Le FBI vient juste d’être forcé à publier les enregistrements
détaillant les interrogatoires de l’ancien président irakien.
David Connett les a passés au crible The Independent mardi 7 juillet 2009 article original : "The Saddam Files: His final interviews"
Mardi 07 Juillet 2009
Saddam durant son interrogatoire (EPA)
Ses réalisations
« Saddam a déclaré qu’il a servi le peuple irakien pendant une très longue période. Il considère que ses programmes sociaux pour les citoyens irakiens et les améliorations dans d’autres secteurs de l’économie, y compris l’amélioration de l’éducation, du système de santé, de l’industrie, de l’agriculture et d’autres secteurs qui ont généralement amélioré la vie des Irakiens, font partie de ses plus grandes réussites. En 1968, le peuple irakien « n’avait quasiment rien ». L’économie irakienne dépendait entièrement de la production de pétrole, dont la plus grande partie était exportée d’Irak par des sociétés étrangères. L’Irak fabriquait très peu de biens manufacturés, la plupart devant être importés. Le système de santé était « primitif » et le taux de mortalité était très élevé, en particulier parmi les pauvres. L’alphabétisme tournait autour de 27 %. Les routes étaient pratiquement inexistantes dans les zones rurales et « très mauvaises » dans les villes d’Irak. Les occasions de faire des études étaient très limitées au niveau universitaire, même à Bagdad.
Saddam a amélioré tous ces secteurs. Il considère que cela constitue sa plus grande réussite et le « service » rendu aux Irakiens. Il a déclaré être persuadé que plus de personnes l’aimeront après sa mort qu’aujourd’hui.
Dans le futur, Saddam sera reconnu pour son « équité » et pour avoir affronté l’oppression. Il a déclaré que selon son opinion les Irakiens soutenaient toujours leur dirigeant.
Les erreurs
Saddam a admis que tous ses efforts n’ont pas été vus comme des réussites aux yeux de certaines personnes. Il a déclaré qu’il n’était pas convaincu par le système américain de gouvernement. Il a fait remarquer que près de 30 millions de personnes vivent dans la pauvreté en Amérique, mais les Américains ne considèrent pas cela comme un « crime ». Il a dit qu’il n’accepterait jamais cela pour l’Irak.
Pressé une deuxième fois par l’interviewer de reconnaître ses propres erreurs, il demande : « Pensez-vous que je dirais à un ennemi si j’avais commis une erreur ? » Saddam dit qu’il ne révèlerait ses erreurs à aucun ennemi comme l’Amérique. Il a fait remarquer qu’il ne considérait pas l’interviewer comme un ennemi, pas plus que le peuple américain, mais le système américain de gouvernement. Il a dit au FBI que ce que les gens pensent ou disent de lui n’est tout simplement pas important. Ce qui importe c’est ce qu’ils penseront de lui dans le futur, dans 500 ans ou dans 1.000 ans.
« Cependant, la chose la plus importante est ce que pense Dieu. »
Le « don » irakien
Il a dit aux interrogateurs du FBI que l’Irak était aujourd’hui une grande nation, comme ce fut le cas à d’autres époques de l’histoire. Les nations ne parviennent généralement « au premier rang » qu’une seule fois. L’Irak y a accédé de nombreuses fois, avant et après l’Islam. L’Irak est la seule nation de ce type dans l’histoire du monde. Ce « don » a été donné au peuple irakien par Dieu.
La Démocratie
Dans l’opinion de Saddam, un parti unique n’était pas bon pour l’Irak. Il a déclaré : « La vie n’accepte tout simplement pas une seule idée. Elle accepte seulement un seul Dieu. » Il a dit qu’un système multipartite aurait provoqué « trop d’émoi au peuple irakien » et qu’il aurait été obligé de l’accepter. Il a déclaré : « Actuellement, les seuls partis politiques existant en Irak sont ceux qui ont des armes. »
La Guerre Iran-Irak
Il a été demandé à Saddam si la décision de partir en guerre contre l’Iran en septembre 1980 avait été basée sur des menaces de la part de l’Iran ou si ce fut un moyen de revendiquer le territoire arabe irakien, spécifiquement, la voir navigable de Shatt-al-Arab.
