Syrie : le conflit est très mal couvert par les médias selon un journaliste britannique
Le leader syrien ne serait pas du tout en train de perdre le contrôle du pays.
Désinformation
L'armée syrienne libre ne serait pas en si bonne posture que ça, selon Patrick Cockburn Crédit Reuters
Si l'on en croit la majorité des médias
occidentaux, Bachar al-Assad, le leader de la Syrie en proie à une
guerre civile extrêmement sanglante depuis près de deux ans, sera
bientôt renversé. C'est d'ailleurs exactement ce que déclarait Laurent
Fabius dimanche quand il a affirmé : "Je pense que la fin se rapproche
pour M. Bachar al-Assad […] Même les russes l'envisagent". Le régime a
perdu de nombreux points stratégiques, en particulier dans le nord du
pays, et l'armée de libération syrienne serait désormais aux portes de
Damas, se battant pour la maîtrise de l'aéroport.
Ce n'est pourtant pas exactement ce que rapporte Patrick Cockburn, journaliste multi-récompensé pour ses articles et ses livres sur le Moyen-Orient qui livre dans The Independent le récit des 10 jours qu'il a passé en Syrie.
Car si Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire générale de l'Otan,
déclarait la semaine dernière que le régime de Bachar était sur le point
de s'effondrer, Cockburn a eu des échos radicalement différents. "Les
Syriens et les diplomates étrangers les mieux informés déclarent, au
contraire, que les attaques les plus récentes des rebelles sur la
capitale ont été repoussées par une contre-offensive gouvernementale".
De
même ses sources déclarent "que les dernières avancées rebelles qui ont
nourri les spéculations à l'étranger sur le fait que le gouvernement
syrien serait sur le point d'exploser, sont à expliquer en partie par
une nouvelle stratégie de l'armée syrienne qui se retire des
avant-postes et des bases indéfendables et concentre ses troupes dans
les villes et les villages". Après Damas, Patrick Cockburn s'est ensuite
rendu à Homs, le cœur de la révolution, désormais majoritairement tenue
par les forces loyalistes d'Assad. On est donc loin d'une défaite
imminente, bien au contraire semble-t-il.
Un avis partagé par Elizabeth Kennedy d'Associated Press
qui rapporte qu'Assad est loin d'être fini puisqu'il est toujours suivi
par "des milliers de troupes loyales et qu'il dispose d'un monopole sur
la puissance aérienne". De plus le processus diplomatique moribond
donne au leader syrien une certaine marge de manœuvre, et ce malgré les
nombreuses condamnations internationales. Quant à la montée en puissance
de l'implication des extrémistes islamiques parmi les rebelles, elle
"ruine les espoirs que l'occident inverse le cours de la guerre civile
en envoyant des armes lourdes à l'opposition", continue Elizabeth
Kennedy.
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