« Al-Aqsa TV » après « Al Manar » pour occulter la
solution.
Mercredi, 16 Juin 2010
Les Palestiniens de Gaza, vivant la tragédie de l’occupation, au quotidien, connaissent le sens, le prix et les démarches machiavéliques des Occidentaux et des Arabes pour maintenir le blocus. Nous assistons donc, contrairement à la gesticulation des uns et des autres, depuis l’acte de piraterie israélien contre la flottille de la liberté, au renforcement du blocus. Cette réalité amère mais prévisible dans la logique impérialiste et sioniste appelle quelques remarques que nous avons déjà traités auparavant mais le rappel est utile puisse t-il devenir bénéfique aux croyants.
1 – La flottille de la liberté, au-delà des jeux de mots, a rappelé au monde des hommes épris de justice et de dignité que la liberté passe par un processus qui s’appelle la libération. La résistance est l’acte le plus conséquent et le plus efficace en termes de libération. Les martyrs turcs ce sont certes des humanitaires sans armes assassinés par l'armée israélienne et qui se sont dirigés vers Gaza dans un but humanitaire. La vérité doit être dite pour leur gloire et celle du destin qui s'annonce : ils sont morts en résistant à l'assaut israélien. Ils ont donné une leçon de courage tout en montrant la lacheté de Tsahal incompétende faire face à quelques vielliards, femmes et jeunes hommes qui refusent de se laisser conduire comme des moutons ou des boeufs emasculés. La seconde flotille en provenance d'Irlande ayant à son bord un prix noble de la paix a failli sur ce plan là car en acceptant de se rendre elle a donné légitimité et écho au discours eradicateur et fabulateur d'Israël et bonne conscience à la majorité des médias occidentaux qui considèrent que ne pas se soumettre à Israël est un acte terroriste. Tout mussulman qui refuse de se soumettre à autre que Dieu est par définition terroriste.
La bataille humanitaire n'est pas d'embarquer dans un bateau humanitaire et emporter des vivres et des médicaments mais d'exprimer symboliquement son soutien à l'agressé et à l'opprimé et refuser de se conformer à l'image de l'humanitaire "sac de riz".
2 – Israël, son parrain, ses tuteurs et ses vassaux, ne feront aucune concession de fond sur le blocus car la levée ou l’allégement de ce blocus signifie la reconnaissance de l’expérience victorieuse triple du HAMAS : triomphe démocratique, victoire contre l’agression militaire et mise à l’échec de la coalition internationale contre tout projet de libération nationale ou d’expérience démocratique dans le monde musulman.
3 – Israël sous la couverture de ses alliés gagne du temps et rejette les échéances et les problèmes au plus loin possible : La question coloniale devient une question humanitaire, l’humanitaire devient colonie d’implantation, les colonies deviennent Gaza, Gaza devient aide humanitaire, l’aide humanitaire devient problème de piraterie dans les eaux internationales, le meurtre dans les eaux territoriales contre les civils devient une lutte sur la légitimité et la légalité de la nature et de la composition d’une commission de vérification des informations, la commission d’enquête devient la chaine de télévision Al Aqsa. Dans ce dédale de complications accessoires et cette fragmentation de la question palestinienne Israël, fort de son impunité, ne perd pas le cap. Le cap est la judaïsation de Jérusalem, le cap est l’expulsion des Palestiniens. La facilité à ne pas perdre le cap ne réside pas dans leur intelligence ni dans leur nationalisme de droit divin mais dans notre hyper compétence à l’atomicité des efforts, des clans, des partis, des gouvernants, des élites, des idées, des visions, des caps. Nul vent n’est favorable pour définir un cap pour celui ne sait où aller sauf de convulser dans les moments de crise comme l’écume au dessus des vagues charriant les débris et les ordures que le Hadith par politesse du langage a nommé le Ghuta assayl qui produit le Wahn.
