : le
ralliement de la CGT à l’Union Sacrée
en 1914 !
Il est
significatif qu’au moment :
-
où le gouvernement de la « gauche » du patronat, initie une politique d'austérité tandis que les monopoles privés dictent les projets de réforme (« marché » du travail, protection sociale),
-
où se poursuit le démantèlement des services publics et de santé,
-
où se prépare une réforme administrative de décentralisation qui accentuera le caractère anti-démocratique des institutions en les mettant encore plus sous le contrôle patronal
-
où les discours sur la ré-industrialisation et la défense du potentiel productif sont démasqués par les faits, tout comme l’est celui sur la refondation de l’école,
-
où s'accélère une construction européenne anti-sociale et anti-démocratique mais aussi militaire et impériale,
les
organisations syndicales, qui ne
montrent pas une combativité à la
hauteur de ce que les travailleurs en
attendent, se précipitent pour de fait
soutenir, comme en 1914, les positions
de l’impérialisme français, à partir
des mêmes campagnes de bourrage de
crâne, serinées depuis la première
guerre contre l’Irak .
Le FSC appelle
les militants syndicaux de lutte de
classe, à dénoncer l’opération, et à
intervenir pour dire « Non à la guerre
contre la Syrie », « Non à
l’intervention étrangère en Syrie »,
« solidarité avec le peuple
palestinien, pour un Etat palestinien
dans les frontières de 1967 ».
L’expérience montre que lorsqu’un
gouvernement en agresse un autre, ce
sont les peuples qui en font les
frais !
Front
Syndical de Classe, 10 décembre 2012
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