Réalité politique de l’opposition armée au régime syrien
Jeudi 31 Janvier 2013
Comme on l’a vu dans mon post précédent,
le chef de l’Etat syrien Bachar al-Assad soutient que l’armée
gouvernementale a repris l’initiative et qu’elle a porté des coups
sévères à l’opposition armée, créant ainsi une nouvelle réalité sur le
terrain qui deviendra bientôt claire aux yeux de tous.
On
saura donc assez rapidement si le dirigeant Syrien pèche par excès
d’optimisme ou si l’opposition armée va prendre ou reprendre
l’initiative.
Si
cette opposition est peut-être en reflux sur le terrain militaire, elle
l’est assurément sur le plan politique et la dernière réunion des «amis» de la Syrie qui s’est tenue en France tend à le confirmer tant elle semble se résumer à un aveu d’impuissance et à une quête d’argent.
M.
Laurent Fabius n’a cependant toujours pas renoncé à faire couler le
sang en Syrie tant que l’actuel président n’aura pas été éliminé par un
moyen quelconque puisqu’il ne «mériterait pas d’être sur la Terre » selon ses propres termes. Un appel au meurtre, ni plus, ni moins.
Quant
au terrain militaire, il est surtout occupé par des milices qui ne sont
jamais invités aux réunions des «amis » de la Syrie, au grand dam de
Cheikh Mouaz Khatib, le leader de la Coalition Nationale Syrienne des
Forces Révolutionnaires et d’Opposition.
L’article
que je vous propose montre tous simplement que cette Coalition
Nationale Syrienne des Forces Révolutionnaires et d’Opposition portée à
bout de bras par Laurent Fabius et William Hague n’est qu’une coquille
vide supposée envelopper cette autre coquille vide qu’est l’Armée
Syrienne Libre.
Ce constat avait déjà été fait par le gouvernement britannique qui se proposait justement, après avoir favorisé l’afflux en Syrie de ceux qui forment maintenant l’armature de la rébellion armée, de remplir cette coquille et de la rendre populaire auprès de la population syrienne.
Les efforts des Etats Unis pour affaiblir les rebelles islamistes en Syrie semblent avoir échoué
par David Enders, McClatchy Newspapers (USA) 28 janvier 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri
Beyrouth – Soutenu par les Etats Unis, un effort pour mettre en place
des conseils militaires dans toute la Syrie pour unifier les centaines
de groups qui combattent pour renverser le président Bachar al-Assad et
coordonner la fourniture d’aide aux groupes rebelles laïques semble
avoir largement échoué.
Les
rebelles expliquent que les officiels US ont poussé à la création de ces
conseils dans chacune des 14 provinces syriennes en réponse aux
demandes des rebelles de fourniture d’armes et d’autres soutiens. En
décembre, les représentants de plusieurs organisations rebelles se sont
réunis en Turquie et ont élu un Conseil Militaire Suprême de 30 membres
qui a ensuite désigné à sa tête le général Syrien déserteur Salim Idriss
Mais des militants Syriens
affirment que les conseils sont devenus un sujet de dérision et de
moquerie en Syrie dans les semaines qui ont suivi et que d’autres
organisations, dont le Front al-Nusra lié à al Qaïda ont assumé le rôle
de coordination centrale que les officiels US espéraient voir revenir
aux conseils militaires.
“Je
n’ai pas beaucoup entendu parler des conseils militaires,” déclare Jeff
White, un analyste militaire du Washington Institute for Near East
Policy. «Je n’ai pour l’instant vu aucun signe que le Conseil Militaire
Suprême ou les commandements régionaux aient entrepris une action
quelconque.»
Des membres des
conseils militaires ont accusé les Etats Unis et d’autres pays pour
leur absence d’assistance, affirmant que sans aide, les conseils étaient
incapables d’acquérir une influence sur les combats à l’intérieur de la
Syrie.
“Ils avaient ce
plan, mais personne n’a reçu aucun soutien,” affirme Mahmoud, un
Syro-américain qui a mis en place un petit camp d’entraînement rebelle
en Syrie de nord et dit recevoir de l’aide de donateurs individuels. Il a
demandé que sont identité complète ne soit pas divulguée pour des
raisons de sécurité.
Ce lundi, des responsables américains à Washington continuaient à exprimer leur appui à l’opposition anti-Assad.