4 – Le Blocus non seulement se maintient mais s’élargit à la voix palestinienne car la flottille de la liberté à donné de la voix aux Gazaouïs les faisant sortir de l’isolement. Le secrétaire général de la Ligue des bédouins arabes a sans doute signifié au HAMAS l’obligation de se soumettre au plan de paix israélo égyptien et à la réconciliation avec l’Autorité palestinienne. Cette soumission signifie redonner raison aux partisans arabes et musulmans de l’inbitah (la capitulation) contre un morceau de pain. Le monde arabe et ses parrains savent que si le HAMAS sort vivant de cet embargo comme il est sorti vivant de la guerre il signifie la mort lente par métastases sociales ou brutale par collapsus politique de leurs régimes. Sous la supervision du général américain Dayton et de l’ancien premier ministre Tony Blair la Commission européenne et la France ne peuvent que renforcer Mahmoud Abbas et son équipe de Vichy. La réconciliation entre le FATAH et le HAMAS et le retour à une gestion démocratique de la question palestinienne et des problèmes du peuple palestinien sans exclusive ni exclusion que souhaitent les gens normaux sont instrumentalisés pour donner légitimité à une Autorité palestinienne mortifère et lui confier la manne de la reconstruction de Gaza pour la partager entre sérail israélo palestinien et créer du clientélisme au sein de la population de Gaza et de la traitrise : un toit, de l’eau potable ou du travail contre la dénonciation d’un résistant ou d’un projet de résistance. La France ne tire pas leçon de ses expériences désastreuses en Indochine et en Algérie à moins que les collabo français du nazisme soient le modèle du progrès social et de la liberté proposé aux Arabes?
5 – L’équation est simple : vivre ou mourir. Vivre dans une immense prison sous la conduite des capitulards et des rentiers en Cisjordanie sous contrôle sécuritaire du général américain Dayton, sous la manne financière des USA et de l’Europe et sous la collaboration israélo-palestinienne dont les apparats mondains ont des répercussions médiatiques, politiques et idéologiques : la collaboration apporte la prospérité pour les palestiniens et la paix pour Israël. Mourir affamés, assoiffés et asphyxiés sous la direction de la résistance à Gaza en attendant de mourir sous les bombes de dernière génération livrées par les USA à Israël et qu’elle utilisera dès que le mur d’acier égyptien sera achevé et destiné à mettre à l’abri le territoire égyptien des dommages collatéraux des bombardements prévus pour détruire les fortifications et les tunnels sous terrains de la résistance palestinienne.
Le blocus est inhumain sur le plan moral pour des humains qui ont le sens du moral et de l’humain. Ceux qui le maintiennent ont déjà depuis longtemps perdu leur humanité. Ils peuvent envoyer des émissaires corporels ou des messages immatériels mais décryptables : aucune garanties sur les conditions fondamentales de l’existence qui sont la liberté de se déplacer, de travailler, d’étudier, de se soigner, de se nourrir, de disposer de la sécurité s’il n’y a pas reconnaissance de la légitimité de l’occupation de la Palestine par les sionistes soutenus par l’impérialisme anglo-saxon et français. Pour les musulmans il n’y a ni démocratie ni droits de l’homme ni progrès social mais uniquement la faim, la peur, la mort et l’isolement dans une prison à ciel ouvert entouré d’un monde indifférent et insouciant. C’est dans cette illusion d’alternative proposée par Israël, les USA, l’Europe et les Arabes que Gaza est confrontée. La flotte de la liberté est intervenue comme annonce du destin apportant la contradiction dialectique : le blocus est inhumain, la résistance est un droit légitime.
6 – Israël, le sionisme et le colonialisme ne peuvent aller contre la volonté d’un peuple qui a décidé de vivre et de résister : ils sont acculés à l’essoufflement et à la défaite dès que des hommes libres reprennent à leur compte l’initiative historique de participer à la résistance en apportant le soutien à la vérité et en dénonçant le monopole du mensonge international. J’avais écris, auparavant, que c’est dans ce moment de reconquête de l’initiative que la vigilance est de rigueur car l’air du temps est au changement. Il y a un tournant en perspective et chacun oppresseur ou opprimé sent le vent du changement et il serait dommage de perdre son souffle alors que la véritable bataille ne fait que commencer. Le système des lâches qui invente des avions sans pilote pour bombarder des femmes et des enfants car il a perdu le courage de l’humain profite de ce moment de la coupe du monde pour reprendre l’initiative qu’il a perdue. La dynamique est déjà mise en marche les ténèbres ne peuvent que gagner du répit, des victoires tactiques. La bataille stratégique et symbolique ils l’ont perdu en dévoilant la fin du mythe de l’invincibilité.
7 - La bataille du Forqane et la résistance héroïque des humanitaires libérés de l’humanitaire sous contrôle sioniste et militaro américain ont montré le fossé qui existe entre les peuples épris de liberté et de justice et leurs gouvernants souteneurs de la corruption mondiale. Le soutien à Gaza apporté par toutes les religions, toutes les confessions, toutes les nationalités, toutes les générations et tous les sexes est le signe du changement en vue. Le destin veut que le changement mondial soit lié à la résistance palestinienne en terre sainte cette terre foulée par les Prophètes et les saints. Le scénariste Borges a raison de dire : «Les dictatures fomentent l’oppression, la servilité et la cruauté ; mais le plus abominable est qu’elles fomentent l’idiotie».
