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Monday, April 05, 2010

Algérie: Ghazi Hidouci

Algérie :


Une interview exclusive de Ghazi Hidouci à LQA:

Nous assistons plutôt à des règlements de compte de très mauvaise qualité

Algérie :

Une interview exclusive de Ghazi Hidouci à LQA:

Nous assistons plutôt à des règlements de compte de très mauvaise qualité…

Vendredi, 02 Avril 2010

1/ Quelle est votre lecture des scandales qui éclatent ces derniers jours, et qui éclaboussent particulièrement des personnalités proches des hommes liges du « clan présidentiel » ?

Nous sommes très probablement à un moment de conflits pour le leadership. Dans tous les conflits de ce type que nous avons connu, il y a eu plusieurs facteurs qui entrent en jeu : les passions pour le contrôle du pouvoir, la cupidité, la peur d’avoir à rendre des comptes, l’idéologie, même, comme en 1962, 1965 et 1989, voire 1996 lors de l’éviction du Général Zeroual.

Il me semble qu’aujourd’hui, il s’agirait plutôt d’une empoignade pour arbitrer les héritages.

Cependant, historiquement, c’est la première fois que la démographie constitue l’élément déterminant d’arbitrage. Ce qui reste, et qui n’est pas glorieux, de la génération de l’indépendance, atteint l’âge limite naturel. Les héritiers se manifestent pour ne pas être surpris par un mauvais coup, mais la politique comme l’idéologie sont cette fois absentes. Les uns et les autres tentent de nettoyer les écuries d’Augias, mais sans vision aucune et sans volonté véritable d’hygiène. Ce n’est pas tous les jours que les peuples fabriquent Héraclès…. Nous assistons plutôt à des règlements de compte de très mauvaise qualité, entre héritiers de faible envergure, dont les seules motivations déterminants sont la trouille d’avoir à rendre des comptes et de ne plus être placés aux guichets d’accès à la rapine.

Face à une telle misère humaine, je me réfugie dans la dérision, mais, comme tout le monde, je pleure sur ce que nous sommes devenus ; cette situation peut durer, nous entraîner très loin dans l’arriération et faire payer très cher le prix de cette corruption du régime à nos enfants.

2/ Une certaine presse, et certaines voix « autorisées », tentent, presque à contre courant, de faire accroire que les enquêtes diligentées par les enquêteurs du DRS, ont été initiées par le Président Bouteflika. Faut-il les croire ?

Il est certain que les manœuvres concernent les héritiers qui s’accrochent plutôt au chef de l’Etat à ceux qui s’accrochent à d’autres personnages. On dit que le conflit opposerait de fait le chef du DRS au chef de l’Etat, mais on n’en a pas de preuves. Il m’est difficile d’expérience de dire qui est qui et qui fait quoi. La capacité managériale de tout ce beau monde me fait plutôt penser à une mêlée générale et permanente où les positionnements changent avec la conjoncture. Les manœuvres, les disputes et les alliances sont mouvantes ; c’est plutôt chacun pour soi, l’un et l’autre, l’un contre l’autre, en attendant les ralliements décisifs de dernière minute. La visibilité pour nous est mauvaise car il n’y a pas d’enjeu politique. Ce qui est certain, c’est que l’aboutissement, s’il y en a, n’annonce rien de bon pour les gens.

Ce qui importe plutôt politiquement, aujourd’hui comme hier, c’est de comprendre que c’est le régime politique et son organisation qui produisent les maladies qui l’ atteignent et retardent notre émancipation, dont la corruption. Si on avait les moyens de mettre en prison tous les voleurs et les accapareurs, sans changer de régime, _ ce qui est illusoire, _ il y aura immédiatement la génération d’une nouvelle vague de voleurs et d’accapareurs.

3/ Pourquoi des enquêtes, et des mises en examen, sur ces cas précis, et par sur d’autres bien plus lourds, et qui pourraient inquiéter les plus hauts sommets de l’État ? Est-ce un coup de semonce ? Est-ce parce que les « décideurs » qui ont entrepris ces actions n’ont pas les moyens techniques, et politiques, d’aller plus haut, et plus loin ? Une autre explication ?

