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Tuesday, July 19, 2011

Où va la Tunisie?

La révolution du Jasmin en péril en Tunisie 19/07/2011


Tunisie - Il est mort à ...... Sidi Bouzid. Ville où Mohamed Bouazizi s'est immolé par le feu un jour sombre du mois décembre 2010. Le jour qui a vu naître la révolte des Jasmins. Celle qui a provoqué la chute de Ben Ali. Sept mois après, Thabet Belkacem, 14 ans, a été tué par le «ricochet d'une balle», et deux personnes ont été gravement blessées. Les forces de l'ordre tunisiennes ont ouvert le feu, dans la nuit de dimanche à hier, après avoir été la cible de cocktails Molotov lancés par des manifestants. De l'immolation à la mort par balles, des mois se sont écoulés mais la Tunisie reste toujours instable. Fragile, le pays qui vit sous l'ère d'une «indépendance» nouvelle, ne trouve toujours pas ses repères. Les tunisiens, à Sidi Bouzid, Regueb ou ailleurs, sont en colère.

Sept mois après la révolution, ils n'ont toujours rien vu venir et ont décidé de reprendre les manifestations contre le gouvernement de Béji Caïd Essebsi. D'ailleurs, le Premier ministre tunisien a, la veille de la reprise des manifestations, dressé un sombre tableau de la Tunisie face à un public survolté. Caïd Essebsi a dit «il y a des dérives» avant de dresser le constat: économie en récession, mouvements sociaux à répétition, craintes sécuritaires.

Avec un recul de 3,3% de la croissance au premier trimestre et 0% au deuxième, l'économie tunisienne est officiellement en récession six mois après la chute du régime de Ben Ali. «Nous avons trouvé le pays dans une situation lamentable, avec 700 000 chômeurs.

Nous faisons de notre mieux mais nous ne possédons pas une baguette magique !», a déclaré M. Essebsi. «Il n'est pas facile de gérer le pays dans des conditions pareilles», a t-il souligné, abordant les interrogations sécuritaires et religieuses.

Il a dénoncé «l'utilisation de questions religieuses à des fins politiques : maintenant, on prie sur l'avenue Bourguiba et on change d'imams dans les mosquées. L'Etat ne permettra plus cela!».

«La période historique» que traverse la Tunisie actuellement «est la plus difficile qui soit et il faut qu'il ait une responsabilité commune», a-t-il insisté à la fin de son intervention. Mais Essebsi n'a pas réussi à convaincre.

Il n'a réussi à convaincre ni les mères des martyrs de la révolution qui criaient, le jour de son discours, leur colère contre l'incompréhension et la lenteur de la justice, ni les jeunes diplômés chômeurs de Ben Guerdane qui ont organisé une grève générale d'un jour et appelé à une manifestation pour la journée de vendredi dernier à la Kasbah à Tunis, épicentre de la contestation pendant la révolution tunisienne.

Essebsi n'a, également, pas convaincu les jeunes internautes tunisiens qui ont réussi à faire partir Ben Ali. Ces derniers ont appelé à la mobilisation pour réclamer notamment le départ des ministres de l'Intérieur, Habib Essid, et de la Justice, Nazhar Karoui Chebbi, l'indépendance totale de la magistrature et la condamnation des responsables des morts pendant la révolution.

Le Premier ministre tunisien n'a pas été assez persuasif pour dissuader ses concitoyens de se faire justice eux même. Comme les habitants de Gafsa où douze personnes ont été blessées à coup de pierres, de gourdins et avec des armes blanches, dans des affrontements entre deux clans qui ont commencé à la suite d'un incident survenu au cours d'un comité de quartier.

Le gouvernement d'Essebsi chavire avec l'apparition de l'intolérance et la tentative d'incendie d'une chapelle catholique et d'une école religieuse à Sousse. En fait, c'est tout l'avenir de la Tunisie qui s'obscurcit. Vendredi dernier, la grève générale d'un jour pour réclamer le «droit au travail» a eu lieu à Ben Guerdane.

