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Wednesday, January 22, 2014

Walid Hasni: Vous allez payer d’une façon ou d’une autre le déficit public …



L’illusion monétaire ! Vous allez payer d’une façon ou d’une autre le déficit public …

Désormais, on n’est toujours pas en faillite. Pourtant, les pseudos-experts;  imposteurs, prêcheurs de morosité et d’alarmisme ne ménagent pas leur effort pour annoncer catastrophe sur catastrophe. Laissons nos pseudos-experts, à la présence médiatique très envahissante et au crédit scientifique très entamé, spéculer sur la faillite de la nation et revenons à l’essentiel…
Sans trahir la complexité des choses, nous tenterons d’expliquer dans ce qui suit, qu’à défaut d’une réelle révolution fiscale, le déficit public va être payé par la création monétaire qui se traduira par une hausse de l’inflation et par une dépréciation de la monnaie nationale.
La Tunisie a quatre ressources possibles de recettes
è Les bénéfices dégagés par les entreprises publics
è Les ressources fiscales : TVA (Taxes sur la valeur ajoutée), impôts sur les bénéfices, impôts sur les revenus, vignettes, ….
è Les dettes, à savoir s’endetter auprès des banques nationales,  internationales ou Etats tiers pour financer son déficit.
è La création monétaire : à savoir l’Etat imprime de la monnaie pour financer son déficit (politique de la planche à billets)
Etudions ces cas un par un.
1.   Les bénéfices dégagés par les entreprises publiques : Sur ce point les choses sont d’une simplicité biblique etles manœuvres sont quasi-nulles, car des entreprises publiques rentables, il y en a presque-plus. Les plus rentables sont passées sous le contrôle des capitaux privés, sous l’égide de la politique d’ajustements structurels, imposée par l’inquisition néolibérale, j’ai nommé le Fond Monétaire International.

2.   Les ressources fiscales : c’est sur ce point où les marges de manœuvres sont les plus larges. C’est ont me demande de définir l’économie tunisienne en une phrase, je dirais « Economie de l’injustice fiscale ». On a une pléthore de réformes à faire pour corriger cette injustice fiscale qui durent depuis des décennies. On peut créer des tranches supplémentaires d’impôts sur les revenus, pour les foyers les plus aisés, instaurer un système de contrôle efficace pour les métiers libéraux, sanctionner pénalement les fraudes fiscales, en finir avec 90% des régimes forfaitaires, imposer les entreprises totalement exportatrices qui bénéficient d’un régime fiscale unique au monde...
Cependant, force est de constater que rien n’est fait ou presque à part quelques mesures modestes qui ne constituent en rien une révolution fiscale. Pis encore, le peu de réforme mises en œuvres épargnent la tranche la plus riche de la population.

3.   Les dettes. Notre taux d’endettement a progressé et nos marges de manœuvres sont de plus en plus faibles. Par ailleurs, il est inconcevable de s’endetter pour financer un déficit public de fonctionnement et nous devrions réserver les dettes pour les investissements.

4.   La création monétaire : en manque de ressources, le gouvernement va finir par invoquer la machine à billets, c’est-à-dire l’Etat va financer son déficit de fonctionnement en créant purement et simplement des billets. Ceci va augmenter la masse monétaire en circulation dans l’économie, ce qui  se traduira à moyen long terme par une augmentation l’inflation et par une dépréciation de la monnaie nationale. Les ménages vont être victimes « d’illusion monétaire ». Pour illustrer l’illusion monétaire voici deux exemples :

Vous refusez des augmentations des taxes. Ok. Nous allons financer le déficit par création monétaire, ce qui va affaiblir le dinar, augmenter mécaniquement les prix des produits importés. Les taxes que vous avez refusé de payer directement, vous allez les payer lors de l’achat d’un nouveau véhicule, d’un téléphone portable ou de n’importe quels produits qui contient des composantes importés, car ces produits vont couter plus chers.

Dans la même ligné, vous voulez des augmentations de salaires largement supérieur à l’augmentation de la productivité.OK.On va vous augmenter… mais étant donné qu’on ne met pas les moyens fiscaux pour récolter les recettes, nous allons tout simplement financer vos salaires par création monétaire, le dinar va s’affaiblir, l’inflation augmente. Vous avez l’impression d’avoir été augmenté mais enfin de compte votre pouvoir d’achat a baissé.


En guise de conclusion
Sans réforme fiscale profonde, il y aura deux choix : La rigueur budgétaire avec des conséquences économiques et sociales désastreuses sur la classe ouvrièreou la planche à billets. Comme la bourgeoisie n’aime pas trop la planche à billets, qui fait fondre comme neige son épargne, elle finira par imposer la rigueur. 
Question. Pourquoi aucun des pseudos-experts-imposteurs qui passent à la télé ne parle de l’injustice fiscale. Réponse. Car ces experts qu’on vous pressent d’écouter sont bougrement récompensée par la classe bourgeoise. Ils obéissent à des impératifs politiques. On continuera à vous expliquer que taxer les plus riches et les plus aisés ce n’est pas bien pour l’économie, alors que c’est l’unique solution pour avoir un capitalisme avec un semblant de visage humain.
Walid HASNI
Docteur en Economie
Vice-président de l'Institut Tunisien des relations internationales

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