“Je pense que nous avons vu l’opposition en Syrie faire des progrès
continus,” a déclaré à la presse Jay Carney, le porte parole de la
Maison Blanche. «Je pense que nous avons vu l’emprise d’Assad sur le
pouvoir en Syrie continuer à diminuer. Nous continuons à faire des
démarches avec nos partenaires pour fournir à la fois de l’aide
humanitaire et de l’assistance non létale [terme de la novlangue
américaine supposé désigner des armes qui ne tuent pas, NdT] à
l’opposition et à travailler avec nos partenaires pour contribuer à
parvenir à une Syrie post-Assas qui reflète la volonté du peuple syrien,
parce que le bon résultat ici sera que les Syriens décident de leur
propre avenir.»
L’échec des
conseils militaires à s’organiser rapidement et à gagner en influence a
court-circuité ce que les officiels US espéraient être un système qui
aurait permis aux Etats Unis et à leurs alliés de diriger l’aide vers
les organisations rebelles qui prônent une Syrie post-Assad
démocratique, où les droits des minorités ethniques et religieuses
seraient respectés, et non vers des groupes comme Nusra qui veulent un
régime basé sur la loi islamique.
Mais les organisations islamistes restent en pointe dans les récents
combats, alors que les conseils militaires fonctionnent à peine. Ce
constat se vérifie dans tout le pays, y compris le sud où plus de 20 000
personnes ont fui les combats vers la Jordanie rien que la semaine
dernière.
Le présumé
gouvernement syrien en exil, la Coalition Nationale Syrienne des Forces
Révolutionnaires et d’Opposition, a également échoué à s’imposer – un
autre important revers pour la politique américaine. La Secrétaire
d’Etat US Hillary Clinton était le principal promoteur de la coalition
qui s’était constituée après que Mme Clinton avait annoncé publiquement
que les Etats Unis ne pouvaient plus soutenir la structure qui l’avait
précédée, le Conseil National Syrien.
Mais après que des dizaines de pays eurent reconnu cette nouvelle
structure comme étant le successeur du régime Assad, elle a également
échoué à avoir de l’influence. Elle n’a pas respecté la date butoir
qu’elle s’était elle-même fixée pour désigner un premier ministre par
intérim et l’engagement des Etats Unis auprès de cette organisation, qui
avait atteint son apogée avant l’élection présidentielle américaine de
novembre, a décliné après que le leader de la coalition, Cheikh Mouaz
Khatib, a critiqué la désignation par les Etats Unis du Front al Nosra
comme organisation terroriste qui se confond avec al Qaïda en Irak.
Les militants Syriens dissent que le plan américain pour réduire le
rôle des groupes islamistes dans la lutte anti-Assad a au contraire
abouti à un renforcement de la puissance des islamistes.
“Les bataillons islamistes sont les seuls bataillons qui agissent sur
le terrain,” déclare Omar Shakir, un militant antigouvernemental
d’Homs, la troisième plus grande ville du pays.
Il explique que les efforts des Etats Unis pour aider le conseil
militaire à Homs ont cessé quand les commandants de cette ville ont
refusé de couper les ponts avec les groupes islamistes, ainsi que les
Etats Unis l’avaient exigé.
“Les bataillons islamistes ont leurs propres sources pour les armes et
l’argent, ils se battent vraiment bien contre le régime,” déclare
Shakir. «Donc, après que les Etats Unis ont interrompu leur aide, le
conseil militaire est devenu impuissant et la plupart des combattants
rejoignent les bataillons islamistes.»
Ces bataillons, qui comprennent Nosra et une autre brigade islamiste,
Ahrar al Sham, ont été à la pointe du combat dans toute la Syrie. Des
groupes islamistes plus modérés comme les Brigades Farouq et Liwa
Tawhid, qu’on considère toutes eux comme affiliées aux Frères Musulmans
syriens, opèrent également dans tout le pays.
On considère que Nosra dispose d’environ 5 000 hommes en armes, et on
pense que Sham est encore plus importante, ce qui fait des groupes
d’obédiences islamiste les plus importantes organisations combattantes
d’une opposition syrienne aux multiples facettes.
Selon les Nations Unies, plus de 60 000 personnes ont péri dans les
violences depuis que le soulèvement anti-Assad a commence en mars 2011.
http://mounadil.wordpress.com/
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