Pourquoi la gauche tunisienne n’a rien de gauche
par Walid Hasni
01/07/2011
Habituellement ce qui différencie la gauche de la droite ce sont principalement les politiques économiques. La droite donne le primat aux forces du marché avec une mise à l’écart de l’État. Elle opte généralement pour une fiscalité très favorable au capital. La gauche opte pour une fiscalité moins favorable au capital et une intervention de l’État dans l’économie. Dans sa dimension la plus radicale, elle préconise l’abolition de la propriété privée et du rapport salarial. Les questions des mœurs sont secondaires. Généralement la droite est plus conservatrice que la gauche.
La gauche tunisienne a relégué les questions économiques comme la justice sociale, l’accompagnement des chômeurs et des malades, la lutte contre le chômage… Et elle a concentré ses attaques contre la religion en réactivant des thèmes secondaires comme la laïcité, la remise en cause de l’identité arabo-musulmane de la Tunisie ou le totalitarisme de la religion
La gauche tunisienne a une vision très rétrograde et primitive de la religion et adopte une posture fondamentalement stalinienne qui est celle des élites éclairées. Cette vision très méprisante considère que le peuple est avant tout populace et qu’il est profondément acquis aux thèses réfractaires et intégristes. Ce pour quoi il a besoin d’une tutelle qui va le conduire vers les lumières. Les lumières pour eux c’est une société où la religion est à peine tolérée, voir même régulée et supervisée par l’État et que les valeurs d’une nation civilisée ne doivent pas s’inspirer de la religion. Car par définition la religion c’est réactionnaire et point.
La gauche tunisienne est assise sur une ignorance crasse de la réalité de la Tunisie. Le peuple tunisien puise ses valeurs morales dans sa foi, priver les Tunisiens de ces repères religieux induit forcément à un vide spirituel qui pourrait avoir des conséquences désastreuses. De toutes les façons cette tutelle sur les gens est insupportable. Et quel mépris pour le peuple tunisien de penser qu’un parti idéologique va lui imposer sa vision de l’islam et du monde. N’importe quel parti finira par se soumettre au choix du peuple tunisien qui est maitre de son destin.
Les Tunisiens ont toujours vécu en harmonie. Cette cassure qui se dessine dans le paysage politique entre pro-religion et anti-religion me désole. Les radicaux des deux bords s’y complaisent sans mesurer l’immense potentiel de violence que nous réserve un tel affrontement.
De grâce, arrêtons ces débats stériles !!! Arrêtons de nous diaboliser mutuellement… Construisons nos institutions. L’élite doit soumettre ses compétences au service du peuple sans tutelle.
Walid HASNI
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