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Friday, April 29, 2011
INSAF: la conférence de presse
« Une action d’écrémage de l’armée nationale »…
Selon l’Association Insaf :
• Le président déchu a procédé, en 1991, à «la liquidation morale de 244 militaires des plus performants»
• Des militaires victimes dévoilent aujourd’hui la vérité et exigent que justice soit faite
L'association Insaf, justice pour les anciens militaires a organisé, hier, une conférence de presse afin de dénoncer l'un des crimes les plus atroces commis sous l'ancien régime et visant à «écrémer le système militaire» sous prétexte d'un complot qui n'est autre qu'un scénario fictif inventé à cet effet et connu sous l'appellation «l'affaire de Barraket Essahel». Après deux décennies d'injustice, de torture physique et morale, d'exclusion, d'isolement et de harcèlement, les militaires victimes de cette injustice ont enfin pu briser le silence.
Présidant l'ouverture des travaux de cette rencontre, M. Moncef Zoghlami, un militaire de haute performance et ex- chef de bureau, a signifié la gratitude unanime pour la révolution populaire qui leur a permis de sortir du labyrinthe du silence et de témoigner de l'un «des impardonnables crimes de l'ancien régime».
Prenant la parole, M. Mohsen Kaâbi, capitaine, a présenté l'association Insaf, justice pour les anciens militaires. Cette association constitue l'un des nouveaux-nés du tissu associatif. Mise en place le 12 mars 2011, elle œuvre pour lever le voile sur la réalité de l'affaire de «Barraket Essahel», ouvrir une enquête sur les crimes de torture y afférents, rétablir l'honneur des militaires victimes tant au niveau de l'institution militaire qu'à celui de l'opinion publique et solliciter le soutien des instances juridiques afin de pouvoir obtenir ses requêtes légitimes.
L'affaire de «Barraket Essahel» qui remonte à 1991 a été concoctée par le système du dictateur pour délester le système militaire de ses éléments les plus performants.
Aussi, 244 militaires, dont 26 officiers supérieurs, 90 officiers, 120 sous-officiers et un homme de troupe, ont été arrêtés sous prétexte d'un complot concocté en collaboration avec le mouvement «Ennahdha» contre le régime de Ben Ali. «Tous ces militaires ont été arrêtés sans justificatif, interrogés sous sévices et voués à un sort castrant. Certains ont été emprisonnés; d'autres ont été obligés à une retraité forcée, d'autres encore ont été interdits de travailler, sans compter le harcèlement moral tout au long de vingt années. Les répercussions de cette injustice ont excédé les seuls victimes pour influer cruellement sur leurs familles», indique le capitaine Kaâbi. Et d'ajouter que la torture exercée sur les militaires victimes a été telle que certains se sont évanouis et ont été transférés à l'hôpital sous de fausses identités.
La rencontre a permis à trois militaires victimes de témoigner de tout ce qu'ils ont subi depuis leur arrestation et jusqu'à l'aube de la révolution. MM. Habib Khedime Allah, Hédi Tlijani et Mohamed Ahmed, respectivement commandants à la retraite et lieutenant-colonel, ont enfin dévoilé l'injustice dont ils étaient victimes et fait part de la souffrance à la fois physique et morale qu'ils ont dû endurer durant deux décennies. Pour sa part, le capitaine Ahmed Amara, dont la photo a été jadis médiatisée comme étant celle du premier responsable du soi-disant complot, a préféré ne pas assister à la conférence; ce monsieur étant celui qui fut le plus cruellement instrumentalisé pour désorienter l'opinion publique mais aussi des plus torturés, étant donné qu'il est resté incapable de marcher durant une année.
Rétablir l'honneur des victimes et leurs droits légitimes
Évidemment, les militaires victimes de ce complot ne se contentent pas de briser le silence et de sortir la réalité au grand jour. Ils demandent de rétablir leur honneur en tant que militaires et en tant que victimes de l'ancien régime. Ils demandent également de reprendre leur activité professionnelle ou, à défaut, bénéficier des compensations légitimes, notamment au niveau de l'échelle. D'autant plus qu'ils demandent des compensations matérielles et morales susceptibles de remédier à l'injustice dont ils étaient victimes. Pour ce, les militaires se sont entretenus avec le ministre de la Défense nationale; un entretien durant lequel ils ont exposé le problème et exprimé leur volonté de le résoudre en bénéficiant de leurs droits. Toutefois, cette demande a été transmise à la justice. Entre-temps, certaines victimes ont porté plainte contre les bourreaux et les responsables de leur souffrance. Parmi ces plaintes figure celle portée par MM. Ali Salah Ben Salem, Mongi Jguirim et Rachid Trimech, ex-officiers de l'armée nationale, contre l'ex-président Ben Ali, et MM. Abdallah Kallel, Mohamed Ali Ganzoui, Mohamed Seryati et Ezzeddine Jnayah pour avoir commis des crimes d'abus de pouvoir, de torture engendrant un handicap de l'ordre de 20% mais aussi la menace de mort et l'atteinte à la liberté individuelle.
Par ailleurs, l'association Insaf, justice pour les anciens militaire a mandaté deux avocats pour se charger de l'affaire de deux volets, à savoir celui de la justice pénale contre les crimes de torture et celui de la justice administrative.
Le premier volet est assuré par Me Najet Laâbidi qui dénonce ce crime commis contre l'élite militaire mais aussi contre une grande institution nationale, à savoir l'armée. Elle a, aussi, déposé une plainte auprès du procureur de la République au nom de 13 officiers, recommandant ainsi d'enquêter sur ces crimes. Elle a souligné, lors de son intervention, que la maltraitance qu'ont subie les militaires est en contraste avec les principes recommandés par la convention de lutte contre la torture; une convention adoptée par notre pays.
De son côté, Me Omar Saâdaoui se penche sur les droits administratifs des militaires victimes. Ces derniers ont, en effet, été voués à l'isolement professionnel sous forme d'une retraite obligatoire. Ils ont, par conséquent, été délestés de leurs grades et de leurs droits les plus légitimes. Ainsi, ils n'ont, à titre indicatif, plus le droit aux soins gratuits à l'Hôpital militaire et encore moins aux prestations de l'Office de logements militaires. «Certains d'entre eux, souligne l'orateur, ont été privés de leurs grades. Et l'on découvre amèrement dans leurs CIN la fonction d'agent temporaire, ce qui est très dégradant pour des militaires de carrière et de renommée».
Me Saâdaoui recommande l'exécution des décisions juridiques déclarées en faveur des victimes et qui sont restées inappliquées jusqu'à nos jours : l'amnistie générale et la compensation des droits jusque-là violés.
par Dorra BEN SALEM: La Presse, 29/04/2011
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1 comment:
Mes chers amis,
Je vous félicite très sincèrement du succès éclatant de votre conférence de presse. Vous avez donné, encore une fois, la preuve de votre excellence, dans un domaine auquel votre formation militaire et scientifique et votre longue traversée du désert, ne me semblent guère vous avoir préparé. Il n’est pas étonnant que le dictateur vous ait choisis, vous plus que d’autres, pour casser l’armée parce que vous êtes la crême!
Mais vous le savez fort bien, le chemin sera long pour que justice soit faite!
Votre combat est le mien.
Ahmed Manai
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