Saddam a donné l’exemple d’un agriculteur qui est votre voisin. « Saddam préfère utiliser des exemples ruraux ou agricoles car ils ont une signification spéciale pour lui. Un jour, le fils du voisin bat votre fils. Le lendemain, il ennuie vos vaches. Par la suite, le fils du voisin endommage votre exploitation agricole en perturbant le système d’irrigation. Si toutes ces choses se sont passées, après suffisamment d’incidents, vous finissez par aller voir votre voisin et vous lui demandez d’arrêter. Habituellement, une mise en garde ou une approche est suffisante pour faire cesser ce comportement.
Cependant, avec l’Iran, cette approche de la part de l’Irak n’a pas marché. Selon Saddam, ceci ne laissa d’autre choix à l’Irak que de combattre. Il a dit que l’Ayatollah Khomeyni avait deux choses qui interféraient avec son esprit. L’une, qu’il était un religieux fanatique qui pensait que tous les dirigeants étaient comme le Shah d’Iran, une personne facile à renverser.
Depuis qu’il avait renversé si facilement le Shah, Khomeyni pensait qu’il pouvait faire la même chose, y compris en Irak. Deuxièmement, Khomeyni avait un complexe sur le fait d’avoir été chassé d’Irak à la fin des années 70.
Khomeyni, exilé d’Iran, avait été « l’hôte » de l’Irak qui lui avait « donné refuge » à Nadjaf. Il a dit que Khomeyni avait été prévenu de ne pas faire de discours contre le Shah et il finit par partir pour la France. Khomeyni croyait que la population chiite du sud de l’Irak le suivrait, en particulier durant la guerre contre l’Irak.
Mais, selon Saddam : « Ils ne l’ont pas accueilli favorablement ». En fait, les Chiites sont restés loyaux à l’Irak et ont combattu les Iraniens. Après deux années de guerre, certains dirigeants militaires irakiens avaient le sentiment que l’Iran avait « reçu une leçon » et recommandèrent de se retirer. Saddam respecta l’information donnée par les commandants militaires et ordonna aux forces irakiennes de se retirer.
Les armes chimiques
A la question de savoir si l’utilisation d’armes chimiques par l’Irak contre l’Iran s’est produit seulement durant la période « défensive » de la guerre et avait été une nécessité, Saddam a déclaré : « Je n’ai pas de réponse pour cela. Je ne répondrai pas. » Interrogé plus tard sur l’usage d’armes chimiques, il a répondu : « Je ne me laisserai pas acculé ou attrapé sur des points techniques. Cela ne vous apportera rien.
Les Etats-Unis ont payé cher pour leurs erreurs, ici, en Irak et dans le monde entier, et continueront de payer pour leurs erreurs dans le monde entier. »
Saddam fit remarquer que l’Iran a utilisé en premier des armes chimiques (à Khoramshahar, en 1981) mais, alors qu’il était interrogé pour la troisième fois sur le sujet, il répondit : « Je ne vous répondrai pas, quelle que soit la façon dont vous posez la question. » Il ajouta : « Je discuterai de tout, à moins que ça ne nuise à mon peuple, à mes amis et à l’armée. »
Oussama Ben Laden
Saddam a déclaré que l’idéologie de Ben Laden n’était pas différente de celle des nombreux zélotes qu’il avait vus. Il a soutenu qu’il n’avait jamais vu ou rencontré personnellement ben Laden. L’Agent spécial Piro lui dit qu’il y avait des preuves claires de rencontres entre le gouvernement irakien et al-Qaïda en deux occasions, à Bagdad et au Soudan. Le rapport du FBI dit que Saddam à répondu « Oui », mais il a déclaré qu’ils n’avaient pas coopéré avec ben Laden. Les accords de paix de Genève Saddam a dit que le ministre irakien des affaires étrangères, Tarek Aziz, avait rencontré le Secrétaire d’Etat James Baker à Genève en janvier 1991. La direction irakienne espérait exploiter toute chance de paix concernant la situation au Koweït. Quand l’occasion s’est présentée, l’Irak a décidé de la suivre. Ils pensaient que cela « aurait du poids » auprès de la communauté internationale. Selon Saddam, Baker n’a apporté aucune solution à la situation du Koweït. A la place, Baker dicta à Aziz les mesures que les Etats-Unis voulaient lui voir prendre, « Autrement, nous vous renverrons à l’âge préindustriel. »
Aziz a dit que les exigences des Etats-Unis étaient impossibles. « Le Koweït est irakien », a soutenu Saddam. Il a été « volé » à l’Irak par une résolution britannique. Si le Koweït n’avait pas été un pays avec des réserves de pétrole, il n’aurait pas été « volé », a-t-il affirmé.
