Dubaï: mandat d’arrêt contre Qardaoui
06/03/2012
IRIB-Le chef de la police de Dubaï, le général Dahi Khalfane a émis un mandat d’arrêt contre le mufti qatari Youssef Qardaoui, en raison de ses positions politiques qu’il a qualifiées « d’absurdes ».
Khalfane s’en est pris lundi contre Qardaoui sur sa page Facebook. Le mufti qatari d’origine égyptienne a critiqué via AlJazeera, les Emirats pour avoir expulsé des Syriens ayant participé à une manifestation contre le régime syrien à Dubaï.Khalfane a affirmé que 30 syriens des 2000 qui avaient manifesté devant le consulat de leur pays ont été expulsés. Et d’ajouter : « ils faisaient partie d’une organisation secrète prenant les ordres du guide des Frères musulmans ».
Khalfane a également critiqué les Frères musulmans, affirmant en avoir arrêté des « éléments en flagrant délit avec des prostituées ». Il a également reproché à Qardaoui ses menaces d'insulter lors de son prêche de vendredi ou via Al-Jazeera quiconque ne laissant pas cette organisation (Les Frères) travailler à sa guise ».Pour le chef de la police de Dubai, Qardaoui exerce un chantage politique à travers les médias, se demandant « pourquoi il ne critique pas le Qatar qui a récemment déchu des centaines de ses concitoyens de leur nationalité ».
Il a qualifié de « stupide les propos de Qardaoui ». « Il ne lui reste plus qu’à nous insulter…Qardaoui insulte tout le monde », notant « son passé noir en Algérie et ses graves bêtises ».
http://french.irib.ir/info/moyen-orient/item/174419-duba%C3%AF-mandat-d%E2%80%99arr%C3%AAt-contre-qardaoui/
IRIB-Le chef de la police de Dubaï, le général Dahi Khalfane a émis un mandat d’arrêt contre le mufti qatari Youssef Qardaoui, en raison de ses positions politiques qu’il a qualifiées « d’absurdes ».
Khalfane s’en est pris lundi contre Qardaoui sur sa page Facebook. Le mufti qatari d’origine égyptienne a critiqué via AlJazeera, les Emirats pour avoir expulsé des Syriens ayant participé à une manifestation contre le régime syrien à Dubaï.Khalfane a affirmé que 30 syriens des 2000 qui avaient manifesté devant le consulat de leur pays ont été expulsés. Et d’ajouter : « ils faisaient partie d’une organisation secrète prenant les ordres du guide des Frères musulmans ».
Khalfane a également critiqué les Frères musulmans, affirmant en avoir arrêté des « éléments en flagrant délit avec des prostituées ». Il a également reproché à Qardaoui ses menaces d'insulter lors de son prêche de vendredi ou via Al-Jazeera quiconque ne laissant pas cette organisation (Les Frères) travailler à sa guise ».Pour le chef de la police de Dubai, Qardaoui exerce un chantage politique à travers les médias, se demandant « pourquoi il ne critique pas le Qatar qui a récemment déchu des centaines de ses concitoyens de leur nationalité ».
Il a qualifié de « stupide les propos de Qardaoui ». « Il ne lui reste plus qu’à nous insulter…Qardaoui insulte tout le monde », notant « son passé noir en Algérie et ses graves bêtises ».
http://french.irib.ir/info/moyen-orient/item/174419-duba%C3%AF-mandat-d%E2%80%99arr%C3%AAt-contre-qardaoui/
« Printemps arabe » :
Youssef Al-Qardaoui, Bernard-Henry Lévy : même combat ?
par Ahmed Bensaada
Mondialisation.ca,
Le 22 decembre 2011
Comme tout printemps qui se respecte, celui qui est qualifié
d’ « arabe » a évidemment permis la perpétuation d’idées de
lignées pures mais, phénomène surprenant, a également facilité et catalysé
l’hybridation de schèmes de pensée qu’on a, jusqu’à très récemment, jugés non « hybridables ».
Bernard-Henry Lévy au centre de la photo.
Ainsi, voici deux illustres personnages que tout aurait dû séparer : Youssef Al-Qardaoui et Bernard-Henry Lévy (BHL). L’un est un pur produit de l’Orient alors que l’autre est un Occidental invétéré. L’un se drape dans l’austère costume traditionnel serré au cou des savants d’Al-Azhar (longue gallabeyya, caftan et turban) alors que l’autre est un vrai dandy arborant une éternelle chemise blanche immaculée de chez Charvet, spécialement conçue pour lui et qu’il porte largement déboutonnée.
