: Le blog de Gilles Munier
Mardi 13 août 2013
Par Doyle McManus (Revue de presse : Los
Angeles Times - Extrait – 10/8/13)*
Le «printemps arabe» peut
ne pas avoir réussi à apporter la démocratie au Moyen-Orient, mais il a
fourni des preuves convaincantes d'un autre phénomène:
l'illusion de l'influence américaine sur les gouvernements qui
étaient autrefois considéré comme nos clients.
Prenez l'Egypte. Avant 2011, les administrations Bush et Obama ont essayé de pousser l'autocrate Hosni
Moubarak vers la démocratie; Moubarak a ignoré le conseil. L'année dernière, l'administration Obama a plaidé (doucement)
auprès du Frère musulman
Mohammad Morsi, de faire preuve d'une plus grande ouverture; Morsi a
ignoré le conseil. Maintenant, les forces armées égyptiennes ont pris
le pouvoir et les Etats-Unis supplient le général Abdel
Fattah Sissi afin qu'il s'abstienne de trop sévir. Respectera-t-il
cet appel? C'est peu probable. Qu'est-il arrivé à notre influence en
tant que superpuissance?
Si les Etats-Unis pouvaient s'attendre à avoir une influence sur toute institution dans le monde arabe,
c'était bien sur le gouvernement égyptien, qui reçoit 1,6 milliard de dollars par an d'aide américaine.
Mais deux facteurs ont diminué l'effet de levier que les Etats-Unis avaient gagné en distribuant l'aide
étrangère: moins d'argent et plus de concurrence.
Tout d'abord, les 1,6 milliard de dollars n'achètent plus ce qu'ils pouvaient acheter par le passé.
Inflation oblige, les 1,6 milliard, valent, cette année, le tiers de ce qu'ils valaient en 1986.
Par
ailleurs, l'influence étrangère dans les pays en difficulté est une
épée à double tranchant.
L'administration Obama a réussi à s'aliéner les deux parties dans la
bataille politique en Egypte. Les Frères musulmans pensent que les
Etats-Unis ont comploté pour miner leur pouvoir. L'armée et
ses partisans laïques disent que les États-Unis sont trop sévères à
l'égard de Sissi. Toutes les parties, y compris Sissi, se présentent
comme des nationalistes; paraitre comme s'inclinant devant
les souhaits des États-Unis ne va pas aider le général à maintenir
sa grande popularité.
"Si vous êtes un dirigeant égyptien, l'une de vos
meilleures stratégies politiques en ce moment est de s'en prendre à Washington", déclare Steven A. Cook, un
expert de l'Egypte au Council des Relations extérieures. Et c'est précisément ce que Sissi fait.
"Vous avez tourné le dos à l'Égypte, et ils ne
peuvent oublier cela", a-t-il déclaré au Washington Post la semaine dernière. "Evoquer
l'aide et l'assistance américaine porte préjudice à notre fierté et
notre dignité... mais si les Américains veulent réduire l'aide, ils
peuvent le
faire."
Cela ne signifie pas que les Etats-Unis n'ont aucune influence sur les événements dans le monde arabe.
Cela signifie simplement que nous avons moins d'emprise que l'on imagine.
Source:
In the Arab world, U.S. is low on leverage (Los Angeles Times – 10/8/13)
*Traduction : Médiarama (12/8/13)
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