L’arrogance des dirigeants koweïtiens les rendit « stupides » et déclencha la guerre, insista-t-il. Les troupes américaines
Saddam a déclaré : « Si un soldat ne voit pas la logique, il ne sera pas aussi bon ou aussi obéissant. Un soldat doit être convaincu, sinon la discipline est un problème. » Saddam fit un commentaire sur l’état mental actuel des soldats américains en Irak. Il a dit : « Si vous demandiez au soldat américain s’il préfère rester ou partir, alors qu’il est venu en Irak pour trouver des armes de destruction massive mais n’en a pas trouvées et qu’il est venu pour renverser les dirigeants de la dictature de Saddam qui se trouvent tous à présent en prison, il dirait qu’il préfère partir. »
La Palestine
Selon Saddam, le problème n’était pas seulement palestinien, mais c’était un problème arabe. Toute solution au problème devrait se baser sur la justice et la loi internationale. « Une solution qui ne convainc pas la majorité des Palestiniens ne peut pas réussir », a-t-il dit.
Les Arabes sont devenus tristes et déprimés après la défaite de la guerre des six-jours en 1967 et ils ont développé par la suite un sentiment révolutionnaire. Saddam a déclaré que des représentants du Front de Libération de la Palestine (FLP) et de l’Organisation d’Abou Nidal (OAN) étaient, par moment, présents en Irak. « Nous les acceptions en tant qu’invités », a-t-il dit. Ils avaient reçu pour instruction de ne pas mener d’activités contre l’Irak et de s’abstenir de faire du terrorisme.
A un stade, l’OAN avaient été prévenue de cesser ses activités terroristes.
Les sosies
Avant de lui poser des questions sur l’utilisation de sosies, Saddam demande : « Permettez-moi de poser une question directe. Je veux demander, depuis le début de cette interview jusqu’à maintenant, où cette information est allée ? Pour que notre relation reste claire, je veux le savoir. »
L’interviewer a dit à Saddam qu’il représentait le gouvernement des Etats-Unis et que les rapports issus de ces interviews étaient sans aucun doute passés en revue par de nombreux fonctionnaires du gouvernement. Bien que l’interviewer nia savoir quoi que ce soit, parmi ces personnes il pouvait même y avoir le Président des Etats-Unis.
Saddam a dit qu’il n’émettrait aucune réserve si d’autres personnes « devaient entrer dans le processus » et qu’il ne voit pas d’inconvénient à ce que ce matériel soit publié.
A la question de savoir s’il avait jamais utilisé des « sosies » ou des personnes lui ressemblant, comme cela avait été fréquemment discuté dans des livres et autres publications, il a ri et déclaré : « C’est de la prestidigitation, pas la réalité. Il est très difficile de se faire passer pour un autre. » Il a nié que ses fils en avaient utilisé, ajoutant : « Ne pensez pas que je sois énervé que vous mentionniez mes fils. Je pense toujours à eux et au fait qu’ils ont été des martyrs.
Ils seront des exemples pour tous dans le monde. Il a dit qu’ils avaient tous deux combattu dans la guerre contre l’Iran alors qu’ils étaient encore mineurs.
