ISRAEL-AFRIQUE : JE T’AIME … MOI NON PLUS !!!
Par: Mariam SERI SIDIBE
A juste titre, le monde entier a été révolté par l’attaque meurtrière des forces de sécurité israélienne contre la flottille de la paix en direction de Gaza qui amarrait dans les eaux internationales. Les réactions unanimes condamnant cet acte de terrorisme ne se sont pas fait attendre en Afrique, continent qu’Israël convoite depuis plusieurs décennies.
Les mouvements syndicaux, à l’exemple de la COSATU sud-africaine, ou citoyens comme le mouvement des femmes du Sénégal, exigent de leurs dirigeants qu’ils rompent toutes relations avec l’Etat hébreux. En Mauritanie, c’est le mouvement estudiantin qui prend la tête de la contestation. Tant que l’Etat hébreux occupera la palestine et violera impunément le droit international, il doit être exclu des Nations Unis. C’est ce qu’Aminata TRAORE, ancienne Ministre de la Culture du Mali, et Membre du Tribunal de Russel, souligne au moment où le TPI poursuit des chefs de guerre africains pour crimes.
Mais l’assaut de la Flottille hors territoire et en dépit de toutes les lois internationales, révèle ce qui est déjà entamé depuis plusieurs décennies. L’Etat sioniste s’inscrit dans une voie de collaboration avec les régimes africains, qu’ils soient de nature dictatoriale ou non. Ceci avec la complicité des USA, de la France et de l’Angleterre entre autres.
Au paroxysme de la guerre froide, la percée israélienne en Afrique bénéficiera de l’appui financier de la CIA dont les experts israéliens assureront par délégation les taches de formation, d’encadrement et de protections militaires. Cette infiltration permettra entre-autre, la formation des premiers pilotes des armées ougandaises, kényane, congolaise et tanzanienne. C’est ainsi que MOBUTU et Idi AMNINE DADA, ont pu s’emparer du pouvoir.
Au même moment, une alliance tacite israélo-américaine finançait les mouvements contre révolutionnaires africains dont l’UNITA angolais contre le MPLA et l’INKHATA Sud-Africain contre l’ANC et la SWAPO. En Afrique du Sud et en Mauritanie le MOSSAD interviendra directement dans l’élimination d’opposants aux régimes d’apartheid et ethno-fasciste.
En 1974, la famine pousse les militaires éthiopiens à la révolte. Les Juifs éthiopiens –Beta Israël, sont « invités » à ce soumettre. N’ayant pas le choix, ils abandonnent leurs terres. En 1984-1985, au plus fort de la famine qui frappe la corne de l’Afrique, Tsahal, la CIA, l’Ambassade US à Khartoum, des mercenaires et l’Etat soudanais organisent le transport aérien de milliers de réfugiés pour rejoindre des camps de fortune au Soudan. Ainsi, les adultes seront entassés et 4.000 y mourront dans des conditions concentrationnaires inhumaines. Les enfants seront évacués vers Israël sans familles et souvent adoptés. En 1991, 14.000 personnes seront exfiltrées en 36 Heures vers Israël. Ils deviendront des falashas. Ils seront installés dans des caravanes. Cette « immigration », n’a aucun point commun avec celles russe ou nord africaine. Ils n’ont ni la même culture, ni le même système de valeur, encore moins la même nourriture. Ce choque culturelle, ainsi que l’apartheid tacite auquel ils sont soumis provoquera des suicides parmi la communauté. A ceci s’ajoute un éclatement de la famille éthiopienne. L’enseignement de l’hébreux, aux plus jeunes, a conduit à l’éclatement de la cellule familiale, remettant en cause l’autorité paternel car seul compte celle de l’enseignant. L’échec scolaire demeure un mal endémique. Toutefois Tsahal recrute parmi ces jeunes et n’hésite pas à les envoyer sur le front à Gaza.
Si l’Afrique est un scandale écologique, elle l’est également sur le plan économique. Premier producteur de minerais, c’est aussi le plus soumis aux diktats impérialistes. Entre 1958 et 1973 ce sont près de 3.000 « coopérants » qui étaient envoyés en Afrique pour y assurer des formations en hydraulique et agriculture. En fait pour avoir la mainmise sur ses deux secteurs vitaux.
Certes, l’industrie aurifère est encore contrôlée par l’Europe, mais Israël entend s’y tailler la part du lion ainsi que dans l’exploitation du colombite-tantalite, composante principale de cartes à puces, de l’informatique et de la téléphonie mobile. Toutefois, le commerce du diamant et de l’armement constituent les principaux domaines d’expertise économique israélienne en Afrique. De grandes sociétés telles que Solel Bonet, Koad Industries, Meïr Brother, Agridgo, investissent le marché africain via des emprunts de la Jahet Bank.
