Mardi 31 décembre 2013
Par Cherif Abdedaïm (revue de presse : La
Nouvelle République – 31/12/13)*
Récemment, des drones américains ont effectué dans certaines villes libyennes des vols de
reconnaissance, selon des sources libyennes.
Aux dires des témoins oculaires, les drones américains et occidentaux ont survolé les villes de Sabratha
et Surman. Ces vols de drones interviennent alors que les Occidentaux, architectes de la «nouvelle Libye», à savoir ce pseudo État dirigé par
Al-Qaïda, se disent inquiets de la multiplication des activités terroristes en Libye. «Ces drones ont
survolé à basse altitude ces deux villes», ont ajouté des
témoins oculaires, et ce, alors que la CIA, qui supervise le programme
des drones ne dit rien, suivant une politique bien réfléchie
des raids de drones qu'elle mène dans différents pays musulmans. Les
États-Unis se servent de ces drones contre les miliciens, notamment les
groupes extrémistes. Des sources militaires
américaines avaient auparavant révélé que, simultanément à l'attaque
de l'OTAN contre la Libye pour renverser le Guide Libyen Mouâamar
Kadhafi, les États-Unis utilisaient des drones afin de
surveiller l'arsenal chimique et biochimique de la Libye. Mais qui
peut désormais croire de telles balivernes? Les États-Unis ont détruit
la Libye pour en faire une base d'Al-Qaïda
grandeur nature, une base qui exporte des terroristes partout dans la
région. La Libye est également convoitée pour ses arsenaux d'armes que
son
ex-dirigeant avait bâtis pour assurer la sécurité de ses habitants.
Ces armes chimiques et biochimiques circulent désormais partout et on en
trouve même des traces en Syrie. Cela dit, les
concepteurs de la «nouvelle Libye»
n’ont brillé que par les chaos qu’ils ont su installer habilement.
Ainsi, assiste-t-on régulièrement à des
assassinats quasi-quotidiens avec la complicité des médias
occidentaux. Hormis quelques brèves signalant un assassinat par-ci, une
attaque par-là, c'est silence radio. Où sont passés les nombreux
«experts» qui inondaient les plateaux télé en 2011, au moment de
l'intervention occidentalo-qatarie qui a renversé le colonel Kadhafi ?
Le pays est pourtant au bord du gouffre. Et le premier à le
reconnaître est le «Premier ministre»,
Ali Zeidan, qui brandit la menace d'une intervention militaire
étrangère pour rétablir l'ordre. Bref état des
lieux : tous les jours, ou presque, des assassinats ciblés sont
commis, souvent à Benghazi. Le dernier en date ? Le 6 novembre dernier,
un officier des renseignements militaires de 44 ans est
décédé à la suite d’une explosion d’une bombe collée sous son
véhicule. Deux jours plus tôt, un autre officier du renseignement
militaire a perdu la vie dans les mêmes conditions. Le 24 octobre,
c’était le chef du contrôle du trafic aérien de Benghazi, le colonel
Al-Towahni, d’être exécuté par balles, devant son domicile. Et la liste
est longue puisque ces assassinats ciblés ont fait
plus d’une centaine de victimes dans les rangs de l’armée, du
renseignement et parfois de la police comme de la justice, ces derniers
mois. Si les «experts»
occidentaux s’empressent de montrer du doigt des islamistes devenus
incontrôlables, force est de constater que les victimes ont toutes le
même profil
: anciens membres du régime de Kadhafi, ils ont été parmi les
premiers à retourner leur veste au moment de la «révolution». Dès lors, ces exécutions
s’apparentent davantage à des règlements de comptes.
Libye : Perfusion
«démocratique» (2ème partie)*
Aussi, le récent tohu-bohu observé au cours du mois de novembre dernier, laisse à croire que la
situation est instable et qu’il ne serait nullement étonnant d’assister à un éventuel coup d’état.
Pour
rappel, le 8 novembre, et durant tout le week-end, la ville de Benghazi
a été le théâtre de bruits
de bottes persistants. Difficile de savoir ce qui s’est réellement
passé. Les autorités ont présenté ce désordre comme un défilé militaire,
d’autres sur le terrain, comme une tentative de coup
d’état d’un général rebelle vivant mal d’avoir été mis de côté. Ce
gradé aurait tout de même mobilisé 7000 hommes et 700 véhicules. De
surcroît, des avions ont lâché des milliers de tracts
intimant à la population de ne pas céder à la panique et de rester
chez elle. Une démonstration de force qui, on en conviendra, n’est pas à
la portée de tout le monde. La capitale libyenne est,
elle aussi, en proie à cette agitation. Au même moment, les
habitants de Tripoli ont subi une bataille rangée — ça a tiré à l’arme lourde
— entre
milices rivales. Comme souvent en Libye, la vérité est ailleurs. Le 5
novembre au soir, le fils Kadhafi, Seif el Islam, qui est actuellement
détenu à Zenten, a fait une brève et mystérieuse
apparition à la télévision. Les autorités de Tripoli ont alors
craint un coup d’Etat imminent dont la rumeur circule. Dès lors, elles
ont appelé leurs alliés, à savoir les milices intégristes de
Misrata, qui ont aussitôt rallié Tripoli. S’en est suivi une
bataille à l’arme lourde entre ces miliciens de Misrata et d’autres
milices qui comptent dans leurs rangs des membres de l’ancien
régime de Mouammar Kadhafi. Parmi eux, des membres de tribus de
Tobrouk qui, elles aussi, entretenaient des liens privilégiés avec
l’ancien régime. La suite est toute aussi violente et se déroule
toujours à Tripoli. Le vendredi 15 novembre, une milice de Misrata a
tiré sur des manifestants venus demander pacifiquement son retrait de
la capitale. Bilan : une quarantaine de morts. Il
faudra attendre le 21 novembre — soit près d’une semaine
— pour que les milices armées annoncent leur départ de la capitale. Un
retrait qui laisse
place à des scènes d’horreur indescriptibles. En effet, une des
milices de Misrata s’était installée dans la maison d’un fils du colonel
Kadhafi parti en exil, Hannibal Kadhafi. Elle a laissée
derrière elle une potence, des corps humains entassés dans une cave
et des femmes qui avaient été kidnappées et leur servaient d’esclaves
sexuelles. Par ailleurs, ladite milice a emporté avec
elle huit femmes dont on imagine le terrible sort qui leur sera
réservé. Si la population de Tripoli respire de nouveau depuis que les
milices se sont retirées et que l’armée a été déployée dans
les rues de la capitale, il ne faut pas se voiler la face sur la
situation qui prévaut réellement à Tripoli. En effet, la toute nouvelle
armée libyenne, en plus d’être inexpérimentée, est en
sous-effectif. Résultat : pour pallier au manque de bras, des
miliciens ont été incorporés en nombre et se sont vus offrir de beaux
uniformes ! Voilà donc un échantillon d’un pays sous
perfusion «démocratique», version Sarko-bama-cam.
Le Blog de Gilles Munier
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