L’opposition tente de s’organiser
23-03-2012
Minoritaire et éclatée à l’Assemblée nationale
constituante (ANC), l’opposition tunisienne est déterminée à unir ses rangs au
sein d’une large coalition pour peser sur la scène politique et faire face à la
«troïka»: les islamistes d’Ennahda et leurs alliés de gauche CPR (Congrès pour
la république) et Ettakatol.
Plusieurs
fusions ou rapprochements ont eu lieu ou s’annoncent à gauche et au centre. Des
formations politiques libérales et de gauche ont déjà annoncé leur projet de
fusion telles que le mouvement Ettajdid, le Parti du travail tunisien et les
Indépendants du pôle moderniste. D’autres, appartenant à la mouvance
progressiste et centriste, sont en cours de finalisation comme le Parti
démocrate progressiste (PDP), Afek Tounes et le Parti républicain. Le Parti
national tunisien, qui regroupe 11 formations politiques créées après la
révolution de 14 janvier, a appelé aussi à une coalition des partis
«destouriens», qui regroupent en réalité beaucoup de membre de l’ex-RCD.
«Les
élections de la Constituante, leur échec électoral, la disparition même de
nombreux petits partis et l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement
majoritairement Ennahda, avec ses performances plutôt modestes sinon décevantes,
jusqu’ici, ont poussé aux tentatives de regroupement politique auxquelles on
assiste actuellement», explique le politologue Ahmed Manai. Le regroupement le
plus sérieux, selon lui, est celui préconisé par l’ancien Premier ministre Béji
Caïd Essebsi, qui a gouverné après la révolution et jusqu’aux élections
d’octobre dernier. Il tente un come-back sur la scène politique, avec un grand
meeting organisée samedi à Monastir, ville natale de Habib Bourguiba.
La
conférence, intitulée «L’appel à la nation», devrait réunir 52 partis
politiques. Bien que manquant «d’âme et de leaders», le mouvement de M. Essebsi
pourrait efficacement symboliser le rassemblement et surtout disposer de moyens
financiers suffisants pour constituer «une bonne machine électorale».
Toujours
selon M. Manai, la bipolarisation autour du clivage islamistes/non islamistes
pourrait s’installer pour longtemps : «Ce n’est pas de sitôt qu’on
assistera à l’émergence d’un parti de pouvoir qui mettra la société tunisienne
en accord avec elle-même, c’est-à-dire une société majoritairement musulmane,
ni laïque ni islamiste. Mais ce n’est pas à proprement parler le travail des
seuls politiques.»
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