Saddam a terminé cette partie de l’interview en disant : « Si vous décidez de publier un livre, assurez-vous de le publier à la fois en anglais et en arabe. »
Lorsque que le sujet des sosies est revenu plus tard sur le tapis, Saddam a déclaré : « Non, bien sûr que non. »
Les inspections de l’ONU
Saddam a reconnu que l’Irak avait commis une erreur en détruisant certaines armes sans la supervision de l’ONU. Du point de vue de Saddam, les inspecteurs de l’ONU voulaient que toutes leurs dépenses, y compris leurs frais de voyage et d’hébergement, ainsi que d’autres coûts, fussent payés par l’Irak. Au lieu d’attendre les inspecteurs et de supporter toutes ces dépenses, l’Irak a commencé la destruction des armes. L’Irak n’a pas caché ces armes.
En ce qui concerne la destruction des armes, Saddam a déclaré : « Nous les avons détruites. Nous vous l’avons dit, documents à l’appui. C’est tout. » Interrogé sur les restrictions placées sur les lieux visités par les inspecteurs, Saddam a répondu : « Quels lieux ? » Interrogé sur les nombreux endroits, dont le ministère de l’agriculture, Saddam a répondu : « Grands Dieux ! Si j’avais eu de telles armes, je les aurais utilisées pour combattre contre les Etats-Unis. » Lorsqu’il lui a été fait remarquer que la plupart des accusés qui sont innocents acceptent un examen complet des détails de l’accusation et qu’une fois disculpé, celui qui a été accusé apporterait alors la preuve de tout mauvais traitement durant l’enquête, Saddam a déclaré ; « Ce n’est pas une question, c’est un dialogue. Parfait ! » Saddam a dit que les Etats-Unis avaient utilisé des armes interdites au Vietnam. Il a demandé si l’Amérique accepterait que des Irakiens inspectent la Maison-Blanche pour de telles armes. Une telle fouille ne découvrirait probablement rien, dit-il, ajoutant : « Un pays qui accepte d’être violé apportera le déshonneur sur son peuple. »
Saddam a fait également remarquer que des décisions ont été prises par la direction irakienne et pas seulement pas Saddam. Les dirigeants irakiens ont pris des décisions qui ont donné une « ouverture » aux Etats-Unis et des raisons pour la toute dernière guerre. Saddam a admis qu’il y avait des personnes dans le gouvernement irakien qui étaient au départ peu enthousiastes à l’idée de coopérer avec les inspecteurs en armement. Ces personnes travaillaient dur et loyalement et se consacraient à leur travail. Il leur était difficile qu’on leur dise, un jour, d’ouvrir tous leurs dossiers et de remettre tout leur travail et les secrets du gouvernement à des étrangers. Cela a pris du temps et s’est produit par étapes.
Les Armes de Destruction Massive
Saddam a déclaré que le développement d’ADM était pour la défense de la souveraineté irakienne. L’Irak l’a démontré en utilisant des ADM durant la guerre Iran-Irak, alors que l’Iran avait menacé la souveraineté de l’Irak. Pourtant, l’Irak n’a pas utilisé d’ADM durant la guerre du Golfe de 1991, puisque sa souveraineté n’était pas menacée. Il a réfuté que quiconque d’autre en Irak doté d’autorité ait pu les développer. Il a affirmé qu’en diverses occasions il avait tenu des réunions avec tous ses ministres et leur avait demandé spécifiquement si l’Irak avait des ADM dont il n’avait pas conscience. Tous ses ministres ont déclaré que non, alors qu’ils disaient savoir que la position de Saddam à propos des ADM avait une grande importance. Saddam a dit qu’il avait autorisé les inspecteurs de l’ONU à revenir en Irak pour contrer les accusations du gouvernement britannique. Il a dit que cela avait été une décision très difficile à prendre, mais que le gouvernement britannique avait préparé un rapport contenant des renseignements inexacts. Ce furent ces renseignements inexacts sur lesquels les Etats-Unis prirent leurs décisions.
