Par Abbas Daher (Revue de presse :
Elnashra.com - Site libanais indépendant – 1/8/13)*
La
visite du chef des services de renseignements saoudiens, Bandar Ben
Sultan, en Russie, a attiré
l’attention, surtout qu’elle est intervenue après une rupture de
deux ans entre Moscou et Riyad, dans la foulée dudit printemps arabe.
Les deux pays se sont affrontés diplomatiquement et sur le
terrain autour de la Syrie, d’une manière indirecte, en soutenant
leurs alliés respectifs. Il va de soi que la visite de Bandar à Moscou
signifie que les Saoudiens sont disposés à négocier
avec les Russes. La mission du prince saoudien se limite à la
sécurité et le dossier syrien est une priorité pour les deux pays. En
outre, le fait d’avoir annoncé la visite, les informations qui
ont filtré sur la durée de l’entretien et les commentaires russes
qui l’ont qualifié de positif, sont autant d’indices qui reflètent une
volonté commune de renouer les relations.
La
méfiance russe à l’égard de l’Arabie saoudite ne se limite pas à la
Syrie, elle s’étend aux régions
musulmanes du Caucase et au Sinaï. La Russie sait que Riyad joue un
rôle dans la manipulation des groupes islamistes. Mais la Syrie reste
une priorité pour les deux pays, et deux ans après le
début de la crise, l’Arabie saoudite n’a pas gagné son pari.
Malgré
ce qui s’est passé en Egypte, les Saoudiens ont senti que l’Occident
n’avait pas abandonné
définitivement les Frères musulmans et que, par conséquent, le
danger que constitue pour eux cette confrérie persiste. En Syrie, ils
n’ont marqué aucun point, ni sur le plan militaire ni dans les
domaines politique et diplomatique. Ils disposent d’informations
faisant état du recul du soutien populaire aux rebelles. Cela est
clairement apparu à Alep, où l’armée syrienne progresse en
silence, tandis qu’à Homs et dans la campagne de Damas, elle
multiplie les succès. Par ailleurs, tous les plans d’attaque contre la
capitale ont échoué. Les visiteurs de Damas, aujourd’hui,
réalisent que le danger a définitivement disparu. Le bruit des
combats est plus lointain comparé aux mois précédents. Il y a ensuite
les répercussions de l’affrontement entre les Kurdes et
le Front al-Nosra dans
le Nord, l’exigence de l’Occident de frapper les extrémistes et leurs
craintes de les voir revenir dans les pays occidentaux.
Pour toutes ces raisons, l’Arabie saoudite a compris qu’ils n’y
aucun espoirs de réaliser ses exigences, avancées pour son compte par
l’opposition syrienne. Aussi, le compromis est meilleur
aujourd’hui que demain. Et elle a compris, en outre, que le
compromis n’aura lieu que si les Russes sont d’accord, car la priorité
des Américains est la sécurité d’Israël et le succès des
négociations israélo-palestiniennes.
Bandar
s’est donc empressé de demander à Moscou de négocier, surtout qu’il a
senti chez les Allemands,
les Français et les Britanniques, à l’issue d’une tournée
européenne, une grande inquiétude à l’égard des islamistes. Il n’a pas
réussi à les convaincre même sur des questions simples et a senti
chez eux un changement fondamental et graduel. Voilà pourquoi le
prince saoudien a décidé d’ouvrir une page nouvelle avec la Russie, tout
en sachant à l’avance que Moscou ne fera aucune
concession après la résistance et les victoires du régime.
*Source : Médiarama (1/8/13)
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