La chasse au petit gibier s’explique en général de deux manières :

■il peut s’agir d’un moment où on met de l’ordre en punissant une petite partie de celles et ceux qui s’infiltrent dans les réseaux de prédation sans en faire partie, je dirais…organiquement. Il s’agit là d’une simple opération d »assainissement » interne, ponctuelle et sans conséquence politique.

■Il peut s’agir aussi, comme vous le suggérez, de manœuvres visant à déstabiliser un chef de clan ou un autre, en liquidant du personnel subalterne dans son réseau. L’objectif dans ce cas est de l’emmener à composer avec les autres pour que l’équilibre existant soit maintenu. C’est en général le sport favori auquel nous avons été habitués ; on fait pression sur l’un ou l’autre, on discute, on restructure et on continue,….d’où la lassitude dont j’ai parlé au début.

Ce qui différencie à mes yeux cette phase des précédentes, c’est, comme je l’ai dit, l’absence d’enjeu politique. Les campagnes actuelles relèvent de règlements de comptes mafieux pour le contrôle du policier et du matériel, sans plus.

4/ Que savez-vous de l’Affaire BRC ? Pourquoi a-t-elle été étouffée dans l’œuf ? Est-ce parce qu’elle menacait de révéler des connivences avec des puissances étrangères bien plus compromettantes que tout ce qu’on a pu savoir ? Comme celle, entre autres, d’une base américaine au Sahara, à l’insu du peuple algérien, en pleine décennie rouge ?

Comme je vous l’ai dit plus haut, je n’ai pas suivi « l’affaire » dans le détail ; je ne sais même pas ce qu’elle est devenue. Ce que je retiens néanmoins, c’est que BRC était (ou est encore ?) une société mixte algéro-américaine directement supervisée pour la partie américaine par Dick Cheney et pour la partie algérienne par Sonatrach. Il ya plus de quinze ans, elle obtenait, sans se mesurer à la concurrence, des marchés dans le domaine des hydrocarbures et dans le domaine des infrastructures militaires.

So intérêt pour moi est qu’il s’agit là pour le moins d’une manifestation, éclatante s’il en est, de la connivence de notre politique nationale avec l’Amérique sinistre de Bush, Cheney et Rumsfeld et indirectement avec leur Etat dans notre région, Israël.

Les choses allaient bon train lorsque récemment il fut question d’un marché de matériel de communication militaire stratégique porté par BRC. Les russes, qui vendent de l’armement à notre pays s’en émurent….Apparut alors le scandale de corruption qu’on nous a vendu. Un PDG (tombé du ciel, isolé et corrompu !). Il fallait bien sûr le punir et surtout , discrètement au passage dissoudre la boite pour mettre fin aux indiscrétions ; ce qui n’était pas facile à expliquer pour convaincre des américains légalistes. Je ne sais pas comment le pouvoir s’est tiré de ce mauvais pas….

Ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant de savoir si le PDG ou un autre cadre est indélicat. C’est l’affaire des juges le jour où il y en aura. Mon souci en tant que citoyen, c’est de découvrir ici l’état de délabrement de notre souveraineté externe : Cheney est chez nous, au cœur de nos affaires…La question qui vaille est celle qui consiste à savoir pourquoi l’organisation de l’Etat permet de tels choix dans le secret….

5/ Nous assistons, depuis que le pays a engrangé ces ressources induites par l’augmentation du prix des hydrocarbures, à une « massification » de la grande corruption. Les barons du régime, leurs clientèles et leurs parentèles, ne prennent même plus la précaution de s’en cacher, un tant soit peu. Comme si un deal avait été conclu entre les différents décideurs », pour le partage du butin. Qu’en pensez vous ?

Je vous renvois à ce que je disais plus haut. La politique sous tous ses aspects, éthique, idéologique, social, économique, s’est absentée depuis près de vingt ans au sommet de l’Etat et dans toute l’organisation institutionnelle que le pouvoir réel contrôle. Le régime ne gère plus que les affaires personnelles matérielles et les privilèges que procure le pouvoir. C’est normal que ce soit la seule activité que nous voyons. Ce deal comme vous dites est enfin affiché parce que le pouvoir considère qu’il n’y a pas aujourd’hui de résistance à ce qu’il ose.

