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Sunday, June 05, 2011

Tunisie: le gouverneur de la BCT optimiste!!!

L’impact de la situation en Libye sur la Tunisie est "énorme", selon
Mustapha Nabli (BCT)


Saïd Mekki, Maghreb Emergent, 4 Juin 2011

Dans un entretien accordé au New York Times, le gouverneur de la Banque
centrale tunisienne, Mustapha Nabli, souligne l’importance de l’impact
de la situation en Libye sur l’économie du pays. "C’est le G-8 qui a
décidé d'aller en guerre en Libye, mais nous en supportons le coût"
a-t-il souligné.

Le fragile redémarrage de l’économie tunisienne à la suite de la
révolution de janvier 2011 est compromis par la guerre en Libye et par
les délais dans la mise à disposition des aides financières promises par
les pays développés. Mais en dépit de ces circonstances, l’économie
tunisienne enregistrera pour 2011 une progression – minimale certes mais
bien réelle – de 1% contre 3, 7% l’année dernière. Selon Mustapha Nabli,
gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) qui a accordé la
semaine dernière une interview au New York Times, cette prévision
pourrait être révisée en légère hausse le mois prochain, compte-tenu des
améliorations compte tenu de la situation sécuritaire, la reprise
récente des exportations manufacturières et une saison agricole prometteuse.

Mais la situation générale du pays, dans les domaines économique et
politique, demeure plutôt fragile. La situation sécuritaire est tendue,
les réservations touristiques ont baissé, et le front social est agité
par de nombreuses grèves et les revendications d’une jeunesse affectée
par un fort taux de chômage, d’environ 14 pour cent. La pression sur les
ressources du pays est exacerbée par l’afflux de réfugiés en provenance
de Libye notamment depuis l'intervention de l’OTAN. L’impact de la
situation en Libye sur les équilibres tunisiens est « énorme » selon le
gouverneur qui insiste sur le fait que la guerre en Libye a été décidée
par le G-8 mais que c’est la Tunisie qui doit en subir les impacts sans
avoir reçu l’aide promise par les occidentaux.

Recours au marché obligataire international

Outre les pertes sèches en termes de commerce et d’investissement, la
Tunisie assume l’arrivée de près de 80 000 réfugiés libyens qui, selon
le banquier tunisien « ne sont pas dans des camps, ils vivent avec le
peuple tunisien ; ils sont logés et nourris et scolarisés et soignés
dans les hôpitaux et cela représente un coût énorme. » Pour Mustapha
Nabli, la Tunisie aurait besoin d’environ 3 milliards à 4 milliards de
dollars en financement externe cette année, et des montants de mêmes
niveaux pour les années suivantes pour faire face à ses échéances et
couvrir le déficit du compte courant. Pour atteindre cet objectif la
Tunisie devra revenir vers le marché obligataire international malgré la
baisse récente de sa notation et donc l’augmentation des marges que le
pays devra servir. Durant les événements de janvier, Moody's Investors
Service avait rétrogradé sa note de la dette tunisienne d'un cran à
Baa3, le grade le plus bas d'investissement et, en mars, Standard &
Poor's et Fitch avait emboîté le pas. « Ces notations n’incitent pas à
aller sur le marché, même si nos marges ont baissé au cours des
dernières semaines » a déclaré M. Nabli qui attend une amélioration de
la perception du risque tunisien pour envisager une opération
significative de levée de capitaux sur le marché.

La démocratie, un bon investissement

Mistapha Nabli s’est exprimé sur la récupération des capitaux indument
détournés par l’ancien dictateur et son épouse Leila Trablesi. « Cela
prendra un certain temps, les actifs recherchés sont dispersés à travers
la planète. Un processus judiciaire est en cours. Des demandes ont été
effectuées et il y a eu gel des avoirs en Europe et ailleurs…nous
travaillons avec la Banque mondiale et différents partenaires car
personne ne sait réellement combien d’argent a été détourné, beaucoup de
chiffres circulent... » a confié le responsable tunisien. Mustapha Nabli
a déclaré que sa priorité est de renforcer le système bancaire, qui
comprend plus de 20 banques. « Il ya un consensus selon lequel il doit y
avoir une restructuration, mais je ne pense pas que nous soyons en
mesure de le faire pour le moment. Il y aura également un certain nombre
de privatisations, les biens sont récupérés et entreprises
restructurées. En définitive « la transition se passe relativement
bien», a conclu M. Nabli. «Nous aimerions que les gens aient confiance,
les choses vont dans la bonne direction. La démocratie est un bon
investissement ».

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