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Wednesday, January 01, 2014

Libye : Perfusion «démocratique» (1ère et 2ème partie)

Mardi 31 décembre 2013
 
Par Cherif Abdedaïm (revue de presse : La Nouvelle République – 31/12/13)*
 
Récemment, des drones américains ont effectué dans certaines villes libyennes des vols de reconnaissance, selon des sources libyennes.
 
Aux dires des témoins oculaires, les drones américains et occidentaux ont survolé les villes de Sabratha et Surman. Ces vols de drones interviennent alors que les Occidentaux, architectes de la «nouvelle Libye», à savoir ce pseudo État dirigé par Al-Qaïda, se disent inquiets de la multiplication des activités terroristes en Libye. «Ces drones ont survolé à basse altitude ces deux villes», ont ajouté des témoins oculaires, et ce, alors que la CIA, qui supervise le programme des drones ne dit rien, suivant une politique bien réfléchie des raids de drones qu'elle mène dans différents pays musulmans. Les États-Unis se servent de ces drones contre les miliciens, notamment les groupes extrémistes. Des sources militaires américaines avaient auparavant révélé que, simultanément à l'attaque de l'OTAN contre la Libye pour renverser le Guide Libyen Mouâamar Kadhafi, les États-Unis utilisaient des drones afin de surveiller l'arsenal chimique et biochimique de la Libye. Mais qui peut désormais croire de telles balivernes? Les États-Unis ont détruit la Libye pour en faire une base d'Al-Qaïda grandeur nature, une base qui exporte des terroristes partout dans la région. La Libye est également convoitée pour ses arsenaux d'armes que son ex-dirigeant avait bâtis pour assurer la sécurité de ses habitants. Ces armes chimiques et biochimiques circulent désormais partout et on en trouve même des traces en Syrie. Cela dit, les concepteurs de la «nouvelle Libye» n’ont brillé que par les chaos qu’ils ont su installer habilement. Ainsi, assiste-t-on régulièrement à des assassinats quasi-quotidiens avec la complicité des médias occidentaux. Hormis quelques brèves signalant un assassinat par-ci, une attaque par-là, c'est silence radio. Où sont passés les nombreux «experts» qui inondaient les plateaux télé en 2011, au moment de l'intervention occidentalo-qatarie qui a renversé le colonel Kadhafi ? Le pays est pourtant au bord du gouffre. Et le premier à le reconnaître est le «Premier ministre», Ali Zeidan, qui brandit la menace d'une intervention militaire étrangère pour rétablir l'ordre. Bref état des lieux : tous les jours, ou presque, des assassinats ciblés sont commis, souvent à Benghazi. Le dernier en date ? Le 6 novembre dernier, un officier des renseignements militaires de 44 ans est décédé à la suite d’une explosion d’une bombe collée sous son véhicule. Deux jours plus tôt, un autre officier du renseignement militaire a perdu la vie dans les mêmes conditions. Le 24 octobre, c’était le chef du contrôle du trafic aérien de Benghazi, le colonel Al-Towahni, d’être exécuté par balles, devant son domicile. Et la liste est longue puisque ces assassinats ciblés ont fait plus d’une centaine de victimes dans les rangs de l’armée, du renseignement et parfois de la police comme de la justice, ces derniers mois. Si les «experts» occidentaux s’empressent de montrer du doigt des islamistes devenus incontrôlables, force est de constater que les victimes ont toutes le même profil : anciens membres du régime de Kadhafi, ils ont été parmi les premiers à retourner leur veste au moment de la «révolution». Dès lors, ces exécutions s’apparentent davantage à des règlements de comptes.
 
 
Libye : Perfusion «démocratique»  (2ème partie)* 
 
Aussi, le récent tohu-bohu observé au cours du mois de novembre dernier, laisse à croire que la situation est instable et qu’il ne serait nullement étonnant d’assister à un éventuel coup d’état.
 
Pour rappel, le 8 novembre, et durant tout le week-end, la ville de Benghazi a été le théâtre de bruits de bottes persistants. Difficile de savoir ce qui s’est réellement passé. Les autorités ont présenté ce désordre comme un défilé militaire, d’autres sur le terrain, comme une tentative de coup d’état d’un général rebelle vivant mal d’avoir été mis de côté. Ce gradé aurait tout de même mobilisé 7000 hommes et 700 véhicules. De surcroît, des avions ont lâché des milliers de tracts intimant à la population de ne pas céder à la panique et de rester chez elle. Une démonstration de force qui, on en conviendra, n’est pas à la portée de tout le monde. La capitale libyenne est, elle aussi, en proie à cette agitation. Au même moment, les habitants de Tripoli ont subi une bataille rangée — ça a tiré à l’arme lourde — entre milices rivales. Comme souvent en Libye, la vérité est ailleurs. Le 5 novembre au soir, le fils Kadhafi, Seif el Islam, qui est actuellement détenu à Zenten, a fait une brève et mystérieuse apparition à la télévision. Les autorités de Tripoli ont alors craint un coup d’Etat imminent dont la rumeur circule. Dès lors, elles ont appelé leurs alliés, à savoir les milices intégristes de Misrata, qui ont aussitôt rallié Tripoli. S’en est suivi une bataille à l’arme lourde entre ces miliciens de Misrata et d’autres milices qui comptent dans leurs rangs des membres de l’ancien régime de Mouammar Kadhafi. Parmi eux, des membres de tribus de Tobrouk qui, elles aussi, entretenaient des liens privilégiés avec l’ancien régime. La suite est toute aussi violente et se déroule toujours à Tripoli. Le vendredi 15 novembre, une milice de Misrata a tiré sur des manifestants venus demander pacifiquement son retrait de la capitale. Bilan : une quarantaine de morts. Il faudra attendre le 21 novembre — soit près d’une semaine — pour que les milices armées annoncent leur départ de la capitale. Un retrait qui laisse place à des scènes d’horreur indescriptibles. En effet, une des milices de Misrata s’était installée dans la maison d’un fils du colonel Kadhafi parti en exil, Hannibal Kadhafi. Elle a laissée derrière elle une potence, des corps humains entassés dans une cave et des femmes qui avaient été kidnappées et leur servaient d’esclaves sexuelles. Par ailleurs, ladite milice a emporté avec elle huit femmes dont on imagine le terrible sort qui leur sera réservé. Si la population de Tripoli respire de nouveau depuis que les milices se sont retirées et que l’armée a été déployée dans les rues de la capitale, il ne faut pas se voiler la face sur la situation qui prévaut réellement à Tripoli. En effet, la toute nouvelle armée libyenne, en plus d’être inexpérimentée, est en sous-effectif. Résultat : pour pallier au manque de bras, des miliciens ont été incorporés en nombre et se sont vus offrir de beaux uniformes ! Voilà donc un échantillon d’un pays sous perfusion «démocratique», version Sarko-bama-cam.
 
Le Blog de Gilles Munier 

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