6/ Les Algériens ne savent presque rien des influences des puissances étrangères, et des grosses compagnies pétrolières, dans les équilibres politiques du régime algérien. Pourriez-vous nous éclairer, un tant soit peu ?

Il est difficile de répondre à cette question. La poser est, je pense sans vouloir vous offenser, que vous considérer que l’Etat exprime une politique étrangère et qu’elle est entendue. Vous me semblez optimiste et décalé par rapport à la réalité.

Je pense plutôt que le pouvoir actuel ne s’embarrasse d’aucune position politique externe. Je pense aussi que tous ceux qui participent à la réalité du pouvoir et à ses manifestations spectaculaires sont d’accord qu’il ne faut pas exister extérieurement. L’équilibre est ainsi garanti.

Les Etats étrangers n’arrivent pas à se persuader que nous en sommes arrivés là. Le pouvoir fait tout de même attention avec les Américains. Les autres continuent souvent à donner du sens à notre absence de politique et font alors des erreurs….Voyez dans quels pièges se mettent quelquefois les français !… Ceux qui sont pragmatiques, voire cyniques, se débrouillent bien. Ils font avancer leurs affaires car nous dépensons sans compter. Ce qui leur tient lieu de politique extérieure c’est de comprendre qui payer et combien.

7/ Nous savons que le Sahel, véritable centre géographique de la planète, et qui relie toute la bande subsaharienne entre le canal de Suez et l’océan atlantique, est devenu un pôle géostratégique de première importance, pour le contrôle des réserves hydrocarbures avérées, et le »containment » de la Chine dans le continent. Or, contre toute attente, les USA n’ont pas réussi à créer les conditions « techniques » pour leur installation dans la région, notamment une plus grande nuisance de la Qaeda au Maghreb Islamique qui n’a pu être activée avec un même degré de nuisance que les GIA. Qu’est-ce-qui n’a pas marché dans cette « stratégie » ?

Qu’est ce qui ne marche pas dans la stratégie en Afghanistan, au Pakistan, en Palestine et accessoirement dans le Sahel ? Les Américains traitent les problématiques de résistance d’aujourd’hui comme si c’étaient les problématiques d’hier. Pour contrôler les résistances, ils s’appuient sur les capacités de nos « spécialistes en terrorisme et en subordination » des phases antérieures. Or, partout, la pensée et les modes d’action des mouvements se sont modifiés. Le serpent, fourvoyé, se mord la queue, tue au passage des populations innocentes et ne s’en sort pas. L’analyse de la situation dans le Sahel par les américains et leurs subordonnés est erronée ; elle provoque des manœuvres qui ne réussissent pas à entraîner des troubles d’importance ; les marines restent pour le moment ailleurs, alors que les terrorismes encadrés demeurent isolés….

7/ On dit que Chakib Khalil est l’homme des Américains, et qu’il a réussi, grâce aux privilèges « Sonatrach » qu’il distribue sans compter, à tous les cercles qui comptent, qu’il aurait réussi à fédérer autour de lui, et dans l’intérêt bien compris des USA, un nombre impressionnant de « décideurs militaires » et de personnalités politiques influentes. On dit aussi qu’en ce faisant, il aurait fédéré contre lui, et contre le clan présidentiel, tous ceux qui n’ont pas bénéficié de ces largesses. Qu’en pensez-vous ?

Je suis bien loin de ce qu’on dit….C’est possible ! Il est possible que ce Monsieur, que je connais mal, ait été capable de cristalliser autour de lui des intérêts et des ralliements aux américains. Dans le landernau d’une absence totale d’autonomie de pensée, la moindre compétence peut arriver à ce genre de choses…..C’est peut-être un hériter capable ! Tant mieux pour les américains ! Encore une fois, si c’était le cas, qu’est ce que ça change fondamentalement à notre réalité ?

8/ Et le Président Bouteflika dans tout cela ?

Je vous renvois à la question de la fatalité démographique du début. Il doit gérer avec douleur ce qu’il a semé ; tant pis pour lui.