Cependant, Saddam a admis que lorsqu’il était devenu clair qu’une guerre avec les Etats-Unis était imminente, il autorisa les inspecteurs à revenir en Irak dans l’espoir d’éviter la guerre.
Le Koweït
Interrogé pour savoir si l’invasion irakienne du Koweït était à l’origine de la discorde entre Bagdad et le reste du monde, Saddam a affirmé : « L’Amérique avait un plan avec le Koweït pour attaquer l’Irak. Nous avions une copie de ce plan entre nos mains. Si j’avais eu les armes interdites, aurais-je laissé les forces étasuniennes rester au Koweït sans attaquer ? J’espère que les Etats-Unis n’avaient pas l’intention d’attaquer l’Irak. » Il a affirmé que Washington planifiait la destruction de l’Irak, une intention poussée par le sionisme et l’effet du sionisme sur les élections aux Etats-Unis.
Israël avait également une influence dans ce plan parce qu’ils voyaient l’Irak comme une dangereuse menace militaire à la fin de la guerre Iran-Irak. « Je le crois fermement », a-t-il dit. « Il est difficile d’éviter quelqu’un qui est armé et qui se tient à l’extérieur de votre maison, à moins que vous ne sortiez et que vous tiriez. » Comme l’Irak est un petit pays, il était difficile d’arrêter les Etats-Unis, quelles que soient les mesures prises.
Les Scuds
Saddam a déclaré que lui et personne d’autre dans le gouvernement ou la direction irakienne a donné l’ordre de tirer les missiles SCUD sur Israël. « Tout ce qui nous est arrivé l’a été à cause d’Israël. Israël fait pression sur les politiciens américains et les remplit de haine. » Israël a d’abord attaqué l’Irak en 1981, en détruisant notre unique réacteur nucléaire. En ce qui concerne l’Irak, la guerre avec Israël était « toujours en cours », a-t-il dit. Il voulait punir ce pays qu’il considérait comme étant la source de tous les problèmes.
Selon Saddam, les pays arabes qui ont soutenu la coalition avaient été « déshonorés ».
Les assassinats
Saddam a nié que les services secrets irakiens étaient responsables du meurtre d’opposants politiques qui avaient fui l’Irak. Interrogés sur ceux qui les avaient tués, il a répondu : « Seul Dieu le sait. »
Le massacre des Arabes Marsh
Saddam a dit au FBI qu’il admirait les Arabes Marsh et qu’il avait même vécu avec eux pendant une période dans les années 60. Il a affirmé que les Marsh avaient été purgés pour améliorer la santé des Irakiens. Saddam a déclaré que le gouvernement ne pouvait tout simplement pas « rester les bras croisés à observer cet souffrance ». Les relations avec eux continuèrent d’être bonne jusqu’à l’arrivée d’un « étranger dans cette situation ». « C’est devenu mauvais », a affirmé Saddam, lorsque l’Iran a corrompu quelques-uns des Arabes Marsh.
Il a nié que les Marsh avaient été purgés pour les punir de l’insurrection contre le pouvoir de Bagdad.
Les Téléphones
Saddam a déclaré qu’il ne se rappelait avoir utilisé le téléphone qu’à deux occasions depuis mars 1990, parce qu’il craignait la capacité des Etats-Unis à le mettre sur table d’écoute. D’autre part, Saddam ne restait pas au même endroit plus d’une journée. Il communiquait essentiellement en utilisant des messagers pour communiquer ou il rencontrait personnellement les officiels du gouvernement pour discuter de diverses questions.
La Fuite de Bagdad
Saddam a dit qu’il était resté à Bagdad jusqu’au 10 ou 11 avril 2003, sur quoi il est apparu que la ville tomberait. Avant son départ, il a eu une réunion finale avec les hauts responsables irakiens et leur a dit « nous combattrons en secret ». Après cela, il a quitté Bagdad et a commencé à disperser « progressivement » ses gardes du corps, afin de ne pas attirer l’attention, leur disant que leur devoir était terminé.