Officiellement, Israël n’entretient des relations diplomatiques qu’avec 12 états d’Afrique. En réalité une quarantaine dont les plus marquants sont l’Egypte, l’Ethiopie, l’Afrique du Sud durant l’apartheid, mais aussi la Mauritanie.
Mais pourquoi un si petit état, créé de toute pièces par l’Occident s’intéresse autant à ce continent si gigantesque ? La réponse est à chercher dès les premières heures des « indépendances ».
Golda MEIR, alors Ministre des Affaires Etrangères, pressent que la viabilité économique du pays ne saurait se passer d’une telle manne financière. Prétextant que les peuples africains et israéliens sont tous deux victimes de crime contre l’humanité, qu’ils ont en commun de s’être libéré du joug colonial, et ont du mettre en valeur « une terre ingrate », elle va entamer d’âpres négociations auprès des tous nouveaux gouvernements, plutôt prompt à se tourner vers l’URSS et les pays non alignés, telle la Chine. Ainsi l’Afrique ne tombera pas aux mains des communistes mais restera au sein du giron capitaliste.
Dès 1960, Israël, officiellement farouchement hostile à l’apartheid, entretiendra des relations diplomatiques avec le Parti National, alors au pouvoir. Il apportera également sa contribution dans le domaine du nucléaire au régime de Pretoria.
Pourtant en 1967, suite à la guerre des 6 jours, et surtout en 1973 (guerre du Kippour et invasion du Canal de Suez) la plupart des états africains rompent toute relation avec l’Etat hébreux à l’exception notable du Lésotho, du Malawi et du Swaziland. Cet isolement atteindra son apogée en 1975, lorsque l’ONU vote la résolution 3379 assimilant sionisme et racisme. Toutefois, la realpolitik économique reprend le dessus pour tripler en une décennie. L’Afrique du Sud restant, bien évidemment le premier partenaire commercial, suivi par le Kénya, le Nigéria, la Centrafrique et la Guinée pour l’exploitation minière.
Mais c’est surtout depuis l’apparition des Nouvelles Technologies d’Information et de Communication, qu’Israël étend son champ d’action. Par, exemple, depuis 2009 c’est Alvarion Leader qui assure l’ensemble du réseau NTIC au Burkina Faso. Ceci est d’autant plus inquiétant que l’ensemble des réseaux informatique de renseignements militaires est aux mains de cette société. Ainsi, au Congo et en Côte d’Ivoire le centre de surveillance électronique qui contrôle et pilote des drones de reconnaissance de sécurité est géré par des militaires israéliens.
Mais aujourd’hui si le communisme n’est plus à craindre, l’occident s’est inventé un nouvel ennemi : l’islamiste !!! Et pas des moindres puisque la tournée de Mamoud Ahmadinejab a eu un franc succès au Kénya, à Djibouti et aux Comores. Sans compter les sous-groupes d’Al-Qaida, du GIA, ou qui s’en réclament, que le MOSSAD toujours en appui de la CIA, des services secrets français mais aussi de l’armée US, se propose de combattre. Exemple, le Nord du Mali – proche il est vrai de la Lybie - et la Mauritanie sont actuellement sous contrôle de l’armée US alors que les armées nationales ne disposent même pas d’un 4/4 digne de ce nom.
La dernière tournée entreprise en Septembre 2009 par Avigdor LIEBMANN, vise clairement à reconquérir le soutien des représentants africains au sein de l’ONU et de peser contre le programme nucléaire iranien et la présence-concurrence de plus en plus importante de la Chine dans les domaines du pétrole, du bâtiment, de l’agriculture, et bientôt des technologies de pointe, chasse gardée de l’Etat hébreux.
C’est aussi l’occasion pour les dirigeants israéliens de former un bouclier de sécurité autour de la Lybie, du Soudan et de l’Algérie réputés hostile à l’existence de leur Etat.
A la lumière de tous ces éléments on aurait donc tort de considérer que les agissements d’Israël envers le peuple Palestinien ne sont qu’une affaire moyen-orientale. Il faut les replacer dans un contexte de capitalisme-colonialisme au vu des implications israéliennes dans l’exploitation du continent africain.
Les peuples africains, par leur condamnation du sionisme nous montrent combien en cette année du cinquantenaire du néo-colonialisme, c’est aussi faire procès de la politique menée en notre nom par nos dirigeants.
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