9/ Quel est le rôle joué par Saïd Bouteflika dans cette situation ? Est-il vrai que le Président tente de l’imposer en dauphin attitré?

Il fait partie de cette Algérie dont je me suis éloigné ; il donne l’air même d’en être l’archétype. Mais mettez vous à sa place ! Il faut bien qu’il se donne des garanties pour l’avenir ! La meilleure, c’est encore d’hériter de la place ; c’est tellement (de nouveau) classique dans notre région. Qu’il réussisse est affaire de compromis boiteux de dernière minute, pour que tout le monde survive plus ou moins, comme d’habitude.

10/ Monsieur Hamrouche avait déclaré que le système ne pouvait changer que de l’intérieur. Une sorte de pied de nez à tous ceux qui sont ulcérés par les turpitudes de ce régime, et qui ont ressenti cette déclaration comme si une mafia pouvait devenir une association de bienfaisance, juste parce qu’on y remplace les parrains et les Capi par d’autres. Quelle est votre explication sur cette déclaration ?

Un régime peut changer de l’intérieur parce qu’il n’a pas su voir venir,_ de l’intérieur_ le boulet qui l’emporte. Cela peut arriver ; cela a failli arriver en 90….Cela ne veut pas dire que ce soit la seule voie possible. C’en est une parmi d’autres. L’approche rationnelle pour en finir avec un régime, est externe, même si l’occurrence interne n’est pas à écarter. D’ailleurs à bien réfléchir, la dynamique interne capable de changer le régime, lui est, de fait, politiquement externe, puisqu’elle débouche sur un autre régime….A moins qu’elle ait pour objet, objectivement ou subjectivement, de ne pas en sortir,…. auquel cas ce n’est pas une alternative politique.

11/ Comment voyez vous l’avenir de l’Algérie, à court et moyen terme ? Pensez-vous qu’une force puisse émerger, et rassembler les Algériens, qui ne soit ni sous le contrôle du régime, ni la conséquence violente d’un ras-le-bol généralisé ?

En politique, on ne se préoccupe pas de futur ; on pense le réel et on travaille sur le présent. Le reste est du domaine de nos souhaits ou de nos cauchemars. Notre société bouge peu aujourd’hui, tant l’arriération en œuvre depuis longtemps a réduit les capacités sociales, mais elle bouge. Les femmes et les hommes protestent, luttent collectivement, lentement, mais de plus en plus, malgré le champ politique fermé qui empêche l’encadrement politique. Il faut savoir être efficace dans le cadre cette dure réalité, éviter les débats d’appareils et coller aux gens’ là ou on se trouve, agir pour libérer les consciences et donner le goût de l’émancipation.

12/ Monsieur Hidouci, que pourriez vous nous dire au sujet des fonds placés par l’Algérie aux USA ? Quel est leur montant ? Cette décision est-elle raisonnable ? Ces fonds ne sont-ils pas menacés dans leur valeur initiale du fait de la crise qui secoue les finances internationales ? L’Algérie aura-t-elle la possibilité de les désengager à court terme, si elle le souhaite ?

Je vous ai parlé tout à l’heure de l’absence de positionnement politique dedans et dehors. Dedans, il n’y a pas de projet de développement ni de capacité managériale qui puisse distribuer ces réserves (de l’ordre de $ 140 milliards) à ceux qui en ont besoin et qui sont capable de les recycler dans un circuit productif et créateur d’emploi. Alors on constitue des réserves pour faire face à des chocs externes toujours possibles. C’est peut-être prudent, mais c’est antiéconomique et antisocial.

Dehors, croyez-vous nos dirigeants actuels capables de dire aux tenants des marchés financiers, non ! Vous n’aurez pas nos sous ! Non nous n’achetons pas de bons du trésor américain même si nous savons de plus en plus qu’il s’agit de monnaie de singe ? Moi je pense qu’au moindre mouvement dans ce sens, les tenants des marchés donneraient le signal d’une « révolution orange », républicaine et démocratique, comme il se doit.

Pas folle la guêpe ! Cet argent est US et le restera pour le moment.

source : Le Quotidien d'Algérie : http://www.algerieinfo.com/

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