Bernard-Henry Lévy au centre de la photo.
Ainsi, voici deux illustres personnages que tout aurait dû séparer : Youssef Al-Qardaoui et Bernard-Henry Lévy (BHL). L’un est un pur produit de l’Orient alors que l’autre est un Occidental invétéré. L’un se drape dans l’austère costume traditionnel serré au cou des savants d’Al-Azhar (longue gallabeyya, caftan et turban) alors que l’autre est un vrai dandy arborant une éternelle chemise blanche immaculée de chez Charvet, spécialement conçue pour lui et qu’il porte largement déboutonnée.
L’un
est Égyptien d’origine, Qatari de nationalité, orphelin de père, d’origine
paysanne modeste, de confession musulmane, membre des Frères musulmans,
emprisonné jeune pour son militantisme, déchu de sa nationalité et vivant au
Qatar depuis plusieurs décennies. L’autre est Français, citadin né avec une
cuillère d’or dans la bouche, se disant de confession juive et de gauche, qui
n’a jamais été inquiété même après s’être immiscé dans de nombreux conflits
armés à travers le monde.
L’un
est un fervent défenseur des palestiniens, opiniâtrement opposé au sionisme. À
ce sujet, il a déclaré : « La seule chose que j’espère, […] c’est
qu’Allah me donne, au crépuscule de ma vie, l’opportunité d’aller au pays du
jihad et de la résistance (i.e. la Palestine), ceci même sur un fauteuil
roulant. Je tirerai une balle sur les ennemis d’Allah, les juifs » [1].
L’autre est un ardent défenseur de l’État d’Israël et l’un de ses meilleurs
ambassadeurs dans le monde. À la suite de la sauvage agression israélienne
contre le Liban en 2006, il entreprit un voyage au nord d’Israël qui lui
inspira un article qualifié de « tourisme de propagande de BHL en
Israël » [2]. Il répéta sa technique en 2009, pendant le massacre
de Gaza, en se rendant en Israël pour être « embedded » avec
Tsahal. Il raconta son « aventure » dans un article qui a été
perçu comme un tract de propagande pro-israélien [3] et consacra un autre
billet à la justification de la brutale et inhumaine opération « Plomb
durci » [4], internationalement condamnée. Il persista et signa
en défendant l’attaque israélienne du 31 mai 2010 contre la Flottille de la
liberté qui fit neuf morts et vingt-huit blessés parmi les militants
transportant de l’aide humanitaire vers Gaza [5]. N’est-il d’ailleurs pas
récipiendaire de deux Doctorats Honoris Causa de ce pays ? Université de
Tel Aviv en 2002 et Université de Jérusalem en 2008.
L’un
est interdit de séjour aux États-Unis après qu’on eut découvert ses liens avec
une banque finançant le terrorisme [6] et fut totalement opposé à l’invasion
américaine de l’Irak. L’autre est un américanophile exemplaire frayant avec la
« jet set » des deux rives de l’Atlantique.
Sur
le dossier de la guerre d’Irak, BHL trouva cette guerre « moralement
justifiée » [7].
Pourtant
en y regardant bien, il est aisé de déceler de nombreuses similitudes entre les
deux personnages. En voici quelques unes.
Primo,
tous les deux ont été de brillants étudiants : Al-Qardaoui a été major de
promotion à l’Université d’Al-Azhar et BHL a été reçu 7e au concours d’entrée à
l’École normale supérieure. Secundo, ce sont tous deux des auteurs prolifiques,
des hommes de lettre et des philosophes (quoique ce statut soit très critiqué
dans le cas de BHL). Tertio, sans avoir aucune fonction politique ils possèdent
une indéniable influence sur les dirigeants de leurs pays respectifs et le
pouvoir d’infléchir, dans certains dossiers, la politique de leurs gouvernants.
Quarto, ce sont des vedettes médiatiques, l’un sur Al-Jazira avec son
émission « La charia et la vie » qui est regardée par plus de
dix millions de téléspectateurs à travers le monde ; et l’autre avec son
omniprésence sur les plateaux de télévision français et étrangers. Quinto et
non des moindres par les temps qui courent, tous les deux sont d’impénitents
va-t-en-guerre.
Mais
en fait, c’est le « printemps arabe » et ses soubresauts qui
ont révélé les similitudes les plus « originales » entre ces
deux célébrités.
En
matière de religion, Youssef Al-Qardaoui revendique sa foi dans ses actions.