La Traîtrise
Il a dit qu’un « traître » avait fourni l’information ayant conduit à sa capture. En tant qu’« hôte » dans ce lieu et en tant qu’Irakien, il n’aurait pas dû être donné aux forces américaines. Les petits-enfants de ce « traître » le tiendront pour responsable et le diront aux générations futures.
La ferme où il a été capturé était le même endroit où il s’était caché en 1959 en fuyant de Bagdad après avoir pris part à l’assassinat raté contre le président irakien d’alors, Kassem.
Les Elections irakiennes
Saddam, lorsqu’il apprit les élections à venir en Irak, a dit que le peuple irakien n’accepterait pas un dirigeant élu durant l’occupation et il a dit qu’il en avait fait l’expérience dans le passé lorsque le Roi Fayçal fut placé au pouvoir sous l’administration britannique.
Les Palais
Tandis qu’il parlait de l’air conditionné dans sa cellule, en cours de réparation à ce moment-là, Saddam avisa qu’il était habitué à vivre simplement et que personnellement il n’aimait pas les modes de vie extravagants. Interrogé sur le nombre de palais et leur nature extravagante, Saddam a déclaré que ces palais appartenaient à la nation et non pas à une personne en particulier.
La menace israélo-américaine signifiait que de nombreux palais devaient être construits pour faciliter les rencontres entre les dirigeants irakiens sans que l’on puisse les éliminés. Comme les palais appartenaient à la nation, il ne vivait dans aucun d’eux, a-t-il dit.
La Culture américaine
Saddam a dit qu’il s’intéressait à comprendre la culture américaine et qu’il le faisait en regardant des films américains.
L’Agent et le dictateur
L’agent du FBI, George L. Piro, a mené 20 interviews et cinq conversations avec Saddam Hussein au centre de détention militaire de l’aéroport de Bagdad, entre le 7 février 2004 – six jours après son arrestation – et le 28 juin 2004. Seule, la dernière interview – du 1er mai 2004 – a été entièrement retranscrite, bien qu’un document de fond ait été également profondément coupé [censuré ?]. M. Piro était l’un des rares agents du FBI qui parlait arabe et l’agence espérait de bons rapports [entre Saddam et l’agent du FBI].
Il semble que Saddam ait développé un certain respect pour M. Piro.
Dans la première interview, lorsque Saddam a admis que son interviewer était malin, il a déclaré : « Peut-être qu’une conversation entre deux personnes aussi éduquées ne sera pas utile ou couronnée de succès. »
Dans l’une de leurs dernières conversations, Saddam, visiblement détendu, a plaisanté sur ses deux demi-frères, Barzan Ibrahim Hassan, l’ancien chef de la police secrète, et Watban Ibrahim Hassan, qui fut, à un moment, ministre de l’intérieur. Saddam a dit que Barzan était très intelligent, doté d’une personnalité très affable. M. Piro a répliqué que Barzan n’était pas très amical. Saddam a ri et dit que M. Piro l’avait bien eu. Saddam a dit que Watban était l’opposé de Barzan, amical mais simplet.
