Caroline Fourest : « Aujourd’hui le plus grand
danger, c’est la montée du racisme antimusulman »
Dans une
interview croisée, Caroline Fourest affirme très clairement que le danger
aujourd’hui en France réside dans l’islamophobie.
Mosquée de Villefontaine profanée en 2012
Dans une
interview croisée avec le journaliste Claude Askolovitch, dont le livre Nos mals-aimés : Ces musulmans dont la France ne veut pas
fait réagir dans le landerneau médiatique, Caroline Fourest a déclaré ce qui
suit :
« Ça
suffit, on ne va pas continuer à édicter continuellement de nouvelles
contraintes au nom de la laïcité. [...] Je suis tout à fait hostile, par
exemple, à ce qu’on légifère sur le voile à l’université, lieu où l’expression
politique doit rester libre. J’irai même plus loin : je pense qu’aujourd’hui le
plus grand danger n’est plus la montée des communautarismes religieux –
même plus l’islamisme, en raison de la situation géopolitique qui a dégonflé
l’influence des Frères musulmans, et cela a des répercussions ici aussi -, mais
la montée du racisme antimusulman* pour tenter de revenir au vieux clocher,
à la France éternelle, où la norme est celle de l’homme catholique. »
Evacuons
rapidement la réflexion imbécile à propos de l’influence géopolitique des
crimes de l’armée égyptienne contre les Frères musulmans. Cette confrérie
étrangère a autant d’influence en France que la chasse à la baleine sur le prix
des derniers iPhones. Mais Caroline Fourest a une réputation à tenir.
Expertologue en produits dérivés islamiques, elle doit absolument tenir son
rang. Mais pas seulement.
Reconnaissance de l’islamophobie
Qui peut
comprendre que cette farouche islamopathe qui n’a eu de cesse de combattre les
musulmans sous prétexte d’un islamisme de synthèse, un « fake »
disent les geeks, qui testerait la République – © Jean-François Copé,
sarkothoneur 2013 – puisse comme ça du jour au lendemain balayer d’un revers de
main le danger absolu contre lequel elle dit combattre depuis tant d’années ?
Personne. Le livre de Claude Askolovitch a peut-être eu un effet thérapeutique
sur l’islamopathie de Sainte Caroline. Askolovitch ne serait donc pas seulement
journaliste, il serait chaman ?
Tout aussi
sérieusement, Caroline Fourest a du flair. Elle sait que le vent tourne, elle
sait que continuer à cogner aussi fort contre les musulmans ne va pas être
aussi facile qu’auparavant. Aujourd’hui n’est plus hier. Pendant des décennies,
médias et politiques ont pu s’essuyer les pieds sur les musulmans. Ces derniers
étaient ouvriers, peu lettrés, sans culture de l’information ni prise sur la
réalité, dont ils étaient dépossédés. Aujourd’hui n’est plus hier, car
aujourd’hui ces musulmans ont eu des enfants qui sont allés à l’école. Des
enfants français qui connaissent leurs droits et leurs devoirs et qui sont bien
déterminés à les faire valoir. Nous, musulmans d’aujourd’hui, nous parlons, pas
tout à fait suffisamment, mais nous parlons ; et nous sommes un certain nombre
bien décidés à ne laisser personne nous salir et encore moins à permettre que
l’islamophobie continue de coûter peu. L’islamophobie doit coûter très cher,
elle coûtera très cher in cha’a-Llah.
L’islamophobie
doit coûter très cher, elle coûtera très cher in cha’a-Llah.
Les
musulmans servent de chair à canon à l’extrême droite et la droite – le PS est
dans une posture particulière, Manuel Valls ayant un problème personnel,
pathologique, avec l’islam et les musulmans. Mais le muslim bashing ne
suffit plus à cacher la misère qui gangrène la France. Taper sur des gamines
voilées n’a pas permis de faire baisser le chômage. S’en prendre férocement à
une jeune femme qui voulait porter le voile dans son entreprise, et contribuer
ainsi à l’économie du pays, n’a pas empêché les hausses d’impôts. Les musulmans
ne sont pas un problème. Caroline Fourest le sait, Caroline Fourest l’a
toujours su. La xénophobie, elle oui.
Pragmatisme face à la haine xénophobe
Le Front
national est pimpant. Quelques excités à l’UMP lui servent de voiture-balai, à
l’instar du sinistre Eric Ciotti, qui veut mordicus interdire aux jeunes
musulmanes d’aller à l’université. Jean Roucas, clown périmé qui a permis à la
génération Y de constater que ce n’était pas mieux avant, a fait ce week-end
son coming-out. François Fillon sait qu’il n’a pas l’étoffe d’un homme d’Etat
capable de redonner sa splendeur à toute la France. D’où le braconnage sur les
terres du Front national.
Caroline
Fourest sait qu’en France on est allé trop loin contre les musulmans. Nous le
disons depuis des années. Mais jusque-là, c’était bankable, facile et
puis ces musulmans n’avaient pas tant de répondant que cela. Nous sommes
clairement à un tournant. La déclaration de Caroline Fourest est du reste un
signe de ce tournant. La jeune femme est pragmatique. Certains évoquent déjà un
« retournement de veste ». Dans ce cas, disons
qu’elle retourne pragmatiquement sa veste.
Si quelqu’un
a le 06 de Manuel Valls… ce serait bon de lui dire. Cet été, le ministre de l’Intérieur confia son dépit tout fourestien à
la presse. Il faut lui dire pour Caroline.
*après avoir
pendant des années soit menti délibérément soit fait état d’une ignorance
crasse en affirmant que le mot islamophobie était une invention des mollahs
iraniens, Caroline Fourest ne peut pas sans se parjurer employer le mot
« islamophobie ». Elle dit donc « antimusulman » ou, dans
la même interview », « musulmanophobie ». La politesse veut
qu’on ne contrarie pas la demoiselle. Ce doit être déjà difficile pour elle.
No comments:
Post a Comment