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Wednesday, November 27, 2013

Montréal: Dernier adieu à Ziad Bouzid, le chauffeur de taxi abattu


Dernier adieu à Ziad Bouzid, le chauffeur de taxi abattu
Un cortège s'est dirigé vers l'aéroport, où le... (PHOTO OLIVIER PONTBRIAND LA PRESSE)
Un cortège s'est dirigé vers l'aéroport, où le cercueil devait s'envoler vers l'Algérie.
PHOTO OLIVIER PONTBRIAND LA PRESSE

David Santerre
 Publié le 26 novembre 2013 à 15h46 | Mis à jour le 26 novembre 2013 à 15h46
La Presse
C'est dans une mosquée bondée d'amis et de chauffeurs de taxi, musulmans pratiquants ou non, qu'on a dit adieu à Ziad Bouzid avant que son corps soit placé dans un avion à destination de son pays natal, l'Algérie.
La vie de cet ingénieur de formation venu vivre au Québec pour offrir à sa femme et ses trois enfants une vie meilleure, a pris fin tragiquement alors qu'il se trouvait derrière le volant de son taxi dans l'arrondissement Côte-des-Neiges, dans la nuit de mercredi dernier.
À 23h45 mardi, il aurait fait monter dans son taxi deux personnes, une femme dans la cinquantaine, et Michel Duchaussoy, près d'un Tim Hortons de Dorval. C'est eux qui auraient appelé le taxi. Il a été retrouvé avec une balle de fusil de chasse dans la tête, dans sa voiture accidentée, 30 minutes plus tard près de l'hôpital Sainte-Justine.
« C'était un ami, un collègue et un compatriote. Je le voyais tous les jours. Je l'avais salué quelques heures avant sa mort», raconte un chauffeur qui a préféré ne pas se nommer, à l'extérieur de la mosquée du Centre islamique du Québec, dans l'arrondissement Saint-Laurent.
Même s'il est lui même musulman pratiquant, il a préféré rester dehors.
«Je ne peux pas entrer. J'ai mal au coeur, je ne peux supporter ça», raconte-t-il.
À l'intérieur, quelques centaines de personnes, des hommes surtout, ont prié pour le défunt.
L'épouse de Ziad Bouzid y était avec ses enfants, dans une pièce avec les autres dames, en retrait de la salle principale.
Cela ne ramènera pas son homme, mais la communauté des chauffeurs a tenté de la réconforter du mieux qu'ils peuvent. Ils ont, avec la compagnie Taxi Diamond qui employait le défunt, et d'autres entreprises, amassé plus de 50 000 $ pour l'aider à subvenir aux besoins de sa famille.
Deux défunts étaient célébrés à peu près au même moment. Quand le cercueil du premier, un Tunisien, a été sorti de la mosquée, cela s'est fait sous un tonnerre d'«Allah Akbar» (Dieu est grand).
Quand celui contenant la dépouille de Ziad Bouzid est arrivé, un homme y est allé de ce cri. Tous les autres lui ont subitement intimé l'ordre de se taire. C'était le silence complet.
Puis, un cortège s'est ébranlé vers l'aéroport, où le cercueil devait s'envoler vers l'Algérie.
Un second cortège se rendait à l'Hôtel de Ville, pour que soit remise au maire une lettre réclamant plus de sécurité pour les chauffeurs.
Denis Coderre est d'ailleurs brièvement passé à la mosquée avant la cérémonie pour offrir ses sympathies.
On sait déjà que le vol n'est pas le mobile du meurtre qui aurait été commis par Michel Duchaussoy.
Des sources policières nous ont aussi indiqué que le racisme ne serait pas ce qui aurait poussé Duchaussoy à tuer. N'empêche que cette crainte est tenace pour les proches de Ziad Bouzid. Dans l'assistance, on parlait du climat de méfiance qui règne envers les musulmans au Québec. 
«Qui sait si ce n'est pas ce qui aurait indisposé le tueur, qu'il soit arabe», lance un homme.
Les chauffeurs parlent aussi beaucoup de sécurité.
Même Guercy Edmond, ce chauffeur qui avait roulé sur un homme qui avec d'autres avait assailli son taxi, au printemps 2012, et qui est accusé de voies de fait causant des lésions et délit de fuite, était présent.
«Je connaissais bien M. Bouzid. Il a travaillé déjà à l'aéroport comme moi. La seule chose qui pourrait assurer notre sécurité, c'est une vitre pare-balles entre le chauffeur et les passagers. On a l'impression d'être exclus de la société quand il est question de sécurité publique. Mais c'est important, le gouvernement doit agir», plaide-t-il.
Mais un ami de Ziad Bouzid est d'un avis contraire. Pour lui, une personne déterminée à tuer, tuera, peu importe ce qu'on fait pour l'en dissuader.

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