L’illusion
monétaire ! Vous allez payer d’une façon ou d’une autre le déficit public
…
Désormais, on n’est
toujours pas en faillite. Pourtant, les pseudos-experts; imposteurs, prêcheurs de morosité et d’alarmisme
ne ménagent pas leur effort pour annoncer catastrophe sur catastrophe. Laissons
nos pseudos-experts, à la présence médiatique très envahissante et au crédit
scientifique très entamé, spéculer sur la faillite de la nation et revenons à
l’essentiel…
Sans
trahir la complexité des choses, nous tenterons d’expliquer dans ce qui suit,
qu’à défaut d’une réelle révolution fiscale, le déficit public va être payé par
la création monétaire qui se traduira par une hausse de l’inflation et par une
dépréciation de la monnaie nationale.
La Tunisie a quatre
ressources possibles de recettes
è Les
bénéfices dégagés par les entreprises publics
è Les
ressources fiscales : TVA (Taxes sur la valeur
ajoutée), impôts sur les bénéfices, impôts sur les revenus, vignettes, ….
è Les
dettes,
à savoir s’endetter auprès des banques nationales, internationales ou Etats tiers pour financer
son déficit.
è La
création monétaire : à savoir l’Etat imprime
de la monnaie pour financer son déficit (politique de la planche à billets)
Etudions
ces cas un par un.
1.
Les
bénéfices dégagés par les entreprises publiques :
Sur ce point les choses sont d’une simplicité biblique etles manœuvres sont
quasi-nulles, car des entreprises publiques rentables, il y en a presque-plus.
Les plus rentables sont passées sous le contrôle des capitaux privés, sous
l’égide de la politique d’ajustements structurels, imposée par l’inquisition
néolibérale, j’ai nommé le Fond Monétaire International.
2.
Les
ressources fiscales : c’est sur ce point où les
marges de manœuvres sont les plus larges. C’est ont me demande de définir
l’économie tunisienne en une phrase, je dirais « Economie de l’injustice
fiscale ». On a une pléthore de réformes à faire pour corriger cette
injustice fiscale qui durent depuis des décennies. On peut créer des tranches
supplémentaires d’impôts sur les revenus, pour les foyers les plus aisés,
instaurer un système de contrôle efficace pour les métiers libéraux,
sanctionner pénalement les fraudes fiscales, en finir avec 90% des régimes
forfaitaires, imposer les entreprises totalement exportatrices qui bénéficient
d’un régime fiscale unique au monde...
Cependant,
force est de constater que rien n’est fait ou presque à part quelques mesures
modestes qui ne constituent en rien une révolution fiscale. Pis encore, le peu
de réforme mises en œuvres épargnent la tranche la plus riche de la population.
3.
Les
dettes. Notre taux d’endettement a progressé et nos
marges de manœuvres sont de plus en plus faibles. Par ailleurs, il est inconcevable
de s’endetter pour financer un déficit public de fonctionnement et nous
devrions réserver les dettes pour les investissements.
4.
La
création monétaire : en manque de ressources, le
gouvernement va finir par invoquer la machine à billets, c’est-à-dire l’Etat va
financer son déficit de fonctionnement en créant purement et simplement des
billets. Ceci va augmenter la masse monétaire en circulation dans l’économie,
ce qui se traduira à moyen long terme
par une augmentation l’inflation et par une dépréciation de la monnaie
nationale. Les ménages vont être victimes « d’illusion monétaire ». Pour illustrer l’illusion
monétaire voici deux exemples :
Vous
refusez des augmentations des taxes. Ok. Nous allons financer le déficit par
création monétaire, ce qui va affaiblir le dinar, augmenter mécaniquement les
prix des produits importés. Les taxes que vous avez refusé de payer
directement, vous allez les payer lors de l’achat d’un nouveau véhicule, d’un
téléphone portable ou de n’importe quels produits qui contient des composantes
importés, car ces produits vont couter plus chers.
Dans
la même ligné, vous voulez des augmentations de salaires largement supérieur à
l’augmentation de la productivité.OK.On va vous augmenter… mais étant donné
qu’on ne met pas les moyens fiscaux pour récolter les recettes, nous allons
tout simplement financer vos salaires par création monétaire, le dinar va
s’affaiblir, l’inflation augmente. Vous avez l’impression d’avoir été augmenté
mais enfin de compte votre pouvoir d’achat a baissé.
En guise de
conclusion
Sans réforme fiscale
profonde, il y aura deux choix : La rigueur
budgétaire avec des conséquences économiques et sociales désastreuses sur
la classe ouvrièreou la planche à billets.
Comme la bourgeoisie n’aime pas trop la planche à billets, qui fait fondre comme
neige son épargne, elle finira par imposer la rigueur.
Question. Pourquoi
aucun des pseudos-experts-imposteurs qui passent à la télé ne parle de
l’injustice fiscale. Réponse. Car ces experts qu’on vous pressent d’écouter
sont bougrement récompensée par la classe bourgeoise. Ils obéissent à des
impératifs politiques. On continuera à vous expliquer que taxer les plus riches
et les plus aisés ce n’est pas bien pour l’économie, alors que c’est l’unique
solution pour avoir un capitalisme avec un semblant de visage humain.
Docteur en Economie
Vice-président de l'Institut Tunisien des
relations internationales
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