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Friday, February 08, 2008

L’Eglise méthodiste renouvelle son mouvement de
désinvestissement d’Israël :


Entre les organisations juives et les Eglises protestantes, c’est la
guerre !
par Nathan Guttman


in The Forward, 30 janvier 2008
http://www.forward. com/articles/ 12587/


traduit de l’étazunien par Marcel Charbonnier


Washington – A nouveau, des tensions entre les organisations juives et certaines Eglises protestantes pourtant consensuelles, au lendemain d’un regain de tendance de ces Eglises de désinvestir leurs économies placées dans les actions d’entreprises faisant du business avec Israël.

Ainsi, l’Eglise méthodiste unifiée [United Methodist Church] a ouvert des débats, vendredi dernier, autour d’une résolution appelant à désinvestir de la firme Caterpillar, le constructeur d’engins, au motif qu’elle fournit à Israël des bulldozers que ce pays utilise pour construire le mur de séparation et pour démolir des domiciles de Palestiniens. Cette résolution de désinvestissement arrive quelques mois, seulement, après la publication d’un rapport commandé par l’Eglise, qualifiant la création de l’Etat d’Israël de « péché originel ».
Les relations avec l’Eglise Presbytérienne des Etats-Unis sont, elles aussi, tendues, en raison de remarques formulées par des responsables de cette obédience critiquant Israël en raison du
blocus de Gaza. Une étude récente, réalisée par une Eglise affiliée à ce consistoire protestant a exhorté les juifs américains à « vivre leur vie », plutôt que de s’acharner à défendre les politiques indéfendables d’Israël.

« Cela reflète une tendance très perturbante, dans ces Eglises », a déclaré Ethan Felson, vice-président du Jewish Council for Public Affairs [une sorte de CRIF à la sauce Ketshup, ndt]. « Ces péripéties résultent de l’entrisme de plusieurs forces extrêmement retorses, qui les manipulent ».

La campagne de désinvestissements, dont beaucoup de personnes, au sein de la communauté juive, pensaient qu’elle avait été mise en veilleuse, est toujours active dans les paroisses protestantes consensuelles, et elle ré-émerge comme une question essentielle sur l’agenda des organisations juives. Des tentatives de bloquer ce mouvement de désinvestissement, commencé voici quatre ans, n’ont qu’en partie réussi. Les initiatives de dialogue interreligieux (sic) et de pressions de l’opinion publique ont réussi à étouffer certains
appels au désinvestissement à l’échelle de l’Eglise protestante tout entière, mais d’autres initiatives de désinvestissement continuent à bénéficier de plus en plus de soutiens.

Le congrès méthodiste organisé le 25 janvier à Fort Worth, au Texas, aurait dû être, initialement, un congrès d’orientation s’adressant à des responsables de délégations appelés à conduire leurs groupes respectifs lors de la conférence quadriennale de l’Eglise, qui se tiendra au mois d’avril. Les chefs de délégations ont été invités à écouter des orateurs, à la fois soutenant et opposés à un projet de résolution de désinvestissement d’Israël, qui appelle à
retirer tous les capitaux des fonds de pension méthodistes investis chez Caterpillar.

« L’Eglise Méthodiste Unifiée détient pour 141 millions de fonds de pensions dans des entreprises qui soutiennent l’occupation », a déclaré Susan Hoder, membre de l’Interfaith Peace Initiative [Initiative Œcuménique de Paix] de cette Eglise. « Cela doit cesser !
Nous devons couper tout ce qui risque de nous associer, de près ou de loin, à l’occupation israélienne ! »

Mme Hoder, fortement partisane de l’adoption de mesures de désinvestissement, a poursuivi, affirmant que les dollars du contribuable américain sont utilisés pour financer l’armée israélienne. « Beaucoup de cet argent va dans les poches des chefs de l’armée israélienne ainsi que dans celles de politiciens qui s’enrichissent sur le dos de la population israélienne », a-t-elle dit.

Avec ses onze millions de fidèles, l’Eglise Méthodiste Unifiée est la première obédience protestante aux Etats-Unis. Le synode général annoncé pour le mois d’avril, qui est le principal forum de cet Eglise, en matière de prise de décisions politiques, discutera tout d’abord la résolution de désinvestissement d’Israël en sous-commission.
Ensuite, les recommandations du panel seront soumises à un vote général qui les transformera en politique officielle de cette Eglise.

Un porte-parole de l’Eglise Méthodiste Unifiée n’a pas répondu à nos questions [The Forward] relatives à cette tendance au désinvestissement.

Des organisateurs de la réunion pré-synodale tenue vendredi dernier à Fort Worth ont autorisé un représentant de la communauté juive organisée à s’exprimer sur cette question. Le Rabbin Gary Greenebaum, responsable des questions interreligieuses à l’American Jewish Committee [une sorte de Consistoire à la sauce ketschup cachère, ndt] a dit aux délégués méthodistes que la communauté juive était préoccupée par cette résolution. « Je leur ai dit que si, pour eux, cette résolution ne semble pas anti-israélienne et antijuive, pour nous, elle EST anti-israélienne et antijuive… », nous a déclaré M. Greenebaum après cette réunion.

