Par Xavière Jardez (correspondance d’Afrique du sud)
L’île, aride, de Robben Island, au large de la ville du Cap, en Afrique
du sud, lieu d’emprisonnement de tous les prisonniers politiques du temps de l’Apartheid - dont Nelson Mandela qui y a passé 27 ans - a été choisie
pour le lancement, le 27 octobre dernier, de la Campagne internationale de libération de tous les prisonniers politiques de Palestine car, selon
Mandela, « l’Afrique du sud ne sera jamais libre sans la libération de la Palestine ».
L’île est aussi, selon Ahmed Kathadra, lui-même prisonnier politique, « le
symbole de la victoire de l’esprit contre
l’oppression…Après 26 ans d’emprisonnement, j’en suis sorti confiant
dans l’indestructibilité de notre lutte. Conscient des similitudes
entre nos deux luttes, Je crois qu’une campagne
internationale concertée n’aura peut-être pas d’effet immédiat, mais
elle sera le fondement d’une campagne mondiale qui atteindra non
seulement les pays sympathisants, mais plus spécifiquement
les sociétés civiles dans le plus grand nombre de pays ». La campagne basée sur le modèle de « Free Mandela »
a été décidée lors
d’une réunion de délégués du monde entier en avril dernier à
Jérusalem. Elle est pilotée par la Fondation Ahmed Kathadra, la Palestine Solidarity
Alliance, diverses organisations des droits de l’homme et un
comité de personnalités comprenant cinq Prix Nobel dont Desmond Tutu. La
délégation palestinienne était conduite par Mme Fatwa
Barghouti, Issa Qarage, le ministre palestinien des détenus et
ex-détenus qui, après Robben Island, ont participé à des rallyes à Johannesburg et
Durban.
La qualité des intervenants et des
organisateurs de la campagne n’a pas empêché l’ambassade d’Israël en
Afrique du sud de mettre en doute la qualité de
« prisonniers politiques » des Palestiniens dont Marwan Barghouti, les accusant d’actes de terrorisme. « Terroriste »
était d’ailleurs le qualificatif attaché aux combattants de la liberté
de l’Afrique du sud par les Etats-Unis, toujours en vigueur, puisque,
tout récemment, le ministre sud-africain de Human Settlements, Tokyo Sexwale, a été arrêté et interrogé par les services de police de l’aéroport
Kennedy à NewYork, vingt ans après la démocratisation de ce pays ! Par ailleurs, le Board of Jewish Deputies n’a pas hésité à dire que le
lancement de la campagne de Robben Island «entache la mémoire de ceux qui y furent
incarcérés »….
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Détentions
administratives : Israël dans l’illégalité totale
Près de 750 000 Palestiniens (40% de la population) ont été au moins une fois emprisonnés dans les territoires
occupés par Israël. Près de 100 000 d’entre eux ont été détenus sous des « mesures administratives » (l’équivalent en Afrique du sud de « détention sans procès »).
Semblable à ce que les familles sud-africaines ont vécu par le passé,
chaque famille
palestinienne a été affectée par l’emprisonnement d’un de ses
membres. Au cours de la décennie passée, plus de 7 500 palestiniens ont
séjourné dans les prisons et les centres de
détention (dont des peines d’isolement)
en Israël, Mohammed Daoud étant le plus jeune prisonnier âgé de 6 ans.
Toutes ces pratiques sont totalement
illégales en droit international. En août 2013, il y avait 5000
Palestiniens en prison en Israël, dont 168 prisonniers administratifs,
236 enfants, 14 prisonnières et 14 membres du Conseil
Législatif Palestinien dont Marwan Barghouti, transféré dans une
prison en Israël même. La détention administrative permet aux autorités
militaires de détenir indéfiniment une personne au
secret, sans accusation, ni procès.
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