La manifestation anti-gouvernementale initiée par les internautes à la Kasbah à Tunis, s'est également déroulée sous les tirs de gaz lacrymogènes, mais pas seulement. Un retour à la répression a été enregistré lors de cette manifestation, mettant encore plus en difficultés le gouvernement tunisien.

Les jeunes tunisiens qui ont manifesté vendredi ont crié haut et fort «nous ne voulons pas la chute du gouvernement, mais il doit cesser de faire appel aux cadres du parti de Ben Ali qui ont repris du service. Personne n'a le droit de confisquer la révolution du peuple».

Le gouvernement, qui déjà n'a pas de réponses aux questions de son peuple concernant le retour de certaines figures de l'ancien régime, a choisi la provocation en ordonnant à la police d'investir une mosquée pour chasser les manifestants. Et à la provocation, le peuple tunisien de l'après Ben Ali réagit au quart de tour.

Des explosions de violences et des manifestations ont éclaté un peu partout en Tunisie depuis samedi dernier. Des postes de police à Tunis et à Menzel Bourguiba et dans trois autres villes ont été attaqués et au moins sept personnes ont été gravement blessées.

Dans la cité populaire d'Intilaka, des affrontements ont opposé des manifestants et les forces de l'ordre. Des centaines de personnes, dont certains armés de pierres, de sabres et de cocktails Molotov, ont tenté de pénétrer dans le principal poste de police.

Les manifestations avaient pour mots d'ordre le départ des ministres de l'Intérieur et de la Justice, la condamnation des symboles de l'ancien régime et le refus de la normalisation des relations avec Israel. Qui sont derrières ces violences ?

Les jeunes diplômés chômeurs ? Les internautes ? Des extrémistes ? Dans la situation d'instabilité que vit la Tunisie d'aujourd'hui, il est facile de souffler sur la braise pour faire ressusciter le feu.

Après ces violences, les rumeurs circulent à la vitesse de l'éclair en Tunisie. Au lendemain de l'assaut lancé par «un groupe de 300 à 400 personnes» contre le poste de police d'Intikala, les forces de l'ordre et les habitants interrogés par l'AFP ont mis en cause, pêle-mêle, «de faux salafistes, des RCdistes (membres du parti dissous RCD de l'ancien dictateur), des ivrognes ou des délinquants».

Le ministère de l'Intérieur a, quant à lui, dénoncé «certaines forces extrémistes» accusées de chercher à «déstabiliser l'ordre et saboter le processus électoral». Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur tunisien «des groupes d'extrémistes» ont perpétré «des actes de troubles, de destruction et d'incendie, suite à un mot d'ordre donné par des forces extrémistes afin de ternir le climat de sécurité et de stabilité qu'a connu le pays ces derniers temps».

«Un groupe d'extrémistes religieux accompagné de délinquants» a attaqué le poste de police de la ville est s'est emparé d'armes, selon le ministère. Les manifestants ont par la suite incendié le poste de police, le centre «Ennajah», la recette des finances et le siège de la CNAM ainsi que des voitures et des centres commerciaux, a ajouté la même source.

A trois mois de l'élection d'une assemblée constituante, le 23 octobre, des incertitudes sur les réels responsables de ces violences alimentent une ambiance délétère. L'Etat tunisien est faible étant dans une période transitoire.

D'autres forces montent dans le pays et le climat fait craindre toutes les manipulations. Dans cette confusion totale, le vol d'armes n'augure rien de bon, de même que les rumeurs de complot qui enflent. La révolution des Jasmins est en péril.

Hasna Yacoub

La Tribune/19/07/2011

http://www.afriquejet.com/afrique-du-nord/tunisie/la-revolution-du-jasmin-en-peril-en-tunisie-2011071918615.htmlhttp://www.afriquejet.com/afrique-du-nord/tunisie/la-revolution-du-jasmin-en-peril-en-tunisie-2011071918615.html

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