Par la même occasion, M. Greenebaum a mis en garde la communauté juive contre toute sur-réaction aux sentiments anti-israéliens grandissant au sein de cette Eglise. Les Eglises protestantes, leur a-t-il expliqué « sont très profondément attachées à leurs relations avec la communauté juive » [tu l’as dit, bouffi ! ndt].

Ce qui a incité les activistes juifs à passer à l’action, ce ne fut pas seulement le mouvement de désinvestissement, mais également un rapport de la section des femmes de l’Eglise méthodiste, consacré au conflit israélo-palestinien. Ce rapport, de 225 pages, mis en forme par le Révérend Stephen Goldstein [je n’invente rien ! ndt], s’efforce de souligner les délinéaments historiques et contemporains du conflit, mais, d’après Felson, ce rapport est rien moins que « la pire chose qui ne se soit jamais retrouvée sur mon bureau, et qui n’ait pas été pondue par un groupe haineux proclamé ».

Au nombre des affirmations qui ont révulsé les activistes de la communauté juive, dans ce rapport, figurent : l’assimilation la fondation de l’Etat d’Israël au « péché originel », un passage qualifiant le père fondateur d’Israël David Ben-Gourion « d’extrémiste », ainsi qu’un autre passage, définissant les actions entreprises par Israël d’actes de « terreur » [les guillemets sont, bien entendu, de Forward ! ndt] Evaluant l’impact de l’Holocauste sur la société israélienne, le rapport méthodiste affirme qu’il a été la cause de l’ « hystérie » et de la « paranoïa » qui caractérisent la majorité des Israéliens.

« Ne sommes-nous pas interpellés, quand des oppresseurs utilisent leur identité de pseudo opprimés, en faisant appel à des histoires vieilles de soixante ans, mais, à cause d’on ne sait trop quel défaut de vision, sont incapables de voir ce qui se produit, aujourd’hui, à l’ombre de l’Holocauste ? », s’interroge ensuite ledit rapport.

Après avoir laissé s’écouler quatre mois sans avoir reçu de réponse en bonne et due forme, la semaine dernière, quatre organisations féminines juives ont envoyé un courrier aux responsables de l’Eglise méthodiste, qualifiant son rapport de « provocateur, inexact et
polémique ». Hadassah, ainsi que des associations féminines affiliées au Judaïsme Conservateur, au Judaïsme Réformé et aux United Jewish Communities ont signé ce courrier.

Une prochaine initiative – attendue – des organisations juives consistera à lancer un nouveau site ouèbe, qui appellera à une « retour à la civilité » et condamnera les prises de parole
anti-israéliennes au sein des Eglises protestantes. L’Eglise presbytérienne, la première a avoir adopté des résolutions appelant au désinvestissement des fonds investis en Israël, a jusqu’ici évité de se prononcer officiellement sur cette question, mais elle persiste à défendre une ligne considérée anti-israélienne par les activistes juifs. Ces dernières semaines, un intense échange de lettres a eu lieu entre des dirigeants de la communauté juive et des responsables de l’Eglise presbytérienne, suite aux critiques formulées par cette Eglise à l’encontre d’Israël, au sujet des
événements de Gaza. Dans une lettre adressée au Révérend Clifton Kirkpatrick, chef de l’assemblée générale de cette Eglise, douze responsables communautaires juifs se sont plaints que « le ton anti-israélienne de votre déclaration soulève de sérieux doutes quant à la question de savoir si la saison de compréhension mutuelle que nous avions saluée en juillet 2006 a bien commencé, ou non ? »

M. Kirkpatrick a répondu par une lettre demandant aux organisations juives : « Ne partagez-vous pas notre inquiétude de voir de telles ripostes violentes, régulières, d’Israël, en dépit de leur intention (première) qui est de sauvegarder la sécurité, sans aucune considération pour le degré de soin apporté à leur mise en œuvre afin d’éviter d’inutiles morts de civils, ne conduire à rien d’autre qu’une continuation de la violence, en retour ? »

Cet échange épistolaire intervenait peu de temps après une présentation du Réseau Missionnaire Israël/Palestine [Israel/Palestine Mission Network], une association parrainée par l’Eglise presbytérienne, bien que ne s’exprimant pas officiellement en son nom. Au cours d’une présentation de diapositives appelant à un « recadrage du débat », cette association a avancé l’idée que « la communauté juive, en Diaspora, doit sortir de sa torpeur et s’exprimer [am. « get a life »], ce qui était une allusion directe aux réactions juives aux appels lancés par des associations chrétiennes à des changements de politique en matière de conflit israélo-palestinien.

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