Irak: la foire d'empoigne parlementaire
Gilles Munier
14 /10 /2010
Les mois passent et les députés irakiens ne parviennent toujours pas à s’entendre sur les noms des personnalités qu’ils doivent élire : Président de l’Assemblée, Président et vice- présidents de la République, Premier ministre. Quelle que soit la triste figure de ce dernier, il devra ensuite choisir ses ministres sans vexer ceux qui l’ont élu. Mission impossible.
Les candidats en lice : Iyad Allaoui, Nouri al-Maliki, Adel Abdel Mahdi ont beau manier la carotte et le bâton, quand ils approchent les 163 sièges nécessaires pour former un bloc parlementaire majoritaire, pfuittt … des députés glissent entre leurs doigts, mécontents pour une raison ou une autre, achetés par un adversaire, par les Gardiens de la Révolution iranienne, par la CIA, ou faisant tout simplement monter les enchères.
Al-Maliki sur le chemin de Damas
Depuis qu’avec l’accord au moins tacite des Etats-Unis, l’Iran a renouvelé son soutien à Nouri al-Maliki et forcé Moqtada al-Sadr à le rejoindre, le Premier ministre sortant est en tête des postulants. Mais ce n’est pas sans remous. Le Sayyed parle de ligne rouge à ne pas dépasser si Maliki veut le garder dans son camp et des députés de l’Alliance de l'Etat de droit – son bloc électoral - lui reprochent de s’être allié à un « criminel » ou à un « individu ingérable ». Les Kurdes veulent bien lui accorder leur soutien, mais en échange d’engagements écrits sur l’avenir de Kirkouk. Joe Biden, vice-Président des Etats-Unis, réclamant la constitution d’un gouvernement d’unité nationale, Maliki a mis de côté son amour propre pour aller à Damas demander conseil au Président Bachar al-Assad qu’il insultait il y a quelques mois.
De l’autre côté de l’échiquier, la situation est tout aussi agitée. Iyad Allaoui, dont les Américains ont rogné les ailes, n’espère plus devenir Premier ministre, mais fait semblant. Il se serait bien consolé dans le fauteuil de Président de la République. Comme cela n’en prend pas le chemin, il se contenterait de la présidence du Parlement. Lui aussi a des difficultés à maintenir la discipline dans son camp : le Parti Tawafuq et la liste Irak unie – 10 députés à eux deux – ont constitué l’Alliance centriste irakienne pour négocier avec Maliki, leur entrée au gouvernement.
Adel Abdel Mahdi, le petit dernier, ronge son frein. Son suivisme pro-iranien inconditionnel ne lui a été d’aucun secours et sa réputation de « candidat de la France » l’a plutôt desservi. S’estimant « en réserve de la République », il tente de se donner une image de candidat nationaliste et de rallier à lui les sadristes déstabilisés par le retournement tactique de Moqtada al-Sadr. Il espère tout de même être réélu vice-Président de la République. Tout dépendra en définitive des équilibrages concoctés à Téhéran.
Des Américains en uniforme irakien
Sur le terrain, la résistance à la double occupation se poursuit : la Zone verte a été à nouveau bombardée, des postes militaires attaqués, plusieurs collaborateurs ont été assassinés. Les Américains, calfeutrés dans leurs bases, en sortent de plus en plus souvent en uniforme irakien pour passer inaperçus. En coulisse, certaines organisations de résistance envisageraient maintenant de s’adjoindre une façade électorale. C’est semble-t-il le cas du Front Islamique de la Résistance Irakienne (al-Jabha el-Islamiya lil Moqawama al-Iraqiya –JAMI) que l’on dit proche des Frères Musulmans.
http://www.france-irak-actualite.com/article-irak-la-foire-d-empoigne-parlementaire-58887851.html/
A suivre…
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