Par Gilles Munier
Samedi 26 mai 2012
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Chebli
al-Ayssami, un des fondateurs historiques du Parti Baas, âgé de 87 ans,
a été enlevé il y a un an dans la région de Aley, au Liban, par un
commando se déplaçant, dit-on, dans une voiture portant une plaque
d’immatriculation officielle syrienne. A l’époque, la nouvelle est
passée quasiment inaperçue.
Il écrivait, dit-on, un ouvrage sur la réforme des principes de l’idéologie baasiste et refusait de se rendre à Damas pour signer – de
son plein gré ! - une déclaration favorable à la politique menée par Bachar al-Assad.
Un homme de dialogue
Sa fille, Raja Charafeddine Ayssami, a retracé ainsi son parcours politique: «
Chebli Ayssami est né pauvre. Il a œuvré dans la politique 50 années
durant et il a occupé, durant cet intervalle, diverses fonctions. Il a
été nommé ministre à trois reprises et a été aussi vice-président de la
République arabe syrienne. Il a achevé sa carrière politique en 1992,
aussi pauvre qu’il l’avait commencée. Chebli Ayssami n’a pas cherché
les honneurs, ni l’argent, ni les hautes fonctions. Il a simplement cru
dans la grandeur de notre peuple arabe et dans ses capacités sans
limites. Il a lutté cinquante années durant pour rétablir la gloire de
cette nation et son rôle d’avant-garde, sans se soucier jamais de son
intérêt particulier ».
Opposant au régime du Président Hafez al-Assad, Chebli al-Ayssami a vécu à Bagdad où il était secrétaire général adjoint du Commandement national du Parti
Baas, dirigé à l’époque alors par Michel Aflak. Je l’ai rencontré à quelques reprises dans les années 80, quand il animait – avec l’ancien président syrien Amin al-Hafez – une
coalition d’opposants comprenant notamment Adnan Saaddedine, chef des Frères Musulmans syriens. Al-Ayssami était un homme de dialogue, ouvert et chaleureux.
Sa mort en prison serait un crime.
Interrogé par une commission parlementaire libanaise sur les droits de l’homme, le général Achraf Rifi, directeur général des Forces de
sécurité intérieure (FSI), a affirmé qu’une des pistes suivies par ses enquêteurs s’arrêtait aux portes de l’ambassade de Syrie à Beyrouth.
Selon le général Hussam ad-Deen al-Awak, défecteur de l’armée syrienne, Chebli al-Ayssami, a
été kidnappé avec l’aide de membres du parti druze Tawhid,
et transféré dans un premier temps à la section 325 des services de
renseignements militaires syriens à Mezzé, dans la banlieue de Damas.
Depuis : pas de nouvelle. En avril, le bruit a couru qu’il était mort,
mais la famille a démenti l’information.
Bachar
al-Assad doit ordonner au clan responsable de l’enlèvement de Chebli
al-Ayssami de le libérer. Son kidnapping est une stupidité crasse. Le
maintien en détention d’un homme de cet âge est lamentable,
intolérable, honteux. Sa mort en prison serait un crime.
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