Séminaire
de doctorat
Économies
du monde
musulman
Coordonné par :
Fatiha TALAHITE Économiste,
HDR, chargée de recherche au
CNRS, CRESPPA-GTM (UMR 217 CNRS/ Universités Paris 8).
Saïd SOUAM Économiste,
Professeur Université Paris Ouest Nanterre La Défense,
chercheur à ECONOMIX (UMR
CNRS/Université Paris Ouest Nanterre La Défense),
chercheur associé au CREST.
Jean-Yves
MOISSERON Économiste,
HDR, Chargé de Recherche à
l’IRD, UMR 201
« Développement et
sociétés », IRD/Université
Paris 1
Panthéon Sorbonne, directeur-adjoint
du collège
international des Sciences du Territoire.
Séance 2
Islamisme et
mutation rentière du
capitalisme
Ahmed HENNI
Université
d’Artois
Discutante :
Fatiha TALAHITE
Vendredi 21
décembre
2012, 16h30-18h30, salle S/2
Maison des
Sciences
Économiques, 106 - 112 boulevard de L'Hôpital, 75013, Paris.
Le séminaire est ouvert au public,
sans inscription, et a
lieu tous les derniers vendredis du mois (sauf vacances et
jours fériés)
Économiste
diplômé de
Panthéon-Sorbonne (1975), chargé d’enseignement à
Paris-Dauphine, Ahmed Henni, devient
en 1982 professeur d’Université à Oran puis à Alger
(Algérie). Membre du
Conseil de la monnaie et du crédit sous le gouvernement
réformateur, c’est en
tant que directeur général des Impôts (1989-1991) qu’il
met en place une
importante réforme fiscale (1990), introduisant en Algérie
l'impôt sur le
revenu et la taxe sur la valeur ajoutée. Dans les années
1990, il sera
professeur à l’université d’Artois.
Dans son
dernier
ouvrage, Capitalisme
de rente : de
la société du travail industriel à la société des
rentiers, (2012), il
analyse comment, depuis les années 70, le capitalisme des
pays riches a connu
une mutation rentière : il délaisse l'industrie pour
s'enrichir davantage par
l'usage de monnaies, logiciels, images, sons, nouvelles
molécules... Le travail
matériellement productif est ainsi relégué dans des
contrées exotiques. Les
sociétés capitalistes développées deviennent des sociétés
rentières, marquées
par un affolement rentier des aspirations s'appuyant sur
des corporatismes, des
communautarismes et nationalismes qui mettent la modernité
en échec. Dans Le
Syndrome islamiste et les mutations du
capitalisme (2007), il montre comment l'islamisme
politique, nouveau
porte-parole des " déshérités ", ne s'attaque pas à la
propriété et
au pouvoir économique qui en découle, mais à la
souveraineté et au pouvoir
politique qui la représente. Quand il devient armé, il
exerce une violence
meurtrière indifférenciée, visant à démontrer que le
pouvoir n'est nulle part
souverain. Le fondamentaliste islamiste ne revendique pas
la propriété de
territoires, mais une redistribution monétaire sans
frontières. Dès lors, il
entre en conflit avec les souverains en place, en pays
d'islam en premier lieu,
particulièrement dans les pays pétroliers, en second lieu
avec les titulaires
de la souveraineté dans le monde, donc avec le centre
principal, les
États-Unis. Cette dynamique qui anime les islamistes ne
relève pas uniquement
d'une nostalgie millénariste, d'un désir d'en revenir à
l'Empire musulman au
temps de sa splendeur. Ahmed Henni montre qu'elle
s'inscrit localement dans le
fonctionnement rentier des sociétés pétrolières où la
richesse est liée au
statut des individus. Et qu'elle s'inscrit historiquement
dans la mutation
mondialisée du capitalisme d'industrie en capitalisme de
rente, financière
notamment, où les idéologies valorisant les statuts
pourvoyeurs de revenus
prennent la place des idéologies valorisant le travail de
production.
-- Fatiha TALAHITE Directrice adjointe du CRESPPA Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris UMR 7217 CNRS 59-61, rue Pouchet 75849 Paris Cedex 17
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