L’homme en quête de libération se doit de créer des tribunes hors des systèmes totalitaires pour que sa voix puisse s’exprimer à destination de l’humanité et ne reste pas étouffée. L’homme épris de liberté se doit de donner des tribunes pour que l’opprimé puisse raconter sa souffrance, parler de sa résistance et chercher des réseaux de solidarité pour que sa voix sorte de l’isolement ou du silence et devienne une espérance qui ressemble à un moment de prière, de communion avec l’univers, de rupture avec le chaos imposé par la colonisation et de l’entropie générée par l’oppression.
8 – Toute lutte idéologique, psychologique, médiatique ou militaire n’a qu’un seul objectif : mettre au silence l’adversaire. Il ne s’agit pas de le tuer ou de lui enlever les moyens de sa résistance mais de le placer en situation de mutisme totale. La seule voix autorisée et relayée au monde est celle de sa capitulation. Après cette capitulation il ne doit plus avoir possibilité de s’exprimer sauf à vanter les bienfaits et les valeurs du vainqueur, du dominant. Pour ce but tous les moyens sont bons pour le faire taire et donner la parole à ses contradicteurs et à ses détracteurs à moins qu’il ne devienne le fossoyeur de son passé et de son avenir en donnant légitimité à ses bourreaux, en reconnaissant leur rôle civilisateur et en s’engager de ne plus jamais se révolter ni résister. Le HAMAS a eu l’intelligence et la lucidité de nommer Forqane sa bataille contre l’agression israélienne de 2009. Malek Bennabi disait que souvent la parole est divine. Balzac disait de certains comportements, de certains regards et de certains mots qui annonçaient de grands bouleversements « plus que de la prémonition et moins que de la vision ». Nous assistons au Forqane c'est-à-dire au dévoilement de tout ce qui peut permettre de discerner sans erreur et sans faute la vérité du mensonge, la justice de l’injustice, la liberté de l’oppression, l’égalité de l’inégalité, la fraternité de la haine…
Ce que cachent les cœurs et les esprits doit être encore dramatiquement plus grand mais il est appelé à être dévoilé pour que chacun soit témoin implacable sur lui-même et sur autrui en toute équité morale et impartialité historique. Les jours sont inscrits dans l’alternance, aucune chose ne demeure en l’état, après la nuit la plus sombre c’est l’aube la plus radieuse… Le Vatican devra répondre à Jésus du non respect des Béatitudes : « Bienheureux les épris de justice ils seront rassasiés… »
9 – La France qui continue de bafouer tous les principes de la République et du Gaullisme devrait peut-être revenir à sa fierté nationale et mettre la préférence nationale là où seront ses intérêts de demain et renouer avec sa tradition philosophique et humaniste avant de sombrer dans le déluge qui s’annonce sans arche ni colombe. Blaise Pascal dans les Pensées à laissé aux français et aux amoureux de la langue française et de sa culture cette sentence magistrale : « Le silence est la plus grande persécution ; jamais les saints ne se sont tus ». Le dissident Yevgeny Yevtushenko prononcé un principe de la lutte idéologique contre le régime stalinien « Lorsque la vérité est remplacée par le silence, le silence devient un mensonge ». Le français Alexis Philonenko dans « Essais sur la philosophie de la guerre » décrit ce qui ressemble à l’attitude de la France hostile aux Palestiniens de Gaza : « Le secret de la guerre c’est le silence de l’adversaire. Il ne s’agit pas seulement de silence physique, mais aussi et surtout du silence moral et psychologique. Tant que l’adversaire ne se tait pas, il n’est pas vaincu. C’est donc aussi bien l’élimination physique de l’adversaire que son élimination sur le plan du discours qui est recherché dans la guerre ; peut-être l’élimination sur le plan du discours est-elle plus recherchée encore que l’élimination physique… Celui qui parle ou écrit n’est pas encore vaincu. »
10 - Le jugement de Dieu est implacable, il a initié le monde par la puissance du verbe et c’est par la puissance du verbe que sera rompu le silence de la tombe dans laquelle chacun a, pour un temps, enfouie sa conscience, muselé sa parole, fuit ses responsabilités ou caché sa complicité : « Et il leur sera dit : «Pourquoi ne vous portez-vous pas mutuellement secours?». Ce Jour là n’auront le privilège de la parole que «Les véridiques qui bénéficieront de leur véracité »
Lire aussi l'expérience de Al-Manar, il y a près de six ans