Frères Egyptiens ne soyez pas les pieds nickelés qui réitèrent le scénario algérien.
Il ne s’agit pas dans cet article de faire porter encore le chapeau aux Frères Musulmans qui assument une partie de la responsabilité de ce qui arrive. En ce qui me concerne, j’ai situé le problème des Frères Musulmans sur le plan idéologique c’est-à-dire la mauvaise lecture de l’Islam et de la politique dans l’état des choses. Il était attendu qu’il ne s’empresse pas de s’accaparer le pouvoir sans impliquer toutes les forces et en particulier les jeunes qui ont mené la « révolution ». Il était attendu de voir les Frères musulmans s’entourer de grosses pointures comme Heykel et tant d’autres pour construire ensemble une feuille de route de transition pour faire face aux crises structurelles et complexes : morales, politiques sociales, institutionnelles, économiques, financières, régionales et ensemble aller vers le redressement de l’Égypte.
J’avais espéré que les élites égyptiennes sortent du piège et du bourbier qui leurs était préparés, mais ils se sont crispés sur des détails ici insignifiants et sur des clivages idéologiques complexes ailleurs. Les Frères Musulmans n’ont pas eu le recul et ma sagesse de voir que ce qui leur a été confiait était empoisonnement et qu’il leur fallait, une fois en leur possession, de neutraliser sa nuisance et s’ouvrir vers le plus grande nombre autour du plus grand dénominateur commun : remettre les institutions en marche, remettre le peuple au travail, remettre les élites en confiance et en débat.
J’ai exprimé mes craintes et j’ai dénoncé les fautes et les erreurs d’empressement aux Frères Musulmans eu égard à leur puissante organisation et aux craintes réelles ou fabriquées à son égard. Il reste à dire la vérité amère sur l’armée et les forces se prétendant démocrates. Il n’est pas juste de ne pas supporter le mandat du Président alors que son mandat mal ou bien accompli ne va ne pas changer grand-chose eu égard aux catastrophes héritées de l’ancien régime. Les démocrates égyptiens à l’instar des démocrates algériens sont les premiers ennemis de la démocratie et les pires assoiffés de pouvoir. La haine de l’Islam les pousse à faire des fautes graves. La pire des fautes est de donner un quitus blanc à l’armée qui intervient dans la vie politique et sociale alors que son devoir est d’être à la frontière laissant les civils trouver une solution à leurs différents.
Qui est le coup d’État le plus méprisable : celui des Algériens ou celui des Egyptiens qui rejettent dans un avenir incertain la pratique démocratique et ouvrent la porte à des violences et des haines dont seul Allah connait l’intensité, la portée, les dimensions et les conséquences.
Les Frères Musulmans, appuyés par le peuple et par la légitimité vont-ils se laisser déposséder de leur droit de gouverner. Une période de transition sous la conduite des pourfendeurs de l’expérience démocratique sera-t-telle menée jusqu’à terme sans violence ? Les perdants lors des élections démocratiques ont-il la légitimité de parler au nom du peuple égyptien ?
Les Frères Musulmans ont commis des erreurs idéologiques, mais leurs adversaires vont commettre des erreurs idéologiques, politiques et morales. La pire des fautes c’est de placer l’armée en arbitre puis en acteur en faveur de la majorité du peuple contre la minorité. On peut rapprocher aux Frères Musulmans de n’avoir pas coopérer avec la minorité et ce reproche peut être surmonté si un débat serein et responsable s’ouvre où chacun fait des concessions pour sauver l’Égypte et épargner le peuple de la ruine économique et de l’effusion de sang qui se prépare. Les Égyptiens ne sont pas seuls. L’empire et le sionisme sont les acteurs les plus actifs et les plus dangereux.
Que les Frères Musulmans et leurs sympathisants n’aient pas recours au Jihad pour des affaires mondaines. Qu’il cherche le compromis ou le retrait dans la dignité. Leurs transgresseurs devront rendre compte de la folie qui va conduire l’Egypte à une instabilité. Les Frères Musulmans doivent revenir à Allah et faire le Bilan sans passion ni humiliation ni esprit de revanche. C’est maintenant plus que jamais et avant qu’il ne soit trop tard de faire preuve d’humilité, de sens des priorités et d’offrir la compétence de l’Islam à sauvegarder les intérêts suprêmes de la communauté.
Que les perdants apprennent à attendre leur tour et qu’ils se hissent au niveau politique d’opposants : conseiller, dénoncer et participer le cas échéant. Confondre la lutte politique avec la haine contre l’Islam ou le refus de la Charia ne peut trouver écoute auprès des peuples musulsmans. Vous êtes en train de jouer avec les sensibilités religieuses et sur ce terrain souvent les diables sont vivant et bien vivants. Réveillez-vous et faites preuve de probité. Vous avez tout à gagner.
Que les Militaires assument leurs responsabilités : ce sont leurs pratiques despotiques et leur mesure sécuritaire qui ont poussé les gens à vivre dans la clandestine, dans la haine et dans la confusion politique sur les solutions d’avenir. Il est temps de renforcer le processus démocratique et de veiller à ce qu’il n’y ait pas d’effusion de sang. Il est temps d’engager une réconciliation nationale et de pousser les forces politiques et sociales à collaborer et à répondre aux attentes des masses plus nombreuses qui n’ont pris position ni pour ni contre les uns et les autres. Elles ne savent toujours pas qui leur apportera le pain, la sécurité et la dignité :
tous les Égyptiens peuvent et doivent empêcher l’institution d’un coup de force anti constitutionnelle en acceptant ou en demandant d’accepter de négocier sans condition ni parti prix un compromis historique qui leur conserve l’esprit d’initiative pour sauver la paix civile, redynamiser les institutions et proposer une autre feuille de route sur trois volets cruciaux :
La défense et le renforcement de l’État de droit non partisan
Le règlement des problèmes sociaux et économiques
La garantie des libertés individuelles et publiques
Un gouvernement non partisan, d’union nationale et de salut public, sous la présidence du président Morsi devrait superviser le règlement des affaires courantes (justice, police, sécurité, administration, etc.) et organiser la mise en place des États généraux pour tracer ensemble des programmes ambitieux pour redresser l’Égypte et la conduire dans les délais normaux aux prochaines élections sans gagnants ni perdants. Ils ont mille et une raisons d’aplanir leurs clivages idéologiques et de se rassembler sur un minimum démocratique pour sauver tout ce qui peut être sauvé de leur expérience démocratique imparfaite et relancer la machine économique et sociale à régler ce qui peut être réglable afin que l’Égypte ne soit pas mise à feux et à sang au profit du sionisme et de l’Empire.
Vous êtes à la croisée des chemins : ou bien refondation et nouveau départ ou bien ouverture vers l’inconnu. Vous avez mal démarré votre révolution et si vous ne redressez pas la conduite idéologique, politique, morale et sociale, vous serez tous du nombre des perdus et des perdants.
Par Allah ne faites pas couler votre sang et n’épuisez pas vos efforts. Le monde arabe est exsangue, sans ressources mentales. Il attend de vous un sursaut de dignité, une prise à corps de vos responsabilités. Ne nous faites pas honte après que vous nous avez déçus. Restez patients et apprenez à respectez les règles de l’alternance.
http://liberation-opprimes.net/freres-egyptiens-ne-soyez-pas-les-pieds-nickeles-qui-reiterent-le-scenario-algerien/
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