Pour le retrait immédiat des troupes d’occupation
« On ne pourra jamais compenser la perte des vies, la destitution du président, la désintégration sociale, les blessures morales et physiques, et l’humiliation dont l’Irak souffre. »
Hans Von Sponeck
Une conférence internationale contre la guerre s’est tenue à Londres le 1er décembre dernier. Organisée par Stop The War Coalition, elle a réuni 1200 délégués de mouvements anti-guerre venus de vingt-six pays de tous les continents.
En introduction, Tony Benn, président de l’organisation, a mis en garde contre l’impérialisme américain : « comme tous les empires en déclin, les Etats-Unis sont d’autant plus dangereux qu’ils se comportent comme des tigres blessés ».
Les membres du Parlement britannique présents ont dénoncé l’hypocrisie et les doubles standards des pays occidentaux qui accusent l’Iran de développer des armes nucléaires (malgré le dernier rapport de l’AIEA), alors qu’ils en possèdent eux-mêmes des quantités énormes, et qu’ils sont en train de renouveler leur arsenal.
Georges Galloway, député britannique, a tourné en dérision les propos de Bush qui prétend souhaiter un Liban démocratique, tout en diabolisant Nasrallah. Il a dénoncé la farce de la conférence d’Annapolis, dont tous les principaux élus régionaux ont été exclus, soulignant que le peuple était assiégé « parce qu’il avait eu l’audace de voter pour des gens dont les USA, la Grande-Bretagne et Israël ne veulent pas ». Il a regretté que le changement de 1er ministre n’ait pas donné lieu à un changement de politique, Gordon Brown ayant « autre chose à faire que de projeter une nouvelle guerre contre un pays musulman ». Contredisant les allégations américaines selon lesquelles l’Iran exacerberait les divisions religieuses en Iraq, il a rappelé que c’est l’occupant qui divise le pays afin de pouvoir justifier la poursuite de son occupation.
Jeremy Corbyn a insisté sur la nécessité de ne pas oublier l’Afghanistan, où la plupart des victimes du carnage qui se poursuit, qui a été programmé par le PNAC, n’ont jamais entendu parler du 11 septembre ni de Bush.
Hans von Sponeck, coordinateur humanitaire de l’ONU en Irak (démissionnaire) exprimant sa colère contre l’occupation anglo-américaine, « illégale, immorale et profondément répugnante », estime qu’il faut demander des comptes à nos dirigeants, tous « lâches et inhumains ». Cependant, « on ne pourra jamais compenser la perte des vies, la destitution du président, la désintégration sociale, les blessures morales et physiques, et l’humiliation dont l’Irak souffre. » Il a conclu en citant l’écrivain américain Gore Vidal: « Il n’est pas suffisant de gagner: les autres doivent perdre. »
Pour Dennis Halliday, coordinateur humanitaire de l’ONU en Irak (également démissionnaire) si nos gouvernements terroristes ont réussi à détruire l’Irak, « l’Esprit du peuple irakien est, lui, indestructible ». La Résistance finira par vaincre et « nous devons aider l’Irak à restaurer sa souveraineté nationale ». Face au drame des réfugiés (20% de la population), il propose d’exiger du Conseil de sécurité qu’il commence de faire payer les agresseurs pour la reconstruction. Une commission internationale doit enquêter sur toutes les atrocités commises - notamment à Fallujah -, et sur l’usage d’ADM.
Hassan Jumaa, Président du Syndicat Général des travailleurs du pétrole à Bassora, après avoir rappelé que Kissinger avait projeté dès 1974 le contrôle du Moyen-Orient par les Etats-Unis, a mis l’accent sur le fait que Bush n’a pas seulement volé son pétrole, il a aussi détruit l’unité du pays, alors que les différentes composantes religieuses et ethniques vivaient en totale harmonie en Iraq (« Nous étions tous des Irakiens »).
Ibrahim Mousawi, éditeur d’Al Intiqad (Hezbollah) a rappelé qu’« Un homme qui défend sa terre est considéré comme un résistant dans un pays, et comme un terroriste dans un autre.»
Hanna Ibrahim a dénoncé les tortures des prisonniers, les mafias qui gangrènent le pays, le chômage endémique (autour de 70%), la dégradation des conditions de vie des enfants et des femmes (souvent violées, tirées à vue par des snipers, forcées à se prostituer, victimes de la traite des blanches), et les crimes commis par les Escadrons de la mort qui ont déstabilisé le pays et détruisent l’identité irakienne.
Dans sa résolution finale, la conférence des délégués a insisté sur la nécessité d’un front uni des organisations anti-guerre - au-delà des appartenances politiques et religieuses - contre l’occupation de l’Iraq, de l’Afghanistan et de la Palestine, toutes les menaces israéliennes au Moyen-Orient, le plan d’agression contre l’Iran, la planification d’un nouveau coup d’Etat au Venezuela, et le projet d’installation de bases anti-missiles américaines en Europe de l’Est.
Le 21 mars 2008, date anniversaire de l’invasion de l’Irak, a été choisi comme journée internationale d’action pour exiger le retrait immédiat des troupes d’occupation en Iraq et en Afghanistan, et l’arrêt des préparatifs de guerre contre l’Iran.
Joëlle Pénochet (Londres)
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