Search This Blog

Saturday, March 08, 2008


Gaza - 08-03-2008

Brisez le Siège, descendez dans les rues
Par Saif Abu Keshek

Combien d'autres devront mourir avant que nous nous rendions compte que notre silence n'est qu'une partie de l'histoire, que nos protestations ne sont pas la réponse, que la vie de nombreux Palestiniens dépend de ce que la société civile peut faire ou non ?
Peut-être qu'il est temps d'être plus radical. Peut-être que les Palestiniens nous aideront à échapper à la mort, une autre forme de mort - la mort de notre humanité !!!!






















Après trois semaines et demie d'attente à Rafah avec une quantité importante de médicaments nécessaires à la Bande de Gaza, Saif Abu Keshek, coordinateur général du Réseau des Jeunes Palestiniens (PYN), a réussi à entrer dans la Bande de Gaza assiégée dans la soirée du mercredi 5 mars.

Avec une valeur de 50.000 euros en médicaments introuvables ou disponibles en très petites quantités dans Gaza, Saif était à Rafah depuis le 12 février 2008 où il attendait l’autorisation d'entrer et chaque jour, on lui disait d'attendre encore un peu.

"Je suis finalement entré", a déclaré Saïf, "mais il y a des tonnes d’aide supplémentaire pour Gaza dans des dizaines de camions qui sont toujours bloqués à la frontière."

La semaine dernière, l'attaque militaire israélienne contre Gaza, qui a tué plus de 120 Palestiniens, dont beaucoup de femmes et d'enfants, s'est heurtée à un silence assourdissant de la part des dirigeants du monde entier et des organisations internationales.

Cette réalité ne doit pas seulement nous attrister et nous mettre en colère, mais elle doit aussi nous faire comprendre à quel point il est important que la société civile prenne des mesures pour défendre les droits de l'homme face à l'impuissance organisée.

L’entrée de Saif dans la Bande de Gaza nous montre que le siège peut être brisé mais il faut imposer une pression et de la persistance ce que les gouvernements et les Nations Unies ne sont pas prêts à exercer.

Dans la soirée du dimanche 2 mars, les Palestiniens, des jeunes et des moins jeunes, sont sortis dans les rues de Ramallah en tapant bruyamment sur des casseroles, avec leurs sifflets et en hurlant pour réveiller les gens ! (voir le reportage et la vidéo)


Réveillez-vous. Nous devons nous réveiller et nous pensons effectivement que nous avons le pouvoir de faire changer les choses, alors nous devons nous organiser pour montrer notre force à nos représentants et à nos décideurs.


Que pouvons-nous faire ?

Les citoyens américains : La demande de budget pour 2009 faite par le président Bush au Congrès comprend 2,55 milliards de dollars en aide militaire à Israël, soit une augmentation de 9% des dépenses réelles par rapport au budget de 2007.
Cette augmentation de l'aide militaire est la première tranche d'un plan sur dix ans, signé entre Israël et les Etats-Unis en août 2007, destiné à augmenter de 25% l'aide militaire à Israël, ce qui représente un total de 30 millions de dollars sur les dix prochaines années.
Organisez des délégations pour rencontrer votre représentant au Congrès.
Envoyez la lettre suivante à votre représentant au Congrès


Les autres : Si l'ONU n'est pas disposée à tenir Israël responsable de la vie des Palestiniens, nous pouvons, en travaillant sur une base populaire, isoler Israël. S’il vous plaît, accélérer la Campagne de BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions).

Demandez aux écoles, aux syndicats, aux lieux de culte, etc. de condamner les atrocités israéliennes, de boycotter Israël et de retirer leurs investissements des entreprises qui tirent profit de l'occupation par Israël des terres palestiniennes.

Voir la dernière déclaration du Congrès des Syndicats Sud-Africains (COSATU)

Ci-dessous, un email envoyé par Saif le 3 mars, soit deux jours avant qu’il entre dans la Bande de Gaza, qui décrit ce qui se passe à la frontière.

Vous pouvez contacter Saif à Gaza, au : +970-599-963-273.


Echapper à la mort
3 mars 2008

On entend partout le bruit des sirènes des ambulances, il y a blessés ici et là… L’un hurle, l’autre est mourant. Tout est rouge, il y a du sang partout.
"Cours plus vite" crient-ils.

"Nous avons besoin d'une ambulance, maintenant, maintenant, maintenant… Ce type est en train de mourir. S’il vous plaît, venez aider, faites venir un médecin s’il vous plaît, donnez-lui des calmants ... Faites quelque chose, aidez-le."

La réponse des médecins est beaucoup plus lente que les cris de douleur. Le personnel médical doit tout vérifier. Ils doivent décider qui est dans l’état le plus critique pour le passer en premier, en prenant le risque que quelqu'un meure avant d’être vu.

Des centaines de personnes attendent de l'autre côté.
Certaines personnes attendent depuis un mois pour revenir en Égypte. Des Palestiniens qui ont pénétré dans Gaza pour rendre visite à leur famille et qui ne peuvent plus sortir aujourd'hui.
D'autres, des Egyptiens qui sont entrés dans Gaza sont maintenant coincés.

Mais le plus terrible, c’est de voir les mères palestiniennes et d'autres membres de la famille qui regardent les ambulances partir avec leurs proches, en priant de les revoir mais sans en être sûrs.

Peut-être vont-ils mourir sur le chemin de l’hôpital ? Ou peut-être qu’ils seront soignés mais ensuite ils se retrouveront dans un centre de détention avant d'être autorisés à rentrer chez eux. On ne peut jamais savoir. Ici, c’est toujours une question de chance.

Je leur ai dit que nous avions des médicaments pour Gaza, des médicaments nécessaires aux opérations d'urgence. Ils ont répondu : "Alors, de nombreux blessés sont entrés aujourd'hui en Egypte, pourquoi ne donnez-vous pas vos médicaments à un hôpital égyptien ?"

Ont-ils vraiment ouvert la frontière ? Qui sera avec les blessés ?
Ils ne reverront pas leur famille avant de revenir à Gaza. Les visites sont très limitées, et vous ne pouvez parler à personne.

Ces gens échappent à la mort, mais nul ne connaît leur destin. Ils espèrent trouver quelque miséricorde loin de la machine à tuer israélienne. Ils sont dans une ambulance qui les emmène vers un hôpital, et ils ne savent pas quand ils vont rentrer chez eux, si jamais ils rentrent.

C’est terrible d'être blessé, presque mourant, sans famille autour de vous, sans visiteurs. Et c’est terrible pour toute la famille de ne pas être avec leurs proches pendant qu'ils sont soignés, ou peut-être pendant leurs derniers jours. Pour certains, ces derniers moments seront peut-être leurs seuls moments de paix dans leur vie. Quelle ironie, vous échappez à la mort pour vivre vos derniers instants loin de votre famille !

La brutalité de cette occupation, qui vit en nous, qui vit partout, nous poursuit partout où nous allons. Peut-être que certains ont réussi à échapper à la mort aujourd'hui, mais la mort frappe encore dans le reste de Gaza.

N'est-il pas temps de descendre dans les rues ? N'est-ce pas le moment de forcer un changement des choses ?

Combien d'autres devront mourir avant que nous nous rendions compte que notre silence n'est qu'une partie de l'histoire, que nos protestations ne sont pas la réponse, que la vie de nombreux Palestiniens dépend de ce que la société civile peut faire ou non ?

Peut-être qu'il est temps d'être plus radical. Peut-être que les Palestiniens nous aideront à échapper à la mort, une autre forme de mort - la mort de notre humanité !!!!!

Traduction : MG pour ISM

No comments: