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Sunday, March 16, 2008

Le butin de l'empire !


par K. Selim, Le Quotidien d'Oran, 16 mars 2008

Les Irakiens vont «fêter» dans quelques jours le 5ème anniversaire de l'invasion de leur pays par l'armée américaine. Ce qui est arrivé dans ce pays au nom des mensonges sur les armes de destruction massive et des liens présumés de Saddam Hussein avec Al-Qaïda - le Pentagone vient de reconnaître en catimini que ces liens n'existent pas - est un vrai crime contre l'humanité.

L'assertion que cette guerre avait pour but la diffusion de la démocratie ne peut que provoquer la nausée quand on voit ce qu'il est advenu de l'Irak: une fiction invivable, un peuple divisé en communautés armées et une armée de mercenaires qui tirent les Irakiens comme on tire les lapins. En Irak, cinq ans après que la «civilisation» eut débarqué avec ses moyens de guerre, c'est la jungle: au moins un demi million d'Irakiens tués, des réfugiés par centaines de milliers et un pays dont la division est déjà programmée.

L'empire a détruit, manipulé et armé des Irakiens contre les autres. L'administration Bush, qui a menti sur tout et qui est responsable du sanglant désastre irakien, se permet néanmoins de publier un rapport sur les droits de l'homme pour distribuer les bons et les mauvais points.

Mais les choses étant ce qu'elles sont, ce n'est pas sur le nombre des Irakiens morts, ni sur les mensonges outranciers utilisés pour justifier une guerre odieuse que l'administration Bush sera jugée par les citoyens américains. Ce sera sur les coûts qu'ils auront à supporter. Et ils sont élevés, trois mille milliards de dollars, selon les estimations du prix Nobel d'économie Joseph E. Stiglitz (voir Le Quotidien d'Oran du 13 mars), et autant au reste du monde. Stiglitz note que pour un sixième du coût de la guerre, les Etats-Unis seraient en mesure de rétablir le système de sécurité sociale de manière confortable pour plus d'un demi-siècle.

L'exemple est intéressant car il montre à quel point cette administration est exclusivement au service du complexe militaire et pétrolier. Alan Greespan, ancien directeur de la Réserve fédérale américaine, avait mis en émoi Washington en écrivant que «la guerre en Irak est largement une question de pétrole». C'est pourtant, après la mise en évidence de tous les mensonges et de tous les cache-sexe (dont le misérable Grand Moyen-Orient), une vérité tenace. Si l'empire US a beaucoup dépensé en Irak, il entend bien se faire rembourser au centuple. Et le seul moyen de se faire rembourser est d'imposer une nouvelle loi pétrolière qui légalise la prise de butin par les compagnies pétrolières américaines, tout en assoyant les conditions économiques de la partition de l'Irak.

Le «gouvernement de la Zone verte» vient en effet d'adopter une loi pétrolière dangereuse qui tourne le dos aux nationalisations, qui donne un pouvoir aux régions pour conclure des contrats avec les entreprises étrangères et qui enlève toute capacité à l'Irak de maîtriser son niveau de production. Ce seront les entreprises étrangères qui pomperont comme elles l'entendent. Après avoir détruit l'Irak, l'empire est en train de lui faire payer la note. La nouvelle loi rencontre toujours des oppositions, mais celles-ci peuvent être réduites au silence dans un pays transformé en jungle et livré aux «saigneurs» de la guerre.

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