Résumé de la vie de Saddam
Avril 1937 Saddam Hussein est né près de la ville septentrionale de Tikrit, cinq ans après l’indépendance de l’Irak. A 20 ans, il rejoint le Parti Baasiste naissant, qui mettait en avant une version socialiste du nationalisme pan-arabe. 1959 – 1963 Le jeune Saddam s’enfuit vers la Syrie, puis l’Egypte, après un complot contre le Premier ministre Abd al-Karim Qasim. Le Premier ministre finit par être renversé dans un coup d’Etat mené par le Parti Baasiste, qui sera lui-même renversé six mois plus tard. Des milliers de « socialistes » irakiens seront exécutés et Saddam sera emprisonné entre 1964 et 1966. Juillet 1968 Le Parti Baasiste prend le pouvoir dans un nouveau coup d’Etat et le Général Bakr, un parent de Saddam, devient président. Saddam devient son adjoint et construit une force de sécurité dont tout le monde avait peur, avec des membres de sa famille et des alliés à des postes clés dans les affaires et le gouvernement. Juillet 1979 Saddam force le Général Bakr à quitter le pouvoir, exécutant dans le processus, en quelques jours, des douzaines de rivaux. Il envahit l’Iran en septembre 1980, le début d’une guerre de huit ans dans laquelle un million de personnes perdirent la vie. Gaz moutarde et innervant sont utilisés contre les troupes iraniennes et ensuite contre les Kurdes irakiens en 1988, qui font des dizaines de milliers de victimes. [N.d.T. : Cette version de l’histoire est controversée. Voir l’article de Jude Wanniski en bas de page][1] Août 1990 L’Irak envahit le Koweït, riche en pétrole, en pleine crise économique. La Guerre du Golfe commence en janvier 1991, alors que les forces de la coalition lancent l’Opération « Tempête du Désert ». Saddam ne participe pas à la réunion de cessez-le-feu avec les commandants étasuniens, le 3 mars 1991. [N.d.T. : Encore une fois, c’est une façon assez simpliste de présenter les choses. Le journaliste David Connett semble sous-entendre que le pétrole pouvait être la justification de cette invasion. Mais, comme le dit très bien Saddam Hussein dans les interviews avec M. Piro, le Koweït était la 19ème province de l’Irak, avant que la perfide Albion n’en fasse sa chasse gardée.] Mai 1994 Saddam a survécu aux soulèvements qui suivirent la guerre du golfe et devint Premier ministre et Président. Des zones d’interdiction aériennes et des sanctions économiques, incluant le programme controversé « pétrole contre nourriture », sont introduites par les Nations-Unies pour l’endiguer. Il expulse les inspecteurs en armement de l’ONU en octobre 1998, après sept années de coopération. Cela conduit à une campagne de bombardement de trois jours par les Etats-Unis et le Royaume-Uni contre des programmes suspects d’armement nucléaire. [N.d.T. : Cela c’est passé sous Bill Clinton et Tony Blair, lesquels s’en sont donnés à cœur joie et leur embargo a probablement causé la mort de plus d’un million d’Irakiens.] Novembre 2002 Les inspecteurs en armement retournent en Irak après que le Conseil de Sécurité de l’ONU eut voté la Résolution 1441, menaçant l’Irak de « conséquences sérieuses » à moins que toutes les armes de destruction massive ne soient abandonnées Le Royaume-Uni et les Etats-Unis font pression pour une nouvelle résolution qui autorise l’action militaire, mais ils lancent l’attaque en mars 2003 avant qu’elle ne soit jamais votée. [N.d.T. : Une fois encore, David Connett semble ignorer que le monde entier savait que les accusations portées par Bush et Blair étaient des bobards grossiers et que la France, représentée alors par Jacques Chirac et Dominique de Villepin, avait menacé de brandir son veto sur cette résolution. L’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg ont suivi la position de la France. Par contre, les nouveaux entrants dans l’Union Européenne, Pologne et République Tchèque en tête ont fait acte d’allégeance aux Anglais et aux Américains. David Connett aurait pu également parler du million de morts et des 2 ou 3 millions de déplacés dans le camp irakien, à cause de cette guerre pour le pétrole.] Décembre 2003 Saddam est capturé par des soldats américains, après que ceux-ci furent tuyautés et conduits à un trou creusé dans la terre près de sa ville natale de Tikrit. Son procès eut lieu deux ans plus tard où il dut répondre des accusations de crimes contre l’humanité qui remontaient à 1982. Ce procès fut entouré de controverses, mais malgré l’assassinat de trois avocats de la défense et une grève de la faim de Saddam, le 5 novembre 2006, il est reconnu coupable et condamné à mort par pendaison. Décembre 2006 Il est exécuté le 30 décembre et des photos sont prises sur un téléphone mobile qui font le tour de la planète quelques heures plus tard.
Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]url:http://questionscritiques.free.fr/edito/Independent/dossier_Saddam_interviews_050709.htm Note : ____________________
[1] Saddam Hussein n'a pas perpétré de génocide, par Jude Wanniski
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