L’alliance stratégique israélo-américaine
par Xavière Jardez
Mardi 4 mai 2010
L’alliance stratégique est l’axe autour duquel s’est développée et se développe toujours la politique américaine à l’égard d’Israël depuis des décennies, et qu’Obama, même si, personnellement, il y était opposé , ne pourrait ignorer.
D’autant moins que, lors de la prétendue crise entre Israël et les Etats-Unis sur la poursuite de l’extension des colonies dans Jérusalem-Est, plus des trois-quarts des Sénateurs dont 33 démocrates et 333 Représentants de
Quels sont ces intérêts qu’Israël a si ardemment protégés que la grande puissance américaine ne pouvait protéger elle-même et qui a donné carte blanche à l’Etat juif pour passer outre à toutes les résolutions du Conseil de sécurité, ayant reçu à 32 reprises le veto US, pour, dernièrement, rejeter d’une chiquenaude ses protestations sur la poursuite de la colonisation des territoires occupés, pour s’abstenir de participer à la réunion sur le Traité de Non Prolifération, qu’il avait à plusieurs reprises promis de signer, traité qui vient à renouvellement en juin prochain ?
Si la guerre de 2003 en Irak avait pour finalité le contrôle du pétrole irakien par les Etats-Unis, - et donc le renversement de Saddam Hussein -, il est un fait certain qu’Israël a beaucoup œuvré à leur ouvrir les champs pétrolifères du Kurdistan avec pour avantage collatéral la réouverture de l’oléoduc entre Kirkouk et Haifa, sur
Une aide financière de plus de 114 milliards de dollars
Mais le jeu politique d’Israël a été considérablement plus important dès la guerre de Suez en 1956 qui a permis d’éliminer du Moyen-Orient la puissance en déclin qu’était
Cette aide américaine directe que certaines estimations conservatrices évaluent à 114 milliards de dollars (données de 2008) depuis la création de cet Etat était, jusqu’à Obama, une aide militaire et financière. Elle n’est plus que militaire depuis, par incorporation des fonds réservés au secteur économique. Ce chiffre d’ailleurs n’est qu’approximatif car certaines aides sont enfouies dans les divers budgets des agences américaines, dont notamment celui du Département de
Obama n’a pas coupé le flot d’armes livrées à Israël
Israël a toute liberté pour dépenser 26,3% de cette aide à des opérations en tous genres sur son territoire - extension de colonies par exemple - sans aucun contrôle, et développer une industrie militaire très sophistiquée. Israël est ainsi devenu un des principaux marchand et exportateur d’armes (le 9ème, selon le Congrès) et, en cas de nécessité, vers des pays interdits par le Congrès. On se souvient des remous de l’Irangate dans les années 1980, sous Reagan, quand Israël avait, en pleine guerre Iran-Irak, fourni des armes américaines à Khomeiny en totale violation de son accord de non-réexportation qui ne fut absolument pas sanctionnée par le gouvernement US.
Cependant, les Etats-Unis trouvent dans cette architecture un bénéfice indéniable car Israël est contraint d’investir 75% des fonds ainsi alloués à produire, sur le sol américain, des composants militaires afin de maintenir l’emploi dans l’industrie de l’armement américain.
Lors du budget 2010, Obama et le Congrès ont approuvé des fonds additionnels, 25% de plus par rapport à l’administration Bush, - une enveloppe de 30 milliards de dollars sur 10 ans depuis 2007 - pour les industries de défense de l’Etat juif notamment, pour le développement de technologies dans le domaine des missiles de défense : le projet Arrow 2 déjà utilisé par l’aviation israélienne et le projet Arrow 3, système d’interception de missiles balistiques du système de défense Iranair, en cours de production, sont le fruit de la coopération de Boeing avec l’IAI (Industrie aéronautique israélienne), financé par les Etats-Unis à hauteur de 80%.
Devant cette prodigalité américaine, des stocks d’armes à libre disposition d’Israël, l’accès à des renseignements, refusés aux alliés de l’Otan, ou à de la haute technologie, on est surpris de « l’apathie affichée » des gouvernements US face à la politique d’apartheid d’Israël en Palestine et à son occupation illégale de
150 têtes nucléaires
Fermer les yeux semble être le moteur de cette alliance stratégique pour laisser à Israël le champ libre en matière nucléaire afin de préserver l’hégémonie israélienne en ce domaine au Moyen-Orient ou le droit de les utiliser en premier. D’où le bombardement du réacteur Osirak en Irak en 1982.
C’est ainsi qu’au cours d’une conférence de presse, en février 2008, Obama, à une question sur l’existence au Moyen-Orient d’un pays nucléarisé, avait évité de répondre alors que l’ancien Président Jimmy Carter avait confirmé, le 25 mai 2008, qu’Israël détenait 150 têtes nucléaires. Le stock doit certainement inclure des têtes pour les missiles Jéricho 1 et 2 ainsi que des bombes pour l’aviation et d’autres armes tactiques nucléaires. Tous les documents américains sont encore classés top-secrets alors que cette qualification d’Etat nucléaire n’est plus qu’un secret de polichinelle.
Kissinger était le fervent partisan et défenseur de la détention par Israël d’armes nucléaires dès 1969. Les Américains avaient, en 1958, opéré des vols de reconnaissance sur Dimona et savaient ce qui s’y tramait. La visite de
L’idée selon laquelle Israël ne recourrait pas à l’option nucléaire en cas de conflit est balayée par la réalité : en 1967, Eshkol, Premier ministre, avait ordonné à l’armée israélienne d’armer les deux bombes disponibles et en 1973, craignant la défaite, les Israéliens avaient assemblé treize bombes atomiques de 20 kilotonnes.
Non seulement rien en n’a été fait pour interrompre le programme nucléaire israélien, mais l’ambassadeur US en Israël de 1961 à 1973, Walford Barbour pensait que sa mission était de protéger le Président des Etats-Unis de constatations qui l’obligeraient à agir sur cette question du programme nucléaire d’Israël. « Il ne veut pas qu’on lui apprenne de mauvaises nouvelles ». Et pourtant, des moyens existaient en la forme de l’Amendement Symongton de 1976 : cet amendement interdit de fournir toute aide militaire et financière à un pays dont il est prouvé qu’il s’équipe en technologies ou équipements pour l’enrichissement de l’uranium en dehors d’un cadre international. La loi permet, cependant, au Président de passer outre à cette interdiction s’il estime que l’arrêt de ces aides mettrait en danger la sécurité nationale des Etats-Unis. C’est ainsi que le Pakistan, avait, par deux fois, essuyé des sanctions de la part des Etats-Unis pour ne pas avoir respecté ces obligations et lancé son programme nucléaire.
Ceci exposé, on est en droit de s’interroger sur l’absence de réactions des gouvernements US face aux continuelles violations du droit américain et du droit international par Israël, indépendamment de l’existence du puissant lobby pro-israélien, AIPAC, aux Etats-Unis. Faut-il chercher ailleurs, dans d’autres champs, l’origine de la puissance d’Israël sur l’establishment US ?
On ne peut alors que protester avec véhémence des « accusations » portées contre à
(1) Le lobby israélien et la politique étrangère américaine, par J. J. Mearsheimer et S. M. Walt, mars 2006.
http://www.huffingtonpost.com/josh-ruebner
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