Cela se comprend par son érudition en sciences islamiques, ses nombreuses
responsabilités et ses diverses activités et engagements reliés à la religion
musulmane. Cela était moins évident dans le cas de BHL jusqu’à ce qu’il
confesse, à propos de son rôle dans la guerre civile libyenne : « C’est
en tant que juif que j’ai participé à cette aventure politique, que j’ai
contribué à définir des fronts militants, que j’ai contribué à élaborer pour
mon pays et pour un autre pays une stratégie et des tactiques » [8].
À
propos d’Israël, une récente déclaration d’Al-Qardaoui laisse perplexe :
« Les pays qui connaissent un réveil islamique et ont vu l’accès des
islamistes au pouvoir traiteront avec l’Occident et Israël » [9].
Serait-il possible que le célèbre théologien n’ait plus envie d’en découdre
avec l’état sioniste, ni de tirer sa dernière balle en terre sacrée du
jihad ? Serait-il tenté d’en faire plus que le gouvernement de son pays
d’adoption, le Qatar, qui entretient des liens officieux avec Israël ?
D’ailleurs, les rumeurs d’établissement de relations diplomatiques entre la
Libye « nouvelle » et l’état hébreu [10] sous la probable
médiation de BHL, semblent confirmer les dires du Cheikh.
D’un
autre côté, la fatwa d’Al-Qardaoui appelant à l’assassinat de Kadhafi [11]
s’est inscrite dans le prolongement des gesticulations guerrières de BHL. En
contrepartie, le philosophe français n’a vu aucun inconvénient dans les
déclarations du président du CNT libyen concernant l’application de la charia dans
la future Libye. Dans un article qui fera date, il s’est laissé aller dans une
dissertation sur la signification de la charia et du jihad : un vrai
Al-Qardaoui « en herbe » [12] ! Quel étonnant
revirement pour ce virulent pourfendeur de l’extrémisme religieux qui s’était
fait remarqué par ses positions contre les islamistes en Algérie [13].
Connaissait-il en ce temps la signification de la charia et du jihad ou a-t-il
pris des cours sur le sujet depuis ?
Mais
l’intérêt de BHL pour les islamistes ne date pas de son « épopée »
libyenne. Sur son site officiel, où trônent des centaines de photos destinées à
la postérité, il y en a une qui attire l’attention : BHL s’entretenant
avec Saad Al-Hoseiny au Caire, le 20 février 2011, soit 9 jours après la chute
de Moubarak. Pour information, Saad Al-Hoseiny est membre du bureau exécutif
des Frères musulmans [14] et la photo a été prise à leur QG.
Dans
un article consacré à cette rencontre, BHL écrivit : « Il fait
profil bas, en effet, dans l’entretien. M’assure que la confrérie ne pèse pas
plus de 15 %. Me garantit qu’elle ne présentera, dans six mois, pas de candidat
à la présidentielle. Me jure sur tous les Dieux qu’elle n’a, de toute façon, et
pour le moment, d’autre programme que la liberté, la dignité, la justice. Mais
ajoute, l’œil moqueur, que les « problèmes de l’Égypte » sont trop
« énormes » pour que la modeste confrérie en assume l’écrasante
responsabilité » [15].
On
connait actuellement la réalité des urnes égyptiennes. La victoire des
islamistes dans les pays touchés par le « printemps arabe » en
a surpris plus d’un. Alors qu’aucun Coran n’a été brandi et que nul slogan
religieux n’a été scandé pendant toute la durée des sanglantes manifestations,
les partis religieux ont obtenu d’excellents scores, au détriment des jeunes
activistes, principaux acteurs des révoltes populaires.
Pourtant,
le 18 février 2011 un évènement prémonitoire s’est déroulé à la place Tahrir.
Ce jour-là, Al-Qardaoui est retourné triomphalement au Caire et a conduit la
prière du vendredi devant plus d’un million de personnes. Profitant de
l’occasion, l’illustre cyberdissident Wael Ghoneim, héros de la place Tahrir,
celui-là même qui a été nommé « l’homme le plus influent du monde »
par le magazine américain Time [16] s’est approché de l’estrade
pour prendre la parole. Quelle ne fût sa surprise lorsqu’il s’est vu interdire,
manu militari, l’accès à la tribune. Il quitta la place Tahrir, un drapeau
égyptien sur le visage [17].
Malgré
des différences notables, les actions « printanières »
d’Al-Qardaoui et BHL présentent des similitudes qui ont pour objet de canaliser
les évènements dans la même direction. Il en est ainsi pour la situation
syrienne où l’un a émis une fatwa autorisant l’intervention internationale en
Syrie [18] et l’autre avance que l’option militaire (celle dont il a été
l’artisan en Libye) est de plus en plus acceptée par l’opposition
syrienne [19]
À
la mort du « guide » libyen, un journal titrait : « Libye
– Youssef Al-Qardaoui célèbre avec Sarkozy et Obama la mort du guide Kadhafi » [20].
