Search This Blog

Friday, March 25, 2011

Aux origines de la guerre française contre la Libye

Une guerre franco-libyenne oubliée ?

Jean Louis Triaud-
Une confrérie musulmane, la Sanussiyya, face à la France,
Paris, l’Harmattan 1988 (Racines du présent)

Parmi les sociétés religieuses qui ont marqué l’histoire de l’islam et de l’Afrique, la Sanussiya est l’une des plus originales et des plus fascinantes. Fondée en 1837 par un Algérien, elle a longtemps cherché sa voie. Elle l’a trouvée en Cyrénaïque, où, tout de suite, son succès a été grand. Maitresse des routes du désert, elle a rapidement atteint les pays du sud.
A la fin du 19ème siècle, le Maître de l’Ordre, Muhammad Al Mahdi, s’était constitué, du désert Libyque aux rives du Lac Tchad, un vaste domaine réservé. Dans le même temps, la France se préparait à prendre possession du territoire du Tchad. L’affrontement était inévitable. La Sanussiya, confrérie pacifique, devient, par la force des choses, ordre militaire.
D’une lutte qui devrait durer 12 ans, la prise de Bir Alali, par les français, en janvier 1902, est l’épisode majeur. Dans leur fuite, les Sanoussites abandonnèrent leur bibliothèque et leur correspondance. Celle-ci, par une suite de circonstances heureuses, a été préservée, du moins en partie. Elle se trouve aujourd’hui aux Archives Nationales de France. En un chapitre oublié la publiant, J.L. Triaud rouvre un chapitre des annales militaires et de l’histoire des religions.
Trente huit lettres sont ici reproduites et traduites. Le lecteur y découvre, comme de l’intérieur, la vie de la confrérie : son organigramme, ses préoccupations matérielles et spirituelles, ses tensions internes, son inquiétude devant l’entreprise coloniale de la France, ses préparatifs de défense. Des notes facilitent la lecture : elles nous renseignent, sur les auteurs et les destinataires, les personnages cités, les circonstances de la rédaction.
Cette correspondance forme la seconde partie de l’ouvrage. La première partie est une introduction et un guide de lecture. En trois chapitres, concis et dense, l’auteur retrace l’histoire de la Sanussiyya, présente celui, qui, à l’époque, commandant le territoire militaire du Tchad : le Lieutenant Colonel Destanave. Enfin il nous offre une description et un commentaire des lettres.. Le livre de J.L. Triaud devrait rencontrer une vaste audience. Le « profane » y trouvera une page d’histoire passionnante, l’historien une source de valeur exceptionnelle, l’étudiant un modèle d’analyse critique.
Mais c’est peut-être au politologue et au journaliste que l’auteur aura rendu le plus grand service. J’attire leur attention sur la conclusion du chapitre trois, aux pages 72 à 76. On ne saurait comprendre le présent sans le relier au passé : la trame est continue.
Jean Claude Zeltner

--------------------------
Merci à l'ami Jean Claude Triaud, que j'ai connu il y a dix huit ans, à la faveur d'une émission à Radio Maghreb, de nous avoir détérré ce bout d'histoire pour comprendre le présent.
Ahmed Manai

No comments: