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Sunday, March 25, 2012

Syrie/France, La valise ou le cercueil pour les Chrétiens de Syrie

Les chrétiens syriens « poussés vers la sortie » par Juppé & co

Par Louis Denghien,


Nous devons à la vigilance militante de nos amis Cécilia et Bwane de pouvoir relayer ici ce cri d’indignation, douloureuse pour le coup, de dignitaires chrétiens de Syrie. Les patriarches Ignatius IV et Zakka 1er, respectivement chefs des Églises chrétiennes grecque orthodoxe d’Antioche et orthodoxe syrienne, accusent en effet plusieurs gouvernements occidentaux, dont celui de la France, d’avoir prescrit à leurs ambassadeurs à Damas d’accorder très libéralement aux Syriens de confession chrétienne des visas pour l’Europe ou le Canada, sans restriction de durée du séjour. Autrement dit, les Occidentaux seraient sur le point d’encourager l’émigration hors de Syrie de la minorité chrétienne, pas assez « CNS-compatible » !
Une accusation grave, dont on peut penser que ces éminents dignitaires religieux ne l’auraient pas formulée s’ils n’avaient des éléments objectifs en leur possession. Ce sont des sources émanant du patriarcat orthodoxe qui ont donné l’information au site al Hakika (« La Vérité »), proche de l’opposition syrienne, mais au moins aussi opposé au CNS qu’à Bachar. Les dignitaires auraient découvert la chose en février.
La valise ou le cercueil
On rappellera à ce sujet que les 5 et 6 septembre derniers, le patriarche de l’Eglise maronite du Liban et de Syrie, Mgr Bechara Raï, en visite officielle à Paris, s’était entendu dire par Nicolas Sarkozy puis Alain Juppé que « le régime de Bachar al-Assad (était) fini » et qu’en conséquence les chrétiens syriens devaient sans tarder prendre langue avec l’opposition sunnite radicale  – mais quand même « modérée » assuraient Sarkozy/Juppé – et donc se désolidariser du régime actuel, sous peine d’en subir les imminentes et graves conséquences. On sait que Mgr Raï ne s’en était pas laissé compter et avait publiquement fustigé dans les médias français, notamment le quotidien chrétien La Croix, l’attitude criminelle, irresponsable des dirigeants français. On sait aussi que, depuis, Juppé a publiquement déploré le soutien persistant de la communauté chrétienne à Bachar. Puis, plus récemment, et plus discrètement, il a regretté le manque d’ouverture de son cher CNS aux chrétiens (voir notre article « Juppé très, très déçu de l’opposition syrienne », mis en ligne le 16 mars).
Selon le site al Hakika, les responsables religieux ont évidemment souhaité obtenir des explications des diplomates occidentaux, et une altercation particulièrement violente aurait d’ailleurs éclaté entre Mgr Ignatius et l’ambassadeur français Eric Chevalier, le premier accusant le second et ses supérieurs de vouloir faire subir aux chrétiens de Syrie le sort des esclaves africains déportés en Amérique !
Quoiqu’il en soit, le régime syrien étant plus que jamais en place, six mois et demi après les prédictions sarkozyennes sur la chute imminente du dit régime, et les chrétiens continuant globalement de bouder le CNS et l’ASL, il semble que les Occidentaux essayent donc de faire pression sur cette minorité en jouant sur les peurs. C’est un peu, mutadis mutandis, la réactualisation de la formule « La valise ou le cercueil » du FLN à destination des Pieds noirs d’Algérie. Sauf qu’il va vraiment falloir délivrer beaucoup de visas dans les ambassades : aux quelques 2 millions de chrétiens syriens s’ajouteront forcément les centaines de milliers de leurs coreligionnaires irakiens réfugiés depuis la chute de Saddam en Syrie. En attendant, qui sait, d’ouvrir les portes aux coptes d’Egypte et, un peu plus tard aux chrétiens libanais, qu’ils en tiennent pour Michel Aoun ou Samir Geagea, une fois qu’avec l’aide de la France, Séoudiens, Qataris et Turcs auront imposé le nouvel ordre Frères musulmans-wahhabite à toute la région. Heureusement ce scénario catastrophe ressort toujours, en dépit des efforts des gouvernements français et européen, à la politique fiction. Mais si ce plan de nettoyage ethnique diplomatique était confirmé, il donnerait la mesure de l’abjection morale des gouvernements européens, et de leur capitulation devant ce fondamentalisme, cet extrémisme religieux qu’ils prétendent bruyamment combattre, et qui vient de frapper en France.
Dans la dernière partie de l’article, il est fait état d’une lettre adressée par l’Église orthodoxe syrienne au Vatican, et qui traite de l’épuration ethnique dont les 200 000 chrétiens de Homs ont été victimes de la part des extrémistes islamistes à l’oeuvre à Homs et dans d’autres quartiers. Beaucoup, nous l’avons écrit, ont dû fuir la ville, et, symboliquement, les insurgés ont détruit la plus ancienne église chrétienne de Homs, et de toute la Syrie, celle de Oum al Znard dans le quartier chrétien d’al-Hamidiyeh (voir notre article « Homs, les journalistes occidentaux et les chrétiens locaux… », mis en ligne le 29 février).

Le Vatican a pour l’heure réagi avec la prudence qu’on lui connait, mais le vicaire apostolique d’Alep, une voix romaine autorisée, les déclare très crédibles et dénonce la violence des groupes islamistes et, implicitement, la désinformation occidentale à ce sujet.
Pour finir nous mettons en ligne, grâce à notre ami Vilistia, un reportage de la chaîne d’information russe anglophone RT sur les chrétiens du bourg de Maaloula, jusqu’à présent épargné par les troubles : on voit, dans ce village du centre de la Syrie, situé à une cinquantaine de kilomètres a nord-est de Damas dans une région montagneuse, un des derniers endroits où l’on parle l’araméen, la langue du Christ, une communauté assez soudée autour de son gouvernement, et pour qui les opposants armés chers aux journalistes d’I-Télé et de Libération ne sont que de terroristes, dont ils espèrent l’écrasement prochain, pour le bien de tous les Syriens, chrétiens ou non. Et l’on retiendra ce que dit un jeune homme interrogé : « Bachar al-Assad est devenu plus que le seul chef de l’Etat, c’est une sorte de symbole international de cette lutte pour nos vies ».

Des Églises accusent la France de vouloir vider la Syrie de ses chrétiens
Le patriarche Ignatius IV Hazim : un face à face farouche oppose en Syrie des Églises orientales chrétiennes aux ambassades occidentales, ont révélé des sources proches du patriarcat orthodoxe au site de l’opposition syrien Al-Hakika (La vérité).
Des visas attribués aux Chrétiens seulement
Les patriarches Agnatius IV et Zakka Ier ont découvert un plan ourdi par certaines ambassades occidentales à Damas, en l’occurrence celle de France, pour vider la Syrie de ses chrétiens.
L’affaire a été découverte par le patriarcat le mois dernier. Ainsi, les ministères des Affaires étrangères français, canadiens, suédois, et allemands ont donné l’ordre à leurs représentations diplomatiques dans la capitale syrienne d’accorder à tout Syrien de confession chrétienne un visa, sans exiger des garanties ou l’assurance qu’il rentrera au pays dès son expiration.
Des offres de visas
En même temps, révèle le patriarcat, ces ministères ont contacté par téléphone les ressortissants de ces églises et patriarcats syriens dans leur territoire leur demandant de mettre au point les listes de leur proches et fidèles de leurs églises en Syrie, surtout ceux qui veulent la quitter, pour que les ambassades les appellent et leur accordent un visas ouvert ou de leur demander de se rendre aux ambassades pour obtenir ces visas.
Selon cette source, les demandeurs de visas devraient présenter dans leur dossier une attestation de leur église certifiant qu’ils sont bel et bien chrétiens.
« Les églises syriennes ont vu des dizaines de ces demandes d’attestations de citoyens syriens qui se sont rendus à l’ambassade de Suède pour une demande de visas et furent surpris de voir que le consulat leur réclamaient une attestation de leur église » précise cette source.
L’enquête menée par les patriarches a révélé que ces Etats, et en particulier la France, veulent vider la Syrie de ses chrétiens, et ce de concert avec les États qui parrainent les organisations islamistes terroristes en Syrie, en l’occurrence l’Arabie saoudite et le Qatar.
Ces patriarches ont alors contacté ces missions diplomatiques occidentales et les ont sommées de cesser ces actes.
Le retour du négoce d’esclaves
Selon cette source, l’altercation la plus violente a eu lieu entre le patriarche Ignatius IV Hazim qui est le patriarche d’Antioche et de tout l’Orient pour les Chrétiens orthodoxes et l’ambassadeur de France en Syrien Eric Chevalier deux jours avant son départ.
Le haut-religieux avait alors accusé les ambassades occidentales et en particulier française de ressusciter le négoce des esclaves, lorsque des commerçants transportaient comme du bétail les Africains sur le continent américain pour les faire travailler dans les fermes américaines !
Selon cette source, certaines églises syriennes, en l’occurrence les catholiques, sont impliquées dans ce projet, surtout en France, alors que les autres églises notamment au Suède l’ont critiqué avec fougue et se sont dressées contre lui.
Ces églises ont même eu recours aux autorités syriennes, leur demandant de déployer leurs efforts pour empêcher le départ des chrétiens, en refusant entre autres de leur livrer des passeports, ou des visas de sortie pour ceux qui en ont déjà.
« Nettoyage ethnique » à Homs
Jeudi, une note de l’Église orthodoxe syrienne qui regroupe 60% des chrétiens de Syrie, adressée au Vatican et rapportée par l’agence Vides a fait état d’un « nettoyage ethnique » à l’encontre des chrétiens dans la ville syrienne de Homs. Elle serait menée par la « Brigade Al-Farouk » de l’Armée syrienne libre (ASL), des éléments armés d’al Qaïda et par différents groupes wahhabites. L’ASL compterait dans ses rangs des mercenaires provenant de Libye et d’Irak.
« Des militants islamiques armés, sont parvenus à expulser 90% des chrétiens de Homs, et par la force, ont placé leurs maisons sous séquestre » affirme cette note de l’Eglise orthodoxe.
Selon des sources du Métropolite orthodoxe, les militants se sont rendus de maison en maison obligeant les chrétiens à s’enfuir, sans leur donner le temps de prendre quoi que ce soit avec eux.
La presse étrangère ne dit pas toute la vérité
Le vicaire apostolique d’Alep, Mgr Giuseppe Nazzaro, s’exprime en ces termes: « Nous ne disposons pas de sources permettant de confirmer directement ces informations, mais on peut dire que de tels rapports commencent à faire s’écrouler le mur de silence jusqu’ici construit par la presse dans le monde entier. Dans cette situation, les mouvements islamistes et terroristes commencent à s’imposer. »

Ci-dessous, le lien sur le reportage chez les chrétiens de Maaloula :

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