En fait, il célébrait aussi avec BHL et David Cameron. À noter que ce dernier,
en 2008, alors qu’il était encore dans l’opposition, s’était farouchement
opposé à la venue d’Al-Qardaoui en Grande-Bretagne, le traitant d’homme « dangereux ».
Sous sa pression, son visa a été refusé car « le Royaume-Uni ne tolère
pas la présence de ceux qui cherchent à justifier tout acte de violence
terroriste ou à exprimer des opinions qui pourraient favoriser des violences
intercommunautaires » [21].
Décidément,
l’extravagance de ce printemps idéologique florifère ne cessera jamais de nous
étonner : Al-Qardaoui qui recommande aux pays arabes de traiter avec
Israël et qui prêche en faveur d’une intervention militaire étrangère pour
démettre les gouvernements arabes en place ; BHL que les islamistes
n’effraient plus et qu’il appuie dans leur « apprentissage »
démocratique tout en donnant des cours de charia à ses concitoyens occidentaux.
Mais
aussi bizarre que cela puisse paraître, aucun d’entre eux n’a émis une opinion sur
les monarchies arabes. Seraient-elles par hasard des modèles de
démocratie ? Ou peut-être des contrées où les libertés fondamentales sont
respectées ? Nos deux célèbres philosophes n’ont encore rien à dire sur ce
sujet. Et pourquoi pas une déclaration commune ? L’hybridation serait
totale.
Ahmed
Bensaada
Montréal, le 20 décembre 2011.
Notes
Montréal, le 20 décembre 2011.
Notes
[1]
Youtube, « Al-Qaradawi
praising Hitler’s antisemitism », Vidéo mise en ligne le 10 février
2009.
[2]
Henri Maler et Patrik Champagne, « Une « exclusivité » du
Monde : le tourisme de propagande de BHL en Israël », ACRIMED,
1er août 2006.
[3]
Olivier Poche, « Gaza –
Médias en guerre (4) : « Carnets de guerre », le dernier tract
de BHL », ACRIMED, 28 janvier 2009.
[4]
Bernard-Henry Lévy, « Libérer
les Palestiniens du Hamas », Le Point.fr, 8 janvier 2009.
[5]
Le Monde, « Alain
Finkielkraut et Bernard-Henri Lévy défendent Israël contre la
"désinformation" », 7 juin 2010.
[6]
Paul Landau, « Le
double visage du cheikh Youssouf al-Qaradawi », Observatoire de
l’islam en Europe, 7 octobre 2007.
[7]
Bernard-Henry Lévy, « Le bloc-notes de
Bernard-Henri Lévy », Le Point.fr, 14 février 2003.
[8]
AFP, « Libye :
BHL s’est engagé "en tant que juif" », Le Figaro.fr,
20 novembre 2011.
[9]
Al-Quds al-Arabi, « Fatwa
d’Al-Qardaoui autorisant une intervention internationale en Syrie pour arrêter
le bain de sang », 9 décembre 2011.
[10]
Israël Infos, « LIBYE
- Le retour d’Israël, peut être », 11 décembre 2011.
[11] Meris Lutz ,
« LIBYA : Popular TV cleric
issues fatwa against Kadafi »,
Los Angeles Times, 22 février 2011.
[12]
Bernard-Henri Lévy, « La
Libye, la charia et nous », Le Point, 3 novembre 2011.
[13]
Bernard-Henry Lévy, « Le jasmin
et le sang » et « La loi des massacres », Le Monde, 8
-9 janvier 1998.
[15]
Bernard-Henry Lévy, « Égypte,
année zéro », Libération, 26 février 2011.
[16]
Le Point.fr, « Waël
Ghonim, homme le plus influent du monde selon Time », 21 avril 2011.
[17]
Le Figaro.fr, « Les
Égyptiens maintiennent la pression place Tahrir », 18 février 2011.
[18]
Voir note 9.
[19]
Bernard-Henri Lévy, « Fin
de partie en Syrie », Le Point, 17 novembre 2011.
[20]
Algeria ISP, « Libye
– Youssef al-Qaradawi célèbre avec Sarkozy et Obama, la mort du guide Kadhafi »,
22 octobre 2011.
Ahmed Bensaada est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca. Articles de Ahmed Bensaada publiés par Mondialisation.ca
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